Deux éditions des Rondeaux en nombre trois cent
cinquante paraissent en 1527 : celle de Galliot du Pré et
celle d’Alain Lotrian.
Pour Françoise Féry-Hue, l’édition des Rondeaulx en nombre
trois cens cinquante, singuliers et a tous propos de Simon du
Bois et Galliot du Pré (Paris, 1527) est la première. Le colophon
précise la date de publication : 20 mai 1527. C’est la seule
édition à contenir effectivement 350 rondeaux : toutes les autres
ne font pas figurer les 18 derniers ...
... Lire la suiteDeux éditions des Rondeaux en nombre trois cent cinquante paraissent en 1527 : celle de Galliot du Pré et celle d’Alain Lotrian.
Pour Françoise Féry-Hue, l’édition des Rondeaulx en nombre trois cens cinquante, singuliers et a tous propos de Simon du Bois et Galliot du Pré (Paris, 1527) est la première. Le colophon précise la date de publication : 20 mai 1527. C’est la seule édition à contenir effectivement 350 rondeaux : toutes les autres ne font pas figurer les 18 derniers rondeaux de cette édition et n’en contiennent que 332. Il n’était alors pas rare, en effet, que des recueils contiennent moins de pièces que le titre ne l’annonçait.
Cécile Alduy fonde son étude sur l’édition des Rondeaulx en nombre troys cens cinquante singuliers et a tous propos d’Alain Lotrian (Paris, s.d.), qui serait alors la princeps. Selon Brigitte Moreau (Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle, Paris, 1985, t. 3, p. 370, n° 1324), cette édition date de 1527. Frédéric Lachèvre (Bibliographie des recueils collectifs de poésies du XVIe s., p. 16 à 18) ne répertorie pas cette édition.
Plusieurs éléments suggèrent que Galliot du Pré est le premier éditeur des Rondeaux en nombre trois cent cinquante. Tout d’abord, son édition présente un privilège que Lotrian n’a pas. En outre, Galliot du Pré, en 1527, est bien mieux établi que Lotrian, qui commence seulement sa carrière d’imprimeur-libraire en 1526 : il est plus vraisemblable que Du Pré soit à l’initiative d’un recueil entièrement nouveau que son jeune confrère. D’autres éléments du livre appuient ces premiers arguments. Ainsi, le titre de la section regroupant l’échange épistolaire de rondeaux entre l’amant et la dame est, chez Lotrian : "Rondeaulx contenans plusieurs menuz propos, que deux vrays amans ont eu nagueres ensemble depuis le commencement de leur amour, jusques a la mort de la dame. Avec plusieurs aultres adjoustez a la fin, corrigez, reveuz et convenables audit propot et matiere " (f. K4v). Or nul autre rondeau n’est ajouté à la fin, contrairement à l’édition de Galliot du Pré qui fait succéder à ce roman en rondeaux une section comprenant 18 autres pièces : Lotrian aurait recopié le titre de l’édition de Galliot du Pré sans le corriger, alors qu’il n’a pas copié cette ultime section. En revanche, il semble avoir corrigé une bévue visible de son prédécesseur, qui a omis le premier vers du rondeau 127 "Par devant tous mon cueur vous servira " (omission d’autant plus visible que le rentrement, ensuite, ne correspond plus à rien). Enfin, l’analyse des éditions subséquentes des Rondeaux en nombre trois cent cinquante montre que toutes reproduisent l’édition de Lotrian : on peut ainsi supposer que Galliot du Pré a en premier proposé une édition qui, victime de son succès, a rapidement été épuisée et piratée par un jeune éditeur en quête de succès. C’est cette édition qui a ensuite circulé, notamment auprès d’Arnoullet à Lyon.
Le texte est réédité par Jean Saint-Denis sous le titre : Rondeaulx en nombre troys cens cinquante, singuliers et a tous propos de Jean Saint-Denis (Paris, s.d.). Selon Brigitte Moreau (Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle, op. cit., p. 509, n° 1906), cette édition date de 1529. Françoise Féry-Hue signale que cette édition a pu faire l’objet d’une réimpression vers 1532 par le sucesseur de Jean Saint-Denis : Pierre Sergent. Mais si l’édition est mentionnée dans le Catalogue des livres rares et précieux de M. [d’Heiss], Paris, de Bure aîné, 1785, p. 54, ainsi que dans le Catalogue des livres anciens, rares et curieux [...] provenant de la bibliothèque de M. Pierre L****, Paris, H. Leclerc, 1918, p. 66-67, n° 184, précise Françoise Féry-Hue, aucun exemplaire n’a été localisé.
Le recueil est ensuite édité à Lyon chez Olivier Arnoullet sous le titre : S’ensuyvent les troys cens cinquante Rondeaulx moult Singuliers à tous propos nouvellement imprimez. Le colophon porte la date du 25 février 1531. Arnoullet réédite le recueil le 3 décembre 1533.
Enfin, Alain Lotrian et Denis Janot rééditent Les Trois cens cinquante rondeaulx singuliers et a tous propos. Nouvellement imprimez a Paris (s. d.). Selon Brigitte Moreau (Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle, Paris, 1992, t. 4, p. 199, n° 566), le livre date de 1532, ce que confirme Françoise Féry-Hue (op. cit., p. 124).
Une partie des Rondeaux en nombre trois cent cinquante consiste en une reprise d’un texte circulant indépendamment sous forme manuscrite ou imprimée : il s’agit des Cent rondeaulx et cinq avec, datant de 1510 environ, véritable " roman d’amour en rondeaux " (Le Hir) et même " premier roman épistolaire français " (Mounier).
Dans son édition, Françoise Féry-Hue en répertorie les copies manuscrites et éditions imprimées, qui circulent indépendamment des Rondeaux en nombre trois cent cinquante.
Toutefois, Lachèvre mentionne une publication de 1530 de Rondeaulx nouveaulx jusques au nombre de cent et troys. Contenant plusieurs menuz propos que deux vrays amans ont euz nagueres ensemble depuis le commencement de leur amour jusques à la mort de la dame. Avec plusieurs aultres adjoustez à la fin corrigez reveuz et convenables au dit propos et matière. On les vend à Paris en la rue neusve nostre Dame à lenseigne saince Nicolas. – Finis (s. d., vers 1530). Petit in-8, goth., de 42 ff. n. chiff. Par son titre (103 et non 105 rondeaux) et par les ajouts (qui reproduisent notamment les 18 derniers rondeaux spécifiques à l’édition de Galliot du Pré), cette édition est clairement issue des éditions Rondeaux en nombre trois cent cinquante.
Voir aussi les Rondeaulx nouveaulx jusques au nombre de cent et troys : contenans plusieurs menuz propos que deux vrays amans ont euz nagueres ensemble, depuis le commencement de leur amour iusques a la mort de la dame, Lyon, Jehan Lambany, s.d. [1529] (exemplaire numérisé de la HAB).
Retour à la version réduite