184. Le bruit des nôtres ! (2)

Auteur(s) : Sassine, Williams

Les folios

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Sassine, Williams, 184. Le bruit des nôtres ! (2), 1995/09/25

Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Consulté le 12/08/2025 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/items/show/3526

Texte de l'article

Transcription

N° 184, 25 septembre 1995 : Le bruit des nôtres ! (2)

L’homo-Conakrika n’a pas de problèmes. En réalité il a appris à dormir, surtout quand il sait qu’il ne peut plus payer son loyer. Alors il dort, dort.

Examinons un peu ou deux peu cette maladie de notre Homo-dormicus.

1) On lui donne une oppo…qui n’a pas de tête. Les « Pageros » ont disparu.

2) Il a un pouvoir qui, non plus, n’a pas de cervelle, mais des bottes.

3) Notre contemporain cherche du « Bandé » ou à « Bander ». Mais le « bandé » (riz) étant plus cher que le jour à vivre, on se prend souvent à bander dans le vide, les capotes menaçantes aidant.

4) Si nos footbâilleurs dorment dans les aéroports avant de se faire botter, c’est parce qu’ils ont plus de moustiques que de lits à la maison.

Ici, la terre étant ronde, nous rejoignons la dernière publication du jeune confrère Sossé, à travers son recueil de poèmes « Alyatima » autrement dit « Réfugié ». Qui n’est pas réfugié en ce moment ? La sexualité sous la capote, les dictateurs sous la démoncratie, les pauvres sous le marché, les minustres sous les conseils, les conseillers sous les cons, les routes maltraitées sous des voitures qui crient, l’opposition sous-sous l’opposition.

Parfois un livre comme « Alyatima » nous mène au-delà de ce que nous aurions imaginé. Ce recueil de poèmes que j’ai lu, est un trajet en écriture sur l’existence, une interrogation pour chercher son souffle avant de rencontrer l’autre, dans l’émotion de le reconnaître.

Mon jeune confrère Sossé Sossou a appris à voir, à écouter et se donner. Grand voyageur et témoin d’une Afrique de plus en plus sombre, il a fait pour se protéger, de l’ironie amère, sa carapace. Son œuvre peut être comparée à un hymne patriotique, dans le sens vertical et horizontal, sans oublier sa dimension intemporelle. Son recueil « Alyatima », le Réfugié ne peut mourir en effet qu’avec tous ces pauvres, toutes les guerres, toutes les injustices. L’Afrique, comme une amante mal aimée, vient se dénuder pour se confier, s’éprouver, se révéler. Pour donner une autre génération, loin des indépendantristes que nous sommes.

C’est dommage que monsieur Sossé ait confié la publication de son recueil à une maison d’édition pratiquement inconnue. Une maladresse de jeune auteur. Mais existe t-il sur la place, une maison d’édition soutenue par les autorités officielles, pour qu’à son tour elle pense à aider les jeunes plumes noires ?

« Alyatima », le Réfugié est une œuvre qui peut être lue par tout le monde, et à mettre dans les programmes scolaires. Merci Sossé ! Je t’attends au tournant. La prochaine publication c’est pour quand ? Pas de cadeaux. A Fakoudou !

Les chevaux comme les poètes ont besoin d’être bien nourris, mais pas d’être engraissés. Nous avons déjà parlé des chevaux marocains de Fory Coco à Kindia. La plupart sont passés à la brochette. Pourquoi pas ? C’est un coin où on fait même rôtir les bonnes femmes. Il paraît que c’est délicieux. Je n’en dirai pas autant des sorcières qui sont parties chez les Jaunes. Elles auront parlé de tout. A Fakoudou ! Elles sont déjà là nos vieilles mammifères. Pour nous parler de leur drôle de rôle important en oubliant de signaler que dans ce pays, les intellectuels sont pourchassés. Ha ! Si on pouvait mettre tous les Jaunes dans un œuf ! Les Blancs également. Ça nous promet un bel essai nucléaire. Le porte-mensonge de notre gouvernement serait capable de déclarer après : « vu que les Noirs n’ont plus d’aide, nous avons décidé de renouer nos relations avec les Indiens ».

Laissons tomber ces machins pour nous occu-per de nos machines.Par exemple du lieutenant-colonel Kaba 41. Dix ans de camp Boiro, le reste au service de la poésie et de l’armée. Aujourd’hui près de la mort, sans recours véritable. On attendra son enterrement pour faire semblant de pleurer. Les poètes n’ont qu’une tombe, le cœur de leur bien aimée. Connaissant ton épouse, mon colonel, tu ne mourras pas.

Quelqu’une racontait : « j’ai fait des enfants avec mon premier mari. Ça fait 5 ans que je dors avec le deuxième, mais rien. Il dit que je suis incapable, vieille, même que j’avale des capotes pour ne pas produire. Mais lui dans le lit, poorèè ! C’est comme papillon fatigué. Peut-être c’est parce qu’il ne trouve pas de travail…

Communiqué

« Ceci et cela »

Sont convoqués

- Les ateliers

- Les symposiums

- Les assemblées

- Les bailleurs

- Les arrêtés

- Les demandeurs

Et autres mendiants

La maison coule

Nous avons besoin de nos dix doigts

Pour boucher les trous

Billet

« Un chat m’a Conté »

Les pipés entrent au pouvoir

L’opposition entre au PUP

Les opposants rentrent dans tout

Et les villes mortes se réveillent

Pour dire que le tout n’est rien

Ou qu’un rien est un tout

Ainsi parlait un démoncratique

A son enterrement

Amen !

Par Williams Sassine

Description & analyse

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 184

Présentation

Date1995/09/25

GenreDocumentation - Presse

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Éditeur de la ficheClaire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

184. Le bruit des nôtres ! (2)

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