Lettre de Marguerite Audoux à Émile Guillaumin
Auteur(s) : Audoux, Marguerite
Description
- Remerciements pour l'article des Primaires - La Vie d'un simple - Léon Damase - Projet d'aller à l'Île-d'Yeu - Paul d'Aubuisson
- Voir la partie DESCRIPTION de la lettre 286
Texte
[Paris,] 21 juin 1922
Cher Monsieur Guillaumin,
Je trouve enfin un moment pour vous remercier de votre article[1]. Chaque jour je voulais le faire, mais tant de choses se mettent en travers de nos vouloirs !
J'imagine qu'avec un si grand tourment dans votre maison, vous avez dû vous faire violence pour prendre la plume. Je vous en suis d'autant plus reconnaissante.
Je l'aime beaucoup, votre article, et je sais que M. Belliard[2] le trouve aussi très bien.
Non, je n'ai pas reçu de vous La Vie d'un simple. Je l'ai lue chez Philippe, c'est‑à‑dire très mal : quelques pages de temps en temps, selon les heures que j'avais de libres, et j'en avais si peu de libres, alors ! Je serais bien contente de recevoir un exemplaire de l'édition Nelson.
Je n'ai pas revu ce bon Damase[3] depuis Pâques. Je suppose qu'il est retourné en Roumanie pour affaires. Ce brave ami ne me paraît pas être un fameux faiseur d'affaires, et je ne suis pas très tranquille sur son avenir.
Dans une quinzaine je serai à l'Île d'Yeu, avec mon fils adoptif[4]. J'ai eu grand peine à obtenir un mois de vacances pour lui. Les patrons sont regardants pour les vacances des apprentis, même quand ceux‑ci les prennent à leur compte[5]. Cependant un gosse de Paris a grand besoin d'un mois d'air pur après une année de travail dans un atelier plus ou moins aéré.
Je voudrais que Madame Guillaumin se remette vite[6] et que votre bébé pousse sans peine. Il y a de durs moments dans la vie, mais quand le mieux arrive on ne pense plus au mal qui s'en va.
Bonne santé à tous, cher Monsieur Guillaumin, merci encore, et veuillez croire à ma sincère sympathie.
Marguerite Audoux
[1] Les lignes en question, rappelons‑le, sont consacrées au Chaland de la Reine, et destinées au Numéro spécial des Primaires.. En voir la reproduction dans la partie DESCRIPTION de la letre 286
[2] Voir la note 4 de la lettre précédente
[3] Voir la note 9 de la lettre 286
[4] Paul d'Aubuisson
[5] Rappelons que Paul, qui a alors quinze ans et demi, est apprenti orfèvre (fait mentionné dans la lettre 285 à Larbaud).
[6] De son accouchement difficile
Lieu(x) évoqué(s)Île-d'Yeu, Paris