Thresors de la Renaissance

Trésor sacré de la miséricorde


Auteur(s) : Fumade, Guillaume

Généralités

Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)Le thresor sacré de la misericorde, ou sont contenus l’excellence, l’utilité, & empeschemens d’icelle. Ensemble reprinses les moeurs corrompues de ce siecle. Par F.G.F.B. de l’ordre des freres mineurs de l’estroicte observance, dits Recollets (Jean Didier, 1603)
Information sur l'auteur ou les auteursFumade, Guillaume
Date de la première publication de l'œuvre1603

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • Extraict du Privilege. [Jean Didier, 1603]
    Par Grace & Privilege du Roy, il est permis à Jean Didier, Marchand Libraire à Lyon, d’imprimer ou faire imprimer, vendre ou distribuer un livret intitulé, Le Thresor sacré de la misericorde, par F. G. F. B. de l’ordre des Freres Mineurs, & sont faictes tres expresses inhibitions, & defenses à tous autres Libraires & Imprimeurs d’imprimer ou faire imprimer, vendre ou debiter ledict livre, en quelque sorte & maniere que ce soit, sans le consentement dudict Didier, jusques au temps & terme de six ans, à compter du jour & date de l’impression dudict livre, à peine de confiscation de tous lesdicts livres qui se trouveront imprimez, & d’amende arbitraire, comme plus à plein est declaré és lettres patentes, données à Paris le xxx. jour de Mars, l’an de grace mil cinq cens quatre vingts dix neuf, & de nostre regne le dixiesme.
    Par le Roy en son Conseil.
    Jassaud. (A 1 v°)

  • A la Royne Marguerite. [Jean Didier, 1603]
    Madame,
    Toutes choses grandes ont certaines façons secrettes é incogneuës, marques de leur grandeur, qui prenans estre avec les choses mesmes, les accompaignent perpetuellement & leur donnent une majesté qui les rend autant redoutables que respectées aux inferieurs. Ainsi Dieu tout grand, à qui rien ne s’accompare, quoy qu’il se vueille familierement communiquer à ses creatures, le respect luy demeure (A 2 r°) tousjours sur le front & la naifve majesté qui le rend effroyable. Les esprits celestes tremblent dans les cieux. Moyse adverti n’ose approcher du buisson ardent sur la montage de Syna. Et les Apostres esblouys tombent renversez sur la cime de Thabor pour l’effroy de ceste divinité. Ainsi encore les Royaultez qu’on estime portraicts en terre, de ce qui est plus grand aux Cieux : les Rois que le bon Homere appelle fils de Juppiter, portent leur majesté, qui fait craindre le reste des humains soit en parlant, soit en les voyant seulement. Les bouches les plus disertes sentent dessecher le coulant ruisseau de leurs paroles par l’ardeur du respect devant les Rois. (A 2 v°) Demosthene miracle entre les Grecs recogneut la difference d’haranguer devant le commun d’un peuple & devant un Roy : lors que la presence de Philippe pere d’Alexandre, fit tarir la source de son discours à la troisiesme parole. Et moy qui ne pourrois pas bonnement begayer à comparaison de cest Orateur tant fameux, je ressens le mesme effort de vostre Majesté, la craincte me saisit, ma bouche estoupée refuse l’air à mes conceptions : mon ame esperdue s’esgare du chemin de ses inventions, quand je me propose à vous dire un seul mot. Il y a quelque temps que je me promettois de prendre l’asseurance d’offrir à vostre grandeur (A 3 r°) un petit traicté de la misericorde que j’avoye faict aux heures de relasche des exercices que m’ordonne ma vacation religieuse. Mais cette crainte ne me le voulut jamais accorder. D’autre part comme premierement je conceu cest ouvrage, je vous le dediay en mon ame. Et le devoir de recognoissance qu’on doibt à vos hautes vertus m’encouragea d’entreprendre ce petit travail. Afin qu’en adoucissant peut estre l’aspreté ou la durté de quelques ames inhumaines & sans pitié qui verront ces fueilles par l’huile de misericorde : aussi faisant deux coups d’un mesme ject de pierre, je vous tesmoignasse l’affection que non moy seule- (A 3 v°) ment, mais tout nostre Ordre doibt à vostre vertu & pieté si grande, qu’elle fait cognoistre la grandeur de vostre nom par tout l’univers non moins que vos tiltres Royaux. Parquoy j’estimeroy que seroit chose inique de donner à autruy ce qui estoit desja vostre avant sa naissance. De sorte que je me roydis contre ceste crainte, & ayant quelque temps combatu, en fin elle donna lieu à l’esperance, & luy permit qu’à ceste heure ce livret s’enhardisse à se presenter devant vostre majesté en toute humilité avec le respect qu’il vous doibt. La douceur & la debonnaireté, qui est jointe avec la grave majesté des grandeurs, luy fait esperer un bon accueil. (A 4 r°) Et principalement puis que vous estes celle qu’on estime la plus amiable Princesse & Roine Misericordieuse que soleil esclaira jamais de ses yeux. Aussi ces graces vous sont naturelles non moins que les fruicts à leurs arbres. Vous les retenez de ceste royale tige de Valois qui jette son dernier fleuron en vous, & par vous doibt planter sa plus haute branche dans les cieux pour y estre conservée eternellement. Je scay que ce livre ne remplira pas voz oreilles accoustumées aux cadences harmonieuses & periodes nombreuses des hommes eloquens. Peut estre aussi qu’il ne vous ennuyra du tout par la faveur que vous portez aux saincts personnages (A 4 v°) anciens : parce que je confesse librement qu’il n’y a pas beaucoup du mien fors l’ajencement & disposition. Je me suis pourmené dans les jardins odorans des saincts Peres, j’ay cueilly maintes fleurs & en ay composé ceste guirlande, de laquelle toutes les fleurs ornent vostre chef plus que les diademes, à scavoir les vertus de ceste misericorde, qui feront que vous ne desdaignerez encore cest ouvrage quoy que vil & indigne. Le Soleil darde ses rayons sur les chaumes desertes aussi bien que sur les champs plus fertils & cultivez, sur la boüe comme sur les perles. Et vous ne detournerez le Soleil de vos yeux de ce premier essay que vous presente (A 5 r°) d’affection entiere celuy qui prie continuellement Dieu,
    Madame, benir vos jours, intentions & actions de sa grace.
    Vostre tres-humble & obeïssant serviteur,
    Fumade Recolleci. (A 5 v°)
  • Avant-propos. [Jean Didier, 1603]
    Entre tous les tiltres d’honneur & remarquables epithetes, que la saincte Ecriture donne à l’Eglise, il me semble que le sage Salomon luy attribue fort proprement & veritablement, qu’elle est effroyable comme un escadron d’une armée bien rangée. Car comme se seroit-elle defendue contre tant de furieux ennemis ? Par quel moyen les eut elle terrassez & vaincus ? Et en quelle façon se fut elle maintenuë & conser (A 6 r°) vée, par-mi tant de bourrasques, & dangereux allarmes jusques aujourd’huy ? si ces capitaines & gend’armes n’eussent esté vaillans & veillans, sages & puissans, pleins de cœur, de courage & de zele ? s’ils n’eussent bouché les advenuës, descouvert les embuscades, bien posé les sentinelles, & faict bon guet & bonne garde, qu’eust-ce esté d’elle ? Et si ceux qui avoyent charge de faire la ronde, n’y eussent esté assidus d’heure à heure, & ne l’eussent redoublée aux advertissemens non mesprisables & plus hazardeux rencontres, comme quoy auroit-elle peu subsister ? Comme quoy pour- (A 6 v°) roit on dire qu’elle est, & asseurer qu’elle sera & demeurera tousjours invincible ? En somme si ces regimens & bataillons de l’armée de l’Eglise n’eussent esté bien disposez, n’eussent choquez bien à point & à propos contre ses adversaires, s’ils n’eussent esté encouragez par la presence & promesse certaine d’en rapporter la victoire, que pouvoit il arriver, qu’une triste desroute & honteuse deffacite, tant à son chef Jesus Christ, qui l’a levée & dressée, qu’à tous ceux qui se sont enroolez soubs la banniere & cornette de la Foy & religion ?

    Certainement il a bien eu (A 7 r°) besoin, qu’il se soit rencontré à toute heure & moment, de nuict, & de jour en toute occasion, quelques uns qui ayent fidelement servi un tel chef, qui l’ayent suyvi & secondé en diligence & vigilance, & que ce mesme Dieu & Sauveur chef de ceste armée ait esté toujours luy-mesme visiblement à la teste d’icelle, & invisiblement en ses fideles serviteurs, les fortifiant & encourageant des armes de doctrine, miracles, graces & vertus : afin qu’ils peussent affronter, resister & mettre en route les armées barbares. Autrement il n’y avoit que baisser les espaules, blesmir de honte, & rendre les armes. (A 7 v°) Partant nous l’avons veuë tousjours victorieuse en tous les rencontres, attacques, charges, journées & batailles des Infideles, Turcs, Payens, & heretiques. Et lors qu’elle estoit plus chaudement allarmée & plus vivement attaquée, elle a redoublé les forces de ses prieres, renforcé ses corps de garde de veilles & estudes, ramassé ses Docteurs, r’assemblé ses Escrivains, & resserré ses gens és Conciles Provinciaux, Nationaux, & Generaux, demeurant par ce moyen inviolable, invincible & inesbranlable. Et par consequent pleine de palmes, de lauriers & trophées, & le sera à toujsours mais, jusques (A 8 r°) à ce que jouyssant à plein souhait d’une totale victoire, elle soit rendue triomphante : & qu’elle chante perpetuellement le Pean de victoire & de gloire à Dieu son liberateur. Mais tandis qu’elle est parmi les picques des plumes, parmi les canonades de langues des heresies, la plus generale charge, la plus dangereuse attaque, & la plus furieuse batterie, est celle des vices & pechez, esquels se sont laissez croupir une grande partie de ses soldats durant sa paix : si bien que n’ayans point d’ennemis en pied pour les tenir en rumeur, ils ont laissé rouiller leurs ames & leur ames en beaucoup de vices & mœurs (A 8 v°) corrompuës.

    De là est venu ; comme d’une playe non medicamentée, la gangrene des heresies : il est arrivé qu’elle ayant esté estrangement travaillée par la persecution des tyrans, & plus douloureusement vexée par la perfidie des heretiques, voire encore plus tourmentée par les simulations, usures, avarices, simonies, des faux & apparens Chrestiens, le sera encor davantage, & son affliction accroistra sur la fin du monde à la venuë de l’Antechrist, lequel trouvant le monde desgarni de foy, des-uni de charité, & demusclé de vertu & de zele, meublé d’ailleurs & tout confit (B 1 r°) en vices, estant devenu tout glassé, apprestera tous ses affusts & engins de guerre pour la ruiner & confondre. Mais il ne pourra non plus prevaloir sur icelle que ses avancoureurs, puis que la porte d’enfer, la force & astuce du diable ne luy pourra donner attainte ou faire faulcée.
    Par ainsi comme j’ay veu que la plus part de nos escrivains François se rengeoyent en bataillons pour combattre les erreurs de nostre temps, & que j’ay veu les heretiques assiegez & pressez de si prés qu’ils sont comme prests à se rendre, je me suis voulu employer à combattre les mœurs vicieuses, jugeant que (B 1 v°) si la ruine de l’heresie est necessaire, que celle des mœurs depravées ne l’est pas moins. Et me semble que c’est comme sapper & miner la cause de toutes erreurs, estouffer la mere des opinions faulses, & mettre la coignée à leur racine. Et qu’encore qu’il soit besoin & saison en tout temps de destourner le monde du vice, l’inciter à la vertu, & le convier à gaigner le ciel : encore plus davantage toutesfois, lors que la prosperité mondaine, & l’abondance des biens & commoditez presentes, leur fait oublier les futures : parce qu’il n’est que trop vray que les vices s’augmenteront, & que la  (B 2 r°) charité se refroidira.
    Et voyant que par-dessus tous vices qui se sont glissez parmi les mœurs des Chrestiens, une avarice les ronge principalement, & les gouverne si estroictement, qu’elle leur fait quitter toute œuvre charitable & misericordieuse, necessaire au Chrestien, autant qu’il veult estre honoré de ce nom, je me suis resolu aux heures les moins pressées de mes occupations, dresser quelques discours qui declara quelque chose de la nature de la misericorde, le profit que nous pouvons retirer d’icelle, & ramener à douceur & clemence par quelque adhortation, ceux (B 2 v°) qui contre la nature humaine suyvans la brutalité, soucieux de leur particulier seulement, n’ont compassion de leur prochain, & sont surprins d’une telle frenaisie, que bien souvent ils laissent plustost gaster une multitude de biens, desquels ils se pourroyent passer facilement, que de les distribuer aux necessiteux, dont ils pourroyent retirer une grande recompense. Je n’ay point voulu flater les oreilles des lecteurs par belles paroles, mais simplement ce que la naifveté de ma conscience m’en a dicté, je tasche à l’exprimer en paroles plus expresses & significatives, non pour enseigner une multitude de cho- (B 3 r°) rares aux curieux, mais je les mets en avant, afin que celuy qui les verra, puisse voir comme dans un miroir, s’il a l’ame teinte de quelque inhumanité envers ceux qui comme luy ont l’ame celeste conjointe à un corps mortel, afin que s’ils recognoissent quelque tache en eux, ils puissent par changement de vie purger leur ame de toute souillure. On le pourra recevoir de mesme intention que j’y ay esté poussé, pour la plus grande gloire de Dieu & salut de leurs ames. (B 3 v°)
  • (À la fin de l’ouvrage) [Jean Didier, 1603]
    Nous soubsignez Docteurs regens en la faculté de Theologie, confessons avoir veu ung livre intitulé le thresor de la misericorde composé par le D. Pere Guillaume Fumade Religieux de l’estroicte Obervance, dicte des Reformez, auquel n’avons trouvé chose quelconque contraire à la doctrine Chrestienne, ains l’avons jugé estre digne de veoir le jour, pour l’utilité de tous & chascuns fidelles.
    Faict à Tholose le 22. Juillet 1601.
    F. Alvarus.
    Puteanus August.
    F. A. Mourrisseau lecteur en Theologie. (OO 4 r°) – suite de l’approbation difficile à transcrire car reliure très serrée (OO 4 v°).
  • Faultes intervenues en l’Impression (ã 1 r° - ã 2 r°). [Jean Didier, 1603]
Topoï dans les péritextes
  • agencement
  • arbre fruitier
  • boue
  • champ
  • diadème
  • fleurs
  • guirlande
  • jardin
  • miroir
  • perle
Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 26/01/2017 Dernière modification le 31/08/2021