Thresors de la Renaissance

Trésor du langage bas-allemand


Auteur(s) : Plantin, Christophe

Généralités

Présentation générale de l'œuvreLe Thresor du langage bas-alman est un dictionnaire qui n’a connu qu’une édition en 1573 chez Christophe Plantin et qui semble avoir eu une très large diffusion d’après l’importance du nombre d’exemplaires conservés dans de très nombreuses bibliothèques.
Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)Thesaurus theutonicæ linguæ. Schat der Neder-duytscher spraken. Inhoudende niet alleene de Nederduytsche woorden, maer oock verscheyden redenen en manieren van spreken, vertaelt ende overgeset int Fransois ende Latijn. Thresor du langage bas-alman, dict vulgairement Flameng, traduict en François et en Latin (Christophe Plantin, 1573)
Date de la première publication de l'œuvre1573

Informations sur l'œuvre

Compilateur(s)Plantin, Christophe, dans la dédicace de l’ouvrage, se présente comme le compilateur de ce dictionnaire
Nature de la compilationDictionnaire trilingue flamand/français/latin
Composition générale de l'œuvreL’ensemble des entrées de mots flamands se compose de sa traduction en français, puis en latin

Description & Analyse de l'œuvre

Histoire éditorialeIl semblerait que ce dictionnaire n’ait connu qu’une édition en 1573

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • Messeigneurs Messieurs les superintendens, doyens, et honorable college de la confrerie de S. Ambroise, Salut. [Christophe Plantin, 1573]
    Messieurs, pour ne vous tenir en doubte aucunement, ou vous donner la peine de lire quasi toute ceste mienne dedicatoire, ou discours de l’occasion qui me meut premierement à commencer, & depuis à poursuivre l’amas de Dictionnaire Flameng-françois-latin, avant que peussiez entendre la cause qui m’incite à le vous dedier & offrir ; & ne vous simuler quelques occasions fainctes ; je vous dy tout en un mot, que le prouffit, que j’en espere de vous, me le faict faire : l’attente duquel aussi, à dire le vray, m’incita passé vingt ans ou environ, d’essayer à en tirer les premiers traicts ; ne pensant rien moins alors, ny quelques années depuis, qu’à le divulguer, ou le mener jamais à ce poinct, auquel maintenant je le vous presente. Car le seul desir, qui me print en ce temps-là, d’entendre la langue vulgaire des Païs de par-deça (où quelques années paravant j’avois esleu ma demeure, & a esté receu au nombre des Bourgeois de ceste noble & tant bien renommée ville d’Anvers) & le peu de loisir que j’avois de m’assubjectir soubs quelqu’un qui m’eust instruict à entendre ledict langage, m’esguillonna de mettre la main à ramasser, & mettre comme en certains monceaux & ordres des lettres, les mots que premierement j’en rencontrois, ou qui se presentoyent soubs ma plume ; pour avec loisir par apres m’informer de la signification & proprieté d’iceulx, & à m’aider au besoing.
    Et desja en avois faict quelque bon tas, quand je fu adverty, que non seulement quelques personnages plus idoines à cela, & de meilleur loisir que moy, avoyent entreprins ce labeur ; mais aussi que M. Gabriel Meurier, personnage des plus renommez pour lors à enseigner divers langages vulgaires  en ceste mesme ville, avoit desja le mesme ouvrage, & d’autres encores servants au mesme subject, tous dressez & prests à imprimer, ce que l’effect demonstra assez, quand, peu de mois apres, il commença heureusement à les donner en lumiere.
    Cela me fist refroidir la chaleur de mon entreprinse, que puis apres je quictay du tout, m’estant donné espoir nouveau, que certains personnages, lesquels, à l’imitation des autres Nations, on me disoit travailler plus oultre, nous donneroyent peu apres quelque plus ample Dictionnaire en ceste-dicte langue. Mais ayant vainement attendu quelque temps, & voyant que (l’un, peut estre, s’attendant à l’autre) nulluy n’advançoit l’ouvrage ; ce premier desir s’excita derechef, & s’augmenta tellement en moy ; que me sentant desja (§ 2 r°) fourré si avant és affaires de nostre laborieuse, soucieuse & cousrageuse imprimerie, qu’il ne me restoit aucun moyen de luy desrobber quelques heures à poursuivre nostre amas commencé : tant s’en failloit que j’eusse peu avoir loisir (comme apprentif nouveau destité de maistre) d’en aller ça & là demander l’interpretation & usage ; qu’il me vint en volonté de cercher quelqu’un, qui à mes despens peust & voulust entreprendre de me recueillir & mettre en ordre un Dictionnaire Flameng--François aussi ample qu’il luy seroit possible ; & y adjoustast aucunes manieres de parler, pour apprendre quelque usage des mots.
    Cerchant tel personnage, il m’en print comme il feroit à quelqu’un, qui ; s’enquestant soingneusement, & voulant choisir quelque Architecte ou maistre masson industrieux pour luy dresser quelque bastiment commode ; s’adresseroit à plusieurs pour entendre leur advis : & les trouvant (comme il advient souvent) differents d’opinion & d’ordonnance, commanderoit à chascun des plus experts d’entre eulx, de luy fabricquer un modelle de sa conception ; à ce que finablement, sur la conference des commoditez & incommoditez de chascun d’iceux, il peust plus facilement & seurement arrester le plan, & la montée de son futur edifice.
    Car m’estant addressé à divers personnages, que j’estimois suffisants pour satisfaire à mon desseing, & les trouvant de differente opinion touchant la manière d’y proceder ; je me resolu d’accorder separement avec quatre, à mon advis, des plus capables pour ce faire. Et, pour ne les forcer de leur naturel ou inclination, & les rendre d’autant plus volontaires à la besongne, je permis à chascun d’eux (sans que l’un sceut rien de l’autre) de prendre & continuer tel ordre que bon luy sembleroit : esperant que chascun m’ayant rapporté son ouvrage, nous les ferions conferer ensemble, & rapporter les commoditez de l’un à l’autre, pour en dresser puis apres quelque forme de bastissage.
    Or l’un trouva bon de tourner tous les mots & quelques phrases du Dictionnaire Latin-François en Flameng, & aussi tout d’un train les escrire à part en certain ordre alphabetique.
    L’autre print les mots du Dictionnaire François-Latin, qu’il tourna en Flameng, les redigeant semblablement en l’ordre de l’A, B, C.
    Le troisiesme recueillit de tous les Dictionnaires Flamengs que je luy peu trouver, & de l’Aleman (car je fournissois à un chascun d’eux tous les livres qu’ils me disoyent leur estre propres) les mots qu’il pensoit convenir à l’entreprinse, & les reduisoit en l’ordre des lettres selon le Flameng, y adjoustant l’interpration Latine apres.
    Le quastriesme en fist aussi comme bon luy sembla. Peu de temps apres, l’un (comme pour arres de ses labeurs) me delivra les mots Latins tournez en Flameng : desquels je ne foisois qu’achever l’impression, y ayant entremis les mots Grecs & François ; quand certaine autre rencontre adverse arresta derechef l’entier cours de mes efforts. Quelque temps apres toutesfois, ayant reprins courrage, aucuns de ces entrepreneurs m’apporterent leurs copies : lesquelles je leur fis conferer ensemble ; & ordonnay d’adjouster des autres au (§ 2 r°) plus capable exemplaire les mots qu’ils trouveroyent, ou s’adviseroyent cependant y defaillir, & y estre convenables. Cécy faisant, il s’en trouva tant (car qui ne sçait la pluralité d’yeulx joincte ensemble veoir d’avantage qu’un seul ?) que les marges, pour amples qu’elles fussent, ne les sceurent comprendre. Parquoy fismes adjouster du papier entre chascun feuillet, & puis apres transcrire le tout au net, pour le mettre soubs la presse. Cela que nous commençasmes de faire : ainsi qu’en monstrasmes alors certaines feuilles à noz amis, ausquels elle plaisoyent mieulx qu’à nous ; qui voyant que chascun jour nous y apportoit quelque choses d’advantage ; non seulement cessasmes d’imprimer : mais, comme bastisseur trop curieux en heritage nouvellement acquis, condemnasmes  les feuilles imprimées à estre mises parmy les maculatures, & arrestasmes de faire encores reveoir ; & augmenter les parties de ce modelle par autres maistre ; pensants rendre du premier coup ce Dictionnaire autant accompli qu’il seroit possible.
    Mais quoy ! l’experience nous a monstré, qu’entreprendre d’amasser & ordonner premierement un Dictionnaire absolut en quelque langue vulgaire, non encores reglée & mise en art ; est autant faisable comme du premier coup tirer, ramasser & mettre en ordre toutes les pierres d’une certaine quarriere abondante en toutes sortes de pierres propres à dresser & aorner toutes manieres & ordres d’edifices, pour sumptueux & amples qu’on les peust imaginer. Car chascun jour & personne peut à toutes rencontres y apporter quelque chose, & n’y auroit jamais fin d’employer papièr & ancre. De sorte que toutes choses bien examinées & considerées, je prins resolution, il y a quelques années, de faire escrire de noz charactères d’imprimerie ce nostre exemplaire en tant d’autres, que chascun qui voudroit, en peust avoir une copie ; l’un pour s’en pouvoir servir ainsi qu’il est, en attendant mieulx ; l’autre pour veoir ce qu’il y defaut, & l’y pouvoir adjouster : afin de le rendre peu  à peu tel, qu’il se puisse au moins esgaler à ceux des autres nations, qui ainsi de jour à autre ont de longue main amplifié ceux de leur langue, & rendu tels qu’ils sont.
    Et, suyvant ceste conclusion, avions desja devant cinq ans imprimé les douze premieres feuilles de ceste impression ; quand autres plus grandes charges à nous imposées nous la firent cesser derechef ; & differer jusques environ le commencement du mois de Juin dernier passé ; que, les grandes Bibles Royales, & autres grandes œuvres à nous commises, par la grace de Dieu achevées, j’arrestay encores une fois, comme en sentence definitive, d’achever ladicte impression commencée ; sans vouloir plus permettre (comme paravant je l’avois tousjours faict) qu’acuns de mes correcteurs ny autres adjoustassent, ou changeassent plus rien en la copie tant de fois rescripte. Car autrement je voyois, que jamais n’eussions eu la fin de la premiere impression de ce Dictionnaire. Lequel apres tant d’années, de rencontres, de dilations, & de fraiz, estant par la grace de Dieu & la faveur de mes amis achevé d’imprimer, à qui l’eussay-je peu mieux addresser & offrir, pour en retirer le prouffit & utilité que je pretens & pourchasse, qu’à vous, Messieurs ; qui, par vostre sçavoir & experience acquise en instruisant la jeunesse, & par la dexterité de (§ 3 r°) voz esprits, & observations faictes en voz estudes, pouvez non seulement m’aider & faire prouffit, chascun en son endroict, à l’augmentation, aornement, & (si jamais faire se peut) accomplissement ou parfection de ce modelle du futur bastiment ; mais aussi defendre ce mien quel effort & entreprinse de vouloir entendre la langue des païs où est mon habitation : & par mesme moyen faire service à quiconques ; par l’intelligence de l’une de ces trois langues, Flamengue, ou basse Alemande, Françoise, ou Latine ; taschera d’apprendre la vraye signification des mots de l’une des autres, & quelques phrases ou manieres de parler en icelle.
    Lesquels deux poincts, de m’aider & defendre en cela, s’il vous plaist de m’accorder & tenir (comme je me persuade que vous ferez tresvolontiers en chose à vous si facile & honneste) je confesseray par tout franchement avoir touché le blanc auquel j’ay visé & me soucieray bien peu des emulations de ceux, qui ; par je ne sçay quelle mienne dure destinée ; semblent estre feez pour espier ce que nous  faisons ; &, comme bons mesnagers, prendre soingneusement garde, non seulement à se servir des exemples corrigez, aornez, ou faicts aux despens d’autruy, & les applicquer & tourner hardiment & sans peur de rien hazarder, en leur propre nom & prouffit ; mais aussi à se mocquer (comme prudents en leurs affaires) d’entre nous pauvres sots curieux (comme ils disent) d’employer ainsi constamment noz labeurs, temps, esprit, faveurs, facultez, & credict à illustrer ou donner grace à quelques-œuvres des anciens, ou bien à en faire projecter quelque nouvelle pour leur servir de patron sans leurs despens : esperant au moins que tels garderont prudentement d’employer leurs deniers à l’imitation de ce nostre modelle ; jusques à ce que par le moyen susdict, avec l’amas nouveau des autres belles pierres que de nostre part continuons de faire tirer, recueillir, & amasser de toutes parts, & le vray moyen que de jour à autre nous attendons du plus ingenieux, expert & mieux entendu architecte de ce temps de donner un ferme & immuable fondement à tel œuvre, il s’en puisse finablement fonder & dresser un grand, ample & assez riche Palais pour y loger Rois & Princes & toute leur cour, offices & services avec ce qui en depend. Chose que pouvons bien esperer & desirer, & qui peut bien advenir : mais aussi, Messieurs, de peur qu’en discourant ainsi de noz espoirs (comme la bonne femme des œufs de sa poule qu’elle portoit au marché, qui és discours de sa fantasie les avoit desja multipliez & convertus en jument & poulain hennissant, quand sautelant de sa joye vaine elle en fist un gaschis sur le pavé) ne bastissions des chasteaux en l’air, & que tout s’en aille en fumée, & que (à mon dommage & celuy des attendans mieux) aucun ne differe d’achepter & se servir de ceste œuvre pour attendre l’autre, je desire chascun estre adverti, qu’il aura jour & an de terme pour lire, feuilletter, & brouiller cestuy-cy. sans la distribution duquel aussi bien ne serois par d’advis de commencer l’autre ; & ne le ne pourrois faire premiereement sans me discommoder, & mespriser nostre utilité : laquelle il nous convient doresenavant poursuivre & empoingner à toutes occasions honnestes, & que je sçauray ne porter prejudice & quelque personne genereuse & de franche condition (§ 3 v°).
    Car quant à ceux qui (pensants tout leur estre deu) se rongent le cœur de veoir prouffiter autruy ; ainsi comme je ne veux augmenter leur affliction rongearde, aussi ne veux-je pour icelle negliger aucun moyen vertueux de tirer prouffit d’où, & de ceux que je pourray le faire par honneur. Et tel est celuy que j’attens de vous, Messieurs, ausquels tous, pour la conclusion de mon dire, je supplie de prendre & interpreter en aussi bonne part ceste mienne familiarité de parler ; de laquelle j’use envers vous par tout le discours narratif de ceste mienne dedicatoire ; comme si j’avois tasché à desguiser la matiere, & user des mots les plus dorez, exquiz, & tirez des mieux disants Orateurs, & des sentences les plus notables qui se puissent trouver és œuvres des plus graves Philosophes du temps jadis. Vous asseurant qu’elle n’en est moins veritable, n’y procedante de moindre affection envers voz bonnes graces : ausquelles je me recommande, & prie Dieu vous augmenter les siennes. De nostre imprimerie à Anvers, ce XIII. De Febvrier, l’an M.D.LXXIII.
    Vostre humble serviteur à commandement
    Christophle Plantin (§ 4 r°)

  • Summa Privilegii. [Christophe Plantin, 1573]
    Regiae Majestatis privilegio cautum est, ne quis citra voluntatem Christophori Platini, Thesaurum Theutonicæ linguæ, seu Dictionarium Germanico-Gallico-Latinum, ante hac non impressum, hoc vel ullo alio modò digestum, inversum, compositum, aut in compendium redactum, ante decem annos imprimat, vel alibi impressum in has regiones importet venalémve habeat, aut quovis modo distrahat. Qui secus faxit, tum confiscationis librorum, tum verò decem florenorum pro unoquoque exemplari pæna fisco Regio & ipsi Platino exoluenda multabitur : ut latiùs expressum est in litteris Regiis Datis Bruxellæ, IIII. Februarij, M. D. LXXII. Stylo Brabantiæ.
    Subsign.
    I. De Perre. (§ 4 v°)

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Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 26/01/2017 Dernière modification le 23/08/2021