Thresors de la Renaissance

Trésor de la foi catholique


Auteur(s) : Psellus, Michael
; Nicetas

Généralités

Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)Traicté par dialogue de l’energie ou operation des diables, traduit en francoys, du grec de Michel Psellus poete & philosophe, precepteur de l’empereur Michel surnommé Parapinacien, où Affamé environ l’an de grace, 1050. Avec les chapitres xxxiii & xxxvi. du quatriesme livre du Tresor de la foy catholique, du venerable Nicetas de Colosses en Asie, esquels sont deduicts & confutez les principaux articles des heretiques, manicheens, euchites, ou enthusiastes (Guillaume Chaudière, 1576)
Information sur l'auteur ou les auteursNicetas est mentionné comme l’auteur du Trésor de la foy catholique.
Informations sur le traducteur
  • Moreau, Pierre
  • autre mention à l’incipit : "mise en Latin par F. Françoys Feu-ardant, Docteur Theologien, & faicte Françoyse par F.P.G. tous deux Cordeliers".
Date de la première publication de l'œuvre1576c

Informations sur l'œuvre

Consulter une transcription de la table des matièresTDM 1576 Trésor de la foi catholique Guillaume Chaudière

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • Extraict du privilege du Roy. [verso de la page de titre][Guillaume Chaudière, 1576c]
    Par la grace & privilege du Roy, est permis à Guillaume Chaudiere, Libraire juré en l’Université de Paris, d’Imprimer & exposer en vente ce present livre intitulé, Sapentiss. Michaelis, Poeta & Philosophi Græci dialogus de energia seu operatione Damonum, traduit de Grec en Latin & Françoys, par Pierre Moreau, tiré de la bibliotheque de M. de S. André. Et sont faictes deffences par ledict Seigneur, à tous Libraires, Imprimeurs, & autres de ce Royaume, n’en imprimer, vendre ny distribuer, sinon de ceux qu’aura imprimé ou faict imprimé ledict Chaudiere, ou de son consentement jusques apres le terme de neuf ans finis & accomplis apres la premiere impression, à peine de confiscation de ce qui s’en trouveroit d’Imprimez ou vendus, au contraire & d’amende arbitraire, comme plus amplement est declaré par les lettes dudict Seigneur, sur ce données à Paris ce 27. Novembre, 1576.
    Signées, DANES. Et seellées du seau de cire Jaune. (ã 1 v°)
  • Preface du livre de Michel Psellus, traictant des operations des Demons, dedié à tres-entier & tres-docte homme Jean de S. André, Chanoine de l’Eglise cathedralle de Paris, mise en Latin par F. Françoys Feu-ardant, Docteur Theologien, & faicte Françoyse par F.P.G. tous deux Cordeliers. [Guillaume Chaudière, 1576c]
    Quand ce livre de Psellus, premierement mis en Latin par Marsilius Ficinus : mais alteré, changé, & pour la plus part mutilé & corrompu. Et depuis par la diligence de Pierre Moreau homme vertueux & docte, l’ayant de nouveau traduit au desir de sa premiere for- (ã 2 r°) me & exemplaire, selon ce qu’il en a peu avoir. (O homme tres-vertueux) par le moyen de ta riche bibliothecque : L’imprimeur se deliberant l’exposer en vente, m’a prié instamment l’enrichir, d’une preface, & que ne permisse, comme acephalle, ou sans avant-propos qui le meist en lumiere. Ce que ne luy fay peu nier, en tant qu’amy : & aussi qu’il a bien merité cela, pour avoir honoré les lettres, & respecté ceux qui en font profession. Donc il m’a semblé fort à propos, traicter autant briefvement, que modestement, tant de l’aage de l’autheur, & de ses escrits, que de l’origine des Enthusiastes, de leur commerce, & convenance, avec les Demons de leur impudente impudicité & idolatrie des corps des Demons, & finallement aussi de leurs phantosmes, & operations par lesquelles ils seduisent les pauvres miserables.
    Zonaras donc racompte de Psellus (car tous les autres le passent soubs profonde silence) qu’il a esté homme treshonorable, & des Philosophes le plus insigne, par la con- (ã 2 v°) duicte de Michel, auquel ont imposé le surnom de Parapinacius, a esté precepteur, en Grammaire, Rhethoricque, & Philosophie, de l’Empereur de Constantinople. Davantage a esté des Peres & lettres sainctes fort studieux, & par special de sainct Basile, duquel on dit qu’il a exposé certaines sentences, en un livre qu’il a faict, de scolies & commentaires. A esté aussi grand admirateur de la doctrine de Platon. Dont la preuve s’en peult faire, tant par cest œuvre, que par ses autres opuscules. Car ils disent qu’il a composé de riches commentaires, sus les livres de la Psychogonie de Plato, sus la Methaphysicque d’Aristote. Sur les Cathegories, ou predicables de Porphyre. Oultre on tient qu’il a composé un livre contre Eunomius, deux autres des loix, plus un de la Monodie ou chans lugubres. Item un colloque, plus diverses encomies & louanges. Avec plusieurs autres œuvres, tant en Philosophie, & Medecine, que Theologie, le tout soigneusement gardé à Rome en Vatican. Quant à moy librement je luy attri- (ã 3 r°) buerois les commentaires qu’on trouve entre les escrits de Theodoret, Comme aussi les vers des sept sacres synodes des Grecs.
    Or l’autheur és six premiers chapitres de ce livre (qu’on ne trouve point en la traduction de Ficinus) descouvre l’heresie des Euchites, avec les sources d’une incredible impudence, ensemble toute leur meschanceté, avec tel fruict & utilité de l’Eglise, que ramener les heresies à leurs premieres origines, c’est les confuter, ainsi que dit sainct Irenée. La victoire contre les Heretiques, c’est manifester leurs meschantes opinions. Car de prime face apparoist le blaspheme, & n’est besoing s’arrester à confuter ce qui est manifestement & de sa naïfve nature pur blaspheme. Par l’impulsion & suasion donc du diable auquel s’estoient du tout desdiez & consacrez : ambrassans en partie, & augmentant en l’autre les lourds blasphemes de ce furieux & demoniacle Manes. Durant le regne de cest ennemy juré de la piété & religion Catholique, Vallens Arrian, ses vaillans docteurs, Dadoé, (ã 3 v°) Sabba, Adelphius, Hermes, Symon, se sont apparuz à tout le monde, soubs la couverture des noms prodigieux des Massiliens, Euchites, Euphemites, Gnostiques, Martyrianistes, & Sataneaniques. Il est certain que par la longue dissimulation & permission du hault & unique Createur, la Catholique discipline estant du tout envieillie, ont faulsement dogmatizé & inventé y avoir trois premiers principes de toutes choses. Le pere, pour avoir seulement le gouvernement & l’entiere superintendence des choses mondaines. Le fils plus jeune, des choses celestes, & le plus vieil qui nomment Satanaki, de celles qui consistent en nombre. Tellement qu’ils reveroient cestui-cy de si impures coustumes, & tant execrables ceremonies, avec ce qu’ils convoitoient la bien vueillance ou alliance des autres diables. Ils desiroient leurs apparitions, & adoroient ceste meschante tyrannie, de mode que leur impieté aisément surpassoit les horribles banquets de Tantalus, les soupers de Thyesteus, comme finallement les ( ã 4 r°) incestes de Oedipius, & Cynira.
    En consideration dequoy il est manifeste combien vrayement a esté escrit, il y a mil quatre cens ans, d’un certain invincible martyr, disant, les Heretiques en toutes choses estre remplies de l’inspiration apostatique, & operation demoniaque ensemble, & de la phantastique ydolatrie. Joint que la conversation des heretiques, & des diables n’est en rien dissemblable, qui voudra de pres considerer leurs stratagesmes, ruses, conseils & artifices. Qui est ignorant, Symon Magus premier pere de tous heretiques, avoir eu non seulement occultement : mais aussi appertement, familiere habitude, pactions, & conventions avec les diables ? Marc valentinian n’avoit-il pas un diable pour conseiller, par l’inspiration duquel il faisoit à croire aux pauvres ensorcelez par luy, qu’il prophetizoit et faisoit des miracles ? nul n’ignore qu’Appelles avec Philumena, Montanus avec Priscilla & Maximila ayent estez saisis des fureurs des mauvais diables. Nul n’ignore dis-je les blas- (ã 4 v°) phemes des Arriens & Sabellians, les folles resveries des Donatistes, les enragées clameurs de circumcellions leurs frapperies, tueries, & voluntaires precipices, avoir eu leur advis & deliberation du Prince des tenebres. Que gronderont (plus je vous prie) entre leurs dents ses gentilz temporiseurs & bons politiques, qui veulent estre reputez catholiques, & ce pendant s’employent à deffendre la cause des heretiques, & estre leur tuteurs, & par tout protecteurs. Si presentement je serre & convainc les guydons & port’enseigne de l’heresie des Gnosticques, qui agite maintenant toute l’Europe, & par leurs propres paroles & escrits. Je monstre qu’ils n’ont enrichi & revocqué de l’obscurité des enfers tant d’erreurs, sinon estant soufflez, provoquez & esmeuz par l’esprit immunde ? Ne seront-ils point vergongnez de honte, ou ne se repentiront ils point d’avoir favorizé à l’advancement, & erection du royaume de Sathan en l’encontre de la tres-chere espouse de Christ l’Eglise ? Qu’ils escoutent donc Luther jactant & vantant d’avoir (ã 5 r°) eu frequentes apparitions & visions des esprits : mais qu’ils ne les soupçonnent estre bien heureuses, qu’ils l’escoutent, se glorifiant soy-mesme de bien avoir cogneu Sathan, pource qu’il avoit mangé plus d’un muz de sel avec luy, duquel a esté aussi souvent esveillé la nuict pour en familiere conference recevoir de luy armes, par lesquelles il peult impugner le tressaincts [sic] sacrifice de la Messe. Zwinglius qui a allumé & porté en Suisse la torche sacramentaire, advouë qu’il a receu secrettement la nuict advertissement de l’esprit (sans sçavoir s’il est blanc ou noir) lequel luy a apprins à pervertir & destourner de leur naïf & naturel sens les parolles de Jesus Christ, hoc est corpus meum, Cecy est mon corps, Luther escrit de Oecolampade, grand protecteur & deffenseur de Zwingle (aussi ont faict aucuns autres Heretiques sacramentaires) qu’il a esté roydement poulsé des fleches bruslantes de Satant tant que mort s’en est ensuyvie. Erasme Alberus predicant de Basle, a laissé par escrit, que le diable s’apparut à Carlostadius en (ã 5 v°) forme d’un grand homme, trois jours devant qu’il fut ravy & englouty en enfer. Calvin confesse estre tellement travaillé de maladie spirituelle que soit qu’il escrive, soit qu’il presche, ou lise, ne se peult abstenir de mal-disance, brocards & injures.
    Mais retournons à noz Enthusiastes, Entre plusieurs argumens nous en pouvons tirer deux par lesquels le permettant l’occulte, (neantmoins juste & equitable jugement de Dieu) on peult voir en eux & leurs semblables cotempteurs de la pieté & religion divine, l’horrible, & espouventable efficace, force & vertu du diable. Le premier, c’est qu’ayant despouillé toute honte, & vergongne, ne recevans ny loy, ny raison pour payement, lors en leurs cenes quand les Catholiques celebroient en grande pieté & chasteté la mémoire de la passion de nostre seigneur, ses trois & quatre fois miserables hommes (si toutesdois ils sont dignes de tel nom) ayans esteincts les flambeaux pesle mesle se mestoient ensemble par couchers plains d’incestes & de meschanceté, de sorte qu’eux avec l’air, & le ciel en e- (ã 5 r°) stoient pollus & infectez.
    Qui ne s’espouventera oyant cecy, & ne l’aura en horreur & execration ? Et que les hereticques de tous siecles & de toutes aages ayen esté poulsez & poinsonnez de semblable aiguillon furieux de libidinité que les precedents, les livres des anciens, & les exemples des recens le monstrent assez. Tertilian, Epiphane, & Theodoret censurant par leurs saincts escrits, les Valentiniens, Marcites, Syoniens, Saturniens, Basilidians, par ce qu’un chacun d’eux a permis & presché à ceux de leurs sectes, l’usaige de toute paillardise, & dissolution. Les Nicolaites sont dondemnez en l’Apocalypse pour le mesme faict. Celment Evesque d’alexandrie dict, que quand les Carpocratiens s’assembloient en leurs Cenes, la lumiere esteincte, hommes & femmes se mesloient ensemble, comme, & avec qui, & quelles, ils vouloient. Philastrius avec sainct Augustin taxent les Floriens d’avoir faict leurs assemblées, non en pareille charité, trop mieux en impudicité : Aëneas Silvius & tous les autres qui (ã 5 v°) depuis luy ont escrit, & mis par ordre les heresies, disent que les Pikars avec les Adamites, & Wandales, avoyent leurs femmes communes, & ainsi leurs mariages incertains & confuz. Finalement, que les Begards & Beguins bruslans en leurs plaisirs desordonnez de la chair, ont enseigné, monstré par exemple & exercé l’indifferente compaignie des femmes. Françoys premier de ce nom Monarque & Roy tres-Chrestien de France donna hommes à cela specialement commis & deputez pour s’informer premierement de la vie, & des mœurs d’aucuns heretiques, habitans és profondes vallées & forests voisines des savoye, enveloppez & intrinquez és erreurs des Albigences & Wandales, lors des Lutheriens, & maintenant des Calvinistes & Beziens, que de se les assubjectir par justes supplices. Il a esté trouvé au vray & mis aux registres & enseignemens publicques, (lesquelles choses m’ont esté permises veoir & lire par la faveur de Illustrissime, P. & R. Archevesque d’En- (ã 6 r°) brun, en la maison duquel sont gardées) que non seulement ils cognoissoient les femmes de leurs prochains : mais aussi avoient coustume se mesler avec leurs propres filles, & sœurs, par l’exemple de leurs barbares (carlors ils nommoient ainsi leurs predicans & ministres) & les honoroient de tels epithetes, & tiltres de louange.
    Je laisse à dire aux autres, à sçavoir si par les Gaulles, les assemblées de nuict qu’ont faictes les Huguenots, ont esté plus chastes & pudiques. Quant à moy difficilement j’estimeray telles congregations pudiques & modestes, esquelles on void la frequence de filles delicates, & mignardes, de courtizans ocieux, avec toutes autres sortes de garçons semmeillans, & luxurieux. Esquelles dis-je, on void y entrejecter les propos du Prince des sectaires Luter. Ainsi qu’il n’est en ma puissance que je sois masle, au semblable n’est point en ma puissance que je sois sans femme. La chose est autant necessaire que naturelle, que tout ce qui est masle ait sa femelle, & tout ce qui est femelle ait (ã 6 v°) son masle. Cest eparolle, croissez & multipliez, non seulement est commandement : mais est plus que commandement, tant y a qu’il n’est en nostre puissance, ou de le deffendre, ou de l’obmettre, & annuler. Mais il est autant necessaire qu’il demeure en sa vigueur, comme necessairement je demeure en mon sexe. Et est plus necessaire que manger, ou boire, que cracher, ou moucher, que dormir, & veiller. Et d’abondant : si le femme ne le veult, que la chambriere vienne, &c.
    A grande difficulté dirat-je pudiques ceux-là qui ont esté instruicts par tant de plaisanteries, adulters, & sacrileges, de ce noble Theodore de Beze, qui m’esme n’a eu honte mettre en lumiere plusieurs epigrammes composez en carmes tout au rebours de bien, par lesquelles il donne à cognoistre & declare assez apertément ses appetits desreignez & insatiables luxires avec ses amours Sodomiques.
    Des Luteriens & Huguenots, ont prins naissance les Anabaptistes, qui par les haultes & basses Allemaignes, enseignent (ã 7 r°) (...).

  • Metaphrase sur certains vers Grecs, de l’interprete Latin & Francoys du present Dialogue de Psellus. [Guillaume Chaudière, 1576]
    Psellus nonbeguayant, comme son nom le porte,
    Ains disert & sçavant dechifre mainte sorte
    De diables, qu’il reduit ainsi, en six manieres, [Note marginale : Six sortes de diables.]
    De feu, d’air, terre, & eau, des plus basses taisnieres,
    Qui dessoubs terre soyent, & des lourds tenebreux.
    Desquels les trois premiers, maints Grecs, Latins, Hebreux,
    Et autres ont seduit, & seduisent encore,
    Faisans que le seduit, ainsi qu’une pecore
    Suyt son faulx appetit, & plain de punaisie [Note marginale : feu, d’air, et terre, autheurs des heresies.],
    Au lieu de saincte foy, embrasse l’heresie.
    L’hérésie qui a, voire entre les ethniques,
    Forgé mille debats, & noises phrenetiques,
    Contre la verité, des Docteurs anciens,
    Ce qu’Empedocle enseigne, à ses Siciliens,
    Quand soubs le nom d’amour, il entend la concorde,
    Et soubs le nom de noise, heresie & discorde.
    Qui depuis sainct Pierre, en la Chrestienté,
    A par un Arrius, & autres fianté,
    Cinquante mille erreurs, qui le peuple retirent,
    De la foy de l’Eglise, & à vices attirent, (ī 6 r°)
    Tels que le ver coquin, forge dans leur cerveau,
    Qui bien que vin vieil, vaille mieux que nouveau,[Note marginale : Proverbes des Jurisconsuls récents.]
    Toutefois ayment mieux, la faulse nouveauté,
    Que la tresveritable, & saincte antiquité.
    Les trois diables derniers, nous rendent phrenetiques,
    Ou bien fols amoureux, ou bien epileptique, [Note marginale : Diables d’eau soubterrains et tenebreux auteurs d’epilepsie, phrenesie et fol amour.]
    Et tel ravage font, non pource qu’ils dominent,
    Sur genre humain quoy donc ? Pource qu’ils s’enterinent,
    En leurs esprits & cœurs, qui aisement sont pris,
    Par la subtilité, de ces malins esprits,
    S’ils ne font si bon guet, que l’ennemy acculent,
    Et par vive oraison, tous ses efforts anullent.
    Or sus donc Chrestien, qui esperez un jour,
    Joüyr avec les Saincts, du celeste sejour,
    Chasse le vice au loing, & embrasse vertu,
    Le diable ne pourra, te nuire d’un festu.
    Oppose l’esprit sainct, à cest esprit profane,
    L’esprit pur, au vilain : l’esprit, le droit au marrane, [Note marginale : Euseb. de pre par. Evang. li. 4.5. et 6. Augusti. de civit. Dei li. 8. 9. et 10. Ephes. 6. Armature du chevalier vrayement Chrestien.]
    Comme Eusebe t’instruit, avec sainct Augustin,
    En la cité de Dieu, tresbel œuvre Latin,
    Suyvans tous deux sainct Paul, qui ses Ephesiens,
    D’idolatres infects, rend parfaicts Chrestiens,
    Les armant du baudrier, de verité & grace,
    Dont de justice il ceint, l’halecret ou cuirasse,
    Adjoustant les souliers, qui le rendent habile, (ī 6 v°)
    A prescher du bon Dieu, le sacré Evangile.
    Ce fait luy met on au bras, le bouclier de la foy
    Qui sçait adextrement, chasser au loing de soy,
    Toutes tentations, & arts diaboliques,
    Qu’amènent en avant, tous malins Heretiques,
    Incontinent après, en la dextre luy met,
    Le glaive de l’esprit, & en teste l’armet,
    Ou heaume de salut, puis en guerre l’envoye,
    Dont retourné victeur, droit aux cieux le convoye.
    Ores nostre Psellus, en ce beau Dialogue,
    Suyvant de pres sainct Paul, sans tracer long prologue,
    Rembarre vivement, ces fols Manichiens,
    Et Euchites, qui plus sont eshontez que chiens.
    Au reste ce Psellus, estoit le precepteur,
    De l’Empereur Michel, qui apporta malheur,
    Par son oysiveté, & faitardise ignoble, [Note marginale : Psellus precèpteur de l’Empereur. Michel Parapinacius environ l’an de grace 1050. Michel Parapinacien, c’est à dire, affamé, fils de Constantin Ducas.]
    A toute Romanie, & à Constantinople,
    Si que pour tesmoigner, qu’il estoit mal famé,
    Il fut par ses subjects, appellé l’affamé,
    A cause de la grande, & extreme famine,
    Qui luy régnant courut, peu avant la ruyne,
    De l’Empire Gregeois, qui tomba soubs la main,
    Des François, peuple plus gracieux & humain, (ī 7 r°)
    Que n’estoit Alexis Comnene, ce broillon,
    Qui offença le preux, Godefroy de Boüillon,
    Ny Manuel aussi, qui par grand lascheté,
    Empescha le saint vœu, de la Chrestienté.
    Or depuis ce temps là, par trop revesche & rude,
    Ce livre de Psellus, n’a bougé de l’estude,
    Sans estre publié, jusques à ce jourd’huy,
    Qu’il s’est trouvé chez un, qui ne veult rien pour luy,
    Sans le communiquer, à l’estude publique,
    C’est un de sainct André, qui tout son bien applique [Note marginale : M. Jean de S. André.],
    A recourir d’oubly, maint antique exemplaire,
    Comme est l’original, de cestuy qui doit plaire,
    A tout benin lecteur, pour son utilité,
    Non sans remercier, de son humanité,
    Avec de sainct André, le docte de Billy,
    Qui ce Pselle voyant, abject & avily, [Note marginale : R.P. en Dieu monsieur M.Jaques de Billy a corrigé l’exemplaire Grec fautier en plusieurs endroits.]
    (Pout estre corrompu, en maints endroicts, au reste
    Retardant le dessein, du Latin interprete,)
    Le corrige si bien, que sans dilation,
    Au port tant desiré, surgit la version. (ī 7 v°)
Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 16/10/2016 Dernière modification le 19/06/2022