Trésor de chartes
Auteur(s) : Langenes, Barent
Généralités
- Langenes, Barent
- Imprimeur libraire, Éditeur, Distributeur. Également cartographe et éditeur de cartes
Informations sur l'œuvre
Transcription et analyse des péritextes
- Epigramme de la navire appellée Victoire. [Matthias Becker, pour Henry Laurentz, c. 1600]
J’ay eu premier ce bonheur
D’avoir circui la grandeur
De ceste machine ronde.
Et sous Magellan conduit,
Un destroit se descouvrit
Lors encor’ caché au monde.
Voyla pourquoy à bon droit.
Victoire l’on me nommoit
Mes voiles estoient mes aisles
Et la gloire mon loyer :
Mais la furieuse mer
Mes batailles plus cruelles. ((. ?.) 2 v°) - A tres-haut et tres-illustre prince, monseigneur le Conte d’Egmond, Prince de Gavres, & de Steenhuyse, &c. [Matthias Becker, pour Henry Laurentz, c. 1600]
Monseigneur. Quoy que ma condition m’ait assez estroictement lié, pour vacquer au labeur qu’elle me presente journellement ; Si est-ce que je ne puis laisser de salver par foys, comme en passant les Muses, lesquelles j’honnore & cheris tellement, que je voudrois que le Ciel m’eust rendu si heureux de ne pouvoir servir qu’à elles : En quoy j’estimerois estre parvenu à la plus grande ambition que j’aye en ce monde ? Mais je suis né souz une si mauvaise Planete qu’il semble (aumoins s’il est permis de leur attribuer quelque vertu) que toutes les influences celestes soyent bandées pour s’opposer à mes desseings : ayant mis un tel poids aux aisles de mes saine affections, qu’elles ne se peuvent eslever vers le but où elles aspirent. Le zele cependant que je leur porte, me fait combatre mon malheur le- ((. ?.) 3 r°) quel j’oppose a tous obstacles, pour ne me laisser tellement descourager que je vueille vouer mon esprit du tout à un subject ; de sorte que selon le peu de loysir, que mes occupations me permettent, je visite la diversité des beaux escrits que les Muses ont heureusement faict naistre de tant de gentils esprits que l’antiquité, & le siecle present a produit & produit encores ; Tellement qu’ayant rencontré un jour, un petit livre imprimé en Flameng, & intitulé Tresor de Chartes, je me mis à la regarder & lire, & le trouvay si beau (outre qu’il est fort commode & portatif) les Chartes si belles & bien taillées, les descriptions si amples, & enrichies de beaucoup d’histoires & choses memorables ; Que je jugeay qu’un tel Tresor meritoit bien d’aller plus loing, que du lieu où il a prins sa naissance ; de sorte que j’entre-prins d’employer les heures de loisir, & veilles de la nuyct à luy faire avoir des nouvelles plumes, affin de le faire voler en France, à laquelle je me sens tant redevable, pour y avoir apprins si peu que je sçay : que j’ay esté bien-ayse de recontrer ce sujet pour luy en fayre recognoissance, en luy faisant voir les premiers fruits de mes exercices, non labourez d’un tel stile qu’est celuy d’ont [sic] usent ses enfans na- ((. ?.) 3 v°) turels ; mais selon le foible pouvoir d’un de ses moindres nourrissons estrangers, aussi ne l’ay-je pas entre-prins pour me fayre valoir, ains seulement en intention d’y apprendre quelque chose. Mais comme ce Tresor pour son merite & valeur requeroit quelqu’un pour Saufconduit, lequel en fut vrayement amateur, & souz la faveur duquel il peut estre recuille [sic] & bien-venu d’un chacun, j’ay prins la hardiesse, Monseigneur, de vous choisir, & en apposant vostre non [sic] sur son frontispice le dedier à V.E. comme à celuy que j’en ay trouvé seul digne pour estre amateur des raritez qu’y pourrez voir & que vostre esprit s’y delecte, ce que j’ay apperçeu par plusieurs foys que j’ay eu c’est [sic] honneur de vous en ouir discourir, d’une mémoire si heureuse, & accompaignée de telle affection que tesmoignez assez y prendre playsir. Entre le desir que la continuelle meditation de tels discours a engendré en vous de vouloir entre-prendre un voyage au descouvrement de quelque nouvelle terre : desir autant louable que l’entre-prinse en est hazardeuse, non toutesfois sans espoir de quelque bon succez, puis que V.E. peut avoir mille de ces subjets, gents experts à la marine, qui s’exposeront volontiers à vous y accompaigner, outre une infi- ((. ?.) 4 r°) nité d’autres qui se sentiront tres-heureux de pouvoir aller souz la conduicte d’un Prince si sage, & sorty de la plus Illustre mayson du Pays-Bas. Ceste consideration Monseigneur, outre une infinité d’autres vertus, desquelles le Ciel a liberalement doüé V.E. m’a poussé à estre si temeraire (aumoins si on peut appeler temerité ce qui procede d’une sincere affection) que de vous oser presenter un ouvrage si mal poly & limé, que je crains bien que l’harmonie n’en plaira guerres à vos oreilles, lequelles ne sont accoustumées que d’ouir des mots d’orez [sic], & emmielez d’une doulce eloquenz Françoise, à quoy V.E. s’estudie autant que Prince de sa qualité, & en avez acquis telle habitude, tant l’amitié de ce pays a peu gaigner sur vous qu’on vous diroit plustost naturel qu’estranger. Cependant j’espere que V.E. regardera plus à ma bonne volonté, qu’au merite du present, & en me faysant cest honneur d’excuser ma hardiesse, qu’elle prendra de bonne part ce premier coup d’essay sur lequel daignerez aussi par fois jetter l’œil. Recevez doncques Monseigneur ce Tresor, puis qu’il vous est si devotieusement dedié, d’aussi bonne main, que s’il vous estoit apporté des Indes ou du Peru, affin que c’est [sic] hon- ((. ?.) 4 v°) neur & marque de vostre nom luy serve de guide pour le fayre passer par tout : Et que ce me soit un eguillon si cecy vous vient à gré, de dedier un jour quelque chose de mieux elabouré à V.E. lors que l’aage m’aura donné plus d’experience lequel meurira, avec le desir que j’ay, de demeurer à jamais.
De V.E.
Tres-humble et tres-affectionné serviteur,
I. De La Haye. ((. ?.) 5 r°) - Au lecteur [Matthias Becker, pour Henry Laurentz, c. 1600]
Amy Lecteur, il n’est pas necessayre que je m’estende à te fayre icy quelque ample discours de l’utilité de la Geographie, car se [sic] seroit alumer une chandelle pour vouloir esclairer le Soleil, d’autant qu’elle est assez cognue, car il y a tant de doctes personnages, qui ont & par paroles & par effects rendu cest art tant celebre, qu’il n’a point besoing d’autre trompette ; Ce qu’on peu assez voir par les livres de Chartes de Ab. Ortelius, Mercator, de Judæis, Maginus, &c. qui y ont tous travaillé fort heureusement & presque osté l’espoir à d’autres de pouvoir atteindre à plus haut pris. Mais d’autant qu’il se peut bien fayre, qu’un œuvre proffitable soit mis pour diverses raysons en autre forme, ores plus petitte, ores plus grande, sans que pour cela chaque piece perde rien de son merite, nous avons entre-prins en suivant la trace de si renommez Geographes, d’abreger & mettre en petite forme la description du Monde universel, mise en lumiere en grande forme, affin de le rendre plus commode. Cecy à esté faict de plusieurs habiles personnages, & n’a point esté trouvé mauvais, tellement qu’à leur imitation nous avons fait imprimer ce livre en la forme que tu vois, enrichi de plusieurs Chartes nouvelles, & bien taillées, esquelles un chacun pourra prendre plaisir & contentement, & apprendre quelque chose es decriptions d’icelles. Il pourra aysement estre porté en quelque lieu qu’on aille, voire ce sera une chose plaisante & agreable de voir qu’on puisse porter tout le monde en une main : Et tel a il esté fait amy Lecteur pour ta commodité, & que tu t’y puisses recreer, prens le donc de bonne part, & ne le regarde pas de mavais [sic] œil, mais en amy & comme celuy qui desire de le lire diligemment, & d’excuser les fautes à l’amiable, principalement celles que tu pourras remarquer en ceste traduction, d’autant que c’est un coup d’essay.
Bien te soit. ((. ?.) 5 v°) - Ode à la louange de la geographie, de la version du Traducteur. [Matthias Becker, pour Henry Laurentz, c. 1600]
Vien ma Muse que l’on prise
Par un beau & docte chant,
Le los d’une vierge exquise
Que les sages louent tant :
Affin que malgré l’envie
Et le temps, Geographie
Puisse tousjours en honneur
Croistre & demeurer en fleur.Sa face jamais cachée
Vers terre elle sa [sic] courbant,
Qui montre de sa pensée
Le soucy & soing constant :
Et d’une verge elle trace
De plusieurs cercles l’espace,
Ainsi que l’on void penser
C’il qui veut advis donner. ((. ?.) 6 r°)De ruisseaux est chammarrée
Sa robe bordée d’or,
De cent fleurs est bigarrée,
Et tous ses plis sont encor,
Parsemez d’un verd feuillage
D’une grand mer souffre orage
L’azur beau & reluysant
Ceste robbe v abordant.
Souliers poudreux elle porte
Tous rompus & dechirez
Ainsi elle se transporte
Jusqu’aux climats alterez :
Et court sans estre ennuyée
De l’une à l’autre contrée
Depuis le Midi au Nort,
Où le froid est apres & fort.
Sans l’adresse favorable
Qu’à chascun elle depart,
Tout engin est variable,
Et l’art demeure sans art.
Elle est ceste Symmetrie, ((. ?.) 6 v°)
Et loy de la loy chosie,
Qui de ce grand Univers
Forma les Tresors divers.Beaucoup d’instruments utiles
Alentour d’elle on peut voir
Et la ses amans habiles
Viennent affin de sçavoir
Du compas le droit usage
Et en cest apprentissage
Ils n’ont point d’autre desir
Que de la pouvoir servir.Plusieurs grands Seigneurs & Princes
Luy portent affection.
Qui fait fleurir les provinces
D’Espagne au large & au long,
Le Portugal, l’Engleterre,
Qui ont circui la terre ?
Et qui rend & a rendu
Le Pays-Bas tant cognu ?N’est ce pas ceste Deesse ((. ?.) 7 r°)
Qui charme si doucement
Par son art & gentillesse,
L’esprit & l’entendement.
Ainsi t’a elle sçeu prendre
Cher Corneille pour te rendre,
Sujet à la bien aymer
Pour son honneur augmenter.
Comme d’affection grande
Tu fais encor’ à present
Que son amour te commande
De luy fayre ce present
Present qui malgré l’envie
Vient de son Academie
Comme un Tresor excellent
Où on void ce qu’elle apprent.
Ainsi sans beaucoup despendre,
Qui voudra pourra aller,
Depuis l’Occident & tendre,
Vers l’Orient regarder,
Les richesses de la Chine,
De l’Amerique, & de la myne ((. ?.) 7 v°)
De Charcas, Plata encor
Et là où on trouve l’or.Aussi aura il la veue
Du Nort sans sentir le froid,
Et ceste Vierge incognue
Que vers le Midi on void.
Ce qu’autres en long voiage
Apprennent à leur dommage,
Pourra on icy dedans
Apprendre à peu de despens.Laissez croistre la Haye. ((. ?.) 8 r°)
Sonnet [Matthias Becker, pour Henry Laurentz, c. 1600]
D’avoir veu maint Païs, maint’homme, mainte Ville
D’Homere en est louë le Seigneur Itacquois.
Il les vit en danger, par les mutins aboys
D’un tempestueux Neptun, de Carybdis & Scylle.Mais sans crayndre passant tels tours, qui mille & mille
Pressent le Marinier, sur la mercy d’un boys ;
Boys qui nous fait douter souvent braslans au choix
S’a l’homme plus de bien ou plus de mal formille.Pren ce livre en ta main, là vous pourrez t’esbatre,
Et certain de ton cours terre, mœurs & Citez
Cognoistre ; d’où Phœbus s’avance & se recule.Divin Ortelius pour vous soit le Theatre,
Pour Mercatoir l’Atlas : mais vous Lavre serez
Au Theatre un Pilier ; à l’Atlas un Hercule. ((. ?.) 8 v°)- [adresse au lecteur du deuxième livre]
Au Lecteur [Christofle Guyot Corneille Nicolas, 1602]
Apres la description de l’Europe, nous est tombé entre mains, la seconde partie du Monde, qui est l’Asie, laquelle meritoit bien une plus ample Description, & affin que ce Livre ne fut trop gros, et incommode a porter, il nous a semblé bon de faire de l’Asie une seconde partie de ce livre, duquel toutefois un chacun selon qu’il luy plaira, en pourra fayre ou une partie, ou bien deux, selon que le commencement s’en pourra fayre. Nous commençons l’Asie, par l’Empire des Trucs, quoy qu’elle comprenne encores quelques parties de l’Europe, et de l’Asie aussy, mais d’autant qu’elle a prins son origine en Asie, et que c’est la ou le Turc à le plus de pouvoir, nous l’avons aussy adjouté à ceste partie et partant (Amy lecteur) il te plaira prendre en bonne part nostre ordre,[.] (pas de foliotation, début d’un nouveau cahier, avant AA 1 r°)
- abréviation
- portabilité
Le format de l’ouvrage en permet la portabilité, mais témoigne également de la concentration de savoirs qu’il recèle : "Il pourra aysement estre porté en quelque lieu qu’on aille, voire ce sera une chose plaisante et agreable de voir qu’on puisse porter tout le monde en une main".
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