BOURDELLE, Emile-Antoine
Auteur(s) : Garreau, Bernard-Marie
C'est lui qui réalise le buste de Charles‑Louis Philippe qui est inauguré le 25 septembre 1911 au cimetière de Cérilly, au-dessus de la tombe de l'écrivain. Le sculpteur, également influencé par Rodin et les arts grecs, archaïques et romans, est surtout connu pour ses bas‑reliefs du théâtre des Champs Elysées. C'est dans son atelier parisien de l'impasse du Maine que la romancière est allée le voir. Les amis de Philippe sont soucieux de la ressemblance entre le buste et le modèle, bien que l'empreinte du visage, prise après la mort de l'écrivain, semble une garantie de réussite. Dès juillet 1910 (le 24), Ray écrit à Larbaud : « Je viens de chez Bourdelle qui est en Bretagne ; mais j'ai vu dans son atelier un Philippe en terre glaise qui ressemble fâcheusement à Napoléon III. Le praticien m'a dit que Bourdelle lui‑même en est si peu content qu'il veut le détruire et en recommencer un autre. » (Leur correspondance, Gallimard, tome deuxième, p. 51). Et Larbaud de surenchérir dans une lettre du 12 août à Ray : « [J'ai vu] Bourdelle ; j'ai renoué nos anciennes relations et j'espère qu'elles continueront, car c'est un homme très agréable à fréquenter. J'ai été si surpris de voir le Philippe qu'il avait fait d'après le masque de mort, que je n'ai pu m'empêcher de lui dire tout net que ce n'était pas du tout ça. C'était bien le masque, mais la mort avait tout changé. Enfin en lui faisant remarquer les détails les plus frappants des photographies, je crois l'avoir remis dans une meilleure voie. Il a travaillé deux heures devant moi en s'aidant de mes souvenirs. Le front, le nez, les joues, tout cela est changé maintenant, et bien plus près du Philippe que nous avons vu. » (Ibid., p. 53‑54).