Carte postale de Marguerite Audoux à Léon Werth
Auteur(s) : Audoux, Marguerite
Description
- Francis Jourdain - Vitali
- Vitali est une amie et voisine de la rue Léopold-Robert.
Texte
Marguerite
[Paris, 27 janvier 1915]
Mon bien cher vieux,
J'ai eu la joie de voir Francis hier. Il ne m'a pas paru trop mal. Nous avons parlé de toi et de tous ceux qui sont loin, et tu penses bien qu'il nous tarde de[1] vous revoir ici. Je venais justement de recevoir ta lettre[2] (dans laquelle tu m'engueules, naturellement !) et je la lui ai fait lire. Sacré héros, va !
Vitali est venue me voir ensuite. Elle a hâte que son pays[3] vienne au secours du nôtre. Comme tu vois, il y a une folie sur le monde en ce moment ; tout le monde en veut, de la tuerie ! Je l'ai fait taire[4], et l'ai entraînée chez un Italien pour acheter des pâtes ; mais avant d'entrer, je me suis arrêtée à la devanture à renifler de jolis petits gâteaux tout plein appétissants. J'allais me décider à en acheter pour quelques sous, lorsque Vitali, qui connaissait le fond de ma bourse, m'a poussée à l'intérieur en me disant avec le geste autoritaire que tu lui connais : « Laisse ces gâteaux et achète des pâtes tout de suite ! »
Je t'aime bien, mon vieux poilu, et je t'embrasse bien fort.
Marguerite
[1] de est ajouté dans l'interligne supérieur.
[2] Lettre non retrouvée
[3] L'Italie
[4] À propos du souhait qu'elle a formulé
Lieu(x) évoqué(s)Paris
État génétiqueVoir la note 1 de la partie TEXTE