Lettre de Marie Le Franc à Marguerite Audoux
Auteur(s) : Lefranc, Marie
Description
- Marie Le Franc est née en 1879 dans une famille de douaniers. Après des études à l'école normale de Vannes, elle devient institutrice. Éprise d'un héros de Fachoda, le capitaine Jean-Baptiste Marchand, elle se rend à Paris sur son invitation mais l'idylle tourne court et cette blessure sentimentale explique partiellement son envie de partir. En janvier 1906, elle s'embarque pour le Canada où elle séjournera trente ans, avec de courts séjours à Sarzeau. Enseignante dans la région de Montréal, elle publie en 1925 son premier roman, Grand-Louis l'innocent dont l'édition parisienne est primée en 1927 par le jury Femina. Le succès de ce roman décide de sa carrière et son inspiration fait alterner figures bretonnes et québécoises dans une fascination qui remonte à son enfance : celle de la mer, des plages et des dunes [Le Poste sur la dune (1928), Dans l'île (1932), Pêcheurs de Gaspésie (1938), Pêcheurs du Morbihan (1946)]. Mais il y a aussi en elle ce goût breton de la ruralité et comme son compatriote brestois Louis Hémon, elle est attirée par ces figures emblématiques que sont les coureurs des bois (Hélier, fils des bois, 1931) et les défricheurs (La Rivière solitaire, 1934)…Durant l'un de ses séjours en Bretagne, auprès de sa mère, la guerre de 1939 éclate et la retient à Sarzeau. A partir de cette époque, elle ne retournera au Canada qu'épisodiquement. D'abord de 1947 à 1950 où elle effectue de longues randonnées en forêt d'où sortira Le Fils de la forêt, publié en 1952. Lorsqu'elle revient en France elle est fatiguée et malade, elle songe pourtant à repartir et retrouve Montréal pour un séjour d'un an de 1953 à 1954, puis en 1957. De retour à Sarzeau, épuisée et affaiblie par son dernier voyage elle continue pourtant à écrire et achève un récit autobiographique, Enfance marine, publié en 1959. Elle se prépare pour une nouvelle traversée mais la maladie lui fait annuler son voyage. Hospitalisée à Vannes à la clinique Sainte-Claire, elle est opérée à deux reprises sans résultat. C'est à l'hôpital de Saint-Germain-en-Laye qu'elle décède le 29 décembre 1964, laissant une œuvre double, bretonne et québécoise, marquée par le double imaginaire de la mer et de la forêt.(Renseignements fournis par le Professeur Marc Gontard)
- Recherche de documents pour un cours sur Marie-Claire
Texte
1448 Mc Gille College avenue, Montréal
Canada ‑
[Montréal, s. d. [1]]
Madame,
Je prépare un cours sur le roman féminin, pour des étudiants de langue anglaise – mi‑juin à fin juillet ‑.
Je vais avoir le grand plaisir de parler de Marie‑Claire, que j'aime et admire.
J'ai cherché à avoir un article paru sur vous dans Les Primaires[2]. M. René Bonisad me dit qu'il est épuisé et qu'il n'a pu se le procurer[3]. Je me demande si vous consentiriez à me communiquer quelque article vous concernant[4]… Une photographie, une note de vous – ce que vous voudrez, peut‑être une déclaration sur la place qu'a occupée dans votre vie la littérature, je veux dire le plaisir, ou le besoin, ou le tourment d'écrire – que je puisse mettre sous les yeux de ces jeunes gens, quelque chose aidant à donner l'illusion de la présence réelle, me seraient d'un concours précieux.
J'espère que ce n'est pas trop demander…
Veuillez me croire,
Amicalement à vous.
Marie Le Franc
[1] Après août 1922, étant donné l'allusion au numéro spécial des Primaires sur Marguerite Audoux, épuisé. Peut‑être le premier semestre 1923, compte tenu d'une préparation de cours pour mi‑juin
[2] Pour le sommaire, voir la note 8 de la lettre 285
[3] Personne non identifiée
[4] Nous n'avons pas trouvé de réponse. Peut‑être n'y en a‑t‑il pas eu, car on sait la romancière rétive à ce genre de demandes. Voir la lettre 278 à Guillaumin, et surtout la dernière lettre (377) des trois que Frida Lepuschütz lui adresse, qui exprime son regret face aux réticences de la romancière (après, il est vrai, un véritable flot de questions)