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N° 180, 28 août 1995 : Les mutants (2^èmepartie)

La technique sportive moderne a montré que l’homme possède des ressources physiques encore loin d’être épuisées. Les jeux olympiques reculent les limites humaines. Les expériences sur le comportement du corps humain dans les fusées interplanétaires, dans les camps de concentration, au camp Boiro, ont pu mesurer l’extrême possibilité de défense de la vie et découvrir des ressources considérables dans l’interaction entre le psychisme et le physique.

Par ailleurs, quand les principes de la science seront propagés de façon massive dans les pays sous-développés, quand il y aura cent fois plus de chercheurs, en répartissant équitablement entre les hommes les connaissances dont l’humanité dispose, on augmentera le potentiel mental de nos sociétés pour le hisser au niveau des armes importées.

La venue sur notre continent de cette race nouvelle, si prodigieux ou miraculeux que puisse paraître le phénomène, peut devenir une chose d’actualité pratique. Au risque de choquer, le port d’une capote peut supprimer la naissance d’un génie. De même la suppression de la liberté d’expression peut tuer un grand penseur, cet autre mutant. Heureusement que les régimes totalitaires, un à un, s’écroulent.

Pèlerin sur le chemin de l’étrange, et traité d’étranger, plus sensible qu’aucun autre homme au passage des courants d’idées, se faisant plutôt témoin que créateur ; mais témoin quand même des aventures extrêmes de la démocratie, l’intellectuel commence à croire qu’il n’est ni le centre, ni le point de mire de l’univers. Il y a plein d’idiots en effet qui le gouvernent, à moins qu’à la faveur d’un camouflage de quelque nature qu’on voudra imaginer, qu’il ne s’introduise auprès du dictateur. Mais pour voir le derrière d’un singe, il faut le laisser monter.

A propos de démocratie, nous avons l’im-pression que nous vivons dans un animal, dont nous sommes les parasites. Autour de nous, circulent peut-être des être bâtis sur le même plan que nous, mais différents de nous. Un mythe nouveau ? Ces êtres, faut-il les convaincre qu’ils procèdent du mirage, ou leur donner l’occasion de se découvrir. Opposition ou gouvernementeur ? A Fakoudou !

Il existe cependant parmi nous, des êtres supérieurs capables de nous aider. Mais ils se cachent. On verra plus loin pourquoi. Nul ne va trouver son médecin pour lui déclarer qu’il se porte bien, pour lui faire savoir qu’il est heureux. Seules les mutations défavorables sont détectables. Mais les favorables ?

Par exemple un homme génial, comme Ein-stein publie ses travaux. Ce qui lui vaut des ennuis. L’exil. Il avoue « si j’avais su, je me serais fait plombier »Notre société est hostile en vérité à l’intelligence objective et surtout à l’imagination libre. Camara Laye chassé, Gandhi assassiné, N’Krumah abandonné, Lumumba humilié, Oppenheimer, l’un des pères de la bombe atomique, surveillé, Mandela poussant ses racines sur un rocher. D’autres mutants se nommèrent entre autres Mahomet, Jésus, Confucius, tous tués par leurs contemporains. Bien d’autres mutants existent. Mais de peur d’être persécutés, ils considèrent comme inutile de se donner en exemple ou de prêcher quelque forme de religion nouvelle.

Il y a mieux à faire que de s’adresser à l’indi-vidu. Sékou l’avait pressenti sans l’avoir compris. L’humanité aspire à l’effort commun. Nos mutants se fondent dans l’anonymat, parce qu’il n’est pas impensable qu’ils considèrent comme nécessaire et bénéfique nos souffrances d’enfantement et même comme heureuse quelque grande catastrophe susceptible de hâter la prise de conscience de la tragédie spirituelle que constitue dans sa totalité, le phénomène humain. Pour agir, pour que se précise la dérive qui nous entraine peut-être vers quelque forme d’ultra humain dont ils possèdent l’usage, il leur est peut-être nécessaire de demeurer cachés, de maintenir secrète leur force :

Quelqu’un racontait : « 20 ans dehors, tu as envie de revenir au pays. Mais un jour seulement ici, les problèmes commencent. Hé Kélà ! Les parents et les amis ont vidé complètement mes poches. Maintenant, dès qu’ils me voient, ils me demandent : quand est-ce que tu repars ? »…A Fakoudou !

Communiqué Ceci et cela :

- A nos ar-tristes affamés
- A nos foot bailleurs sacrifiés
- A nos voteurs qui ne gagnent pas
- A nos malades abandonnés
- A nos patriotes cons

Nous présentons nos encouragements et nos félicitations les plus nourrissants et les plus vitaminés

Ce communiqué s’adresse aux con-patriotes de la part de Kibaro

Billet

« Un chat m’a conté »

Certains meurent

- De sida
- De choléra
- De palu
- De diarrhée rouge
- De courte maladie

Il n’y a que les cons qui meurent en bonne santé

Comme les anciens minus-tres et les bandits.

Par Williams Sassine

Description & analyse

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 180

Présentation

Date1995/08/28

GenreDocumentation - Presse

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Avec l'aimable autorisation des ayants-droits
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Fiche : Elisabeh Degon, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

Éditeur de la ficheClaire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

180. Les mutants (2ème partie)

Auteur(s) : Sassine, Williams

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