Thresors de la Renaissance

Trésor des monnaies


Auteur(s) : M. R.

Généralités

Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)Thresor des monoyes, contenant plusieurs beaux et admirables secrets, touchant la methode des alliages & essays, tant d’orque d’argent. Dedié à messire Marc Anthoine de Gouges chevalier, conseiller du roy en ses conseils d’Estat & privé, & premier president en sa Cour de Parlement de Bourdeaus (Jacques du Coq, 1624)
Information sur l'auteur ou les auteursM. R.
Date de la première publication de l'œuvre1624

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • A Messire Marc Anthoine de Gourgues Chevalier, Conseiller du Roy en ses Conseils d’Estat & Privé, & premier President en sa Cour de Parlement de Bourdeaus. [Jacques Du Coq, 1624]
    Monseigneur,
    Il n’appartient pas à tous de parler de toutes choses : lors qu’Alexandre le grand entra dans la bouticque (ã 2 r°) d’Apelles, & qu’il se voulut mesler à discourir de la peinture, les garçons qui broyoient l’ocre se prindrent à rire, & Apelles luy dist : Sire, c’est à vous à conquerir les mondes, & à nous de thracer vos conquestes, & le coucher sur le fonds de nos tableaux. C’est ainsi que chascun doit parler de ce qu’il entend. Je sonde (Monseigneur) mon discours  & ce (ã 2 r°) livre sur ceste maxime ; car en vous le dediant, je vous consacre une piece de mon Art : les livres ne m’ont point apprins cette science, je ne la sçay que par la praticque (qui est la maistresse raison de toutes choses.) Mon discours n’est que d’Or, d’Argent & autres metaux : leurs alliages, leurs carats & valeurs ; mais à qui mieux pouvois-je dedier cet Or, (ã 3 r°) (Soleil de la terre) qu’à celuy qui preside en ce Parlement comme le Soleil de justice. A qui mieux cet Argent qu’à celuy qui monstre son integrité toute exempte de corruption, & plaine de pitié & de sincerité. A qui mieux ces alliages qu’à celuy qui sçait allier & marier la justice en la proportion des subjects qui se presentent. A qui mieux la valeur des me- (ã 2 r°) taux & leur essay, qu’à celuy qui sçait tres-bien essayer en un grand & Auguste tribunal quel est le carat d’une cause, & combien de fin il y a en la cause de l’appellant, & combien de defaut & descheance en celle de l’inthimé. C’est vous (Monseigneur) qui sçavez tout, & qui n’ignorez pas seulement ce qui est des Arts mechanicques, à qui j’offre cet (ã 4 r°) ouvrage : il n’est pas digne de vous, il est vray, mais il est digne du publicq : on y verra traicter d’une matiere que jamais aucun n’a traicté ; que si quelqu’un en barbouillant le papier en a dit quelque chose par Theorique, ce que j’en dis c’est pour l’avoir practiqué. Vous recevrez ce dont qui est tout d’Or & d’Argent à la façon que je vous le pre- (ã 4 v°) sente en qualité de
    Monseigneur,
    Vostre tres-humble & obeyssant serviteur,
    M.R.
    De Bourdeaus ce 24. Fevrier 1624.
  • Preface. [Jacques Du Coq, 1624]
    La France qui est la nourrice des Arts, la maistresse des armées, & la source seconde de ce qui est necessaire à la vie de l’homme, semble jetter une voix plaintive parmy le retentissement qu’elle a de l’ingratitude de quelques siens enfans, lesquels estant allaictez & eslevez dans l’oppulence & fertilité qu’elle produict de son large sein, se rendent mescognoissans, & de ses dons, & des benedictions que le Ciel verse benignement sur (ã 5 r°) eux : car en lieu de rendre un devoir obsequieux à sa patrie par un amour filial, se portant au bien de celle dont ils empruntent la vie, ils contribuent à sa desolation, & taschent de l’affoiblir en dissipant ses thresors. Je ne parle point du luxe & de la profusion ou plusieurs se precipitent comme dans un abisme qui engloutit les familles entieres : mais de ceux qui abondonnant le train & la route de leur vacation qu’ils devroient regarder comme leur Tramontane, pourchassent l’apparence de quelque gain en l’incommodité & appauvrissement qu’ils apportent à l’Estat de la France : car plusieurs delaissans leur traffic ordinaire pour lequel les Citez & Provinces deviennent opulentes, s’addonnent (ã 5 v°) au billonnage, s’estudient au transport des especes d’Or & d’Argent aux pays estrangers contre les Ordonnances expresses de nos Roys : & par ainsi sont cause du principal desordre qui arrive des Monoyes ; ce faisant ils despoüillent insensiblement la France leur mere, de ce qu’elle a de plus cher & precieux, rongent peu à peu ses entrailles, & portent leurs mains parricides à ses parties nobles & vitales. Nous apprenons d’Aristote & de Xenophon qu’aux republicques bien policées, on deffendoit de payer aux estrangers en Or ou Argent le prix des marchandises qu’on prenoit d’eux : mais de bailler en contreschange, pour retenir en leurs estats l’Or & l’Argent ; aussi les (ã 6 r°) Loix Romaines deffendent sur peine de la vie, de transporter aux pays estranges & barbares, non seulement l’Or & l’Argent, mais aussi le fer, armes & instrumens de guerre, ainsi qu’il falloit par une subtile invention & artifice, tirer l’Or de leurs mains. L’impunité qui nourrist la licence & fomente le mal, faict attenter sur ce qui est prohibé & grandement prejudiciable : car ces personnes là par une avidité insatiable, bastissent leur fortune sur la calamité publique, causent la rareté d’Argent, & partant couppent les nerfs au corps de cest Estat, qui devient languissant par la soubstraction de ce qui l’entretient en sa force & splendeur ; de la vient que le peuple est accablé de pauvreté & misere. (ã 6 v°) Cette rareté est cause du rehaussement & prix excessif des especes d’Or, qui tesmoigne une grande alteration au faict des Monoyes, dequoy peu de gens s’apperçoivent. C’est pourquoy le deu de ma charge m’a convié de le representer au publicq, comme inspiré de la Deesse Moneta, qui admoneste & resveille un chacun, lui suggerant ce qui est important & necessaire pour quelque bonne fin. (ã 6 v°)
Topoï dans les péritextespratique
Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 14/09/2018 Dernière modification le 06/02/2024