193. Après tout…

Auteur(s) : Sassine, Williams

Les folios

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Sassine, Williams, 193. Après tout…, 1995/11/27

Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Consulté le 12/08/2025 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/items/show/3535

Texte de l'article

Transcription

N° 193, 27 novembre 1995 : « Après tout… »

Il arrive un moment où un journaliste ou un écrivain, doit exercer le métier de soldat, c’est à dire : se faire tuer pour vivre.

Ce qui vient de se passer au Nigéria, par pendaison (1)., ressemble à une « approche participative » des pays de la Cédé-Haho du coin. Nous n’avons entendu personne de ce côté demander clémence. Copains-coquins-copains, cette formule triangulaire aplatie, on connaît. Malgré les appels à la bonté, le chef de l’état nigérian a pendu en oubliant que le cœur d’un chef d’Etat doit être dans sa tête. Pourtant nous savons tous que la justice extrême aboutit à l’extrême injustice. Nous avons déjà écrit, que dans le mot Ecrivain, il y a vain. Celui qu’on a pendu avec ses compagnons, ne défendait que l’intérêt des siens, contre une exploitation abusive de leur terroir. Mais la politique est le vin du diable. Du côté de Lagos, les chefs commencent à s’enivrer, parce qu’ils ne voient pas, qu’un pendu est plus proche du ciel que son bourreau.

Nous, on ne voit pas plus loin. Car on nous parle tout le temps de privatisation de ceci…ou de cela. Pour sauver le pays et ses habitants. Un homme n’est pas à sauver. Mais à changer. On dit souvent que le poisson ne pourrit que par la tête. Si cette affirmation est vraisemblable, il faudrait privatiser tous nos gouvernants à commencer par une vérification de leurs « biens ». Car un jour, ils comprendront que les dieux nous vendent tous nos biens qu’ils nous donnent. Ce jour… ou ces jours de la colère populaire. Les conséquences de la colère sont plus terribles que ses causes. Nous l’avons constaté ici, (dans l’affaire de l’ancien premier ministre), et ailleurs. Au Rwanda par exemple, et en Israël. Dans le premier cas, tout le grand monde était au courant apparemment du génocide. L’OUA avait autre chose à faire à Addis. Là-bas, les filles sont belles et affamées. Ha ! Les sommets annuels de cette institution.

Les vengeurs du premier ministre assassiné d’Israël, se préparent. La paix va dormir un moment, dans ce bled. Comme il fut un temps au Libéria. Maintenant de maladresse en maladresse, on finit par admettre la puissance de notre ennemi « officiel », Charles Terreur. Que de compatriotes sacrifiés.

Une guerre aussi absurde que le don des Japonais. Des milliards accordés pour qu’on achète du riz thaïlandais. A condition qu’on achète ce riz, en gros. Et nos paysans ? Il est vrai que l’argent n’a pas d’odeur. Mais notre riz local en a. C’est celui qui nous a fait grandir, pour dépasser l’âge mortel de 40 ans. A Fakoudou !

Je devais rendre mon devoir hebdomadaire ou dromadaire, au « Lynx », le seul journal qui voit plus loin que son ombre. Le taxi boiteux m’a fait passer devant les bureaux de Dan Fonio, le grand nettoyeur de la ville. Ce type quand il mourra, les poubelles se feront un plaisir pour boucher sa tombe, et pouvoir respirer après. Car une poubelle vide redevient vierge, et les vierges doivent être vues, plutôt qu’entendues. Ceci nous ramène à notre assemblée nationale Saladière qui comme Narcisse devant un miroir, s’estime pour s’admirer ou « chat-dmirer ». Combien nos chers dépités touchent à la faim du mois pour ne pas tomber d’accord, sous la direction de El Hadj Biro-la-pipe. Monsieur le dépité combien touches-tu ? Même si c’est du franc glissant et gluant. Combien ? Le premier de nos lecteurs ou lectrice qui nous donnera la réponse, aura droit à une semaine d’abonnement. Auparavant, nous l’aurions accordé, des lectures gratuites du « Lynx » pour 6 mois. Mais nous avons été condamnés à huit ou neuf clos à plus de 2 millions pour « diva-mensonge ». Alors que ou queue. Notre histoire contemporaine ne se ramène qu’à une histoire de 2 chevaux. Car les bons chevaux ne s’échauffent qu’en mangeant. Les chaleurs mensuelles de nos fonctionneurs nous le démontrent assez, vivant d’anémie, d’urémie, sans amie véritable en somme. Puisque la soustraction dans le pays, est une addition des problèmes que l’on n’aime pas.

En cela, nous passons la moitié de notre temps à expliquer aux étrangers que nous ne sommes pas étrangers dans le pays, et l’autre moitié à nous convaincre nous-mêmes que nous sommes étrangers chez nous. D’où un renouvellement permanent des papiers d’identité.

Quelqu’un racontait :

- « Un ami s’est marié, après 40 ans de merde, de solitude. Il est mort 2 mois après. Sa jeune épouse vient de se remarier avec un petit qui connaît la prison centrale mieux que son père. Cet ami avait tellement peur du Sida ! Enfin, là où il est maintenant, il n’a pas besoin de capote. C’est son âme qui en a peut-être besoin… »

Communiqué Ceci et Cela

Nous demandons à tous ceux

- qui ont peur

- qui ne savent pas écrire

- qui détiennent des dossiers importants les concernant

- qui connaissent des artistes en détresse

- qui veulent parler de leurs problèmes et de leurs poèmes

De contacter le Lynx de toute urgence. Sans blague. A Fakoudou !

Aucune personne ne nous fait trembler. Ni aucune condamnation.

Ce communiqué s’adresse aux minustres de notre gouvernementeur, aux dépités de l’assemblée saladière, et surtout aux sincères de « l’approche participative » la nouvelle formule pour attirer les poissons et les piroguiers trop souvent couillonnés.

Billet

« Un chat m’a Conté »

A quatre pattes on peut voir :

- Les mamelles redevenir droites
- Le prési de l’assemblée saladière, en plus grand
- Ceux qui aboient contre la hausse des prix, en vain
- L’insécurité revenir
- Le courant repartir
- Bientôt les « Cheicks » barrés qui vont barrer les routes pour se barrer après pour fêter Noël ailleurs, en laissant l’économie à la barre
- La mort prise au piège et se réfugiant dans les courtes maladies
- Les tombes qui s’ouvrent à 14 heures après la prière.

Par Williams Sassine

[1](nota : Le 10 novembre 1995, Ken Saro-Wiwa et huit autres leaders du MOSOP ont été exécutés par pendaison à Port Harcourt par le gouvernement nigérian du général Sani Abacha)

Description & analyse

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 193

Présentation

Date1995/11/27

GenreDocumentation - Presse

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Éditeur de la ficheClaire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

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