Letter of Eugene Lee-Hamilton to Vernon Lee

Letter of Eugene Lee-Hamilton to Vernon Lee - May 27, 1871

Authors : Lee-Hamilton, Eugene

General information

LanguageFrench

SourceVernon Lee Archive, Miller Library, Colby College, ME # 04

Kind of documentAutograph letter (signed)

Format4 pages

MediumPaper, 4 pages

General condition of the documentGood condition

Document locationVernon Lee Archive, Miller Library, Colby College, Waterville, Maine, USA

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Lee-Hamilton, Eugene, Letter of Eugene Lee-Hamilton to Vernon Lee - May 27, 1871, 1870-05-27. Project EMAN, Holographical-Lee, Sophie Geoffroy, University of La Réunion & Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS. Consulted on 2025/09/18 on the EMAN platform : https://eman-archives.org/HoL/items/show/1402

Text & Analysis

AnalysisMe WC

Versailles, le 27 Mai 1871
Ma bien chère Violette,
Jamais je ne me suis senti si peu capable de t'écrire une bonne lettre et pourtant jamais je n'ai pensé autant avec plus d'affection et plus souvent.
Hier soir tout le ciel du côté de Paris était embrasé. C'est encore quelque énorme incendie, mais je ne sais ˆdeˆ quel édifice. La lueur montait et s'abattait d'une façon épouvantable et paraissait pour ainsi dire battre des ailes. Il ne reste des Tuileries que les murs extérieurs. Le dôme central s'est effondré tout de suite. Les galeries du Louvre sont sauvées heureusement. S'il en eut été autrement, on eut peutêtre [peut-être] trouvé la Vénus de Milo d'ici à deux mille ans sous des ruines incon sans nom. Les évènements de l'année nous montrent que les triomphes de l'art ne jouissent que de bien peu de sécurité au dixneuvieme [dix-neuvième] siècle, et que tout peut périr avec une rapidité effrayante.
Si tu voyais comme moi des quartiers entiers de plus belle ville du monde broyés, pulvérisés, si tu voyais des palais, des villas, des centaines de maison de campagne qui attiraient tous les regards l'année dernière réduits précisément à l'état du palais des Césars, tu comprendrais ce dernier bien mieux qu'à présent et tu te rendrais compte de ce que c'est qu'un monde qui s'écroule. Les armes ˆdestructeursˆ ont ˆaujourd'huiˆ des moyens bien autrement puissants que ne l'avaient les Vandales et les Huns. Les principaux édifices de Paris ont tous été minés par les Communeux, mais leur défaite a été si rapide qu'ils n'ont heureusement pas eu le temps de faire tout sauter en l'air. Ils se sont contentés de verser du pétrole dans les caves. La Sainte Chapelle, que j'ai cru détruite, ne l'est heureusement pas encore.
Cet après midi je m'étais conse M. de Lespérut et moi étions convenus d'aller aux Trianons, et puis de dîner ensemble. Mais je crains qu'il ne fasse trop mauvais temps. Le parc de Versailles te plairait beaucoup. Les proportions en sont superbes. C’est surtout ces grands bassins et ces allées qui s'étendent en ligne droite à perte de vue, ces statues semées à pleines mains dans les bosquets et dont la plupart me sont familières. (j'y ai même rencontré les principales statues de la Villa Ludovisi). Ces fontaines bizarres et grandioses qui donnent à Versailles son ˆgrandˆ air. – Peutêtre [peut-être] pourront-nous y être tous ensemble l'année prochaine.
Adieu ma bien bonne
Ton Eugene

TranscriptionMeWC

Versailles, le 27 Mai 1871
Ma bien chère Violette,
Jamais je ne me suis senti si peu capable de t'écrire une bonne lettre et pourtant jamais je n'ai pensé autant avec plus d'affection et plus souvent.
Hier soir tout le ciel du côté de Paris était embrasé. C'est encore quelque énorme incendie, mais je ne sais ˆdeˆ quel édifice. La lueur montait et s'abattait d'une façon épouvantable et paraissait pour ainsi dire battre des ailes. Il ne reste des Tuileries que les murs extérieurs. Le dôme central s'est effondré tout de suite. Les galeries du Louvre sont sauvées heureusement. S'il en eut été autrement, on eut peutêtre [peut-être] trouvé la Vénus de Milo d'ici à deux mille ans sous des ruines incon sans nom. Les évènements de l'année nous montrent que les triomphes de l'art ne jouissent que de bien peu de sécurité au dixneuvieme [dix-neuvième] siècle, et que tout peut périr avec une rapidité effrayante.
Si tu voyais comme moi des quartiers entiers de plus belle ville du monde broyés, pulvérisés, si tu voyais des palais, des villas, des centaines de maison de campagne qui attiraient tous les regards l'année dernière réduits précisément à l'état du palais des Césars, tu comprendrais ce dernier bien mieux qu'à présent et tu te rendrais compte de ce que c'est qu'un monde qui s'écroule. Les armes ˆdestructeursˆ ont ˆaujourd'huiˆ des moyens bien autrement puissants que ne l'avaient les Vandales et les Huns. Les principaux édifices de Paris ont tous été minés par les Communeux, mais leur défaite a été si rapide qu'ils n'ont heureusement pas eu le temps de faire tout sauter en l'air. Ils se sont contentés de verser du pétrole dans les caves. La Sainte Chapelle, que j'ai cru détruite, ne l'est heureusement pas encore.
Cet après midi je m'étais conse M. de Lespérut et moi étions convenus d'aller aux Trianons, et puis de dîner ensemble. Mais je crains qu'il ne fasse trop mauvais temps. Le parc de Versailles te plairait beaucoup. Les proportions en sont superbes. C’est surtout ces grands bassins et ces allées qui s'étendent en ligne droite à perte de vue, ces statues semées à pleines mains dans les bosquets et dont la plupart me sont familières. (j'y ai même rencontré les principales statues de la Villa Ludovisi). Ces fontaines bizarres et grandioses qui donnent à Versailles son ˆgrandˆ air. – Peutêtre [peut-être] pourront-nous y être tous ensemble l'année prochaine.
Adieu ma bien bonne
Ton Eugene

Contributor(s)

Geoffroy, Sophie (scientific edition and revision of transcription)
Walter, Richard (digital edition)

Author (s) of the transcript

Corsaut, Romain
Vauclaire, Emeline

Auteur transcription

Corsaut, Romain
Vauclaire, Emeline

Presentation

Date1870-05-27

LiTypeAutograph Letter (Signed)

Rights

Fiche : Holographical-Lee, Sophie Geoffroy, Université de La Réunion ; projet EMAN (Thalim, ENS-CNRS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Record : Project EMAN, Holographical-Lee, Sophie Geoffroy, University of La Réunion & Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS. Licence Creative Commons Attribution – Share alike 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

PublisherProject EMAN, Holographical-Lee, Sophie Geoffroy, University of La Réunion & Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS

PublicationUnpublished

Editorial informations

RecipientLee, Vernon

Person

Communards
François de Lespérut

Geographical contextParis

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Record created by Sophie Geoffroy Record created on 10/10/2018 Latest modification 22/02/2022