À la veille de la reprise de L'Arlésienne à l'Odéon, 13 ans après sa première représentation, cette interview de Daudet est l'occasion de faire le point sur la carrière du romancier.
Quelques jours avant la première de Sapho avec la collaboration d'Adolphe Belot, Daudet rappelle les liens qui l'unissent au romancier et au metteur en scène, Koning. C'est aussi l'occasion d'évoquer son point de vue sur le théâtre en s'appuyant notamment sur des exemples tirés de l'adaptation de son roman.
Durant l'année 1886-1887, Daudet conçoit Nord et Midi qui deviendra Numa Roumestan comme le roman éponyme dont est tirée la pièce. L'œuvre est représentée à l'Odéon le 15 février 1887.
En 1888, la publication de L'Immortel, roman satirique attaquant violemment l'Institut, fit beaucoup de bruit dans le monde littéraire. Alphonse Daudet avait déjà affirmé son refus de se présenter à l'Académie depuis sa lettre ouverte au Figaro en novembre 1884. La parution de L'Immortel appuie cette déclaration. Le récit connaît un grand succès en raison du scandale qu'il a provoqué. Dans la presse, les articles se succèdent opposant les académiciens aux adversaires de l'institution. Quant à Daudet, il affirmera toujours son indépendance.
Au moment où la propriété littéraire et artistique en est encore à ses balbutiements, même après l'entrée en vigueur de la Convention de Berne, se crée une industrie organisée de pillage systématique. Cette piraterie littéraire est un phénomène massif qui touche les auteurs français les plus célèbres.
Accompagné de sa famille, Alphonse Daudet séjourne en Angleterre durant le printemps 1895. Henry James leur sert de guide et organise l'ensemble de leur voyage.
Daudet complète ses recherches pour son roman Soutien de famille dont une partie se déroule au Royaume-Uni. Quant à Julia, elle publiera un petit livre, Notes sur Londres, mai 1895.
Ces interviews permettent de mieux appréhender la réception de Daudet à l'étranger.
En mai 1895, Oscar Wilde est condamné à une peine de deux ans de prison avec travaux forcés à Reading en raison de son homosexualité. Sous l'impulsion de Suart Merrill, le journal La Plume lance une pétition pour le faire libérer.
De nombreux écrivains français sont sollicités. Ils donnent leur avis dans la presse.
Le nombre de signataires se révélera insuffisant afin d'obtenir la libération anticipée de Wilde.
Alexandre Dumas fils meurt le 27 novembre 1895. Le Journal lui consacre deux pleines pages. En outre, plusieurs artistes sont sollicités à cette occasion dont Zola, Alphonse Daudet, Jules Claretie, Catulle Mendès, Edmond Got, ex-doyen de la Comédie-Française et Eugénie Doche, actrice ayant joué à de multiples reprises La Dame aux camélias.
Se pose aussi la question de la succession de Dumas à l'Académie française.
Au début de l'année 1896, Paul Bourget intente un procès contre Alphonse Lemerre, son éditeur, à qui il reproche de l'avoir trompé sur ses chiffres de vente.
Avant l'issue du procès que le romancier gagnera, une enquête est menée auprès d'éditeurs et d'écrivains pour recueillir leur point de vue au sujet d'une éventuelle obligation de timbrer les volumes pour éviter les fraudes.
La mort d'Edmond de Goncourt à Champrosay chez son ami Alphonse Daudet le 16 juillet 1896 a donné lieu à de multiples articles dans la presse. Au-delà de la mort d'Edmond, c'est la question de la future Académie Goncourt qui occupe tous les esprits dès le 17 juillet.
La mort d'Edmond de Goncourt à Champrosay chez son ami Alphonse Daudet le 16 juillet 1896 a donné lieu à de multiples articles dans la presse. Au-delà de la mort d'Edmond, c'est la question de la future Académie Goncourt qui occupe tous les esprits dès le 17 juillet.
La naissance de l'Académie Goncourt sera longue et douloureuse. Si Léon Hennique et Alphonse Daudet s'emploient à respecter les dernières volontés d'Edmond de Goncourt, ils se trouvent ralentis par l'impressionnant inventaire des collections de la maison d'Auteuil qui doit d'abord être réalisé.
En outre, les héritiers naturels contestent la validité du testament. Pour se défendre, Alphonse Daudet et Léon Hennique choisissent l'avocat lorrain Raymond Poincaré.
En tant qu'exécuteur testamentaire de la succession Goncourt, Daudet s'est trouvé mis en relation avec le notaire Duplan. Alors que le procès bat son plein contre les héritiers naturels, cette pause explicative humoristique permet au public de patienter avant de connaître la décision du tribunal civil de la Seine.
Le 5 août 1897, la première chambre du Tribunal civil de la Seine déboute les héritiers naturels de Goncourt de leur demande d'annuler le testament d'Edmond de Goncourt. La famille fera appel et il faudra attendre la décision du 19 mars 1900 pour que l'Académie Goncourt puisse véritablement se constituer. Toutefois, cette première victoire amène déjà Alphonse Daudet en tant qu'exécuteur testamentaire à s'exprimer publiquement et à prendre un certain nombre de décisions : il veut réunir le plus vite possible les huit académiciens figurant dans le testament d'Edmond pour discuter du premier Prix Goncourt et élire les deux membres afin que l'Académie soit au complet. Le romancier rappelle aussi sa défiance par rapport aux institutions même s'il souhaite accomplir avec soin les dernières volontés d'Edmond de Goncourt.
La fin de l'année 1897 marque un tournant dans l'affaire Dreyfus. Le 16 novembre, Mathieu Dreyfus, le frère du condamné, révèle à tous le nom du véritable coupable Esterhazy, forçant le gouvernement à réagir. Zola a publié dans Le Figaro son premier article en faveur de la cause dreyfusarde le 27 novembre. Cet article propose deux interviews croisées de l'auteur des Rougon-Macquart et d'Alphonse Daudet. C'est le seul entretien du conteur des Lettres de mon moulin relatif à l'affaire Dreyfus. Pour lui, la culpabilité de Dreyfus est évidente. Quant à Zola, il soutient un point de vue opposé, comme le montrera la suite de l'Affaire. Nonobstant, Daudet se montre assez enclin à répondre au journaliste tandis que Zola, hostile au Matin, préfère se taire et mener sa propre campagne médiatique pour convaincre l'opinion de l'innocence de Dreyfus.
Publié quelques jours avant la mort de Daudet, cet entretien traite de l'Académie Goncourt. Même si les héritiers naturels ont perdu le premier procès visant à casser le testament d'Edmond le 5 août 1897, la bataille judiciaire continue puisque la famille a fait appel du jugement du Tribunal civil de la Seine.