Thresors de la Renaissance

Vertueux trésor


Auteur(s) : Petit, J.

Généralités

Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)Le vertueux tresor. Recueil & abregé des actes de vertu & exemples d’icelle, tiré des plus dignes Philosophes, graves & fideles Autheurs. Par I. P. S. de Villeneufve, Gentilhomme Xainctongeois (Thomas Portau, 1599)
Information sur l'auteur ou les auteursPetit, J.
Date de la première publication de l'œuvre1599

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • [Thomas Portau, 1599]

    Je l’ai tousjours bien dit, ô mon cher Villeneufve,
    Que tu nous ferois voir, en nos ans en nos jours,
    Quelque chose de beau, comme sont tes discours,
    Tresor du plus grand rix, qu’en la France se treuve.
    Simon Niortois, ADVO.

    Celui mesme qui nous fait vivre,
    Soit le protecteur de ce livre. (A 1 v°)

  • L’imprimeur aux Lecteurs. [Thomas Portau, 1599]
    La raison pourquoi l’Autheur appelle si souvant la France pauvre, piteuse, miserable, chestive et desplorable, et autres semblables surnoms : C’est pource qu’il a fait et composé ces presens discours, lors qu’elle estoit si furieusement violentée par les cruelles et horribles rigueurs de ces pernicieuses dernieres guerres, à l’histoire desquelles je te renvoye pour y voir les tragicques effects d’icelle, et merveilleux coups de l’instable fortune.
    T. P.
  • A mon frer M.P.P.E .P. à Bourdeaux. [Thomas Portau, 1599]
    Je serois ce me semble ingrat et denaturé, mon frere, si ayant par la faveur du ciel participé à quelque chose de bon, (voire quand ce seroit chose perissable) je ne vous en faisois part, comme estant celui à qui je suis le plus obligé, et tenu selon les loix et divines et humaines : mais n’ayant partagé, au dommaine de Pluton, je suis aussi frustré de son opulance ; qui fait que je ne vous puis rien presenter de son tresor, (qui a si grande vogue à present :) ains vous offre devotement cestui-ci, que Minerve m’a incité de prendre et recueillir par le temps, avec un doux et plaisant labeur : ce que j’ai fait avec son assistance, aux heures que la sanglante Belone m’a donné de relasche durant ces desplorables, piteuses et intestines guerres dernieres, ausquelles je me suis assez employé pour le service du Roy. Et pource qu’il me sembloit mieux em- (A 2 r°) ployer ce temps de loisir a ceste occupation, qu’à autres mauvais et pernicieux exercices qu’icelle vicieuse guerre entraine avec soi, Je me suis mis a fueuilleter les plus signalez Autheurs et suffisans historiens, que j’ay peu rencontrer, pour tirer d’iceux ce que je verrois de plus utile et consonant à la vertu, et pour enseigner le chemin de la trouver, tant pour moi-mesme que pour mon fils, que j’estime y devoir adviser. Et bien que l’œuvre ne soit pas grande, j’ai trouvé bon par le conseil de mes amis de lui faire voir le jour, par lequel elle ira plus apertement, quand elle sera en vostre protection, ou je la sous-mets. Ayant opinion qu’a ceste occasion, quelques gens de bien aimans la vertu, la desireront, et caresseront,  (encore qu’elle ne soit de grand volume, poix et merite) ayant esgard à vous, et aux succints, propos notables, sentences excellentes, comparaisons et beaux exemples dont elle s’est enrichie ; excuseront mon mal poly discours et basse façon d’escrire, quand ils sauront qu’un instinct et inclination naturelle seulement, à guidé ma plume (A 2 v°) et intention, m’y ayant quasi forcé, et non la profonde science et louable doctrine aquise par la longueur des estudes assiduelles aux bonnes lettres, adviseront, que si on prise et exalte ceux qui mettent en lumiere les leurs graves et serieuses, qu’il ne faut despriser les autres, qui simplement de bonne volonté et sans gloire, exposent en avant, ce qu’ils peuvent et savent (car comme dit un sage Ancien) il ne faut jamais despriser ou rejetter aucune livre, tant soit-il petit, d’autant, (dit-il) qu’il n’y en a point ou il n‘y ait quelque chose de bon, qui peut bien arriver et ce trouver en cestui-ci ; qui est le don et le present que je vous fay, (mon frere) que je vous prie traicter, recevoir et favoriser non comme il merite, mais comme adviserez et devez, ayant telle puissance sur moy, et par consequent, sur tout ce qui en despend : estant (comme il à pleu a Dieu que je supplie vous maintenir en sa tres-saincte garde.)

    Vostre fidelle Frere et tres-affectionné amy et serviteur
    Villeneufve. ( A 3 r°)

  • Sonet a l’autheur par E. Malevard Poictevin. [Thomas Portau, 1599]

    Tout ce qui est de bien, de beau, de fait,
    Dessous le rond du ciel, dans l’air sur terre,
    Tous les tresors, que leur richesse enserre,
    Et aux humains, depart en voye et fait.
                    Tout à la fin, s’anichille et desfait
    Par le temps vieil qui s’en fait bien desfaire,
    Lequel sans fin, allegre court et erre
    Sans reposer, et qui seul tout parfait.
                    Bref tout cela, que nostre oeil peut comprendre,
    Dans ce grand tout sera reduit en cendre,
    Le seul esprit, qui est de l’Eternel,
    Qui de vertu est nourriture et vie
    Comme est ton œuvre, ô (mon Petit) remplie,
    Vivra tousjours sur les cieux immortel.
    E.M. ( A 3 v°)

  • [Thomas Portau, 1599]

    J’admire ce livret, non livret, mais gros livre,
    Puis qu’il comprend en soy sans ailleurs recercher
    Tout ce que de vertu est plus rare et plus cher,
    Enseignant le chemin à chacun de bien vivre.
                    J’admire ces discours, si petits tant reluire,
    Qui peuvent aisement tout bon heur approcher,
    Je di mesme celui, que nous a peu cacher
    Et le siecle d’airain et cestui qui est pire.
                    J’admire ce tresor, d’honneur et de vertu,
    En si peu de papier recueilli, revestu
    De grace et de bon heur par ta si docte plume.
                    Mais j’admire encore plus, (Petit) qu’estant armé,
    Sous l’estendar de Mars, tu as si fort aimé,
    Des Grecs et des Romains la si brave coustume.
    I. Chastemont. (A 4 r°)

  • [Thomas Portau, 1599]

    Ce Petit mes amis, qui decore nostre aage,
    Par ces discours parfaits de vertu enfantez,
    Fut à son premier jour des plus grands deitez
    Caressé, bien huré, d’un prodigue advantage.
                    Apolon et Palas, voulurent qu’il fust sage,
    Et qu’il eust bonne part en leur felicitez :
    La Ciprine le fit tout plain d’honnestetez,
    Et Mars voulut qu’il fust d’un indompté courage.
                    Les Muses à l’envy, (trouppeau sacré du ciel)
    Aroserent sa levre et de sucre et de miel,
    Lui donnant un instinct, de savoir de nature,
                    Ce que n’ont peu jamais concevoir les esprits
    D’un milier d’escoliers, feuilletans les escrits
    Des plus doctes Autheurs, en l’escole meilleure.
    B. Mongré. ( A 4 r°)

  • [Thomas Portau, 1599]

    Ce livre (mon Petit) acquerra tel renom
    Par son discours corné d’exemplaire sentence,
    Qu’il volera par tout ce Royaume de France,
    Et il te fera changer ton malsortable nom.
    G. Demajor. ( A 4 v°)

  • [Thomas Portau, 1599]

    Il n’est ja plus besoing, pour nous faire mieux vivre,
    Feuilleter tant d’escrits, et avoir avec nous
    Un grand nombre d’Autheurs pour nous rendre plus doux,
    Il ne faut seulement que ce tresor ensuivre.
    P.B.S. d’ALLERI Gentil-homme Poictevin. (A 4 v°)

  • Au lecteur. [Thomas Portau, 1599]

    Apres avoir selon l’inclination de mon naturel recerché et leu les plus beaux et meilleurs Autheurs que j’ay peu recouvrer, et qui me sont tombez en main, comme estant la chose que j’ay tousjours plus desirée, estimée et voulu avoir que nul autre tresor du monde : Je me suis, di-je, emancipé, ayant feuilleté et estudié en des plus signalez veritables historiens graves et suffisans Philosophes, de dresser ce petit livret, des plus plus singulieres exemples, plus graves et plus dignes sentences d’iceux, ma principale intention estant seulement, pour servir de guidon et de memoire à mon fils un jour, s’il est si advisé d’y prendre esgard, d’autant que tout ce qui y est comprins ne tend qu’a la vertu et enseignement de bien et heureusement vivre selon Dieu et les hommes de bien. Mais m’aimant quelque gens d’honneur de mes amis incité, instamment prié, et quasi forcé de le fai- (A 5 r°) re mettre sous la presse : j’y ay à leur continue requeste et poursuitte condescendu, considerant et m’asseurant d’ailleurs, que s’il ne peut servir à autrui, qu’il n’y pourra semblablement nuire, ne moins profiter  à moy et à mondit fils, selon mon vray dessein. Et s’il advient qu’il puisse agreer et apprendre a aucuns, j’en ferai beaucoup plus content. Voila donc qui m’a causé lui bailler le congé de voller par les lumieres journalles, ores qu’il aye encore jeunet les ailes si foibles et courtes, que j’ai grand peur que, trop temaire, il imite l’audacieux Ichare, et que voulant trop s’elever en l’air, il tombe au fleuve d’oubli, ou en la mer morte. Mais vade, je m’assure que les hommes vertueux le supporteront, caresseront, et favoriseron [sic] en lui empoignant quelqus plumes a ses tandrets aislerons, de l’oiseau sacré, à Apollon, en l’honneur de la prudente Minerve, de laquelle ils le recognoistront (sinon enfant parfait) avorton. Je sai que plusieurs me cognoissans pour n’avoir guere consommé de temps et moyens aux estudes et colleges, diront qu’ils s’estonnent comme (A 5 v°) il est possible que je soye si osé de mettre de mes œuvres au jour, principalement en ce temps ou tant de grands esprits formillent par nostre France, et qu’il faut bien que j’aye esté piller et desrober tout le contenu en icelles, en des Autheurs doctes sages et suffisants. Je confesse tout cela, car (comme j’ai dit) c’est seulement mon naturel qui m’incline a estre curieux d’aprendre ; ce qui a esté dit, fait et pratiqué par les sages anciens ; desquels j’ay veritablement pris et tiré tout ce qui y est inscrit de docte et sentencieux, jaçoit qu’il y aye quelque chose du mien (qui est fort aisé à remarquer) mais j’ay a respondre que tel larcin est sans peché ne offense : c’est proprement imiter l’abeille, qui volette de fleur sur fleur, suçottant et attirant d’icelles telle et si douce odeur, qu’elle en fait le miel, qui nous est si propre et utile que il nous sert grandement tant en la santé, que l’indisposition : et toutesfois ne gastent et n’interessent aucunement lesdites fleurs qui demeurent encore apres aussi belles, aussi suaves et entieres que devant. Ce larcin est donc (A 6 r°) tres-honneste fort estimable et ingenieux, ô brave et louable larcin, qui ne se peut commettre aisement. Ains avec grande difficulté, mesme a tels sages repreneurs, et envieux forcenez, encore qu’ils ayent employez beaucoup d’années, et consommé beaucoup de monnoye aux escoles et universitez, ou la plus part n’ont apris qu’a la paulme, à la dance, et au mestier venerien, encore partie d’iceux n’ont-ils sceu comprendre, sinon qu’a dompter poulains, en faisant le voyage de Suede ou Suerie sans passerr la mer. Or pour n’entrer en invectives, je me tairay de cela pour dire que je m’exalte aucunement, car je dy et advouë que ce mien edifice n’est basty que de matieres d’autrui, et non des miennes propres, je dy pour les graves sentences et excellens exemples qui servent d’arcades, de coings, de fondemens, de chapiteaux, d’ornemens, de principal cimment et liaison, comme il appert en nommant ceux qui les ont dittes, faites et prononcées ; mais d’avoir le tout entrepris, basti et parfait l’œuvre et est de mon labeur et seule volonté, ou j’ay pris et (A 6 v°) beaucoup de peine et beaucoup de plaisir, mon honneur s’adonnant a telles et semblables choses, Si quelqu’un s’esbahit encore, comme cest ouvrage bien qu’il soit de petite estoffe et peu eslevé soit fait de ma main, je leur fay savoir que j’ay plusieurs choses en mon cabinet qui m’i ont grandement incité, servi et secouru ; et sur tout deux pierres qui ont eu si grande vertu et proprieté, que j’ay eu par eux quasi tout moyen de parvenir au but et accomplissement de mon entreprise que (j’ay avec la grace de Dieu) mis achef ; que je desire pouvoir servir aux Lecteurs d’envie de bien recognoistre, et suivre la vertu ; comme estant cestedite œuvre un eschantillon de l’estendard d’icelle. Outre, si quelqu’autre trouve estrange que l’ordre de ces miens petits discours soit ainsi divers, parlant ore de la vertu, et ore du vice sans forme de bonne suitte, et partant mal arrangée, je respon que le tout tend à la mesme vertu : car parlant du vice que j’abhorre, c’est un moyen de mieux faire paroir la beauté, le lustre et splendeur de la vertu, et de detester le vice, (A 7 r°) que je rends plus vil et plus horrible en racontant les enormes et vilaines actes d’icellui et de ceux qui s’y sont veaultrez, et de leur punition survenue par la puissance divine : au reste c’est tout ainsi qu’il m’est tombé en fantasie et selon le sujet qui s’est le premier presanté à mes yeux. Or ensuyvant les plus sages philosophes (et l’experiance qui nous l’enseigne) qui disent que le propre de l’ame est d’appeter et desirer choses vertueuses et celestes, c’est pourquoy ayant cela empraint dans le mien, je me suis empesché de visiter les escrits vertueux et pleins de sapience : ce qu’ayant tellement quellement fait, pour en retenir mieux le fruict, je me suis mis briefvement à escrire les petis discours que tu verras ci apres, pour les raisons ci dessus alleguées, que je te prie ami Lecteur (qui que tu sois) prendre en aussi bonne part que de bonne volonté je te les presante, et que je supplie le Createur qu’il te mette ou maintienne en la bonne et vraye voye de vertu et d’honnesteté, sans te mettre par envie a mesdire comme font ordinairement tous les ignorans. A Dieu. (A 7 v°)

  • [Thomas Portau, 1599]

    Resjouis toy Boutone mon cher fleuve,
    Voici Petit sur ton bord enfanté,
    Qui nous promet de chanter ta beauté,
    Il nous en faict desja certaine preuve.
    Resjouis toy, tu ne seras plus veufve
    De bon sonneur, cestui-ci à esté
    Apris au mont ou doublement voulté,
    La sacrée eau, de Pegase se treuve.
    Resjouis toy, et rehausse ton cours
    Par le doux son de ces doctes discours,
    Qui nous font foy de ta future gloire.
    Resjouis toy Boutone mon soucy,
    Et pense un jour estre honorée ainsi,
    Comme est le Loir, le Clain, la Sarte & Loyre.
    I. Marchant. (A 8 r°)

  • L’Autheur au Lecteur. [Thomas Portau, 1599]

    Ce livret ô Lecteur n’est tracé, seulement
    Que pour servir autrui de fidelle memoire
    Et pour apprendre aucuns de vivre prudemment
    Icy bas pour apres monter haut à la gloire.

    La povreté misere forte
    Du bon credit ferme la porte. (A 8 r°)

     

  • À la fin de l’ouvrage :

    Sonnet de l’Autheur à son fils. [Thomas Portau, 1599]
    Mon enfant c’est pour toi, que j’ai voulu tracer
    Ce livret, ce thresor, où ta jeunesse tendre
    Pourra, si tu es bon, s’arrester pour apprendre
    La vertu, qui te peut par honneur avancer.
    L’on ne peut la vertu nullement offenser :
    Par vertu on peut tout et savoir et comprendre
    Cela qui est permis et licite d’entendre,
    Pour cercher la vertu tu doi donq t’efforcer.
    Comme dans un jardin l’œillet rouge est le pris
    De la beauté des fleurs, qui ornent son pourpris
    Et que c’est celui seul lequel plus on honore :
    De mesme la vertu on doit plus estimer
    Que non pas tout le bien de la terre et la mer,
    Qui au ciel nous fait vivre apres la mort encore.

    Le vertueux ne craint la mort. (V 2 v°)

  • A l’Autheur, [Thomas Portau, 1599]

    Je t’ai tousjours cogneu et pensé mon Petit,
    Deslors mesme qu’estions en nostre adolescence
    Que tu serois cheri du troupeau d’excelence :
    Tu le fais ore voir comme je l’ai predit.
    Je souhaite à present que nostre ingrate France
    Te puisse caresser, et te mettre en credit.
    P. M. Balonseau Gentil-Homme Xaintongeois. (V 3 r°)

Topoï dans les péritextes
  • abeille
  • accusation de pillage
  • bâtiment
  • brave et louable larcin
  • écolier feuilletant le livre
  • feuilleter
  • guidon
  • jardin
  • mémoire
  • miel
  • petit volume, poids et mérite
Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 16/10/2016 Dernière modification le 31/08/2021