Thresors de la Renaissance

Trésor de chartes


Auteur(s) : Langenes, Barent

Généralités

Présentation générale de l'œuvreLe Thresor de chartes est une traduction française de l’ouvrage flamand intitulé Caert Thresoor de Barent Langenes, publié pour la première fois en 1598 à Midlleburg (voir la copie numérique de l’exemplaire conservé à la bibliothèque de Boston). La traduction de cet atlas de poche suit de très près l’édition flamande, en en reproduisant les textes, les cartes mais aussi l’illustration de la page de titre et les péritextes, adaptés à la posture du traducteur pour certains. Il existe également une version latine de cet ouvrage paru au cours des mêmes années.
Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)Thresor de chartes, contenant les tableaux de tous les pays du monde, enrichi de belles descriptions, reveu & augmenté (Matthias Becker, Henry Laurentz, c. 1600)
Information sur l'auteur ou les auteurs
  • Langenes, Barent
  • Imprimeur libraire, Éditeur, Distributeur. Également cartographe et éditeur de cartes
Informations sur le traducteurLa Haye, Jean de
Date de la première publication de l'œuvre1596

Informations sur l'œuvre

Nature de la compilationRecueil de cartes géographiques abondamment commentées et enrichies de connaissances livresques sur les différentes régions décrites
Composition générale de l'œuvreL’œuvre se compose de deux livres distincts, dans la version flamande comme dans la version française. Même si la deuxième partie ne comprend pas de page de titre distincte, la numérotation des pages reprend à zéro au deuxième livre et celui-ci comprend sa propre adresse au lecteur, l’incitant à faire relier l’œuvre en un ou deux volumes, selon son choix.

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • Epigramme de la navire appellée Victoire. [Matthias Becker, pour Henry Laurentz, c. 1600]
    J’ay eu premier ce bonheur
    D’avoir circui la grandeur
    De ceste machine ronde.
    Et sous Magellan conduit,
    Un destroit se descouvrit
    Lors encor’ caché au monde.

    Voyla pourquoy à bon droit.
    Victoire l’on me nommoit
    Mes voiles estoient mes aisles
    Et la gloire mon loyer :
    Mais la furieuse mer
    Mes batailles plus cruelles. ((. ?.) 2 v°)
  • A tres-haut et tres-illustre prince, monseigneur le Conte d’Egmond, Prince de Gavres, & de Steenhuyse, &c. [Matthias Becker, pour Henry Laurentz, c. 1600]
    Monseigneur. Quoy que ma condition m’ait assez estroictement lié, pour vacquer au labeur qu’elle me presente journellement ; Si est-ce que je ne puis laisser de salver par foys, comme en passant les Muses, lesquelles j’honnore & cheris tellement, que je voudrois que le Ciel m’eust rendu si heureux de ne pouvoir servir qu’à elles : En quoy j’estimerois estre parvenu à la plus grande ambition que j’aye en ce monde ? Mais je suis né souz une si mauvaise Planete qu’il semble (aumoins s’il est permis de leur attribuer quelque vertu) que toutes les influences celestes soyent bandées pour s’opposer à mes desseings : ayant mis un tel poids aux aisles de mes saine affections, qu’elles ne se peuvent eslever vers le but où elles aspirent. Le zele cependant que je leur porte, me fait combatre mon malheur le- ((. ?.) 3 r°) quel j’oppose a tous obstacles, pour ne me laisser tellement descourager que je vueille vouer mon esprit du tout à un subject ; de sorte que selon le peu de loysir, que mes occupations me permettent, je visite la diversité des beaux escrits que les Muses ont heureusement faict naistre de tant de gentils esprits que l’antiquité, & le siecle present a produit & produit encores ; Tellement qu’ayant rencontré un jour, un petit livre imprimé en Flameng, & intitulé Tresor de Chartes, je me mis à la regarder & lire, & le trouvay si beau (outre qu’il est fort commode & portatif) les Chartes si belles & bien taillées, les descriptions si amples, & enrichies de beaucoup d’histoires & choses memorables ; Que je jugeay qu’un tel Tresor meritoit bien d’aller plus loing, que du lieu où il a prins sa naissance ; de sorte que j’entre-prins d’employer les heures de loisir, & veilles de la nuyct à luy faire avoir des nouvelles plumes, affin de le faire voler en France, à laquelle je me sens tant redevable, pour y avoir apprins si peu que je sçay : que j’ay esté bien-ayse de recontrer ce sujet pour luy en fayre recognoissance, en luy faisant voir les premiers fruits de mes exercices, non labourez d’un tel stile qu’est celuy d’ont [sic] usent ses enfans na- ((. ?.) 3 v°) turels ; mais selon le foible pouvoir d’un de ses moindres nourrissons estrangers, aussi ne l’ay-je pas entre-prins pour me fayre valoir, ains seulement en intention d’y apprendre quelque chose. Mais comme ce Tresor pour son merite & valeur requeroit quelqu’un pour Saufconduit, lequel en fut vrayement amateur, & souz la faveur duquel il peut estre recuille  [sic] & bien-venu d’un chacun, j’ay prins la hardiesse, Monseigneur, de vous choisir, & en apposant vostre non [sic] sur son frontispice le dedier  à V.E. comme à celuy que j’en ay trouvé seul digne pour estre amateur des raritez qu’y pourrez voir & que vostre esprit s’y delecte, ce que j’ay apperçeu par plusieurs foys que j’ay eu c’est [sic] honneur de vous en ouir discourir, d’une mémoire si heureuse, & accompaignée de telle affection que tesmoignez assez y prendre playsir. Entre le desir que la continuelle meditation de tels discours a engendré en vous de vouloir entre-prendre un voyage au descouvrement de quelque nouvelle terre : desir autant louable que l’entre-prinse en est hazardeuse, non toutesfois sans espoir de quelque bon succez, puis que V.E. peut avoir mille de ces subjets, gents experts à la marine, qui s’exposeront volontiers à vous y accompaigner, outre une infi-  ((. ?.) 4 r°) nité d’autres qui se sentiront tres-heureux de pouvoir aller souz la conduicte d’un Prince si sage, & sorty de la plus Illustre mayson du Pays-Bas. Ceste consideration Monseigneur, outre une infinité d’autres vertus, desquelles le Ciel a liberalement  doüé V.E. m’a poussé à estre si temeraire (aumoins si on peut appeler temerité ce qui procede d’une sincere affection) que de vous oser presenter un ouvrage si mal poly & limé, que je crains bien que l’harmonie n’en plaira guerres à vos oreilles, lequelles ne sont accoustumées que d’ouir des mots d’orez [sic], & emmielez d’une doulce eloquenz Françoise, à quoy V.E. s’estudie autant que Prince de sa qualité, & en avez acquis telle habitude, tant l’amitié de ce pays a peu gaigner sur vous qu’on vous diroit plustost naturel qu’estranger. Cependant j’espere que V.E. regardera plus à ma bonne volonté, qu’au merite du present, & en me faysant cest honneur d’excuser ma hardiesse, qu’elle prendra de bonne part ce premier coup d’essay sur lequel daignerez aussi par fois jetter l’œil. Recevez doncques Monseigneur ce Tresor, puis qu’il vous est si devotieusement dedié, d’aussi bonne main, que s’il vous estoit apporté des Indes ou du Peru, affin que c’est [sic] hon- ((. ?.) 4 v°) neur & marque de vostre nom luy serve de guide pour le fayre passer par tout : Et que ce me soit un eguillon si cecy vous vient à gré, de dedier un jour quelque chose de mieux elabouré à V.E. lors que l’aage m’aura donné plus d’experience lequel meurira, avec le desir que j’ay, de demeurer à jamais.
    De V.E.
    Tres-humble et tres-affectionné serviteur,
    I. De La Haye. ((. ?.) 5 r°)
  • Au lecteur [Matthias Becker, pour Henry Laurentz, c. 1600]
    Amy Lecteur, il n’est pas necessayre que je m’estende à te fayre icy quelque ample discours de l’utilité de la Geographie, car se [sic] seroit alumer une chandelle pour vouloir esclairer le Soleil, d’autant qu’elle est assez cognue, car il y a tant de doctes personnages, qui ont & par paroles & par effects rendu cest art tant celebre, qu’il n’a point besoing d’autre trompette ; Ce qu’on peu assez voir par les livres de Chartes de Ab. Ortelius, Mercator, de Judæis, Maginus, &c. qui y ont tous travaillé fort heureusement & presque osté l’espoir à d’autres de pouvoir atteindre à plus haut pris. Mais d’autant qu’il se peut bien fayre, qu’un œuvre proffitable soit mis pour diverses raysons en autre forme, ores plus petitte, ores plus grande, sans que pour cela chaque piece perde rien de son merite, nous avons entre-prins en suivant la trace de si renommez Geographes, d’abreger & mettre en petite forme la description du Monde universel, mise en lumiere en grande forme, affin de le rendre plus commode. Cecy à esté faict de plusieurs habiles personnages, & n’a point esté trouvé mauvais, tellement qu’à leur imitation nous avons fait imprimer ce livre en la forme que tu vois, enrichi de plusieurs Chartes nouvelles, & bien taillées, esquelles un chacun pourra prendre plaisir & contentement, & apprendre quelque chose es decriptions d’icelles. Il pourra aysement estre porté en quelque lieu qu’on aille, voire ce sera une chose plaisante & agreable de voir qu’on puisse porter tout le monde en une main : Et tel a il esté fait amy Lecteur pour ta commodité, & que tu t’y puisses recreer, prens le donc de bonne part, & ne le regarde pas de mavais [sic] œil, mais en amy & comme celuy qui desire de le lire diligemment, & d’excuser les fautes à l’amiable, principalement celles que tu pourras remarquer en ceste traduction, d’autant que c’est un coup d’essay.
    Bien te soit. ((. ?.) 5 v°)
  • Ode à la louange de la geographie, de la version du Traducteur. [Matthias Becker, pour Henry Laurentz, c. 1600]
    Vien ma Muse que l’on prise
    Par un beau & docte chant,
    Le los d’une vierge exquise
    Que les sages louent tant :
    Affin que malgré l’envie
    Et le temps, Geographie
    Puisse tousjours en honneur
    Croistre & demeurer en fleur.

    Sa face jamais cachée
    Vers terre elle sa [sic] courbant,
    Qui montre de sa pensée
    Le soucy & soing constant :
    Et d’une verge elle trace
                De plusieurs cercles l’espace,
                Ainsi que l’on void penser
                C’il qui veut advis donner. ((. ?.) 6 r°)

     De ruisseaux est chammarrée
                Sa robe bordée d’or,
                De cent fleurs est bigarrée,
                Et tous ses plis sont encor,
                Parsemez d’un verd feuillage
                D’une grand mer souffre orage
                L’azur beau & reluysant
                Ceste robbe v abordant.
    Souliers poudreux elle porte
                Tous rompus & dechirez
                Ainsi elle se transporte
                Jusqu’aux climats alterez :
                Et court sans estre ennuyée
                De l’une à l’autre contrée
                Depuis le Midi au Nort,
    Où le froid est apres & fort.

    Sans l’adresse favorable
                Qu’à chascun elle depart,
                Tout engin est variable,
                Et l’art demeure sans art.

               Elle est ceste Symmetrie, ((. ?.) 6 v°)
                Et loy de la loy chosie,
                Qui de ce grand Univers
                Forma les Tresors divers.

     Beaucoup d’instruments utiles
                Alentour d’elle on peut voir
                Et la ses amans habiles
                Viennent affin de sçavoir
                Du compas le droit usage
                Et en cest apprentissage
                Ils n’ont point d’autre desir
                Que de la pouvoir servir.

    Plusieurs grands Seigneurs & Princes
                Luy portent affection.
                Qui fait fleurir les provinces
                D’Espagne au large & au long,
    Le Portugal, l’Engleterre,
    Qui ont circui la terre ?
    Et qui rend & a rendu
    Le Pays-Bas tant cognu ?

     N’est ce pas ceste Deesse ((. ?.) 7 r°)
    Qui charme si doucement
    Par son art & gentillesse,
    L’esprit & l’entendement.
    Ainsi t’a elle sçeu prendre
    Cher Corneille pour te rendre,
    Sujet à la bien aymer
    Pour son honneur augmenter.
    Comme d’affection grande
                Tu fais encor’ à present
    Que son amour te commande
    De luy fayre ce present
    Present qui malgré l’envie
    Vient de son Academie
    Comme un Tresor excellent
    Où on void ce qu’elle apprent.
    Ainsi sans beaucoup despendre,
                Qui voudra pourra aller,
                Depuis l’Occident & tendre,
                Vers l’Orient regarder,
                Les richesses de la Chine,
                De l’Amerique, & de la myne ((. ?.) 7 v°)
    De Charcas, Plata encor
    Et là où on trouve l’or.

    Aussi aura il la veue
                Du Nort sans sentir le froid,
    Et ceste Vierge incognue
    Que vers le Midi on void.
    Ce qu’autres en long voiage
    Apprennent à leur dommage,
    Pourra on icy dedans
    Apprendre à peu de despens.

    Laissez croistre la Haye. ((. ?.) 8 r°)

  • Sonnet [Matthias Becker, pour Henry Laurentz, c. 1600]
    D’avoir veu maint Païs, maint’homme, mainte Ville
    D’Homere en est louë le Seigneur Itacquois.
    Il les vit en danger, par les mutins aboys
    D’un tempestueux Neptun, de Carybdis & Scylle.

    Mais sans crayndre passant tels tours, qui mille & mille
    Pressent le Marinier, sur la mercy d’un boys ;
    Boys qui nous fait douter souvent braslans au choix
    S’a l’homme plus de bien ou plus de mal formille.

    Pren ce livre en ta main, là vous pourrez t’esbatre,
    Et certain de ton cours terre, mœurs & Citez
    Cognoistre ; d’où Phœbus s’avance & se recule.

     Divin Ortelius pour vous soit le Theatre,
    Pour Mercatoir l’Atlas : mais vous Lavre serez
    Au Theatre un Pilier ; à l’Atlas un Hercule. ((. ?.) 8 v°)

  • [adresse au lecteur du deuxième livre]
    Au Lecteur [Christofle Guyot Corneille Nicolas, 1602]
    Apres la description de l’Europe, nous est tombé entre mains, la seconde partie du Monde, qui est l’Asie, laquelle meritoit bien une plus ample Description, & affin que ce Livre ne fut trop gros, et incommode a porter, il nous a semblé bon de faire de l’Asie une seconde partie de ce livre, duquel toutefois un chacun selon qu’il luy plaira, en pourra fayre ou une partie, ou bien deux, selon que le commencement s’en pourra fayre. Nous commençons l’Asie, par l’Empire des Trucs, quoy qu’elle comprenne encores quelques parties de l’Europe, et de l’Asie aussy, mais d’autant qu’elle a prins son origine en Asie, et que c’est la ou le Turc à le plus de pouvoir, nous l’avons aussy adjouté à ceste partie et partant (Amy lecteur) il te plaira prendre en bonne part nostre ordre,[.] (pas de foliotation, début d’un nouveau cahier, avant AA 1 r°)
Topoï dans les péritextes
  • abréviation
  • portabilité
Remarques sur les péritextesL’épigramme initiale met en valeur l’entreprise de révélation qui caractérise les découvertes de Magellan : "Un destroit se descouvrit / Lors encor’ caché au monde". On peut rattacher cette découverte à l’imaginaire du trésor caché et découvert aux yeux du monde.
Le format de l’ouvrage en permet la portabilité, mais témoigne également de la concentration de savoirs qu’il recèle : "Il pourra aysement estre porté en quelque lieu qu’on aille, voire ce sera une chose plaisante et agreable de voir qu’on puisse porter tout le monde en une main".
Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 16/10/2016 Dernière modification le 28/07/2021