Thresors de la Renaissance

Nouveau Trésor des secrétaires


Généralités

Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)Nouveau tresor des secrétaires. Par lequel est enseigné le moyen de bien composer & dicter toutes sortes de lettres[,] missives & epistres, tant par responses qu’autrement. Le tout pour l’intelligence de la jeunesse. (Fleury Bourriquant, 1604)
Date de la première publication de l'œuvre1604?

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditionsEpistre a la jeunesse.

Tout ainsi que la sebve en son escorce enclose,
Ne monstre sa beauté, qu’elle ne soit esclose ;
Par semblable moyen, l’homme qui fait devoir,
Ne peut estre cogneu seulement à le voir.
L’on ne sçauroit juger voyant sa contenance,
S’il est plein de folie, ou remply de prudence :
S’il parle gravement, voicy quelque docteur :
S’il est doux & courtois, voicy quelque flateur :
Si sa façon il rend privée et familiere,
L’on jugera qu’il a la cervelle legiere :
Qu’il ne tient point son rang ; et qu’il n’entendra pas
Le moyen de ranger son œuvre par compas.
S’il est brave, on dira, qu’il est un glorieux :
S’il ne parle à chacun, qu’il est ambicieux.
Quelqu’un dira qu’il est à grande charge idoine :
Et l’autre respondra, l’habit ne fait le moine. (A 2 r°)
L’un jugera soudain, que par l’exterieur
On connoit quelque peu le bien interieur :
Et l’autre estimera qu’une chose fardée
Ne vaut rien au-dedans, y estant regardée :
Declarant rondement, sans rien au cœur garder,
Que chose belle et bonne, il ne faut point farder,
Somme l’on ne sçauroit tant au monde complaire,
Qu’il ne s’y trouve encor quelque chose à refaire ;
Car il y a des gens tant faits à contre-poin,
Que sur un œuf tout frais ils trouveroient un poil.
Mais pour tels ravaudeurs, il ne faut jamais craindre,
De poursuivre le but auquel on veut attaindre :
Veu que ce n’est pour eux qu’à l’œuvre on met la main ;
C’est seulement pour ceux qui ont le cœur humain.
Or le subtil moyen d’esprouver l’homme sage
Ne se prend au regard, ny au faré langage ;
Ny à la pauvreté, & moins au grand avoir ;
Par la seule sagesse on le peut donc sçavoir :
Et comme on apperçoit à la voix le bon chantre,
On juge de l’ouvrier, quand en besongne il entre :
Aussi du repreneur, qui trenche le mocqueur,
L’on void bien qu’il est sot, ou qu’il a mal au cœur.
Et du bon medecin par son experience,
Sans avoir autre esgard, on connoit la science.
Si est ce qu’aujourd’huy l’on juge plus sçavant,
Celuy qui mieux tient mine, et se met en avant :
Et qui en beaux habits un peu les autres passe,
En festin et banquet a la meilleure place :
Ce qui ne se doit faire ; ains faut donner l’honneur
A tout homme qui fait la preuve de son heur.
Si tu veux donc avoir quelques enseignemens,
Pour destourner les coups des divers jugemens,
A bien escrire et dire, apprend de ce Volume.
Apprend donc comme doit et la langue et la plume
Mettre en lumiere un jour, par voix et par escrit,
Ce qu’une fois auras conceu dans ton esprit.
Par la lettre et la voix dans nostre ame on se mire,
Et la beauté d’icelle ou laideur on admire.
Mais pouvoir expliquer en beaux termes depeins,
De nos conceptions les mouvemens hautains,
Ne fait moins la beauté de nostre ame cognoistre,
Et le sçavoir de l’homme au lecteur apparoistre :
Veu que de nos escrits, voire le mondre traict,
Est de nostre science un evident pourtraict.
La voix se perd en l’air ainsi comme fumée ;
Des escrits à jamais dure la renommée,
Ferme contre les ans : La voix parle aux presens,
Mais l’escriture aussi à ceux qui sont absens.
Achete donc et lis soigneusement ce livre,
Si tu veux à jamais par l’escriture vivre. ( A 3 r°)

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Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 17/01/2020 Dernière modification le 21/09/2021