Thresors de la Renaissance

Trésor de musique d’Orlande de Lassus


Auteur(s) : Lassus, Roland de

Généralités

Présentation générale de l'œuvre
  • L’ouvrage propose aux lecteurs/musiciens une sélection des partitions des meilleures chansons d’Orlande de Lassus.
  • "Le « Thresor de musique d’Orlande de Lassus » est un recueil de « contrefacta » des chansons du célèbre musicien édité par Simon Goulart en 1576 pour la première fois. Si le nom du contrefacteur n’apparaît pas sur la page de titre, c’est l’épître dédicatoire à Philippe de Pas qui nous a mis la puce à l’oreille. Celle-ci porte les initiales S. G. S. pour Simon Goulart Senlisien. Goulart (1543-1628), pasteur protestant, est un polygraphe fécond : poète, historien, théologien mais aussi éditeur et commentateur. Vu l’importance de son œuvre, il devient un acteur important de l’édition genevoise que ce soit sous son nom, sous l’abréviation S. G. S. ou sous un pseudonyme. Passionné de musique, il voue un véritable culte à Roland de Lassus. En publiant des « contrefacta », il fait de la musique un instrument de propagande religieuse. La « contrefacture » consiste à écrire des paroles nouvelles sur une musique existante ou un timbre connu. Cette pratique, au haut Moyen Age, consistait en un détournement profane de chants d’église. La Réforme luthérienne s’empare de celle-ci pour changer en propagande religieuse un répertoire poétique qui célèbre l’amour profane sous toutes ses formes. C’est dans ce contexte que paraît à Genève en 1576 le « Thresor de musique d’Orlande de Lassus, contenant ses chansons à quatre, cinq et six parties » édité par Simon Goulart. Selon Annie Cœurdevey, le terme « thresor » indique que l’intégralité du répertoire français de Lassus existant à cette époque y figure. Le recueil se compose de cinq livrets, un par voix selon l’usage, dans un format in octavo oblong. Il paraît sans indication de lieu ni d’imprimeur. Dans l’épître dédicatoire, Goulart explique qu’il a changé les paroles des chansons de Lassus de manière à ce qu’elles puissent être chantées sans offenser les oreilles chrétiennes. Le pasteur a procédé à deux réédition de son recueil. La première en 1582 a été considérablement augmentée puisque 23 chansons, 4 madrigaux et 17 motets sacrés et profanes ont été ajoutés. Selon Nicole Bingen, ce recueil aurait été imprimé à Genève par Jean Le Royer imprimeur à Genève de 1576 à 1580 tandis que Jean-François Gilmont penche pour Jean de Laon, imprimeur à Genève de 1555 à 1599. En 1594 paraît la deuxième réédition du « Thrésor ». La bibliothèque centrale possède dans ses collections le livret du ténor de la deuxième édition du « Trésor de musique d’Orlande de Lassus… » grâce à Emmanuel Hoyois. Ce libraire avait proposé à la ville de Mons, en 1841, de lui vendre deux volumes d’un recueil de chansons de Roland de Lassus édité en 1576 chez Adrian le Roy et Robert Ballard pour le prix de 300 frs. Si la ville acceptait le marché, il offrait en plus un petit recueil du même compositeur intitulé « Le Thrésor de musique d’Orlande de Lassus ». Le marché fut conclu et la bibliothèque s’enrichit de trois volumes des œuvres du musicien Roland de Lassus. La reliure du volume, en maroquin rouge, rappelle ce don puisqu’elle porte, en lettres dorées, au premier plat : « Bibliothèque de la ville de Mons » et au second plat : « offert par Em. Hoyois imp.-lib. ». (Christine Gobeaux)." (d’après le catalogue DONum de la bibliothèque interuniversitaire de Belgique BICfB : http://donum.bicfb.be/handle/bicfb/9251, consulté le 5/08/2021)
Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)Thresor de musique d’Orlande de Lassus, contenant ses chansons à quatre, cinq & six parties. Superius (s.n., 1576)
Information sur l'auteur ou les auteurs
  • Lassus, Roland de
  • Compositeur. - Maître de chapelle du duc de Bavière, Albert V, à Munich, à partir de 1563
Date de la première publication de l'œuvre1576
Date de la dernière édition identifiée1594

Informations sur l'œuvre

Compilateur(s)Goulart, Simon (d’après la notice BICfB)
Nature de la compilationRecueil de partitions de chansons
Consulter une transcription de la table des matièresTDM 1576 Trésor de musique d'Orlande de Lassus s.n.

Description & Analyse de l'œuvre

Histoire éditorialeOn a identifié 3 éditions distinctes de l’ouvrage, comprenant chacune les six parties, en 5 volumes, pour les différentes voix.
Date de la dernière édition identifiée1594

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • L’imprimeur aux musiciens s. [s.n., 1576]
    Je pensoi’ bien (Messieurs)  vous fournir toutes les chansons d’Orlande à cinq & six parties, comme celles à quatre : mais voiant les livres assez gros, & pour un notable empeschement survenu, je me suis contenté de vous donner ceste Centaine, esperant à la second edition (si Dieu le permet) vous presenter un thresor accompli : & tout ce qui pourroit sembler non assez propre, si bien agencé qu’aurez contentement. Vous m’excuserez, si je n’ai esté si cler-voiant à bien ordonner toutes choses, comme il y a trois ou quatre chansons transposées, à quoi toutesfois l’indice remedie. Item parmi celles à cinq il y en a deux de Philippes de Monté, lesquelles se sont glissées sans que celui qui a corrigé la lettre, s’en soit apperceu qu’incontinent après qu’elles ont esté imprimées. Ces deux sont, L’homme inconstant ne peut vaincre le monde, & Las ! je n’ai point victoire sur le monde. Au demeurant, je n’ai point mis l’indice des chansons profanes, encor que je ne doute qu’aucuns ne veuillent voir comment ceste-ci ou ceste-là sont changées : car la Musique demeure en son entier, & est expedient qu’on ne se souvienne jamais plus de ceste lettre lascive. Les deux chansons Latines à six faisans la conclusion, ne vous desagréront. Et si en plusieurs la lettre est demeurée telle qu’elle est es livres de Paris, cela est procedé de la volonté du correcteur, qui ne s’est voulu ingerer de ragencer ce qui est passable. (A la dernière page)
  • Table sur deux pages [s.n., 1576]
  • A Philippe de Pas, gentilhomme francois, S. G. S. [s.n., 1582 et 1594, à quelques variantes orthographiques près]
    Monsieur, il y a six ans passez, que, satisfaisant à vostre desir, je changeay la lettre de quelques chansons d’Orlande de Lassus, pour pouvoir estre chantées de la voix & sur les instruments, sans souiller les langues ny offenser les oreilles Chrestiennes. Il est avenu, que le recueil qui en fut mis en lumiere puis après a esté mieux receu que je n’osois esperer : tellement que l’Imprimeur estant sur le poinct de mettre la main à ceste seconde edition, je me suis enhardi de l’enrichir d’une cinquantaine de chansons du mesme Auteur, esquelles, depuis quelques mois, j’ay changé ce qui me sembloit n’estre supportable. L’ordre que je tins au commencement, & que j’ay suivi ceste seconde fois, a esté tel. La lettre, accommodée à la musique d’Orlande imprimée à Paris & à Louvain, estoit sotte, lascive, & profane, presque en toutes les chansons. En ostant quelques (* 2 r°) mots ou plusieurs, & les accommodant (au moins-mal qu’il m’a esté possible) à la Musique, j’ai rendu ces chansons honnestes, & Chrestiennes pour la pluspart. Quelques unes sont restées plus gayes (peut estre) qu’aucuns ne desiroyent : mais je pense qu’il n’y aura rien qui puisse offenser les gents de bien. Je ne doute point que plusieurs ne se plaignent que la Musique aura perdu sa grace, d’autant qu’Orlande l’avoit appropriée à la lettre, en quoy il est excellent (comme en tout ce qui est de ceste science liberale) par dessus tous les Musiciens de nostre temps : mais je m’asseure que ceste plainte ne partira jamais sinon de la bouche de ceux dont le cœur est souillé de ces puantises que beaucoup de Poëtes François ont semées pour infecter le monde. Or je pren plaisir à desplaire à telles gents : & si ces livres les faschent (comme j’en suis bien content) qu’ils achevent de se corrompre du tout par leur vilaine Musique. Il seroit bien à desirer qu’Orlande emploiast ces graces, dont le S. Esprit l’a orné par dessus tous, à recognoistre & magnifier celuy de qui il les tient, comme il l’a faict en quelques Motets & Pseaumes Latins :  & je desire grandement que ces chansons luy en puissent donner la volonté : à fin que nous ayons de luy une chaste Musique Françoise. Cependant, jouissez de ceste-cy, qui pourra estre mieux changée par quelques autres ci apres : car il s’en faut beaucoup que j’aye rendu l’œuvre accompli, comme j’eusse bien voulu. Au reste, si l’on estime ce temps plein de troubles n’estre propre pour mettre ceci en lumiere, & (* 2 v°) qu’il faudroit plustos pleurer que chanter : je respondray, qu’il n’est point defendu aux gents de bien de s’esjouir en Dieu avec honneste moderation, pour adoucir aucunement leurs ennuis : comme de ma part j’ay trouvé en la Musique d’Orlande specialement des remedes souverains contre diverses blessures de l’ame. D’entrer icy és louanges de la Musique d’Orlande, ce seroit mal à propos, & me pourroit-on bien mettre au devant ce qu’Antalcidas respondit à quelcun qui vouloit louanger Hercules, Et qui est-ce (dit-il) qui le blasme ? Qui est celuy aussi tant rude & barbare soit-il, qui n’ait l’ame piquée & comme tirée doucement du  corps par les accords melodieux d’une si belle Musique que celle d’Orlande ? A l’espreuve on orra si je di vray ou non. Pourtant, Monsieur, vous recevrez encor une fois de bon œil ce present : & s’il vous contente il me chaut bien peu du jugement qu’en feront les envieux. Et si les gens modestes & vertueux m’en savent gré, j’en seray bien aise : car je n’auray du tout perdu mon temps en desirant leur complaire. ( * 3 r°)

  • Table sur deux pages [s.n., 1582 et 1594, à quelques variantes orthographiques près]
  • In Orlandum Lassusium, Praestantissimum numerorum musicorum auctorem.  [s.n., 1582 et 1594, à quelques variantes orthographiques près]
    Musa prius fuerat quæ nullo carmina cantu
    Mussaret tacitè, sic quasi muta foret :
    Donec & est Musis cui nomen ab arte canendis,
    Ipsa dedit Musæ Musiqua dulce loqui.
    Non tamen ut sensus animi vox viva notaret,
    Dum rudis ars solos dat sine mente sonos.
    At nunc Orlandus doctis sic cantibus omnes.
    Humani affectus exprimit ingenii,
    Ejus ut in modulis non res per carmina tantùm
    Quæque cani, præsens sed videatur agi.
    Io. Auratus Poëta Regius.

Topoï dans les péritextes
  • augmentation
  • cohérence
  • consolation
  • exhaustivité
  • moralisation
  • ordonnancement
  • trésor accompli
  • volume du livre
Remarques sur les péritextesOn notera la dynamique de réédition entre la première et la deuxième édition, qui vise à mettre en valeur l’augmentation du recueil et la réécriture de certaines pièces jugées trop gaillardes.
Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 16/10/2016 Dernière modification le 14/07/2023