Archives Marguerite Audoux

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Lettre de Marguerite Audoux à Valery Larbaud

Auteur(s) : Audoux, Marguerite

DescriptionPropos sur ses vacances avec les Jourdain à Saint-Jean-sur-Mer
Texte

Villa du Comte de May

Saint‑Jean‑sur‑Mer

Alpes‑Maritimes

[Seconde quinzaine de janvier 1911[1]]

Mon cher Valery,
Nous voici enfin installés à Saint Jean. C'était là, du reste, que nous devions aller en premier… Roquebrune est[2] inaccessible pour Agathe[3] et ses enfants, car la côte est si raide qu'il faut monter les plus petites provisions à dos de mulet, mais il paraît que c'est un pays magnifique. Je ne le regrette pas, ne le connaissant pas particulièrement, et je me contente aisément de notre Saint‑Jean qui est déjà assez joli. Nous avons une vue splendide sur la mer et autour de notre maison des arbres qui croulent sous les citrons. Notre maison est un peu délabrée et beaucoup trop grande pour nous, et la première nuit m'a apporté de terribles émotions. Des voix ont chanté dans mon sommier, en s'accordant sur les ressorts, et cela faisait ainsi : « Toume, toume, toume, tourouroume, toume, toume. » J'ai dû rallumer ma bougie pour me rassurer, et enfin les voix se sont en allées avec certains bruits d'autos et de tramways. Ici le soleil se lève dans la mer. Jusqu'à ce jour j'avais cru qu'il s'y couchait seulement ; mais je pense aujourd'hui que puisqu'il se couche dans la mer il est tout naturel qu'il en sorte pour se lever.
Que devient Fargue, et que faites‑vous tous deux à Paris ? Que devient Werth aussi ? Donnez de vos nouvelles. Ici tout le monde va à peu près bien, mais tout le monde est énervé par le voyage, surtout Baboulo[4]
Au revoir, mon cher Valery. Je t'embrasse bien affectueusement, ainsi que le vieux frère Polemon.

Marguerite Audoux


[1] Dans une lettre du 23 janvier 1911, Valery Larbaud écrit à Marcel Ray : « Francis, sa femme et ses enfants, avec Marguerite, sont installés depuis quelques jours à St Jean‑sur‑mer (Alpes‑Maritimes) dans la villa du comte de May. […] Ils ont renoncé à Cabbé‑Roquebrune, parce que le village est mal approvisionné. » On peut donc en inférer que Larbaud vient de recevoir la lettre de la romancière, envoyée, sans doute vers le 20 janvier, au début de l'installation à Saint‑Jean.

[2] Le est est placé au‑dessus d'un était barré.

[3] Agathe Jourdain, l'épouse de Francis

[4] Frantz‑Philippe, « l'enfant terrible » des Jourdain. Voir en particulier ce que la romancière écrit à son sujet dans les lettres 97 et 98

Lieu(x) évoqué(s)Paris, Roquebrune, Saint-Jean-sur-Mer
État génétique
Au début du premier paragraphe, le est qui suit Roquebrune est placé au-dessus d'un était barré.

Lettres échangées


Collection Correspondants

Cette lettre a comme destinataire :
LARBAUD, Valery

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Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/12/2017 Dernière modification le 03/05/2024