Les folios

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Sassine, Williams, 160. On dirait qu'on est obligés !, 1995/04/10.
Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle).
Consulté le 24/04/2024 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/items/show/3502

Texte de l'article

Transcription

N°160, 10 avril 1995 : On dirait qu'on est obligés !

Il y avait un mec qui secouait sa guitare. Une nana ouvrait son soutien. Un chauffard ôtait son chapeau. Un mendiant fouillait ses chaussures. Chacun cherchait son franc glissant.

Un troupeau de policiers posait des barrages. Un groupe de chiens abandonnés barrait la route. Des soldats se barraient du camp. Un barrage se faisait Harakiri. C’était la fête.

On dirait qu’on est obligés de boire. On dirait qu’on est obligés de voler. On dirait qu’on est obligés de mourir, de rire, de manger, de voter….

Donc on va voter en juin ! Probablement sous la pluie, c’est elle qui fera la différence. Alors à vos parapluies ! Les imperméables « Parafiri » sont déjà en vente au Lynx. Voter ou cotiser est devenu une spécialité de la 3è Roue publique. On chen fout ! A fakoudou ! On fait voter, même pour les chanteurs.

Une espère de girafe était couchée sur le dos, les pattes en l’air, pour « raper » comme disent les jeunes, pendant que le Bembeya jouait. Entre le danseur et l’orchestre, on avait l’impression de voir un tableau de Picasso ivre. C’était la fête. On chen fout ! Les militaires croient que c’est leur fête. Mais dans les maquis, ce sont les premières classes qui paient à boire aux lieutenants et autre lieu-tenants. Le pays devenait fou. Après Dame-Kolo qui a parcouru des centaines de kilomètres sur les … pour voir Fory Coco et transmettre un message divin.

En attendant que le téléphone soit rétabli en-tre Zeus et le Palais des Nations, voilà que je rencontre une touriste qui, sac au dos, me demande la route du « barrage Hara-Kiri », une bagatelle de 500 kms. Publicité de la Rétégé oblige. Tant pis, nous l’avons déjà écrit. L’Afrique contemporaine est le reflet d’un monde en crise. Peut-être est-ce là, sa chance de constituer un moment capital de l’histoire des idées ? Crise politique, économique, crise de la science et des arts, tout concourt à faire du Guinéen un être inquiet, soucieux de son avenir, angoissé devant sa propre image, à travers ses enfants armés et ses usines arrêtées. Toutes les traditions, les normes de la morale, sont remises en question. Parfois sans but et sans conviction. Simplement parce que l’homme que nous sommes, secoué par les bruits de guerre autour et en même temps saisi par le vertige de la liberté et de la démocratie, ne supporte plus les contraintes sociales, religieuses ou logiques du passé. L’apparition d’une écrasante technique est certes enivrante, parce qu’elle permet de changer le paysage de l’homme et de multiplier ses pouvoirs. Mais cette technique, en ce moment, du barrage Garafiri, n’est pas sans illusion. Quand il sera achevé, les usines ne tourneront pas pour autant automatiquement. Les ¾ du pays seront toujours dans l’obscurité. Le Guinéen sera encore à changer pour le respect du bien public. Certes, c’est un signe de médiocrité que d’être incapable d’enthousiasme. Souhaitons que cet enthousiasme soit soutenu par une volonté durable. Quelqu’un racontait « La chronique du Lynx est souvent très compliquée. Je suis obligé de lire, relire pour essayer de comprendre. Moi, j’ai perdu l’habitude de réfléchir. J’ai déjà assez de problèmes comme ça… »

Communiqué Ceci et cela

Tous les chômeurs sont priés de se présenter au Minus-tère de la Ponction publique pour affaire ne les concernant pas.

Les déflatés peuvent se présenter à la communication pour flatter.

Il sera bientôt mis en vente « Capote moins », pour éviter de toucher à la femme.

Cette capote « moins » est puante à souhait comme les poubelles de nos quartiers.

Billet

« Un chat m’a conté »

Nous avons

- Un président
- Des ministres
- Des gouverneurs
- Des gouvernés
- Des chômeurs
- Des voleurs
- De l’obscurité
Rien ne manque pour réussir
Sauf des députés dépités

Par Williams Sassine

Description & analyse

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 160

Présentation

Date1995/04/10

GenreDocumentation - Presse

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Fiche : Elisabeh Degon, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

Éditeur de la ficheClaire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

160. On dirait qu'on est obligés !

Auteur(s) : Sassine, Williams

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