Thresors de la Renaissance

Trésor précieux des méditations saintes, pieuses et consolatoires


Auteur(s) : Bourgeois, Jean

Généralités

Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)THRESOR PRECIEVX // DES // MEDITATIONS // Sainctes, pieuses, & consolatoires à tous // enfans de Dieu, en leurs afflictions, // pour la confession du nom // de nostre Seigneur // Iesus Christ. // PAR // IEAN BOVRGEOIS, Tournisien, // Ministre du S. Evangile. // Matt. 24. v. 13. // Mais qui aura perseveré jusques a la fin, cestuy la // sera sauvé. // [fleuron] // A LEYDEN, // l’An M. DC. XXVI.
Information sur l'auteur ou les auteurs
  • Bourgeois, Jean
  • Jésuite. - Professeur de philosophie à Douai. - Recteur du collège de Valenciennes.
Date de la première publication de l'œuvre1626

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • A tous ceux de l’Eglise de Dieu, dispersés, qui aiment Jesus Christ, & souffrent pour son nom : grace vous soit, & paix, de par Dieu nostre Pere, & de par le Seigneur Jesus Christ. [s.n., 1626]
    Messieurs & treshonorés freres au Seigneur Jesus Christ, l’orage tempestueux des maux miserables & lamentables au gouffre & abysme d’infinies afflictions, lesquelles nous sont advenues depuis l’an 1620. jusques a cest an 1626, m’ont fait tourner ma face vers le throne de grace de mon Dieu & Pere, & eslever mes yeux a mon sauveur & mediateur Jesus Christ ; car Dieu m’est tesmoin, combien ces afflictions (* 2 r°) me cuisent, combien elles m’arrachent de souspirs & sanglots a toutes heures : combien ma vie m’est ennuieuse & amere depuis la ruine de nos Eglises, & privation de l’exercice de mon S. ministere, que j’ay exercé fidelement plus de 22. ans entre vous : il m’est impossible d’avoir la main allieurs [sic] que sur ceste playe, & de penser a autre chose qu’a nos afflictions & miseres. C’est ceste tristesse qui m’a esmeu de rappeller en memoire les afflictions de l’Eglise de Dieu : & la longue experience que j’ay acquise en mon aage de 76. ans, & de mon ministere 45. n’ayant pas receu de plus douleureuse & angoisseuse que ceste affliction, en la derniere periode du cours penible de ma vie. Je vous (* 2 v°) prie donc ne soyés pas esmerveillez que j’ay prins ce subject de mediter & escrire des afflictions qui sont advenues & tous les jours adviennent a l’Eglise de Dieu. Ja soit que plusieurs doctes, pieux, & zelés personnages ayent si bien fait & escrit de ceste doctrine qu’on ne sauroit mieux : car leurs escrits abondent en doctrine & sont ornés de grace de bien dire, & d’artifice inimitable, & de beau langage, tissus de l’ingenieuse invention d’hommes sçavans qui ont visé a plaire ensemble & a proufiter. Mais en ces meditations cy l’Eternel seul nous consolera  par les escritures sainctes : car au temps de tribulation & persecution nous nous devons plus servir de solide doctrine & saincte patience, (* 3 r°) que de grande eloquence. Ainsi en mes tristesses & larmes souvent interrompues de souspirs & sanglots je les ay medité pour moy premierement. Mais esmeu & instigué par un esguillon charitable, j’ay pensé a d’autres oppressez & contristez, ausquels elles pourront servir de consolation & refraicissement, pour gouster quelque liqueur de ceste doctrine tant necessaire a infinis affligez en ce temps qui court. Ainsi n’ayant pas d’Eglise arrestée pour y exercer mon ministere, ains seulement estant envoyé a diverses dois a plusieurs Eglises par provision seulement, j’y ay porté tout ce que j’ay peu pour edifier, & me consoler. Car ce n’est pas un petit desplaisir, aussi long-temps que j’ay la (* 3 v°) vigueur de pouvoir faire ma fonction & edifier (comme j’y suis obligé) d’estre comme oisif. Or d’autant que l’oisiveté est mere de beaucoup de maux : dont pour me consoler & passer mes tristes heures plus aisement, je me suis addonné a ces meditations : ou j’ay savouré du repos & contentement en mon ame. J’ay esperé que mes bien aymez freres au Seigneur Jesus estant persecutez, oppressez & contristez, y pourront aussi tirer & distiller quelque miel de consolation spirituelle ; je me suis arresté a ceste œuvre, ja soit que ceste doctrine ne soit agreable a ceux qui n’ayment que le repos, & l’aise mondain, fuians la croix de Jesus Christ : mais elle sera proufitable & agreable, comme l’eau est delecta- (* 4 r°) ble aux alterez. La longue experience doques, que j’ay acquise dés ma tendre jeneusse, depuis l’an 1562, estant illuminé de quelque estincelle de la verité du S. Evangile entre les tenebres d’Idolatrie & superstitions : je commençai a gouster de la croix de Jesus Christ, lors que dedans les bois & cavernes nous nous assemblions, & prions Dieu, lisans sa saincte parole, chantans Pseaumes & louanges. Et que mes freres au Seigneur plus vieux, & plus instruits en la verité de la cognoissance de nostre Seigneur Jesus : ont esté mis a mort, les uns par le feu vehement, aucunes suffoquées & noyées en l’eau, autres par l’espée, (* 4 v°) au Chasteau & Ville de Tournay, Ville de ma naissance. J’ay donc des lors (mettant mon jeune pied en la maison de Dieu) souffert tentation. L’Eternel m’ayant choisi, & me disposant au S. Ministere : continuant ceste saincte vocation interieure en mon ame : l’Eglise Wallonne refugiée a Wesel me choisit, & m’envoya estudier a Geneve, Nyeustad & Leyden. Lors mon Dieu m’a tant honoré (moy indigne) de m’appeler & installer au S. Ministere en son Eglise reformée : en laquelle constamment & fidelement j’ay servi, & administré le S. Evangile jusques a cest an 76. de mon aage, & de Ministere 45. J’ay gousté & pati plusieurs afflictions. Mais sur tout quand en mon Eglise pres- (* 5 r°) chant la parole de Dieu que je fus prins en Cologne : & detenu sept mois prisonnier en deffendant la verité de ma religion Orthodoxe, de quoy (pour plusieurs raisons) je me tay de la rigueur & retenue de la prison, & de plusieurs qui en ont jugé synistrement, & fait imprudemment. rendant graces a mon Dieu, que j’en suis sorti a sa gloire, repos de ma conscience, honneur de mon Ministere, edification de son Eglise, sans que pas un ait souffert domage ; quoy, que j’ay esté solicité des Jesuistes de grandes & riches promesses, pour me persuader à obtemperer a leurs petitions. Neuf fois examiné, menacé d’estre geiné & tourmenté, ayant donc lors sept enfans, & une honnorable Mere aagée (* 5 v°) de plus de 80. ans, nous fumes tous dechassez. Mais comme mes ans augmentoyent, aussi mes afflictions sont aggravées & appesanties. Quand la cruelle & miserable guerre est advenue au Palatinat, perseverant en l’œuvre du S. Ministere en l’Eglise Françoise a Heidelberg, estant prinse d’assaut en furie, bruslée en partie, toute pillée, la pure religion changée en Idolatrie & superstitions establies & exercées. Les Serviteurs de Dieu aucuns tuez, autres blessez au sang, autres battus & mal traitez & dechassez en exil. J’ay tant souffert de toutes sortes d’afflictions : en privation d’Eglise & de moyen : presques du tout expolié ; en voyage fascheux & perileux avec ma famille par terre (* 6 r°) & par mer, en perils & travaux, nuict & jour, & maladie douleureuse, & blessure dangereuse. Mais helas, la perte de la religion vrayment reformée : de tant de nobles genereux & magnifiques Seigneurs : perte helas de plusieurs rares & tres-doctes personnages : & la jeunesse bien instruite & dressée par la parole de Dieu est maintenant corrompue & instruite es supersititions & traditions des hommes.
    Voila ce qui m’a affligé & outré jusques au fonds de mon cœur : lors mon ame ainsi angoissée a medité & recuillé ces meditations sainctes & pieuses extraites des escritures sainctes pour sa nourriture spirituelle, & bouclier a l’espreuve contre les tentations (* 6 v°) & dards envenimés du Diable : lequel alors comme un Lyon rugissant circuit au tour de nous pour nous devorer : & comme le Serpent cauteleux qui se transfigure en Ange de lumiere pour  [sic]nous seduir. J’ay donc nuict & jour medité avec prieres ardentes a mon Dieu pour vaincre & n’estre vaincu : où j’ai senti un aide & secours par la vertu du S. Esprit, comme un soleil pour m’illuminer, comme une rosée refraicissante a mon cœur alteré, & un baume precieux a mes playes, une liesse a l’ame en mes ennuis, & une espée tranchante pour trancher les fleches venimeuses descochées contre moy : & reparer les assaux affreux du Diable, & les poinctes affilées des langues detracteuses pires que char- (* 7 r°) bons de geneuvres allumés. voire un anchre ferme au milieu des tempestes & orages de la mer de ce monde pervers & outrageux : me retirant & cachant sous l’ombre des ailes de mon Dieu. Or me suis-je aussi souvenu qu’en la fonction de mon Ministere, consolant , & confermant en la foy des affligez, qu’ils avoyent tels combats & doutes en leur esprit : & qu’aussi a present (sans doute) il y en a grand nombre, ausquels ces meditations serviront d’aide & soulas, pour les fortifier en ces combats spirituels. Voyla pourquoy j’ay prins la hardiesse de les produir [sic] en lumiere : obtemperant au conseil de mes amis pleins de pieté & d’erudition : esperant que les bonnes & sainctes ames affligées les re- (* 7 v°) ce vront d’un bon œil & auront pour agreables. Mes freres bien aimez nous commençons ordinairement à recognoistre combien valent les choses, quand nous les avons perdues. C’est ce que vous experimentez en ce temps calamiteux, auquel vos sainctes assemblées estans dissipées, & vous privés d’icelles vous devés recognoistre l’exellence des biens que Dieu vous a ostez, & avec une vraye repentance du mespris qu’en avés eu, & regretter avec une saincte alteration ceste grace inestimable. C’est ce qui m’a incité a vous departir ce que je puis de consolations spirituelles, & a tacher de contribuer  quelque chose a alleger vostre douleur. J’ay desiré & pensé devoir parler à vous encore ceste fois, (* 8 r°) & tascher a me consoler moy mesme en vous consolant, devant ma mort.
    Mais aussi ne faut il pas taire, encores moins oublier, pour nous instiguer a perseverance, & a patience en nos maux, les biens & graces de nostre bon Pere celeste, & l’accomplissement des promesses de nostre Seigneur Jesus Christ, qui nous a promis estre tousjours avec nous, & ne nous laisser pas Orphelins. Car il a au besoin par sa sage providence campé ses Anges au jour de nous en ces voyages & fuites : alors que je me suis avec ma famille (ne pouvant faire autrement) rendu en ces païs, & rangé entre les bras de mes freres & vieux amis, comme leur ancien pasteur : lesquels estans plusieurs comme mes en- (* 8 v°) fans engendrez a Jesus Christ, par son sainct Esprit, & moyen du S. Ministere : & estant de la nation Wallonne resté des plus vieux Ministres : ayant tousjours en correspondance avec ces Eglises de ces provinces unies, comme les Anciens ne l’ignorent point. Je me persuadoye & me tenoye comme asseuré : que, a la premiere salutation, & entreveu, je seroye accepté & proveu pour le reste de mes jours, pour avec mes cheveux blancs cultiver avec joye & alaigresse la vigne ou les jeunes provins que j’avoye aidé de planter en l’Eglise de Dieu. Ainsi, aussi ay-je presenté mon service, & prié tres-humblement & affectueusement d’estre placé & employé : Aussi, ce que mes tres-honorez freres m’ont (* 9 r°) commandé & envoyé ; j’estime que je ne me suis pas fraind [sic], ny fait l’œuvre du Seigneur laschement, ains me suis efforcé & estudié de satisfaire selon l’ordre qui m’avoit esté donné : lesquels aussi m’ont honoré, secouru & prouveu a mon besoin : de quoy je loue l’Eternel mon Dieu infiniment & remercie de tout mon cœur mes tres-honnorez freres en Jesus Christ. Estant donc en esperance je me suis appliqué a ces meditations : Tousjours aspirant & souspirant apres vocation & lieu arresté en ces Provinces Unies, pour vous faire paroistre mon humble service, recognoissance, & remerciement que je vous rend, vous offrant & dediant a tous ce mien labeur, vous priant de le recevoir d’aussi (* 9 v°) bon cœur que je vous le presente & dedie. La souvenance de la benignité de Jesus Christ nostre Seigneur, qui n’a mesprisé, ainsi haut loué là povre vefve, laquelle mettoit deux pites de sa substance au tronc : & que Moise ce grand Prophete de l’Eternel n’a point refusé le moindre present, que le povre Israëlite apportoit pour bastir le temple a l’Eternel : ainsi m’asseurant de la debonnaireté & suafveté de vous tous tres-honorez Pasteurs & Anciens, que vous estudiez d’estre imitateurs en ceste bonté, par laquelle vous recevez des plus petits le peu qu’ils vous presentent de bon cœur, & que vous prenez plaisir a l’imitation de nostre Seigneur Jesus Christ : me fait relever de toute doute (* 10 r°) & crainte d’estre reputé temeraire, en vous presentant ce livre, regardans a la verité de Dieu qu’il contient, & non a ce qui est du mien : car je recognoy l’imperfection de ce qui sorte de mon industrie, & la bassesse de mon style. Je vous prie donc que le regardiez d’un bon œil, & lisiez d’un cœur entier, pour en recueillir une solide instruction, qui serve au repos de vostre conscience, a l’edification du prochain, & a la gloire du seul vray Dieu nostre Pere par Jesus Christ.
    Le Pere de misericorde & de toute consolation vueille alleger vos maux, fortifiez vostre foy, couronner vo- (* 10 v°) stre travail, & me faire ceste faveur de demeurer tousjours
    Vostre fidele & tres affecionné frer au Seigneur Jesus Christ
    Jean Bourgois, Ministre de la parole de Dieu. (* 11 r°)
  • 2- Sonnet a l’Autheur. [Leyden, 1626]
    Tu n’as perdu tes pas en ton dernier voyage
    Ayant fait un butin du Thresor precieux,
    Enclos dans ce livret, rare present des cieux,
    Et qui l’ame affligée appaise & encourage.
    Je me ry desormais es malheurs de nostre aage,
    Ayant ce beau miroir, pour recreer mes yeux,
    Qui jouyssent d’un bien, que j’ayme beaucoup mieux
    Que la possession d’un terrestre heritage.
    Mais chacun ne met pas tel laurier sur sa teste,
    Et n’est permis à tous d’en faire la conqueste.
    Peu de gens seulement des bien-aymés de Dieu
    Sont par vive vertu parvenu en ce lieu :
    Les autres fatiguez en si penible guerre,
    Approuvent bien le ciel, mais ils aiment la terre.
    Tel, yvre du poison de ces mondains appasts, (* 11 v°)
    Scait où est le vray bien, mais il ne le suit pas :
    L’autre le va suivant, mais avec telle crainte,
    Qu’il est pour reculer à la premiere attainte :
    L’autre plus courageux, promet plus qu’il ne fait,
    Tant le dire est facile au regard de l’effect.
    Et tout pour trop aimer ces delices mondaines,
    Ou pour estre estonné de l’horreur de ses peines :
    Vanitez, ou tant plus on se laisse allecher,
    Plus s’eslongue le bien que l’on doit rechercher.
    C’est pourquoy nous voyons ceux qui ont la richesse
    Affligez de soucy, & de tresgrand’ tristesse.
    Or est ce par l’esprit, & non point par le corps
    Que nous apprehendons ces celestes thresors,
    Thresor si precieux, que seule l’esperance
    D’en avoir quelque jour entiere jouissance, (* 11 r°)
    Nous comble de plaisir, estouffe tous nos maux,
    Et nous fait esprouver au milieu des travaux
    Un repos plus tranquil, & que sent ceste bande,
    Qui jouyt icy bas de tout ce qu’elle demande.

    Ephesiens 2. v. 19. Par ainsi n’estes plus estrangers ny forains, mais combourgeois des saincts, & domestiques de Dieu. (* 12 v°)
  • À la fin de l’ouvrage, « Table des Chapitres & matieres contenues en ce livre. » (3 pages) [s.n., 1626] (T 10 v° -T 11 v°)

  • À la fin de l’ouvrage, « Fautes a corriger » [s.n., 1626] (T 12 r°).
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Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 26/01/2017 Dernière modification le 06/02/2024