Les folios

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N° 153, 20 février 1995 : « On est très contents. De tout et de tous »

On est tous contents. Cocoriette est désormais la présidente honoraire et pleine de poussières de la fondation « Golden Heart Usée » pour l’Afrique. Ça nous fait un nouveau GHU. Le premier est surtout connu pour ses trous de caisse et les trous dans les draps, malgré la bonne volonté du personnel local indigène.

Son mandat sera de cinq ans comme celui de son mari. Il sera renouvelable. Comme celui de son mari. Un couple bien assorti. On n’a demandé l’avis d’aucune autre dame de ce pays. Mais la voie est libre. Toutes celles qui ne veulent pas se faire oublier peuvent créer leurs fondations. On mettra tout sur K7 ou casseth, qui sait ? Déjà les brigades en jugement en ce moment, leur ravissent complètement la vedette. Tiens ! Si le GHU de la Cocoriette avait existé il y a 6 mois, le pays n’aurait pas été traumatisé. Puisque cette fondation se propose de nous fournir des marchandises, de l’argent et même des motos, sans carburant probablement, mais chat ne fait rien. Nous avons assez de salive pour faire marcher même des barrages.

Nous n’avons rien à vouloir aux premières dames. On les aime. La preuve ? On aime toutes sortes de femmes au journal, qu’elles soient bêtes, édentées, borgnes ou haut perchées. La Cocoriette a du travail : ne serait-ce que d’assurer un minimum de règles d’hygiène dans les foyers de la capitale : si elle pouvait mettre les maires dans les poubelles et tout foutre à la mer, les poissons seraient mieux nourris et nous avec, comme la volaille de mon groupe, « Hache et Culbrite » genre cube à la magie fatiguée.

On est tous très contents de tout le monde en ce mois de carême ! De la Cour d’Assises. Des bandits également. Tout ce monde-là nous fait rire chaque soir, nous faisant aussi oublier la hausse des prix, le chômage. Permettant au gouvernement de souffler un peu. Deux peu même. A tel point qu’on est en droit de penser que ce procès de minables risque d’être interminable. Les dénonciations se succèdent et se multiplient à tel point que bientôt dans le pays il y aura plus de coupables que d’innocents. Et comme on est en pleine démocratie, les voix de ma majorité faisant loi, ce seront les innocents qui seront convoqués à la barre. Tant-pis ! Eux aussi n’auront qu’à se demander entre eux dans un premier temps. Où est le problème ?

On est tous très contents de l’opposition. Pas de marches, pas de bagarres, pas de meetings interminables sous le soleil. Elle attend peut-être la saison des pluies pour sortir, ou la fin du mois de carême. Dans ce cas aussi, elle risque d’attendre longtemps. Puisque après les musulmans, ce sont les chrétiens qui vont prendre la relève, et eux leur « mois » de jeûne est plus long. A Fakoudou !

On est très contents de notre équipe natio-nale Juniors. Elle a rempli sa mission à Lagos. D'après un confrère de la Rétégé, c'est parce que là-bas, il fait chaud qu'on a perdu. Prochainement, qu'on installe Lagos au Pôle nord. On aura peut-être un peu plus de chance. Et puis les petits ont bien joué après tout et ont respecté leurs aînés le « Fini national ». Tradition oblige, parce que s'ils avaient gagné la coupe, c'était fini de leurs grands frères. A l'avenir qu'on envoie jouer les « cadres » du ministère des mauvais scores. A défaut de marquer, ils encaisseront buts et fric sans se cacher.

On est très contents de tout. Sauf de nous mêmes. C’est bien ainsi. Car le contentement de ce qu’on a fait partie du bonheur. On chen fout ! Le président a inauguré le 13 février la séance du concours du meilleur récitant du saint coran. Pour ne pas faillir à sa réputation, il a provoqué l’un des embouteillages les plus indescriptibles de la 3^èmeroue publique. Pourtant on lui a écrit plusieurs fois pour lui demander de prendre son hélico en cas de déplacement. Nous sommes au mois de carême. C’est un péché d’empêcher d’honnêtes musulmans de vaquer à leurs taches quotidiennes. Mais il chen fout, apparemment ! On est vraiment contents. Un jour il comprendra qu’il est aisé d’aller à pieds quand on tient son cheval par la bride.

Billet

« Un chat m’a conté »

Nous avons Ando

Nous avons Gordon

Nous avons Végas

Nous avons Indou Kala

Nous avons Mathias Leno

Nous avons soldat maudit

Nous avons Bill Clinton

Et bien d’autres

Pour fêter le 1^eranniversaire

De la 3^èroue Publique

Aï pour le 2^èanniversaire

Par Williams Sassine

Description & analyse

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 153

Présentation

Date1995/02/20

GenreDocumentation - Presse

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Fiche : Elisabeh Degon, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

Éditeur de la ficheClaire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

153. On est très contents. De tout et de tous

Auteur(s) : Sassine, Williams

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