Thresors de la Renaissance

Trésor des Amadis


Auteur(s) : Montalvo, Garci Rodríguez de

Généralités

Présentation générale de l'œuvreLe Thrésor des Amadis rassemble des extraits discursifs tirés de la célèbre saga chevaleresque qui connut un large succès à partir des années 1540. Le Thresor des Amadis a connu de multiples éditions de 1559 à 1605. Les péritextes rendent compte de l’augmentation progressive des livres d’Amadis, dont des extraits nouveaux sont aujoutés au Thrésor au fur et à mesure de la parution de la saga chevaleresque. L’édition de Christophe Plantin parue en 1560 propose une lecture radicalement différente de la première édition de Groulleau-Longis-Sertenas : la table présente les textes, non pas suivant le contenu thématique de l’extrait, mais suivant la visée rhétorique du texte.
Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)Le thresor des douze livres d’Amadis de Gaule, assavoir les harengues, concions, epistres, complaintes, & autres choses les plus excellentes & dignes du lecteur françois. (Vincent Sertenas, 1559)
Information sur l'auteur ou les auteursMontalvo, Garci Rodriguez (de)
Date de la première publication de l'œuvre1559
Date de la dernière édition identifiée1606

Informations sur l'œuvre

Nature de la compilationAnthologie littéraire composée d’extraits d’une narration longue, destinés à servir de modèles d’éloquence.
Sélection des discours extraits de la saga chevaleresque considérés comme les plus éloquents et les plus utiles aux lecteurs

Description & Analyse de l'œuvre

Date de la dernière édition identifiée1606

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • Extraict du privilege. [Étienne Groulleau, 1559]
    Il est permis à Vincent Sertenas marchand Libraire à Paris, imprimer ou faire imprimer, & mettre en vente tous les livres d’Amadis de Gaule, divisément ou conjoinctement. Et defendu à tous Imprimeurs, Libraires et autres marchandz, quelz qu’ilz soyent, imprimer ne faire imprimer n’exposer en vente aucuns desdictz livres, ne en faire extraictz ou abbregez, jusques à six ans prochainement venans, à compter du jour & date qu’ilz seront achevez d’Imprimer, sur peine d’amende arbitraire applicable au Roy, & de confiscation desdictz livres, sommaires, abbregez ou extraictz qui se trouveront imprimez par autre que par ledict Sertenas ou à son aveu, comme il est plus à plain contenu par lettres et privilege du Roy. Donné à Compiegne, Le deuxiesme jour de Septembre, L’an de grace mil cinq cens cinquantequatre [sic], Et de nostre regne le huictiesme.
    Signé par le Roy en son conseil,
    Burgensis.
    Achevé d’imprimer le quatriesme jour de Janvier,
    1559. (ã 1 v°)
  • Aux Lecteurs S. [Étienne Groulleau, 1559]
    Il n’est point de besoing (amiables lecteurs) que je vous face entendre combien le livre d’Amadis au eu de faveur envers tous bons espritz tant pour la fluidité de son langage, que pour les  belles & grandes Harengues, Concions, Lettres, Cartelz, Devis et Pourparlers contenuz en iceluy : & aussi pour la disposition de ses comptes tant bien deduictz & entretenuz, qu’il est (ce me semble) peu possible d’escrire, & traicter mieux, ny plus à propos : Jaçoit qu’aucuns (estimans faire plus grand’chose) ont aucunement desdaigné l’œuvre, mais il ne s’en fault esmerveiller, pour l’audace & vantance, que ces nouveaux escrivains se vendiquent, ne trouvans rien bon que ce qui sort de leur boutique, et brave invention, estimans tous autres escritz comme choses legere, et de petit pris. Aucuns aussi ont eu ceste opinion, que ledict livre ne devoit estre (ã 2 r°) receu, pour les propos fabuleux & lassifz y contenuz, & que cela est defendu par la saincte escriture : mais à telz je responds, que ledict livre (estant prins en bonne part) ne donne occasion de lassiveté, ny aucun talent de mal-faire, car quand il parle d’Amour, il recite (comme par exemplaire) les travaux, miseres & calamitez provenans d’iceluy : du mariage et chaste amour, il en parle en plusieurs endroitz sainctement. [sic pour la ponctuation] traictant de la guerre, il demonstre qu’il est raisonnable aux Roys & grans Seigneurs de prendre les armes pour defendre leurs subjectz, ou (quand la guerre cesse en leur pays) de courir à main armée contre les Payens, Turcz, Sarrazins infideles, pour en ce faisant glorifier et illustrer nostre religion tressaincte & chrestienne. Brief l’on peut recueillir à la lecture d’iceluy maintz autres fruictz. Ce que considerant, et aussi que le plus grand fruict qu’on recueil (ã 2 v°) lir audict livre, consiste esdictes harengues, lettres, epistres & graves concions en iceluy livre contenuz, les ay bien voulu extraire & retirer dudit livre d’Amadis, Vous avisans que le tout diligemment veu, le bon esprit trouvera le moyen & grace de harenguer, concionner, parler, et escrire de tous affaires qui s’offriront devant ses yeux, & pourra le tout proprement accommoder et adapter, selon les occurrences de ce qui se presentera devant luy, Joint que le sommaire que j’ay mis sur chacune harengue, ou lettre, luy en donnera le moyen, et advertissement. Et d’avantage, sera ledit œuvre par mon moyen rendu si commun, que j’espere qu’on prendra en bonne part mon petit labeur, Or je vous pry donc (lecteurs benevoles) d’avoir pour agreable mon entreprise, afin de me donner courage d’entreprendre chose ou vous puissiez prendre meilleur fruict. A Dieu. (ã 3 r°)
  • Au Lecteur. [Étienne Groulleau, 1559]
    Vers Alexandrins.
    Si je liz les Amours, pourtant ne pensez pas,
    Que mon vierge estomac soit prins en leurs apas :
    Je sçay, graces à Dieu, comme la mouche à miel,
    Convertit en doux suc les fleurs taintes en fiel :
    Pour fidele tesmoing de ma vraye parole
    Je monstre le Thresor de l’Amadis de Gaule
    Comprins en ce livret, si bien faict et parlé,
    Que s’il est au Latin et au Grec comparé,
    Il merite apres eux d’honneur le premier tiltre,
    Pour ce doctement ou Harengue ou Epistre.
    A ce moyen (Lecteur) il faut quel que tu sois
    Estudier icy pour bien parler François.
    A.B [sic] (ã 3 v°)
  • A.B. aux Lecteurs. [Étienne Groulleau, 1559]
    Par cy devant huict livres d’Amadis
    (Par des Essars traduictz tant proprement
    Que mieux ne peut) furent venduz tandis
    Qu’au residu estoit l’empeschement :
    Mais ce pendant qu’elquuns improprement
    Avoyent extraict epistres et cartelz,
    Les imprimant si mal et laschement,
    Et mal correctz, qu’onques n’en fut de telz. (R 3 v°)
  • Au lecteur. [Christophe Plantin, 1560]
    Considerant, ami Lecteur, que plusieurs, passé long tems, desirent quelques bonnes manieres de faire lettres missives en François, & que je n’ai encores conneu personne (le pouvant bien faire) qui l’ait entrepris : Je me suis finalement resolu t’imprimer ce Recueil (avant l’œuvre entiere) des douze Livres d’Amadis de Gaule (autant estimés en langage François qu’un chacun sçait) afin de t’en servir tant en propos familiers, qu’en toutes sortes de lettres missives. Pour laquelle chose faire, plus commodement nous t’avons, incontinent aprés la presente, imprimé une table, ordonnée par lieus communs des matieres traitées en cedit Livret : a-fin que tu puisses facillement trouver les manieres propres pour parler, ou écrire ce qu’auras deliberé. Et pourtant que plusieurs se trouvent empéchés de la pronontiation Françoise, à cause des lettres superflues acoutumées d’écrire sans qu’on les doive prononcer, nous avons ici (par le conseil, & quasi commandement de personnages de grande autorité) usé de la maniere d’ortographe, qui, entre les nouvelles, et de present la mieus receuë : car nous n’avons usé d’aucuns charactères nouveaus, & n’avons pas mêmes voulu nous servir de quelques manieres d’écrire, qui (après quelques autres) nous sembleroyent plus propres, que celles dont nous sommes ici servis. Car pour ecrire, est, estre, prest, conqueste, et autres tels mots, nous avons mis ê avec l’accent circonflexe, ou recourbé, ê, être, prêt, conquête, pour montrer (a 1 v°) ê se devoir alors prononcer à bouche plus ouverte qu’une autre e sans tel accent, voire jusques à tirer sus la pronontiation de la lettre a : Parquoi me sembleroit plus propre en tel lieu d’écrire la diphtongue æ, aussi bien qu’en ces dictions, maitre, paitre, & leurs semblables. Nous avons aussi, pour la plus part, écrit pour, allast, tost, eust, peust, vostre, distes, batistes, &c. allât, tôt, eût, peût, vôtre, fîtes, batîtes, voulans demontrer, par l’accent rencourbé, telle sillabe devoir être prononcée avec encores autant de tems, que la voyelle qui n’en et [sic] point marquée, au lieu duquel la coutume êt d’y ajouter une s qui ne se doit prononcer. Nous avons aussi écrit, été, élongner, émerveiller & semblables, pour esté, eslongner, esmerveiller : voulant denoter, par l’accent agu, tel é se prononcer vivement selon sa proprieté, comme en ce mot Latin Deus, à la difference de l’autre e, lequel par ceus qui appellent cetuici masculin, et appelle feminin, à raison qu’il se doit prononcer sombrement : comme il se peut facillement entendre en ces dernieres sillabes, et en toutes celles des verbes, ou participes feminins : comme, alée, montée, rencontrée, etc. équels mots n’avons curieusement mis d’accent en la penultime [sic], pourtant qu’elle ne se peut pas bonnement prononcer autrement que masculine, encore qu’on l’essayât. Quant aus lettres mises (par ci devant) aus lieus où elles ne montrent changement de pronontiation, comme aultre, oultre, bransler, mieulx, où les lettres l, ni s ne se prononcent point, l’usage en a dé-jà ôté la mode, parquoi avons écrit, outre, autre, branler, mieus. Et n’avons fait difficulté d’écrire mieus, gracieus, deus, & leurs semblables par s simple, pour reserver x, au [sic] lieus, où il doit ê- (a 2 r°) tre prononcé, comme à extraire, exemple, aussi bien comme z : de laquelle n’avons usé sinon où elle montre sa pronontiation comme bazard, jalouzie, &c. Quant et de deus petits points que trouveras quelque fois mis sur ë & i[sic], c’êt pour montrer que lors elles ne se doivent joindre avec la lettre precedente : ains sont commencement d’une autre sillabe, comme en ces mots, pais, conneue, poete, la où on doit lire ainsi, p ais, con neue e, po e te. Ce qui ne me seroit de besoin si n’osois user de characteres propres, pour écrire toutes les diphtongues ou triphtongues Françoises, aussi bien comme l’usage a fait en ces deus, a, æ : comme j’ai fait, passé long tems, de tel, j & v, où elles sont consones, & que je me suis proposé de faire doresnavant plus hardiment, suivant l’autorité de tres-savant homme Pierre de la Ramee en sa Grammaire Françoise. Et bien que je n’aye encores, jusques à present, entendu aucun avoir fait quelque marque, pour aider à facillement connoître les diphtongues, et triphtongues susdites, si êt ce que je me delibere (pour le soulagement de ceus qui ne sont prompt à la la lecture Françoise) en user, de bref, en nos Dictionnaires, que nous l’aprêtons beaucop plus amples qu’ils n’ont encor’ été. Ce pendant, ami Lecteur, que je parachevrai d’imprimer tous les Livres d’Amadis de Gaule, ja par nous bien avancés, je te suppli prendre nôtre intention, & petit labeur en aussi bonne part, comme j’ai affection d’imprimer choses, dont tu te puisses servir.
    A Dieu. (a 2 v°)
  • Epitre au lecteur. [Vincent Normant et Jeanne Bruneau, 1564]
    Cognoissant (amy lecteur) que plusieurs personnes non tant de petite authorité, avoient un merveilleux desir de rencontrer quelque petit livre auquel fussent contenues quelques formules d’escrire lettres, faire harengues & dresser complaintes. Je me suis finalement resolu faire ce petit recueil des douze livres d’Amadis de Gaule : autant estimez non seulement de nous, mais aussi des estrangers, tant pour la vérité des choses que pour le langage propre & poly, que livre qui se rencontre : pour en user tant en propos familiers, qu’en toutes sortes de harangues, complaintes & lettres missives, pour laquelle chose faire plus commodement, nous avons dressé une table digerée par lieux communs des matieres plus insignes : à ce que tu puisses aisement trouver les formes propres pour parler, entretenir civilement & en bons termes les personnes de quelque estat ou condition qu’ilz soient, ou escrire la conception, selon l’argument que tu voudras traiter. Or la table est ainsi ordonnée pour ton soulagement, que la lettre a signifie la premiere page au costé du fueillet : b, la seconde.
    A.D.V. Le tout a Dieu. (A 1 v°)
  • Marc Antoine de Muret. Au Seigneur des Essars. [Jeanne Bruneau, 1571]
    En vain jadis le guerrier inhumain
    Eust rué bas, en sa fureur depite,
    Les murs Troiens faits de divine main,
    Et de Priam foudroié l’exercite.
    Pieça de ses valeureux faits
    La mémoire fust achevée
    Si dans ses poëmes parfaits
    Homere ne l’eust engravée
    On ne parleroit aujourd’huy
    Ne de ses beaux faits ne de luy.
    Et qui sçauroit d’Amadis la valeur,
    Les grands efforts la vertu plus qu’humaine,
    Si Herberay, des eloquens la fleur,
    A le louer n’eust employé sa peine ?
                Mais puis que l’Homere second,
                Premiere gloire de la France,
                Sur son style doux et facond
                Au dessus des astres le lance
                Tant que le monde demourra,
                Le los d’Amadis ne mourra.
    Beaucoup d’autheurs nostre France a peu voir,
    Tous meritans que grand los on leur donne :
    Mais à bon droit des Essars doit avoir
    De vert laurier la premiere couronne :
                Alors qu’il se prend à sonner
                Le terrible effroy des alarmes,
                Il me semble à l’ouïr tonner,
    Que j’enten craqueter les armes
    Et que je voy les champs couvers
    De Soldats gisans à l’envers.
    Et lors qu’il va des amours devisant
    Les descrivant or’aigres, et or’ douces,
    Qui est celuy lequel, en le lisant,
    Du petit Dieu ne sente les secousses ?
                O Prince des autheur[s] François
                Le temps a pouvoir de resoudre
                Les edifices des grands Rois,
                Et du tout les reduire en poudre :
                Mais les escrits de toy sortans
    Ont plus de pouvoir que le temps.
                            Attendant mieux. (* 6 v° - * 7 v°)
Topoï dans les péritextes
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  • exemplarité
  • extraire, retirer
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  • lieux communs
  • modèle d’écriture
  • modèle de conversation
  • mouche à miel
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  • sommaire
  • succès éditorial
  • table
  • visée didactique
Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 16/10/2016 Dernière modification le 21/09/2021