188. Le bruit des nôtres ! (4)

Auteur(s) : Sassine, Williams

Les folios

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Sassine, Williams, 188. Le bruit des nôtres ! (4), 1995/10/23

Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Consulté le 10/08/2025 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/items/show/3530

Texte de l'article

Transcription

N° 188, 23 octobre 1995 : Le bruit des nôtres ! (4)

Notre minustre qui nous a habitués à sauter de charibe (sic : Charibde ) en Sylla, au lieu de s’occuper de notre train mort, s’intéresse à notre train de vie. C’est son train-train en ce moment. Manger de l’iode de gré ou de force. On meurt de faim, les poissons sont devenus trop chers. Et on nous propose de l’Iode après les capotes. Celui que je vois à mon portail avec son produit, ma chienne barbue et goitreuse à souhait fera son affaire. A Fakoudou ! Je suis inquiet chaque fois que j’entends quelqu’un essayer de me convaincre que je peux mourir en bonne santé. Cela n’arrive qu’aux cons. Le Lynx n’en fait pas partie, ce qui nous attire souvent des problèmes d’ailleurs. C’est pourquoi nous nous entendons bien avec Fory Coco, puisque lui n’a que des solutions.

Le journaliste, c’est quelqu’un qui a manqué sa vocation, comme un enseignant de maths par exemple qui perd son temps à résoudre les problèmes des autres, alors que personne ne s’occupe des siens. Alors il m’arrive de dire à certains de mes confrères, cette expérience née d’une longue pratique de la vie, formulée ainsi : « Mieux vaut entrer dans un bar, que de passer à la barre». Parce qu’on ne peut monter au vrai ciel, avec des ailerons. C’est avec les bras que l’on y accède. Je ne me suis jamais senti près de Dieu, que quand ma mère me soulevait et on riait de bonheur. Car si Dieu a créé la maman, c’est parce qu’il ne peut pas être partout. Nous l’avons déjà écrit. Cette démocratie dont nous commençons à téter les mamelles, doit-elle nous mener devant une barre ? Une barre est un défi. La contourner ou la sauter. Ce n’est qu’avec les yeux des autres, que l’on peut bien voir ses défauts. Une torche ne peut pas s’éclairer elle-même, autant que le pouvoir. Monsieur le Président, comme vous êtes abonné au Lynx, nous pouvons espérer.

Nous qui ne vous avons jamais approché, avons entendu dire souvent que vous avez de la personnalité. Mais nous ne pensons pas que la personnalité soit la dernière richesse de l’homme. En ceci nous sommes, croyons-nous, religieux. C’est le signe de notre temps, de faire déboucher toutes les observations actives sur une vision de la transcendance. La personnalité est un instrument comme la démocratie pour passer à l’état d’éveil. L’œuvre faite, l’instrument devient habitude. Evitons le face à face avec Dieu. Parce que nous ne sommes pas purs. Parce que nous n’avons pas de visage. Parce que les miroirs que l’on nous présente, ne reflètent que nos conseillers, à conseiller.

Devant toutes les traces de l’intelligence dans le vivant, la surprise et la confiance sont inséparables. Cela fait partie du métier de chef d’Etat. Quant à nous, nous sommes du côté de la vie qui vient, du côté du changement de pensée. Est-ce une erreur ou une folie ? Une vie d’homme ne se justifie que par l’effort, même malheureux, vers le mieux comprendre. Car tout ce qui est compris, fait partie de notre culture. Nous avons également dit que l’africain en général n’est pas à sauver. Mais à changer. Noé l’a essayé sur son arche. Seuls les animaux ont été sauvés. L’homme lui, n’a appris qu’à nager. Qu’à surnager. Pour être sauvés, pour rester le « sauvage » que nous sommes, il nous a fallu changer notre paysage politique, économique, spirituel, écologique. Car nous ne savons pas interroger. Nous confondons trop souvent interrogation et question.

De l’homme en tout cas, la science impose la plus haute idée qui fut jamais. Et c’est bien elle qui, de ce monde, mérite d’être le symbole. Les vieux mythes ont réapparu, et pour les exorciser, nous avons joué « la légende d’une vérité », applaudi ailleurs et désalué dans le pays.

Les vieux mythes de l’échec irrémédiable de notre continent semblent exorcisés. Le rocher fatal que nous poussions comme Sisyphe en vain, retombe, mais il ne nous fait plus baisser le regard. Pour la première fois, l’espoir qui parle au fond de quelques tenaces légendes, échappe au domaine de l’imaginaire. Le paysan penché sur son sillon, apprend à lever la tête, pour chercher à suivre le vol d’une pirogue du ciel. C’est la récompense de son nouveau savoir.

Il sait notre paysan qu’il s’est battu parfois, qu’il a été battu souvent, pour élire ses représentants à l’assemblée. Mais une assemblée est une conquête qui connaît ses conditions, ses prix, ses risques. Ce qui vient d’elle, ne doit échapper au contrôle de l’homme. Car le robot ne doit pas se retourner contre son créateur, ou qui sait ce qu’il est. Tout nous parle d’un départ. Mais d’un départ vers plus de conscience.

Communiqué Ceci et cela :

Le Lynx étant « reconnu »
comme un journal diffamateur

Les 150 prochains plaignants
auront droit à percevoir

2.500.000x150 = (calculez vous-même)

et à infliger à notre directeur, ce sursis

3 mois x 150 = ?

Ce communiqué s’adresse
aux 114 dépités + les minustres

+ tous les qu’on sort et autres consorts.

On chen fout ! A Fakoudou !

Billet

« Un chat m’a Conté »

Pour manger à notre fin

Au lieu d’acheter tout

Ce que vous ne pouvez pas

Mettre dans votre marmite

Dépensez dans le piment.

C’est très bon. Mais prévoyez

Un vécé inoccupable et profond, à toute faim utile.

Par Williams Sassine

Description & analyse

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 188

Présentation

Date1995/10/23

GenreDocumentation - Presse

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Éditeur de la ficheClaire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

188. Le bruit des nôtres ! (4)

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