194. Interview presque vraie de Biro-Ibro

Auteur(s) : Sassine, Williams

Les folios

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N° 194, 4 décembre 1995 : « Interview presque vraie de Biro-Ibro »

Monsieur Biro la Pipe, c’est la première fois qu’on vous rencontre au « Lynx » de plus en plus condamné pour ce qu’il ne dit pas. Et vous, qu’avez-vous à dire ?

D’abord je tiens à préciser à vos lecteurs, que je ne m’appelle pas Biro. Je vous ferai remarquer que Biro est l’anagramme de Ibro. J’ai toujours eu envie de chanter en effet :

Alla Nana ho !

Allah Nana ha !

Vous voulez que je chante chat ?

À votre âge ?

Monsieur du Lynx. J’ai enterré le PDG. Je vais également enterrer le PUP. A Fakoudou !

Et après ?

Il y aura le POP ou le PIP. L’essentiel c’est que ça commence par P et que ça se termine par P. Il faut aller de l’avant, pour revenir en arrière. Dans le pays, on ne doit pas faire bouger les choses. Sinon, elles vont s’écrouler. Rien ne tient. A Fakoudou !

Monsieur le prési Biro ou Ibro, on est en démocratie. On ne dit plus A Fakaya ! Mais A Fakoudou !

Je m’en fous comme un fou. Monsieur Lynx ! Alors-là complètement au carré. La preuve, moi aussi je suis devenu prési. Hi ! Hi ! Pardon. J’avais envie d’un crachoir, et on m’a donné un perchoir. C’est Dieu qui l’a voulu. Je suis un incroyable croyant-croyable. Mon bonnet de circonstance qui date de l’ancien testament peut en témoigner. A Fakoudou ! Passez-moi un jus de cola. Monsieur le petit journaliste édenté.

Je n’ai pas chat, monsieur Ibro. Du Coca-cola ?

Vous mettez quelque chose dedans pour améliorer la chose. Quelque chose de chaud et de fort. A Fakoudou !

Monsieur le prési, votre bouteille va ressembler à notre « démoncratie ». Un peu de tout dans une capote. Comme la situation de nos cars Soge-krac, et son minus-tre qui transporte ses auditeurs de Chary(b)de en Scylla, spécialiste des bailleurs du fond le mardi.

Monsieur le journaliste, nous baillons le type. Il n’y a qu’un mardi par semaine. Je sais qu’il n’a jamais été faible à l’école. Notre locomotive non plus d’ailleurs. ? Nous avons réussi un beau mariage, celui d’un ronfleur et d’une sourde.

Monsieur Biro alias Ibro, que pensez-vous de notre minus-tre de l’éclairage ?

Monsieur le « Lynx », ce type est une pile qui ne dessert que si l’on s’en sert. Le genre qui déclare qu’un arbre abattu n’est pas humilié. Peut-être qu’il a raison, parce que lui, il grossit. Les arbres maigrissent. Quand il dit qu’il pense, c’est qu’il pense à sa panse. Je sais. Mais je ne peux pas tout faire Hi Hi Hi !

Moi Biro-la-Pipe, alias Ibro, si je ne peux pas tout faire, je peux tout faire taire. Ne me posez pas de question. Je réponds d’avance. A Fakoudou !

Allah lànahô

Allah la na hi, hi, hi !

Monsieur la Pipe qu’est-ce que vous pensez de vos dépités et de notre Assemblée saladière ?

Je les laisse parler. Quand ils n’auront plus rien à dire, le régime ne serait plus là. Beaucoup d’entre vous également. Nous sommes des insecticides. Partout où la troisième roue publique passe, on trépasse, en brouette. A Fakoudou !

Monsieur le président Biro alias Ibro, soyons sérieux...

Attendez, je vous arrête monsieur le journaliste. Si on devient sérieux dans mon métier, on perd ses avantages, et on ne peut plus jouer sur son avant-âgé. On l’a vu avec notre Fini national, nos foot-bailleurs…Je vais vous confier quelque chose. Mon grand rêve était de devenir un basketteur. Mais je suis né tout petit. Alors à l’automne de ma vie, j’ai choisi le perchoir de cette assemblée pour paraître plus grand que moi-même... Hi ! Hi ! A Fakoudou ! On chen fout !

Monsieur le prési, combien gagne un minustre ?

Silence ! Silence !

Et un de vos dépités ?

J’ai dit …SILENCE ! Comme au cimetière.

Pourquoi, le minus-tre environnementeur est devenu plus gros que son garage hara-kiri ?

C’est pour se barrer. Hi ! hi ! Avec son Fini National, avec des chèques barrés.

Monsieur Biro alias Ibro, votre chanson préférée ?

Je suis à l’Assemblée

Pour faire mon blé

Je suis président parce…

Guinè na makity

Purée na makity

Coco na makity

C’est le mouvement Wache !

Si vous voulez, monsieur du Lynx, je peux me lever et vous faire la démonstration de la danse. A Fakoudou ! Je commence ?

Monsieur le prési, épargnez à nos lecteurs, ce spectacle. Il n’aimerait pas vous voir, vous…

Moa ? Moi aussi je vais attaquer pour diffamensonge votre journal.

Monsieur le président Biro alias Ibro, pourquoi ne décore-t-on pas les traîtres ?

Parce que pour être traître, il faut être responsable de quelque chose… Nous ne sommes responsables que devant nos enfants, parce que nous sommes leurs héritiers. C’est faire preuve d’intelligence de comprendre ça aujourd’hui. Si on ne moque pas de notre démocratie, notre démocratie se moquera de nous.

Il m’était temps de partir. A mon âge il ne m’est donné que le temps de désapprendre. Je n’aime pas beaucoup les donneurs de leçons, ayant enseigné moi-même pendant 20 ans, pour former des chômeurs. Je travaillais pour une arithmétique imbécile. Je ne travaillais pas pour ma mère, ni pour mon père, mes héritiers de Dieu. Je ne le savais pas. Je le regrette. Je suis devenu arbre pour attraper des oiseaux, au lieu d’apprendre à voler. Je suis devenu arbre pour sauver un moineau, il n’était pas dans mon intention de sauver. Il est vrai. Je voulais en réalité changer le moineau, pour essayer de comprendre pourquoi dans ce mot, autant de voyelles faisaient voler un être si petit. Un oiseau plus petit disposerait de la grandeur d’un baobab. De la même façon, une assemblée disposait de son peuple. Mais, même une cathédrale n’est pas une addition de pierres ; mais une somme de fois artificielles, qui n’est qu’une pourriture de l’Homme. Parce que non plus, l’Homme n’est pas une des quatre opérations courantes sur l’homme. Il lui manquera le sacrifice qui n’est pas fait pour croire. Mais pour s’accroître lui-même dans notre cœur, fait Dieu. Ce n’est pas parce que le cœur de Dieu est nôtre, il est notre chœur. Une femme en grossesse n’a pas peur. Jésus nous l’a assez suggéré dans sa parabole sur le grain de sénévé. De même le nouveau régime ne germera vraiment que quand l’ancien sera définitivement enterré, qui croyait que l’Humanité reposait sur l’homme et que l’homme était à dresser, au nom d’une idéologie devenue une idée-à-logis, comme on veut, parce qu’une religion de l’Etat et de la Masse est vidée d’avance de sa substance. En cela notre « démocratie » importée est en grossesse nerveuse. En cela également il est recommandé de porter des capotes contre certaines idées, même en période de ménopause-café. Nous l’avons vu ailleurs et ici, cette période où l’homme pendait un individu comme un jambon, au nom de l’Homme. Aujourd’hui il s’agit de sacrifier de l’Homme pour certains individus. Le procès de notre siècle des indépendantriste sera une procession. A Fakoudou !

Quelqu’un racontait : « Moi je ne comprends rien dans notre assemblée saladière ; elle parle tout le temps de budget. Si c’est une maison, on n’a qu’à l’enfermer. Si c’est une personne on n’a qu’à la casser. Si c’est une route, ce budget-là on a qu’à la couper. Comment plus de cent dépités se réunissent pour résoudre des solutions. Hé kélà ! »

Communiqué Ceci et Cela

Ils sont convoqués

- Les piroguiers

- Les poissons

- Les politiciens

- Les malflattés

- Les déflatés

- Les albinos

- Les toubinos

Ce communiqué s’adresse aux membres de l’association dénommée « Approche participative »

Ils sont priés de s’éloigner de toute urgence.

La traite des "nègres" a commencé ainsi

Nous reprenons notre communiqué, de peur qu’on nous le vole.

Billet

« Un chat m’a Conté »

Un chef d’état aimait le sucre

Le sucre c’est bon

Surtout quand on sait qu’on n’en fabrique pas

Alors ce chef d’état africain

Plus intelligent que tout le monde

Enterra un morceau de sucre

Et abandonna toutes ses affaires

Il voulait voir son morceau de sucre pousser

Hé kélà !

Par Williams Sassine

Description & analyse

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 194

Présentation

Date1995/12/04

GenreDocumentation - Presse

Mentions légales

Avec l'aimable autorisation des ayants-droits
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Fiche : Elisabeh Degon, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

Éditeur de la ficheClaire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

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