Lettre de Marguerite Audoux à André Gide
Auteur(s) : Audoux, Marguerite
[Paris, première quinzaine de janvier 1911[1]]
[1] En l'absence de date, celle proposée ultérieurement sur la photocopie de la Médiathèque Valery-Larbaud est le 22 janvier 1910. Or, Marguerite Audoux mentionne une « Marie‑Claire toute en Hollande », qui ne peut donc précéder la sortie en octobre 1910. D'autre part, elle présente ses voeux à Gide, alors qu'elle a déjà écrit deux lettres à ce correspondant le 6 et le 19 janvier 1910. Enfin, le « Cher Monsieur et ami » est réservé à une période postérieure à janvier 1910 (tout début de leurs relations, après la mort de Philippe).
La seule année plausible est 1911 : Marie‑Claire vient de paraître ; le présent d'un exemplaire sur Hollande n'a donc rien d'improbable à ce moment. Les 50 francs de cotisation et les 20 francs de Michel concernent à l'évidence le projet du buste ‑ œuvre de Bourdelle ‑ qui sera inauguré le 25 septembre 1911 sur la tombe de Philippe. Cette participation est déjà évoquée en partie sous forme de projet dans la lettre 80 (« Je vous apporterai un jour de cette semaine les 20 francs que Michel vient de m'envoyer pour le souvenir de Philippe »), autre lettre que l'on peut dater ainsi de décembre 1910, puisque le 4 Marguerite Audoux écrit à Lelièvre, comme dans [Gi‑Aud18] (lettre 80), qu'elle se trouve chez les Jourdain. [Gi‑Aud18] précède donc [Gi‑Aud4].
Pour en revenir à cette lettre qui nous occupe, une fois l'année rectifiée, le 22 janvier 1911 n'est pas possible, car à cette date, « Francis, sa femme et ses enfants, avec Marguerite, sont installés depuis quelques jours à St‑Jean‑sur‑mer », comme l'indique Larbaud à Ray le 23 janvier 1911 [Valery Larbaud‑Marcel Ray, Correspondance (1899‑1937), tome II, p. 83)]. Et marguerite Audoux est encore à Paris puisqu'elle débute ainsi sa lettre : « Il m'a été impossible de venir ce matin comme je le pensais ».
[4] Les hypothèses sont des plus hasardeuses en ce qui concerne ce « conte de Michel » : une première lettre (de novembre 1911) de la correspondance Jourdain‑Ray conservée à Vichy mentionne que Marguerite Audoux a écrit à Selma Lagerlöf pour lui demander l'autorisation de mener à bien un projet conçu avec Michel : tirer trois actes d'un des contes de la femme de lettres suédoise. Voir, à ce sujet, la réponse du 10 janvier 1912 (lettre 164). Mais il s'agit là d'autre chose qu'un conte. Est‑ce la première ébauche du projet ? Un autre récit bref ?... S'agirait‑il des « Payroliers » (chaudronniers, dans le Midi), dont Yell confie à Gide qu'il « pense les finir dans l'intimité de cet hiver » dans une lettre du 4 octobre 1911 (Correspondance inédite conservée à la Bibliothèque Jacques Doucet, 605‑41) (cette œuvre ne sera pas éditée). Ces dates sont déjà loin de janvier 1911, mais la production de Yell est lente.