169. Qui est con…Sauf les Noc !

Auteur(s) : Sassine, Williams

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Sassine, Williams, 169. Qui est con…Sauf les Noc !, 1995/06/12

Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Consulté le 29/08/2025 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/items/show/3511

Texte de l'article

Transcription

N° 169, 12 juin 1995 : « Qui est con…Sauf les Noc !

L’enfance ici est comme un arôme magique qu’on dilue dans toutes les sauces. Même dans les barrages ! On leur fabrique un mois de fête, comme si après ce mois, on devait les pousser pour les plonger dans l’âge des déflatés et autres chômeurs. L’âge de leurs parents s’accrochant à des plaisirs interdits : ne pas fumer, ne pas boire, ne pas manger certain riz, ne pas lire, ne pas rêver à une vie meilleure…J’en passe, puisqu’un pauvre n’a pas droit d’imaginer, n’ayant pas vécu une enfance heureuse, cette colonne magique de la vie. Nous l’avons déjà écrit : un enfant mal aimé ne sera jamais ni beau, ni bon. Bonne fête quand même les enfants ! Sucez votre petit bonbon annuellement offert par les gentilles matrones officielles et attendez l’an prochain, en espérant que d’ici là vous ne mourrez pas de « courte maladie » genre : choléra, diarrhée rouge, écrasés par un chauffard, mutilés pour des sacrifices rituels…Pourtant l’OMS, depuis des dizaines d’années « La santé pour tous en l’an 2000 », manipule des milliards de dollars pour nous annoncer que les moustiques existent encore, que le Sida est toujours vivant…Comme la FAO qui nous assure que la famine fait des millions de victimes. On voit que certains de ces messieurs et dames transformés en experts et en « sexpertes », aiment étudier leurs dossiers. On ne dit pas à un affamé qu’il meurt bien nourri de faim. Quant à l’OUA, sa seule utilité est de bénéficier d’un jour de congé tous les 25 mai. On n’en a pas tellement besoin, puisque de toutes les façons, on ne travaille pas le reste de l’année. Faisons un peu le compte. Dans une année il y a 365 jours et 52 semaines. Chaque semaine, le week-end on se repose ; soit 104 jours. Nous sommes une cinquantaine de pays dits « indépendants » soit 100 jours de fête. Les fêtes religieuses ainsi que les enterrements et baptêmes nous donnent droit à près de 60 jours. Les congés officiels annuels, c’est 30 jours à se coucher les pattes en l’air et les orteils en éventail. Chaque fois que le prési se déplace, c’est un jour de relaxe à cause des embouteillages. Comme il se « déplace » une fois par mois, ça nous fait dans l’année 60 jours, parce qu’à son retour, nous avons les mêmes problèmes.

Je suis gentil parce que je ne vais pas ajouter les jours de congé pour « maladie », quand on a par exemple la gueule de bois. Mais en calculant 104 + 100 + 60 + 30 + 60, soit 354 jours à ne rien foutre ! Ça nous fait un jour de travail par mois quand il ne pleut pas. On s’en fout ! On remercie ceux qui veulent nous aider. Les missionnaires sont venus, on les a bouffés grâce à nos sorciers. Les colons ont pris la relève, on les a mis dehors avec le secours de nos indépendantristes. Aujourd’hui, on crée pour nous, de l’autre côté de l’océan, un ministère de la coopération. Ces gens-là ne savent pas ce qui les attend. Nous, on (n’)est pas pressés. A fakoudou ! Nous leur ferons des barrages partout, avec leur pognon. En attendant, nous bouffons dedans pour faire semblant de voter. On oublie qu’on ne vote d’abord que pour son ventre. Un sac de riz, ça fait deux mois…Si on doit mourir pour quelqu’un d’aisé, il faut que ce soit le ventre plein. Qui est con ?

Une femme racontait : « Mon mari ne rentre plus à la maison. Il passe son temps dans les réunions. Aujourd’hui, il dort au PUP. Demain ce sera le RPG. Après c’est le PRP et ainsi de suite…Il pratique la polygamie politique. Peut-être qu’après les élections, il se souviendra qu’il est responsable d’une famille », si on ne le tue pas dans un meeting. Tout ce qu’il ramène en ce moment, ce sont des tricots publicitaires, mais est-ce qu’on peut manger un tricot ?

Communiqué Ceci et cela

Le train Conakry-Kankan

Accuse un retard de 5 ans

La direction des chemins de fer

Prie son aimable clientèle

D’excuser ce léger inconvénient.
D’autre part, elle a le

Plaisir d’annoncer le prochain

Départ dans 5 ans, peut-être

Restez à l’écoute !

Billet

« Un chat m’a conté »

Si on veut reconnaître le sexe d’un perroquet

On le place dans un congélateur

S’il crie après « mes couilles gèlent »

C’est un mâle.

Si on veut reconnaître un parti d’opposition

On le place devant le PUP

S’il crie après : Aie ! J’ai mal partout

Alors c’est parti de l’opposition

Si vous voulez savoir que vous êtes à Conakry

Cherchez une maison qui ne coule pas

Ou cherchez un WC propre.

Si vous en trouvez

Alors vous n’êtes pas à Conakry

Par Williams Sassine

Description & analyse

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 169

Présentation

Date1995/06/12

GenreDocumentation - Presse

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

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