221. Trouvez vous-même le titre !

Auteur(s) : Sassine, Williams

Les folios

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Sassine, Williams, 221. Trouvez vous-même le titre !, 1996/06/10

Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Consulté le 11/08/2025 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/items/show/3563

Texte de l'article

Transcription

N°221, 10 juin 1996 : Trouvez vous-même le titre !

C’était paraît-il la fête des enfants. Un gosse braillait à 4 heures. Son père lui demandait : « Où tu as mis mes 100 francs de pain ? » Sa mère criait « c’est un bâtard ! ». Le petit avait une belle voix gueulante. Plus tard probablement il sera le muezzin du quartier. A Fakoudou ! Son père avait 13 marmots. La jeunesse est comme la monnaie. Plus il y en a (sic:en) circulation, moins elle a de valeur.

J’étais debout depuis 2 heures du matin. Et un orage se préparait. De très bonnes conditions pour recevoir la visite des voleurs. Ma chienne barbue n’aboyait plus depuis qu’elle avait appris la mort de son fils. Ecrasé par un chauffeur fou. Conakry comment circuler l’émission radio des 3C. Vous connaissez ? Il n’y a que Diallo Diao qui croit en cette émission. En attendant on écrase impunément une vieille dame, un journaliste. La visite technique des véhicules est importante, mais ne faut-il pas d’abord une visite des routes ? Le temps de sortir de la visite technique, la voiture est cassée. Ça fait partie de la routine des usagers. Si la bêtise a une mère, cette mère est la routine.

La radio locale, annonce qu’une minustre a « pris son bâton de pèlerin » pour se promener en Forêt. D’abord le mot « pèlerin » veut dire étranger, ou requin. Et puis un « bâton » est un symbole sexuel. A moins qu’on nous dise « qu’elle a pris son bâton de pèlerine ». Mais la pèlerine est une espèce de cape. Mais la cape n’est pas un bâton. Et un bon bâton n’est pas une Forêt. A la limite, on peut parler de pèlerin avec notre minustre de l’insécu. Toujours dehors, loin de la capitale. Peut-être les évènements de février y sont pour quelque chose. Chat échaudé craint l’eau froide, comme on dit. Cette fois-ci il a pris son « bâton de pèlerin » pour le Mali. Il aurait dû se faire accompagner par son collègue le Kozak des Affaires Etranges ou par celui qui va de Sylla à Charybe (sic : de Charybde en Scylla), la « voix de son maître » autrement dit.

J’ai allumé une cigarette en attendant de comprendre quelque chose. Pourquoi construire une usine de cigarettes à coup de milliards et demander de ne pas fumer un 31 mai ? C’est comme si on nous demandait de ne tuer les moustiques qu’un 32 mai. Pourtant le paludisme est plus mortel que la fumée. A Fakoudou ! A moins que le gouvernement n’ait choisi le 31 mai pour que les fonctionneurs ne fonctionnent pas ce jour, pour réclamer le prix de leur chaleur. Mais on chen fout ! Même si on installait la Cour Suprême au Palais. Même si tous les oiseaux étaient chassés par le bruit des applaudisseurs officiels. Je me demande pourquoi on n’a pas tiré un coup de canon pour fêter l’événement. A moins qu’on ait confisqué tous les canons. Qui sait ?

Biro alias Ibro n’arrêtait pas de retomber dans l’enfance. Sinon pourquoi créer une Assemblée saladière de bébés dépités. Moi j’adore cet alias Ibro. Tout le monde vieillit en prenant de l’âge. Lui il vieillit dans le sens contraire. A Fakoudou ! Comme il parle plusieurs langues, j’aimerai un jour qu’il nous chante parce que notre démocratie ressemble à une pile, plus on s’en sert, plus elle s’use :

« I am one pauvre boy

Je dois go à Kindia

For compter les chevaux de Conté

They are plus nombreux que les dépités d’Alpha.
Et puis we can manger eux »

L’accompagnement sera assuré par Bambino qui ignore que le train se cherche des rails pour arriver à Kankan. Oui, nous avons pourtant un Ministère des Transports. Nous sommes comme les Suisses qui n’ont pas la mer, mais ont créé un ministère de la marine. Il paraît que ça marche. Tout est dans l’intention.

Bon, il était temps que je retrouve mon plat de beefsteak. Deux jours que je bataillais dessus. Une vache étrangère qui a dû traverser à la nage, l’océan atlantique. Tellement la viande est dure. Mon boucher m’a assuré que ce n’était pas de la vache folle. Une maigre consolation. Comme en plus, le sanguinaire a toujours un couteau planté dans sa tignasse de rastaman. J’ai laissé tomber avec un sourire encore plus maigre. Tous les guinéens ne sont-ils pas de la même famille ?

Pendant ce temps un de nos commentateurs sportifs criait, « Notre Fini National va faillir, va faillir…Ha ! son capitaine a failli marquer mais dommage ! Il n’avait pas vu le gardien de but. Attendez…..Il y a embouteillage. L’arbitre est par terre. Il vient de se relever péniblement. Notre avant centre lui tend un carton rouge…..C’est bien chat chers auditeurs. L’arbitre sort. C’est bien fait pour lui. Ce type ne voulait pas qu’on gagne. Mais on gagnera cette fois–ci…..Allô vous êtes à l’écoute ? Bon le dragon noir va faire son entrée…Ça va barder…Il se dirige vers le gardien de but et je crois qu’il cherche à le prendre par les couilles. On gagnera. Wallahi ! »

Quelqu’un racontait : « Je ne comprends pas. Quand les souris mangent mon plat, elles meurent. J’en ai parlé à ma femme. Mon plat est-il empoisonné oui ou non ? Elle ne sait pas. D’après elle, je n’ai même pas terminé ma maison. Alors pourquoi m’empoisonner. Sa logique tient. C’est quand je serai mort que j’aurai une preuve. Hé kéla !

NB : Chers lecteurs et chères lectrices : Ecrivez nous pour nous donner le titre de cet article. D’agréables surprises attendent les meilleurs.

COMMUNIQUE CECI ET CELA

Sont convoqués à la réunion du PéOupé du quartier de Kaloum

- Les pêcheurs

- Les aveugles

- Les nageurs

- Les buveurs

- Les éclabousseurs- chauffards

Les convoqués sont prévenus que le quartier sera inondé comme d’habitude.

Billet

UN CHAT M'A CONTÉ

On tête

On fête

On fait la bête

Mais où est la mère ?

Mais où est l’argent ?

Mais où est l’ange ?

Le coq chante

Sa chanson s’envole

Il reste la marmite

Le président parle

Ses mots se perdent

Il reste les maux

Par Williams Sassine

Description & analyse

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 221

Présentation

Date1996/06/10

GenreDocumentation - Presse

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Fiche : Elisabeh Degon, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

Éditeur de la ficheClaire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

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