Thresors de la Renaissance

Trésor de l’amitié parfaite


Auteur(s) : Goujon, François

Généralités

Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)LE TRESOR DE LAMITIE // PARFAICTE // Par M. I. Gouion advocat // A LYON. // Petrus Faber Eugdunensis. Chez Iean Lautret et Libraire En Rue Merciere. Figurauit et sculptit. (Jean Lautret, 1626)
Information sur l'auteur ou les auteursGoujon, François
Date de la première publication de l'œuvre1626

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • A Monsieur, [Jean Lautret, 1626]
    Monsieur Cardon, seigneur de la Roche.
    Monsieur,
    Si ce traicté est un des posthumes de l’Autheur, il ne le faut pas imputer à la surprise de la mort qui l’a prematurément enlevé ; mais bien au desir qu’il a eu de faire, que son amitié luy survesquit, pour terminer sa vie par la prattique d’un des preceptes les plus glorieux de son œuvre. Quoy qu’il ayt laissé des enfans pour vous honorer (entre lesquels je vous suis le plus obligé) il a reservé celuy-cy comme (ã 2 r°) d’une plus longue vie pour le faire plus longuement. Je l’ay ouy tirer de tres-beaux sens de la devise de ses armes (Unum novit) au sujet d’un Dieu, d’un Roy, & d’une Foy, comme aussi de la finesse unique qu’a l’herisson qui prevaut à toutes celles du Renard. Mais il ne s’est jamais si bien ouvert qu’apres sa mort & en ce traicté, où il fait paroistre que c’est de vous qu’il entendoit parler, que seul il s’estoit proposé d’aymer & honorer uniquement & à jamais. Comme de deux cousteaux qui s’esguisent l’un l’autre, on ne sçait pas lequel y rapporte le plus, j’estime vous offrant comme aisné ce cadet, vous presenter autant du vostre que du sien, puisque vous avez rapporté quasi tout  à la fabrique de l’ouvrage. Deux voyes tendent à la science, celle des preceptes & celle des exemples, la dernière plus droicte & plus courte que l’autre. Vous l’avez mis dans la premiere par le moyen des livres dont vous avez embelli sa Bibliotheque, & continuez tous les jours, dont il a peu puiser les meilleures maximes ; l’autre par vos (ã 2 v°) loüables, genereuses, & cordiales actions, qui ont esté le modelle des siennes, & la source dont est derivé ce qu’il a dit & enseigné de meilleur en ceste matiere. Recevez donc ce qui est vostre par participation d’amitié, destination du pere, & presentation du fils, le substitutant aussi bien à luy pour les services que vous pourrez desirez, comme vous l’avez subrogé aux bons offices que vous luy rendez journellement, & ce faisant vous trouverez en la place de vostre amy,
    Vostre tres-humble & tres-affectionné serviteur
    F. Goujon. (ã 3 r°)
  • A Monsieur, [Jean Lautret, 1626]
    Monsieur Cardon, seigneur de la Roche.
    Monsieur,
    Les vandanges ne m’ont jamais attiré aux champs qu’elles n’ayent tiré de ma plume quelque traicté, dans lequel je me sois relaché des occupations plus penibles & communes à nostre condition. Or comme ceste année ayt esté de petite vinée, l’occupation qui y a esté necessaire ayant aussi esté moindre, m’a fait resoudre de me recompenser par quelque fruict plus delicieux. J’en ay donc trouvé un beaucoup plus excellent, duquel (entre autres qualitez) on (ã 3 v°) peut continuellement user sans diminution, c’est celuy de l’Amitié. Mais comme on n’en puisse avoir l’usage sans un correspondant qui prenne plaisir à le cultiver, en jouyr, & le conserver ; c’est à vous auquel comme j’ay voüé amitié, j’en dedie aussi la loüange, & les preceptes. C’est un fruict, quoy que tres-precieux, qui n’a point de goust ny de grace, s’il n’est gardé dans quelque rare vaisseau net & exempt de toute impureté & corruption, comme je crois estre celuy de vostre cœur. Ceste cause avec deux autres entre plusieurs m’ont porté à vous dedier ce fruict ; l’une, qu’estant capable d’aymer & d’estre aymé, le traicté de l’Amitié vous appartient : & l’autre, qu’étans amys tels que nous sommes, & consequemment une mesme chose, j’ay estimé vous le dediant me le dedier, comme correspondant à la sincerité qui rendra ce nœud indissoluble. Acceptez-le donc amiablement, puisque comme dans un mirouër vous vous y devez & pouvez voir tel amy qu’il faut estre, que vous estes, que je dois estre, (ã 4 r°) & que je suis, afin que nous y contemplans souvent, nous joüissions parfaictement de ce qu’il y a de plus rare & necessaire en la vie humaine ; & qu’à nostre exemple chacun soit invité de s’obliger un amy par le fruict que nous en tirons & enseignons, m’aymant ainsi que je fais vous, & comme
    Vostre tres-affectionné & fidelle amy
    I. Goujon. (ã 4 v°)
  • In honorem Authoris. [Jean Lautret, 1626]
    Non potuit meliùs perfectum scribere amentem,
    Quàm qui per praxim scivit amare magis.
    Alexamndre Cholier in Curia Lugdunensi Senator. (ē 1 r°)

  • Ad Nobilem Horatium Cardon. [Jean Lautret, 1626]
    Symbola chara pater veri tibi scripsit amoris,
    Hæc eadem soboles dicat amica tibi.
    Idem. (ē 1 r°)
  • Ad Franciscum Goujonum Joannis filium. [Jean Lautret, 1626]
    Qui de fonde patris [illisble] purum suxit amorem,
    Extinctum luci reddit amoris amor.
    Idem. (ē 1 r°)
  • Piis manibus I.G. [Jean Lautret, 1626]
    Qua fuit exilii Nasonis causa Poëtæ,
    Æternæ hæc laudis causa futura tuæ est.
    Ut varia ratione ambo docuistis amare,
    Sic varia, æqua tamen fors utriusque fuit.
    Ille quȯd obscœno delectaretur amore,
    Exul ad ignitos non rediturus abit.
    Sed quia tu puro nunquam satiatus amore es,
    E tumulo in lucem non moriture redis.
    P. de Billy I. C. Lugdun. (ē 1 v°)
  • In Theasaurum Amoris distichon. [Jean Lautret, 1626]
    Fata gruphes spernunt, servent ut ab hoste thesauros,
    Hic dat amoris opes motivus artis ope. (ē 1 v°)
  • Aliud. [Jean Lautret, 1626]
    Euripidis tumulus flores dedit, istius aurum
    Urna profert, tales quærat avarus opes.
    M. Gaillat I.C. Lugdun. (ē 1 v°)
  • Quatrain sur l’œuvre. [Jean Lautret, 1626]
    Tu te vantes Lyon, d’avoir dans ton pourpris
    Le tombeau des amans, & leur divine cendre :
    Mais en ce beau discours l’Autheur y a compris
    Comme on peut l’Amitié de la perte deffendre.
    Le mesme. (ē 2 r°)
  • A l’Autheur. [Jean Lautret, 1626]
    Quatrain.
    Goujon tu te riois en cet œuvre si sainct,
    Traictant ce grand subject d’un agreable style :
    Est-ce que l’amitié ne veut rien de contrainct ?
    Ou bien que ton esprit n’eut rien de difficle ?
    Le mesme. (ē 2 r°)

  • Au sieur Cardon. [Jean Lautret, 1626]
    Sixain.
    Amy pareil en tout à ton amy fidelle,
    Ce posthume heritier son plus riche modelle
    Porte empreint sur le front les traicts du pere absent.
    Si d’un amy perdu tu recherches la face,
    Le posthume & l’aisné representent sa grace :
    Car le posthume dit ce que l’aisné ressent.
    Le mesme. (ē 2 r°)
  • Au Sieur Goujon fils. [Jean Lautret, 1626]
    Si l’amy fait un tort extreme
    De donner à celuy qu’il ayme,
    Cher amy j’estime ce bien
    Pour excuser mon impuissance,
    Et ne crains pas que je t’offense ;
    Car je te donne moins que rien.
    Lors que tu faisois l’horoscope
    Du plus grand Prince de l’Europe,
    Ton pere quittoit ces bas lieux,
    T’apprenant que les destinées
    De ce Prince ne sont bornées,
    Ny cognues que dans les Cieux.
    Si lors dans l’estrange advanture
    Des Parques, & de la Nature,
    Ton pere quitta ce sejour :
    Cher amy console ta perte ;
    Car tout le Monde l’a soufferte
    Dans l’amitié, toy dans l’amour.
    Sa main plustost que son courage
    Defaillant à ce bel ouvrage,
    T’en laisse à faire la moitié :
    Ainsi ta main joincte à la sienne,
    Nous forme la figure ancienne,
    Et le symbole d’amitié.
    Le mesme. (ē 2 v°)
  • A la loüange de l’Autheur. [Jean Lautret, 1626]
    Que ces discours sont beaux & rares,
    Dieux qu’ils me charment doucement :
    A les lire tant seulement
    Ils feroyent aymer des barbares.
    Loin d’icy prophanes pedans,
    Les graces logent là dedans,
    Et en vertu de cet ouvrage
    Goujon vient respirer le jour,
    Pour consumer le mariage
    De l’eloquence & de l’amour.

    On y void des choses estranges,
    Et dans ces escrits si parfaicts
    L’amitié produict des effects
    Capables d’estonner les Anges ;
    Elle tire un mort du tombeau,
    Qui par un exemple nouveau
    Nous apprend comme il faut revivre
    Apres que l’ame est hors du corps :
    Et qu’un brave fils, & un livre
    Peuvent ressusciter les morts.

    Ces vieux amys que la mémoire
    Loüe avec tant de vanité, (ē 3 r°)
    Qu’il semble que l’eternité
    Doit plustost mourir que leur gloire,
    Vont perdre leur bruit & leur nom,
    Quoy que l’histoire, le renom,
    Et le temps les privilegie :
    Car qui oseroit estimer
    Qu’un homme puisse sans Magie
    Si bien dire & si bien aymer ?

    Mais ce bel Esprit que la France
    Doit envier aux immortels,
    Et qui trouvera des autels
    Par tout où regne l’Eloquence :
    Parle avec tant de majesté,
    Aime avec tant de fermeté,
    Qu’on ne sçait en ce doute extreme
    S’il a plus d’amour que d’esprit ;
    Ou bien s’il escrit mieux qu’il n’ayme,
    Ou s’il ayme mieux qu’il n’escrit.
    P. Guillemin Doct. Med. (ē 3 v°)
  • Sonnet à la loüange de feu Monsieur Goujon. [Jean Lautret, 1626]
    Si jadis Phidias dans son divin ouvrage
    Fit admirer l’effect de sa dexterité,
    Parce qu’artistement y gravant son image,
    Il voüa l’un & l’autre à l’immortalité.

    Combien plus dextrement & à ton advantage
    Fais-tu passer ton los dedans l’eternité,
    Quand de deux cœurs unis tu fais le mariage,
    Le depeingant au vif tel que tu as esté ?

    Veu qu’ayant conversé dans ce terrestre monde
    Avec le mesme Amour que descrit ta faconde,
    N’est-ce pas exprimer ta vie en tes discours ?

    Ainsi tu regneras malgré toutes les Parques ;
    Car lisans de l’Amour les attraicts que tu marques,
    Comme dans un miroüer nous te verrons tousjours.
    P. Cholier Advocat. (ē 4 r°)
  • Piæ memoriæ Johannis Goujoni quondam Patroni disertissimi, Consulis vigilantissimi, civis probatissimi, & parentis charissimi F. Goujonus filius. [Jean Lautret, 1626]
    Non læsit quemquan Goujonus, vixit honnestè,
    Et jus distribuit ; distribuendus erat.
    Corpus inhumandum terræ ; mens contigit astris ;
    Non poterat meliùs reddere cuique suum. (ē 4 v°)
  • Il eumdem. [Jean Lautret, 1626]
    Goujoni jacet hic trincus, quem pondere florum,
    Et fructus, fama est succubuisse solo.
    In tot propitiè sese diffuderat arbos
    Nata aliis, ut defecerit ipsa sibi.
    Arboris extincta non aurea poma fuêre,
    Sed quorum lætus cætera vincat odor.
    Idem. (ē 4 v°)
  • Au mesme sujet. [Jean Lautret, 1626]
    Sonnet.
    Goujon, de quels regrets honorer ta memoire
    Peut-on mieux que de ceux qu’on doit à tes Heros,
    Qui pour le bien public espoiçonnez de gloire
    Ont dedans un cercueil terminé leur repos ?

    Ta vertu, s’esgalant à la leur, qui fit croire
    Qu’ils estoyent hors des coups de l’injuste Atropos,
    Te promet que de Styx l’onde oublieuse & noire
    Ne touchera l’honneur que l’on doit à tes os.

    Mais bien plus, t’ayant [illisible – vüe ?] au dessus de l’envie,
    Qui trouble assez souvent les plaisirs de la vie,
    Comme dessus l’Olympe, à qui l’orgueileux front

    Fait mespriser de l’air la region fascheuse,
    T’asseure que les vents de l’envie orageuse
    Tes cendres en repos sur l’Olympe lairront.
    Le meme. (Ì 1 r°)
  • Sur l’œuvre. [Jean Lautret, 1626]
    Bien que ce thresor precieux
    Merite un soucy curieux,
    Plus que ceux que dans l’Amerique
    Du gryphon n’abandonne point,
    Pour nuire à ceux que l’or espoint
    D’une avarice famelique. [paragraphe difficile à déchiffrer, mauvaise qualité de la numérisation]

    Une abaille en a tout le soir,
    Qui chasse & destourne au besoin
    Les freslons qui luy voudroyent nuire.
    Les grandes douceurs que j’y sens,
    Outre qu’elles charment mes sens,
    Me donnent sujet de le dire. (Ì 1 v°)
    Le mesme.
  • Sur le sujet des Armes des deux Amys. [Jean Lautret, 1626]
    Pour faire que la disgrace
    Ny la mort ne puisse rien,
    A ceux que le sainct lien
    Des belles vertus enlasse.

    La Nature dans les armes
    De deux intimes amys,
    Pour commun support a mis
    Des javelots & des armes.
    Le mesme. (Ì 2 r°)
  • [A la fin de l’ouvrage]
    Consentement. [Jean Lautret, 1626]
    Je consens pour le Roy que le present Traicté de l’Amitié, & de son excellence en general soit imprimé par Nicolas Jullieron Imprimeur ordinaire du Roy à Lyon, avec deffenses en tel cas requises. Fait ce dixiesme Novembre 1626.
    I. Prost. (I 3 r°)
  • Permission. [Jean Lautret, 1626]
    Permis audit Jullieron d’imprimer le present Traicté de l’amitié. Fait les an & jour susdits.
    A. Cholier. (I 3 r°)
Topoï dans les péritextes
  • abeille / frelon
  • enseignement
  • exemple
  • fruit
  • miroir
  • pratique
  • préceptes et maximes
  • usage
Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 26/01/2017 Dernière modification le 06/02/2024