Thresors de la Renaissance

Trésor sacré de la muse sainte


Auteur(s) : Auvray, Jean

Généralités

Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)Le thresor sacré de la muse saincte. Par M.I. Auvray. Dedié à tres haultes & tres vertueuses princesses mes damoiselles de Longueville, & d’Etouteville (Jacques Hubault, 1611)
Information sur l'auteur ou les auteurs
  • Auvray, Jean
  • Poète. - Auteur de poésies religieuses et satiriques. - Serait né à Basly (Calvados). - Chirurgien à Rouen (1607-1622)
Date de la première publication de l'œuvre1611

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • 1-Le livre aux censeurs. [verso de la page de titre] [Jacques Hubault, 1611]
    Quelques censeurs diront d’un revesche propos
    Que mon tiltre vouloit un volume plus gros,
    Encore sçai-je bon gré à ces Aristophanes
    D’aimer les grans discours d’un tas de rimasseurs :
    Car il faut des monceaux de chardons pour les asnes
    Mais l’Abeille ne veut qu’un peu de belles fleurs.
  • Le Thresor sacré de la muse saincte. [Jacques Hubault, 1611]
    Par M. J. Auvray M.
    A tres-haultes et tres-vertueuses Princesses mes Damoiselles de Longueville, et d’Etouteville.
    Mes-damoiselles,
    Le vice n’aura jamais tant de vogue, et l’on ne conjurera jamais tant contre la vertu, que le nom de Philosophie ne soit tousjours sainct et venerable (disoit Seneque a Lucilius) mais j’oze dire que la Saincte et sacrée Poësie peut faire ce mesme deffy avec juste raison, elle est toute celeste, toute divine, et jaçoit qu’elle aye ses Theoresmes et regles universelles comme les autres arts et sciences, si est-ce que l’aptitude voire la perfection d’icelle s’émane du Ciel, ou pour le moins se fermente et fomente dés les principes de nostre generation. Delà vient que tant de grands personnages manquans de ceste verve naturelle, se sont à leur confusion meslez de ce gentil mestier des muses, et de tant de trenchées d’esprit, sueurs, veilles, et penibles grimaces, non produit en fin qu’un Ourson diforme et mal leché. Il est vray qu’en l’autre extremité ont (ã 2 r) bronché un tas de broüillons et maussades esprits qui pour sçavoir rimer halebarde avec misericorde, se sont emancippez de faire la cour aux Muses, ont fait parade de leurs marottes coiffées, fourny les gardes-robes, et amusé les idiots a la lecture de leurs coquecigruës et niaiseries. L’on me dira peut estre que tous n’ateignent pas a la perfection, qu’on ne faict l’image de Mercure de tout bois, que tous ne vont pas a Corinthe, que les grandes Spheres sont pour les grandes intelligences et que chacun fait ce qu’il peut : toutes ces raisons n’ont point de nez, et ressemblent aux Lions edentez d’heliogabale qui ne faisoient que de la peur et ne pouvoient mordre, je dy en un mot avec Ronsard apres Horace que le Poëte ne doit estre mediocre en son Art, et que le Poetastre differe autant du Poëte que faict un failly Alezan, d’un genereux Courcier de Naples. Icy quelque scabieux sentant sa demangeaison irritée par la chaleur de ces censures, dira avec une r’enfroignée morosité que je m’en fais accroire, que telles jactances auroient de la grace en la bouche d’un Ronsard, mais qu’elles me séent aussi mal qu’une Escarboucle au bast d’un Mulet. Pour briser cest Idole je feray seulement rouler ce Proverbe, operibus Opifex cognoscitur. puis s’il recharge, je feray un faisseau des Palmes acquises par mes vers pour parer aux coups de sa médisance, protestant au reste (vertueuses Princesses) que ce n’est point un levain de vanité qui boursoufle mon courage et me faict parler si rondement, je sçay bien que le vaisseau de l’honneur qui n’est lutté que de presomption s’ecartelle souvent a la honte par les recuites embrazées de son souffre orgueilleux, puis le seul respect de vos grandeurs est assez capable de reprimer en moy ces fastueuses bouffées, et de faire sonner une honteuse retraicte a mes esprits debandez : mais c’est une juste douleur de voir ceste belle et divine science prophanée par les rapsodies de ces escripvains Ephemeres, et les doctes et claires sources de nostre Hipocre- (ã 2 v) ne troublées voire empuanties par les rauques coaxements de ces infames grenouilles. Mais ce qui est le plus deplourable et qui m’arrache les larmes des yeux, est que ceulx qui sont de la premiere classe au College des soeurs et leurs plus fidelles interprettes abbusent de leurs graces aux sordides louanges de je ne scay quelle imaginaire deité, comme si les merveilles de Dieu n’estoient un champ assez ample pour donner carriere a leurs doctes esprits. Ouy mais diront nos courtisans, ce gaudisseur veut pocher les yeux à l’antiquité, il veult estre plus sage qu’un Theocrite, un Marule, un Catule, un Properce, un Tibule, un Ovide, et tant d’autres dont les noms sont gravez en lettre d’Or au plus haut estage du Temple de l’honneur, et leurs pretieuses reliques religieusement venerées des sçavans. Toubeau jeune homme, calme ces morgues petillantes, ta consequence traine les aisles, voicy son helebore, Leucippe, Metrodore, Epicure, Democrite, et autres champions de gueulle logeoient nostre souverain bien a la pance et aux voluptez, il en fault donc faire de mesme ? Cathon, et Seneque, ont approuvé le meurtre de soy mesme pour se delivrer d’une infortune, il fault donc des oraisons funebres et des tombeaux glorieux pour ceux qui s’etranglent, se noyent, ou precipitent volontairent ? non non, les authoritez ny le specieux tiltre d’ancien sont trop minces plastrons pour guarantir le vice d’une just reprehention. Ce teston a couru dix ans le Berlan et le Reversis, et ne laisse pas d’estre faux, l’on porte au billon les pieces qui ont eu cours autrefois, les As, les Dhragmes, et les Deniers des Anciens, ne sont plus que des Medailles pour amuser les enfans, bref si les idolatries amoureuses, les sornettes et discours scurilles et voluptueux furent bien seants a ces Payens : c’est un prodige voire un monstre a ceux qui font profession du Christianisme, ceux-la sont aucunement pardonnables qui voyoient la foi qu’au travers les pinnules de leurs raisons natu- (ã 3 r) relles, mais ceux cy qui en ont beu aux vives et claires fontaines de l’escriture, timbrez du carractere baptismal, et marquez du sang de l’agneau, sont sans excuse et encourent l’horrible jugement de Dieu, rendront conte (je parle avec saint Augustin) de tant d’ames charnelles qu’ils auront alechées par leur molles et lascives chansons. Mais je suis pecheur : il est vray, mondain : je le confesse, voluptueux : je l’advoüe, il me faut donc bailler caution de ce que je dy ou aller en la source de Thiane en Capadoce, a l’espreuve du faulx serment ? palpable absurdité ! Hé qui peut mieux dechifrer les loix, coustumes mœurs et particularitez d’un pays que celuy qui en vient ? discourir des Syrthes bouillonnantes, Gouffres, Bancz, et Escueils de la Mer, que celuy qui encor tout mouillé paye ses vœux sur le sable ? Et quand Salomon dit J’ay gousté des delices du monde. Faict il pas suivre puis apres je m’en suis mocqué ? c’est donc assez que sois inconsiderement tombé aux precipices et fondrieres du peché, sans y attirer mon prochain par les charmes et mignardises affettées d’un suborneur discours, j’aime bien mieux avec le Poëte et Prophete penitent m’escrier : Seigneur rends moy la joye de ton salutaire, r’enforce moy de ton esprit principal et j’enseigneray tes voyes aux iniques et convertiray a toy les impies. Voila (tres pieuses Damoiselles,) ce qui m’a faict de bonne heure consacrer ma plume aux louanges du vray Dieu et de ses misteres, et amasser ce petit Thresor que j’oze estaler en public soubs l’authorité de vos Noms tresillustres, caressez d’un bon œil cest avorton qui faulte d’aise de voller en vos mains, vous ne pouvez justement le refuser, il a trop de raport et de consonance avec vous, vous estes des Piraustes vivantes au brazier de l’amour divin : il est un Ethna de telles flames, vous fuyez le monde : il le desteste, vous n’aimez que Dieu : il ne parle d’autre chose, vous estes Vierges : il loue la Vierge des Vierges. Vous abominez les livres salles et (ã 3 v°) lubriques : lisez hardiment cestuy-cy et ne craignez pas que les Lys de vos blancheurs virginalles rougissent jamais en le lisant par le vermeillon de lerubescence, et si je sçay qu’en ce Thresor vous trouviez quelque chose qui vous plaise, importuneray mon Uranie de plus riches pieces que j’apprendray pour corollaires aux Images de vos vertus, avec tel zele  que doit avoir
    Mes-damoiselles.
    Votre tres-humble et obeissant serviteur.
    Auvray. (ã 4 r°)
Topoï dans les péritextes
  • "ourson difforme et mal leché"
  • abeille
  • avorton
  • épaisseur du volume
  • temple d’honneur
Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 26/01/2017 Dernière modification le 01/10/2021