Péritexte : 1591 Benoît Rigaud Histoires tragiques P03 À Françoise de la Baume - Montrevel, dite Madame de Carnavallet.

Auteurs : Belleforest, François de (traducteur)

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TitrePéritexte : 1591 Benoît Rigaud Histoires tragiques P03 À Françoise de la Baume - Montrevel, dite Madame de Carnavallet.

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A tresillustre et excellente Dame,
Madame Françoise de la Baume, Dame de Carnavalet, & Comtesse de Monrevel,
Salut.

Madame, entre toutes les sciences qui ont quelque lustre pour l'ornement de la vie de l'homme, si l'histoire n'avoit le premier lieu, je pense & les Roys, & les grans capitaines, & les plus sages politiques ne se fussent jadis tant souciez, ni de bien faire, ni de sagement conduire, & leurs actions, & leur parole: ny les dames illustres eussent esté si soigneuses de se rendre si remarquables à la posterité: mais ceste partie estant de plus legitimes de la sagesse, qui bien-heure les hommes, ne faut s'esbahir, si les Rois la {A 2 v°} caressent, les grands guerriers l'embrassent, les bons politiques la goustent, & devorent, & si les dames vos semblables en parent leurs chambres, & cabinets. Aussi quelle pasture peut prendre l'esprit gentiment né, vertueusement eslevé, sagement conduit, & saintement poussé, sinon celle qui sort des nobles, vertueux, sages & saincts, qui nous ont devancez en noblesse, vertu, sagesse, saincteté, & preud'hommie? Je ne nie pas que la nature ne puisse beaucoup pour acheminer nos esprits à l'impression de vertu en nos ames, & qu'il n'y ait quelque idée de perfection gravée en nostre intellect: mais quoy? Si les couleurs ne sont souvent readaptées sur le premier craion, & si le sage pinceau ne refait les traits trop simplement posez par la nature, facilement on en voit effacer l'oeuvre comme chose sans force, & qui n'a eu rien qui luy puisse donner un fondement assez solide. Je n'ignore pas encor'que les ames qui sont les plus capables de raison, & lesquelles & la nature commune de l'univers, & le sang illustre rend segnalées, n'ayant des apprehensions de plus grand consequence que celles mesmes que l'art façonne, & que l'experience addextre au maniment des choses tant politiques, que {A 3 r°} domestiques: mais où les trois sont conjoints ensemble, & que la nature est accompaignée de l'art, & les deux de l'experience, je ne sçay s'il y a rien entre les hommes qui merite le nom de divinité si cecy n'en porte l'avantage. Car contemplant ce qui est de parfait en ce grand, & illustre Chevalier Monseigneur de Carnavalet vostre espoux & loyal mary, je ne voy rien qui ne surpasse la rudesse premiere des simples lineamens de nature, & qui n'avance l'art, quoy que singulier en luy, avec la naïfveté de l'experience, laquelle monstre en luy, le sang, l'idée premiere, & les effects des desseins de l'apprehension de l'ame: comme celuy qui a donné à la France (par sa sage conduite) un des plus accomplis Princes de la terre. Et voyant, comme vos perfections, & raretez de vostre ame sont mariées aux dons singuliers de ce brave seigneur, je ne puis dire sinon que l'histoire s'oubliroit grandement de taire un si excellent seigneur & de ne dire mot de celle qui estant sa moitié, respire mesmes souhaits, & encline à caresser, & les vertus, & celles qui sont les bonnes lettres & sur tout la painture diverse de l'histoire. Or y a il long temps que j'avoye desir de faire paroistre {A 3 v°} combien je suis affectionné à ce sage instructeur du Prince de France & quelle est ma devotion pour luy faire service, mais n'y ayant accez, & me sentant indigne de telle faveur, me suis retiré arriere du sanctuaire attendant que le temps, & l'occasion s'offrissent pour faire sortir quelque cas en lumiere, sinon digne d'aller vers vous, à tout le moins, qui tesmoignast de mon devoir, & feit voir, & à Monsieur & à vous Madame, que ce commencement n'est pour me tenir sans rien plus faire à demy course, mais que plustost je pretens parfournir ma pointe, & parfaire ma carriere. Neantmoins vous confesseray-je encor'que ce seul desir ne suffisant pour me tenir en haleine, j'ay grand peur que retivement je me fusse retiré sans oser vous offrir ce petit volume, n'eust esté que Monsieur de Tournon, jeune seigneur, autant accomply que la France en nourisse, & qui vous est parent, & qui a puissance de me commander, m'encouragea de passer outre, m'asseurant & de vostre douceur, & courtoisie, & du plaisir que vous prenez à lire, & l'histoire, & ce qui est recueilly des champs, & bergers d'icelle. Sous ceste asseurance donc, Madame, je me suis enhardy de vous dedier un quatries {A 4 r°} me volume d'histoire soubs le mot vulgaire de Tragiques, esquelles les succés estans divers donnent aussi diverse pasture aux esprits accorts, & speculatifs tels que est le vostre. Je les ay choisies, non seulement du Bandel, mais de plusieurs autres, ne trouvant rien plus dans cest autheur, qui fust digne d'une dame si sage & modeste que vous, & moy ne voulant traitter ou parler devant vous, ni en la presence de Monsieur vostre espoux, que de choses graves, serieuses, & pleines d'erudition & de bon exemple, comme aussi en tout ce que j'ay escrit, j'ay tasché, sous les mesmes folies de l'amour, paindre la vertu, & exprimer l'effort de la continence. Je les baptise du nom d'histoires, comme les ayant recueillies de bons auteurs, & iceux non suspects de mensonge, afin que vous qui cherissez la verité, voyez que l'histoire doit estre saintement traittée, comme estant le miroir de nostre vie, & le patron où faut que se raportent nos actions, & par lequel nos moeurs, & paroles soyent façonnées, & dressées. Vous plaira donc Madame accepter l'oeuvre d'aussi bon coeur que l'artisan vous en fait offre, & deffendant l'escrit prendre aussi soing de l'auteur, qui ne presente ceci que pour arres & tesmoignage de {A 4 v°} quelque cas de meilleur, & de plus grand, & où & Monsieur & vous, prendrez quelque jour (Dieu aidant) plus de contentement que en cecy qui n'est que jeu des relasches d'un long estude. Attendant cest heur, que de pouvoir vous complaire, & servir, je prieray le toutpuissant, Madame, vous donner, & à toute vostre maison en santé longue & heureuse vie.
De Paris ce 3. de May. 1570.
Vostre obeissant, & à jamais serviteur.
F. De Belle-Forest.
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Transcripteur.riceLagnena, Michela

Chargé.e de la révisionMorocutti, Sonia

Analyse du péritexte

Dédicataire(s)Françoise de la Baume - Montrevel, dite Madame de Carnavallet.

Signature du péritexteBelleforest, François de

Analyse de la nouvelle

Lieux communsVéridicité

Informations sur la notice

ÉditeurÉquipe Tragiques Inventions, Magda Campanini (Univ. Ca' Foscari-Venezia), Anne Réach-Ngô (UHA, IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Mentions légalesFiche : Équipe Tragiques Inventions, Madga Campanini (Université Ca' Foscari), Anne Réach-Ngô (UHA, IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

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Péritexte : 1591 Benoît Rigaud Histoires tragiques P03 À Françoise de la Baume - Montrevel, dite Madame de Carnavallet. Notice rédigée par Lagnena, Michela (responsable de la notice) ; Master Ca' Foscari 2019-2020 Équipe Tragiques Inventions, Magda Campanini (Univ. Ca' Foscari-Venezia), Anne Réach-Ngô (UHA, IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle) Consulté le 19/04/2024 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/tragiques-inventions/items/show/46

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Notice créée par Michela Lagnena Notice créée le 16/04/2020 Dernière modification le 17/04/2023