Archives Marguerite Audoux

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Lettre de Marguerite Audoux à Paul d'Aubuisson

Auteur(s) : Audoux, Marguerite

Description
- Paul d’Aubuisson (1906-1990) est l’aîné des trois petits-neveux de Marguerite Audoux. C’est son fils adoptif préféré, celui qui jusqu’à sa mort veille sur la mémoire de la romancière, le flambeau ayant été repris par ses deux enfants, Geneviève et Philippe (à qui Bernard-Marie Garreau doit l’accès au fonds d’Aubuisson, qui se trouve à présent chez lui), ainsi que par son neveu Roger (fils de Roger). Une abondante correspondance entre Paul et sa mère adoptive s’inscrit dans le corpus des lettres familiales et familières (dont l’identifiant commence par le chiffre 0). B.-M. Garreau a rencontré Paul d’Aubuisson en 1987, et réalisé plusieurs enregistrements de leurs entretiens. Maurice est le plus jeune des trois petits-neveux.
- Peintre et graveur, G[abriel] Belot (1882-1962) a illustré la très belle édition de Marie-Claire dans les Éclectiques du livre (janvier 1932). De bonne heure orphelin comme Marguerite Audoux, il vit une enfance triste. S’il est obligé d’être relieur pour gagner sa vie, c’est aussi en autodidacte qu’il peint (dès l’âge de six ans) puis grave (à partir de 1913). Entre 1910 et 1914 il se fait petit à petit reconnaître, notamment des Indépendants.
Lettres de Gabriel Belot à Marguerite Audoux : identifiants 307, 311, 321, 350 et 379
- Louise Dugué (1867-1942), née Leroy, devenue Louise Roche par son remariage, est incontestablement, pour le meilleur et pour le pire, la meilleure amie de Marguerite Audoux. Toutes deux se rencontrent à Paris en 1886. Après le départ du mari de Louise, les deux jeunes femmes cohabitent dans le quartier de Vincennes, avec les deux petites qu’elles élèvent (Lucile et Yvonne, la nièce de la romancière). À l’heure du succès de Marie-Claire, Louise Dugué fait office de «garde du corps», refoulant les trop nombreux tapeurs, d’où le surnom que lui donne parfois son amie : «Rabat Joie». Jusqu’à la fin, Louise et sa fille Lucile seront aux côtés de l’écrivaine. La correspondance entre Marguerite Audoux et ces deux femmes s’inscrit dans le corpus complémentaire (correspondance familiale et familière, identifiants commençant par le chiffre 0).
- André (surnommé "Dédé") pourrait être le fils de Jeanne et Régis Gignoux.
- René n'a ou être identifié.
- Lucien Trautmann (dit Tatu), est un vieil ami de Léon-Paul Fargue et de Charles Chanvin, que l’on trouve dès 1912 à L’Île-d’Yeu avec ces quelques membres du Groupe de Carnetin. Voir la lettre (identifiant 185) d’août 1912 de Marguerite Audoux à Antonin Dusserre et la lettre (identifiant 247) adressée le 11 novembre 1917 à Antoine Lelièvre par la romancière.
- Suzanne de Bruyker, originaire des Flandres, et secrétaire de Jean Luchaire (comme le sera Simone Signoret), se mariera avec Otto Abetz en 1932. Tous deux auront rendu visite à Marguerite Audoux dans son appartement de la rue Léopold-Robert. Ils mourront dans un accident de voiture (à bord d'une "coccinelle") le 7 mai 1958.


Texte
6 février 1930
Bonjour, mon petit enfant. Ça va ? Et chez Lappara ?
Tu as bien fait d'aller à l'exposition de G. Belot, d'abord, parce que tu as vu ce qu’il fait, ensuite parce qu'il aura pensé que c'était un peu de moi qui arrivait là et que cela allait lui porter bonheur comme la première fois. Il est tout naturel que ce bon Belot cherche à vendre. Il y en a tant qui ne le valent pas et qui font fortune avec leurs mauvaises croûtes.
Tu ne m'as pas dit si le directeur de Maurice t'avait remis un carnet. Si vous y allez dimanche, Roger et toi, donne toujours à l'enfant la petite somme habituelle et fais acheter par Roger une ou deux oranges et quelques petits gâteaux secs. Embrasse bien pour moi ce cher petit. Je pense tellement à lui, j'ai tellement hâte d’être solide et de ne plus avoir cette crainte de lui manquer tout à coup ! À mon retour je rembourserai ce que Roger et toi aurez dépensé pour lui.
"Le Paradou" est à vendre. 170 mille. Comme tu vois, ce n'est pas trop cher. En cherchant bien sous ton lit ou sous ton armoire tu trouverais peut être cette somme. C'est une jolie et solide maison avec un beau et grand jardin où il y a d'énormes sapins qui font de l'ombre et de beaux mimosas qui embaument. Nous avons, Louise et moi, un très joli petit appartement, clair, net et spacieux. Electricité partout, avec laquelle je commence à me familiariser et qui me donne envie de l'avoir rue Léopold. Roger se chargerait volontiers, sans doute me l'installer. Je pense aussi à la T.S.F. Elle m'est très agréable ici ; mais nous en reparlerons.
Comment t'arranges-tu pour tes repas du soir ? Je pense bien à toi, au repas du soir, je pense que je fais des bonnes soupes de légumes frais dont tu te pourlècherais les badigoinces. Je pense à toi, lorsque je rôde dans les bois remplis d'allées et de petits chemins J'y pense encore quand je suis sur les routes, en plein soleil, et souvent je tourne la tête pour voir si tu n'es pas trop loin derrière moi. Nous avons été si souvent ensemble, que cela me fait drôle d'être ici sans toi. Au fait, pourquoi n'y es-tu pas ?
La lampe sous laquelle j'écris est haute et je ne suis pas très sûre d'écrire bien droit. Et puis, je ne peux pas me relire, mais j'espère que tu pourras mieux que moi le faire. Parle-moi un peu d'André, que j'aime, tu le sais, et dont l'avenir m'intéresse.
Donne moi le chiffre de la petite opération de René. Dis-moi si tu vois les Tatu. Dis-moi si Suzanne a du travail et si elle est contente.
Au revoir mon fils. Je t'embrasse de tout mon cœur.
M. Audoux
Lieu(x) évoqué(s)Saint-Raphaël, Paris
État génétique- Bas de la première page : je vous rembourserai
- Milieu de la deuxième page : au repas du soir, ici, je pense que je fais [...]
- Deux lignes plus loin : de légumes frais qui te dont tu te pourlècherais [...]
- Vers la fin de cette deuxième page : pourquoi n'y es-tu pas ? (un est barré, remplacé par un es dans l'interligne supérieur)
Notice créée par Bernard-Marie Garreau Notice créée le 17/02/2025 Dernière modification le 14/03/2025