Votre recherche dans le corpus : 10 résultats dans 4393 notices du site.
Trier par :
5. Auteuil, Lundi 5 août 1844, François Guizot à Dorothée de Lieven
Auteur : Guizot, François (1787-1874)
N°5 Auteuil. Lundi 5 août 1844
7 heures
Je suis levé depuis une heure. Je suis en votre absence d’une activité prodigieuse. Je travaille ou je dors. Il y a quelque chose qui me manque encore plus bien plus que le plaisir de votre société qui me manque pourtant beaucoup ; c'est le charme de votre affection. C'est si charmant l'affection, l'affection vive et vraie ! Se sentir aimé, se voir aimé, aimé de qui on aime, un quart d'heure de ce sentiment là vaut mille fois mieux que tous les plaisirs, à plus de prix que tous les services du monde. Vous m'êtes très utile et infiniment agréable ; mais qu’est-ce que cela auprès du mouvement de bonheur qui s’élève en moi quand vous me dites que vous êtes descendue précipitamment, toute troublée de savoir si j’ai pris à droite ou à gauche, et si je ne suis pas tombé dans la foule ? Ma vue est déjà longue et bien pleine. Plus elle dure et se remplit, plus je mets les joies de l’intimité tendre au dessus de tout, de tout absolument. Portez-vous bien ; soignez-vous bien revenez-moi bientôt ; ne me revenez pas malade. Comme je vous regarderai quand vous me reviendrez ! Mad. de Broglie disait qu’il était impossible, quand je regardais, de ne pas croire que je voyais jusqu'au fond de l'âme. Je voudrais bien pour vous, pour tout ce qui vous tient ou vous touche voir toujours jusqu'au fond, pour tout savoir et veiller à tout.
Je viens de lire mon courrier d’hier. Voilà ces pauvres Bandiera fusillés. Tous les deux. Le père a quitté le service. On dit que la mère mourra. La foudre ravage quelquefois toute une maison. Neuf chefs de la seconde tentative révolutionnaire en Calabre ont été exécutés. Six de la première. Pendant ce temps-là, le Roi de Naples perdait son fils de 4 ans, sans le revoir. Le sort a de la douleur pour tous. Le petit archiduc Reinier, à Florence, est très malade. Joseph Buonaparte est mort. Pour lui, il était temps. Il laisse une très grosse fortune, plus grosse qu’on ne croyait, toute entière à sa fille unique la Princesse de Canino ; rien du tout à son frère, le comte de Montfort, auquel il faisait une pension de 12 000 fr. et qui meurt de faim.
Une dépêche télégraphique de Bayonne me dit que le Chancelier du consulat, et tous les Français qui étaient restés à Tanger ont débarqué à Tarifa en Espagne. Je voudrais bien en être sûr. On dit aussi que tous les sujets anglais et espagnols ont quitté Tanger. Les Consuls sont restés. Le consul napolitain a quitté aussi et est arrivé à Cadix. Je ne tiens pas ces détails pour certains. Je ne les ai que de Perpignan et de Bayonne. Si, comme je le crains la réponse du Maroc, après les huit jours donnés n'a pas été satisfaisante, c'est avant-hier 3 que M. le Prince de Joinville aura tiré les premiers coups de canon.
J’ai passé hier ma journée à Auteuil. Le soir, je suis allé voir un moment Mad. Récamier qui retourne aujourd’hui à Paris. Je vais ce matin de bonne heure au Ministère ; à midi, aux Tuileries, pour le Conseil, à deux heures, à la Chambre, pour clore la session. Je dîne chez Decazes. Adieu. Adieu.
P.S Paris 4 heures et demie.
Je reviens de la Chambre et du Conseil. Mêmes interpellations qu'à la Chambre des Pairs. Très vives au fond, quoique pas violentes dans la forme. On se donne le plaisir de verser sur Sir Robert Peel la colère qu’on a contre moi. La difficulté du moment est passée ; mais ceci fait au fond, une situation grave. Adieu. Adieu. G.
7 heures
Je suis levé depuis une heure. Je suis en votre absence d’une activité prodigieuse. Je travaille ou je dors. Il y a quelque chose qui me manque encore plus bien plus que le plaisir de votre société qui me manque pourtant beaucoup ; c'est le charme de votre affection. C'est si charmant l'affection, l'affection vive et vraie ! Se sentir aimé, se voir aimé, aimé de qui on aime, un quart d'heure de ce sentiment là vaut mille fois mieux que tous les plaisirs, à plus de prix que tous les services du monde. Vous m'êtes très utile et infiniment agréable ; mais qu’est-ce que cela auprès du mouvement de bonheur qui s’élève en moi quand vous me dites que vous êtes descendue précipitamment, toute troublée de savoir si j’ai pris à droite ou à gauche, et si je ne suis pas tombé dans la foule ? Ma vue est déjà longue et bien pleine. Plus elle dure et se remplit, plus je mets les joies de l’intimité tendre au dessus de tout, de tout absolument. Portez-vous bien ; soignez-vous bien revenez-moi bientôt ; ne me revenez pas malade. Comme je vous regarderai quand vous me reviendrez ! Mad. de Broglie disait qu’il était impossible, quand je regardais, de ne pas croire que je voyais jusqu'au fond de l'âme. Je voudrais bien pour vous, pour tout ce qui vous tient ou vous touche voir toujours jusqu'au fond, pour tout savoir et veiller à tout.
Je viens de lire mon courrier d’hier. Voilà ces pauvres Bandiera fusillés. Tous les deux. Le père a quitté le service. On dit que la mère mourra. La foudre ravage quelquefois toute une maison. Neuf chefs de la seconde tentative révolutionnaire en Calabre ont été exécutés. Six de la première. Pendant ce temps-là, le Roi de Naples perdait son fils de 4 ans, sans le revoir. Le sort a de la douleur pour tous. Le petit archiduc Reinier, à Florence, est très malade. Joseph Buonaparte est mort. Pour lui, il était temps. Il laisse une très grosse fortune, plus grosse qu’on ne croyait, toute entière à sa fille unique la Princesse de Canino ; rien du tout à son frère, le comte de Montfort, auquel il faisait une pension de 12 000 fr. et qui meurt de faim.
Une dépêche télégraphique de Bayonne me dit que le Chancelier du consulat, et tous les Français qui étaient restés à Tanger ont débarqué à Tarifa en Espagne. Je voudrais bien en être sûr. On dit aussi que tous les sujets anglais et espagnols ont quitté Tanger. Les Consuls sont restés. Le consul napolitain a quitté aussi et est arrivé à Cadix. Je ne tiens pas ces détails pour certains. Je ne les ai que de Perpignan et de Bayonne. Si, comme je le crains la réponse du Maroc, après les huit jours donnés n'a pas été satisfaisante, c'est avant-hier 3 que M. le Prince de Joinville aura tiré les premiers coups de canon.
J’ai passé hier ma journée à Auteuil. Le soir, je suis allé voir un moment Mad. Récamier qui retourne aujourd’hui à Paris. Je vais ce matin de bonne heure au Ministère ; à midi, aux Tuileries, pour le Conseil, à deux heures, à la Chambre, pour clore la session. Je dîne chez Decazes. Adieu. Adieu.
P.S Paris 4 heures et demie.
Je reviens de la Chambre et du Conseil. Mêmes interpellations qu'à la Chambre des Pairs. Très vives au fond, quoique pas violentes dans la forme. On se donne le plaisir de verser sur Sir Robert Peel la colère qu’on a contre moi. La difficulté du moment est passée ; mais ceci fait au fond, une situation grave. Adieu. Adieu. G.
8. Paris, Mercredi 7 août 1844, François Guizot à Dorothée de Lieven
Auteur : Guizot, François (1787-1874)
N°8 Paris, Mercredi 7 août 1844
5 heures
Encore une mauvaise lettre aujourd'hui. C’est bien mal en retour des deux bonnes lettres de vous qui me sont venues à la fois ce matin (N°4 et 5). Mais il n’y a pas moyen. Je suis arrivé d’Auteuil à midi. J’ai été assiégé depuis. huit ou dix députés ; Mackan, Martin du Nord, Dumon, Schachten, Rozier, Armand Bertin. Tout le monde est curieux. C’est vraiment un mouvement vif. J’ai très bon espoir de l'affaire du Maroc. Je crois qu’elle finira doucement après quelques actes de force. C'est le problème à résoudre. Agir fortement en présence de l'Angleterre, tranquille, et aboutir à la paix. M. le Prince de Joinville comprend cela très bien. Il a vraiment de l’esprit. Un de ses officiers, parti de Cadix, le 28 Juillet est arrivé ce matin. Son rapport m'a fort convenu. Le dernier délai donné expirait le 2 août. Ne vous ai-je pas déjà dit cela deux fois ? Nouvelle menace d'une apparition de la flotte Turque devant Tunis. Nous y envoyons de nouveau trois ou quatre vaisseaux. Rien sur Tahiti. Je ne veux suivre un peu activement la correspondance sur ce point que lorsque le Parlement Anglais sera clos, comme le nôtre. Je ne puis courir le risque d’un second discours de Peel.
Ce que vous me dîtes de votre frère est bien triste. Ne vous enfermez pas trop dans cette chambre. Vous êtes bien, n’est-ce pas ? Je veux que vous vous portiez bien. J’y pense encore plus quand vous n'êtes pas là. Pauvre lettre. J’aurais tant à vous dire. Il faut que je passe par Neuilly pour retourner à Auteuil. Le Roi vient de me demander. Adieu
5 heures
Encore une mauvaise lettre aujourd'hui. C’est bien mal en retour des deux bonnes lettres de vous qui me sont venues à la fois ce matin (N°4 et 5). Mais il n’y a pas moyen. Je suis arrivé d’Auteuil à midi. J’ai été assiégé depuis. huit ou dix députés ; Mackan, Martin du Nord, Dumon, Schachten, Rozier, Armand Bertin. Tout le monde est curieux. C’est vraiment un mouvement vif. J’ai très bon espoir de l'affaire du Maroc. Je crois qu’elle finira doucement après quelques actes de force. C'est le problème à résoudre. Agir fortement en présence de l'Angleterre, tranquille, et aboutir à la paix. M. le Prince de Joinville comprend cela très bien. Il a vraiment de l’esprit. Un de ses officiers, parti de Cadix, le 28 Juillet est arrivé ce matin. Son rapport m'a fort convenu. Le dernier délai donné expirait le 2 août. Ne vous ai-je pas déjà dit cela deux fois ? Nouvelle menace d'une apparition de la flotte Turque devant Tunis. Nous y envoyons de nouveau trois ou quatre vaisseaux. Rien sur Tahiti. Je ne veux suivre un peu activement la correspondance sur ce point que lorsque le Parlement Anglais sera clos, comme le nôtre. Je ne puis courir le risque d’un second discours de Peel.
Ce que vous me dîtes de votre frère est bien triste. Ne vous enfermez pas trop dans cette chambre. Vous êtes bien, n’est-ce pas ? Je veux que vous vous portiez bien. J’y pense encore plus quand vous n'êtes pas là. Pauvre lettre. J’aurais tant à vous dire. Il faut que je passe par Neuilly pour retourner à Auteuil. Le Roi vient de me demander. Adieu
12. Auteuil, Lundi 12 août 1844, François Guizot à Dorothée de Lieven
Auteur : Guizot, François (1787-1874)
12 Auteuil Lundi 12 août 1844,
Midi
Les petites lettres sont finies. Depuis jeudi, je vous en ai écrit de longues. Mais qu'est-ce que des lettres ? Voilà le Maroc fini, bien fini. On fait ce que nous voulons et l'Angleterre y a pris assez de part pour n’être pas blessée de sa nullité. Il faut veiller maintenant à l'exécution, qui aura bien ses embarras et me causera bien des impatiences. Mais je ne vois pas comment elle amènerait de nouvelles complications. Je vois, par ce que m’écrit Jarnac, que l’incident de Tunis a impatienté Lord Aberdeen. Cela leur déplaît de voir la France faire ainsi ; sur toute la côte septentrionale d'Afrique, acte d'autorité. Ils s’y accoutumeront. Je veux qu'ils comptent beaucoup sur mon bon sens et ma loyauté, mais qu'ils sachent bien aussi que dans ces limites, je fais rondement les affaires de mon pays. Le langage de Lord Palmerston sur mon compte m'a plu. Palmerston et Shiel comme Peel et Aberdeen, avec vous, je n'ai point de modestie. Je ne crains pas Tahiti comme évènement La guerre ne viendra pas de là. Mais il peut en venir bien des embarras de situation et de discussion. Vous avez toute raison ; il faut beaucoup penser à l’hiver prochain et à l'adresse. Ils y pensent aussi à Londres, pour leur propre compte et par les mêmes motifs. Le problème, c'est de concilier ces deux exigences. Sans doute, c’est une bonne fortune d'avoir là Jarnac. Je le sens tous les jours. Je vous répète que je crois avoir pris une bonne position et que je m'y tiendrai. Mais précisément parce qu'elle m'est bonne ici, elle leur est incommode à Londres. J'en prendrais plus aisément mon parti si je n’avais rien à leur demander. Mais le droit de visite ! Je ne puis oublier cette question là, qui viendra aussi dans l'adresse.
Vraiment, j'ai assez d'affaires. J‘ai pourtant le sentiment du repos ; hier et avant-hier, je ne suis pas allé à Paris. Je passe ma matinée dans mon Cabinet. Pas de chambres, pas de visites. Je peux lire et écrire. Toujours pas de petit duc de Penthièvre. Le Chancelier, Decazes, M. Barthe et l’amiral Rosamel (les deux témoins) grillent d’impatience. Rosamel avait pris sa dignité au tragique. Quand il a reçu sa lettre close de témoin, il s'est mis en uniforme et s'est enfermé chez lui attendant qu’on vint le chercher. Decazes a eu quelque peine à lui persuader qu’il pouvait en prendre un peu plus à l'aise, se remettre en frac et se promener dans Paris.
Montebello a failli mourir d’une angine ulcéreuse. Il est hors de danger. J’ai eu hier M. Villemain, à dîner avec ses trois petites filles. Il était charmé. De bonnes âmes s'appliquent à lui faire croire que je veux me défaire de lui et prendre M. Rossi à sa place. Il m’a quitté fort rassuré et content. Point d'inquiétude point d'ébranlement dans les personnes. Aucun changement que par une nécessité évidente, involontaire. Cela m'a réussi. Je continuerai. Adieu.
Je vais à Paris à 2 heures. Je vous dirai là un autre adieu. J’évite de passer dans la rue St Florentin. Il a fallu aller l'autre jour au Ministère de la Marine, par cette porte-là. J’en ai eu un vif déplaisir. M. de Nesselrode est à Londres. Les plus clairvoyants persistent à n'y voir qu'une tournée d’observation ordonnée avec affectation et exécutée sans plaisir. Lord Aberdeen comprend très bien qu’il n’y a plus d’entente ou de bon accord avec nous s'il y a un jeu caché ou séparé avec les autres, et on renarde comme certain que tout en acceptant les politesses qu'on lui fait, il ne se laissera entraîner à rien dont nous ayons à nous préoccuper.
Paris 4 heures
Rothschild me quitte. Il part ce soir pour Francfort. Je partirais volontiers avec lui, pas pour Francfort, ses lettres de Londres l'inquiètent. On est bien monté sur Tahiti. Gabriel Delessert m'en disait tout à l'heure autant. On n’est pas moins monté ici. Les plus sensés. Cependant, j’ai le sentiment qu’à tout prendre le flot baisse un peu. Je l’observe et l'attends. Adieu. Adieu. Etienne sort d’ici. Il m’apportait une sommation des contributions pour vous. Il n’avait pas assez d'argent pour payer. Je lui ai donné 150 fr. Adieu donc. G.
Midi
Les petites lettres sont finies. Depuis jeudi, je vous en ai écrit de longues. Mais qu'est-ce que des lettres ? Voilà le Maroc fini, bien fini. On fait ce que nous voulons et l'Angleterre y a pris assez de part pour n’être pas blessée de sa nullité. Il faut veiller maintenant à l'exécution, qui aura bien ses embarras et me causera bien des impatiences. Mais je ne vois pas comment elle amènerait de nouvelles complications. Je vois, par ce que m’écrit Jarnac, que l’incident de Tunis a impatienté Lord Aberdeen. Cela leur déplaît de voir la France faire ainsi ; sur toute la côte septentrionale d'Afrique, acte d'autorité. Ils s’y accoutumeront. Je veux qu'ils comptent beaucoup sur mon bon sens et ma loyauté, mais qu'ils sachent bien aussi que dans ces limites, je fais rondement les affaires de mon pays. Le langage de Lord Palmerston sur mon compte m'a plu. Palmerston et Shiel comme Peel et Aberdeen, avec vous, je n'ai point de modestie. Je ne crains pas Tahiti comme évènement La guerre ne viendra pas de là. Mais il peut en venir bien des embarras de situation et de discussion. Vous avez toute raison ; il faut beaucoup penser à l’hiver prochain et à l'adresse. Ils y pensent aussi à Londres, pour leur propre compte et par les mêmes motifs. Le problème, c'est de concilier ces deux exigences. Sans doute, c’est une bonne fortune d'avoir là Jarnac. Je le sens tous les jours. Je vous répète que je crois avoir pris une bonne position et que je m'y tiendrai. Mais précisément parce qu'elle m'est bonne ici, elle leur est incommode à Londres. J'en prendrais plus aisément mon parti si je n’avais rien à leur demander. Mais le droit de visite ! Je ne puis oublier cette question là, qui viendra aussi dans l'adresse.
Vraiment, j'ai assez d'affaires. J‘ai pourtant le sentiment du repos ; hier et avant-hier, je ne suis pas allé à Paris. Je passe ma matinée dans mon Cabinet. Pas de chambres, pas de visites. Je peux lire et écrire. Toujours pas de petit duc de Penthièvre. Le Chancelier, Decazes, M. Barthe et l’amiral Rosamel (les deux témoins) grillent d’impatience. Rosamel avait pris sa dignité au tragique. Quand il a reçu sa lettre close de témoin, il s'est mis en uniforme et s'est enfermé chez lui attendant qu’on vint le chercher. Decazes a eu quelque peine à lui persuader qu’il pouvait en prendre un peu plus à l'aise, se remettre en frac et se promener dans Paris.
Montebello a failli mourir d’une angine ulcéreuse. Il est hors de danger. J’ai eu hier M. Villemain, à dîner avec ses trois petites filles. Il était charmé. De bonnes âmes s'appliquent à lui faire croire que je veux me défaire de lui et prendre M. Rossi à sa place. Il m’a quitté fort rassuré et content. Point d'inquiétude point d'ébranlement dans les personnes. Aucun changement que par une nécessité évidente, involontaire. Cela m'a réussi. Je continuerai. Adieu.
Je vais à Paris à 2 heures. Je vous dirai là un autre adieu. J’évite de passer dans la rue St Florentin. Il a fallu aller l'autre jour au Ministère de la Marine, par cette porte-là. J’en ai eu un vif déplaisir. M. de Nesselrode est à Londres. Les plus clairvoyants persistent à n'y voir qu'une tournée d’observation ordonnée avec affectation et exécutée sans plaisir. Lord Aberdeen comprend très bien qu’il n’y a plus d’entente ou de bon accord avec nous s'il y a un jeu caché ou séparé avec les autres, et on renarde comme certain que tout en acceptant les politesses qu'on lui fait, il ne se laissera entraîner à rien dont nous ayons à nous préoccuper.
Paris 4 heures
Rothschild me quitte. Il part ce soir pour Francfort. Je partirais volontiers avec lui, pas pour Francfort, ses lettres de Londres l'inquiètent. On est bien monté sur Tahiti. Gabriel Delessert m'en disait tout à l'heure autant. On n’est pas moins monté ici. Les plus sensés. Cependant, j’ai le sentiment qu’à tout prendre le flot baisse un peu. Je l’observe et l'attends. Adieu. Adieu. Etienne sort d’ici. Il m’apportait une sommation des contributions pour vous. Il n’avait pas assez d'argent pour payer. Je lui ai donné 150 fr. Adieu donc. G.
15. Paris, Vendredi 16 août 1844, François Guizot à Dorothée de Lieven
Auteur : Guizot, François (1787-1874)
15 Paris Vendredi 16 août 1844,
2 heures
Je suis horriblement pressé ce matin. J'arrive de Neuilly. Le Maroc, Tahiti, Naples, l’Espagne, Mossoul j’ai eu à peine, le temps de dire un mot de chaque chose. J'attends mes collègues chez moi. Vous n'aurez que quatre lignes. Vous voyez bien qu’il faut revenir.
Voici votre recommandation pour la Douane. M. Gréterin écrit à Génie : " Je ne me permets d’en donner sous cette forme qu'avec une extrême réserve." Usez-en et revenez. Toujours un peu enrhumé et très préoccupé. Il y a de quoi ; mais l’issue sera bonne. Je devrais dire les issues, car j'ai plus d’une affaire. Certainement si on avait été à Londres aussi correct que moi ici, celle de Tahiti serait bien moindre, Jarnac se conduit et la conduit à merveille, avec beaucoup de tact, et vif ou mesuré, selon le besoin.
Vous avez bien fait de vous convertir au 4 pour 100. On en viendra là partout. Les nouvelles du Prince de Joinville sont bonnes. La réponse de l'Empereur n’était réellement pas acceptable.
4 heures et demie
Un mot encore, en fermant ma lettre si je vous avais écrit hier au soir, j’aurais été plus noir que ce matin. Mes nouvelles d’aujourd’hui valent mieux. J’espère réellement que j’arrangerai tout. Mais c’est bien difficile, décidé, comme je le suis, à garder la position que j’ai prise. Je suis charmé qu’elle vous satisfasse. Adieu. Adieu. Que je voudrais que ce fût le dernier ! G.
2 heures
Je suis horriblement pressé ce matin. J'arrive de Neuilly. Le Maroc, Tahiti, Naples, l’Espagne, Mossoul j’ai eu à peine, le temps de dire un mot de chaque chose. J'attends mes collègues chez moi. Vous n'aurez que quatre lignes. Vous voyez bien qu’il faut revenir.
Voici votre recommandation pour la Douane. M. Gréterin écrit à Génie : " Je ne me permets d’en donner sous cette forme qu'avec une extrême réserve." Usez-en et revenez. Toujours un peu enrhumé et très préoccupé. Il y a de quoi ; mais l’issue sera bonne. Je devrais dire les issues, car j'ai plus d’une affaire. Certainement si on avait été à Londres aussi correct que moi ici, celle de Tahiti serait bien moindre, Jarnac se conduit et la conduit à merveille, avec beaucoup de tact, et vif ou mesuré, selon le besoin.
Vous avez bien fait de vous convertir au 4 pour 100. On en viendra là partout. Les nouvelles du Prince de Joinville sont bonnes. La réponse de l'Empereur n’était réellement pas acceptable.
4 heures et demie
Un mot encore, en fermant ma lettre si je vous avais écrit hier au soir, j’aurais été plus noir que ce matin. Mes nouvelles d’aujourd’hui valent mieux. J’espère réellement que j’arrangerai tout. Mais c’est bien difficile, décidé, comme je le suis, à garder la position que j’ai prise. Je suis charmé qu’elle vous satisfasse. Adieu. Adieu. Que je voudrais que ce fût le dernier ! G.
Auteuil, Mardi 27 août 1844, François Guizot à Dorothée de Lieven
Auteur : Guizot, François (1787-1874)
Je vous envoie. Génie. J’aurai une journée horriblement occupée. Je suis à l’ouvrage depuis 5 heures et demie.
Pourquoi n’êtes vous pas à Beauséjour ? Rien de nouveau ce matin. Il y en a assez. A tout prendre, je suis content. C’est périlleux mais cela a bien bon air. Je crois que je mènerai le tout à bien.
A ce soir, 8 heures un quart. Si vous vous promenez ce matin, au bois de Boulogne, vous seriez charmante de passer à Auteuil, cinq minutes. Adieu. Adieu.
Mardi 27 août 1844. 11 h. 1/2
Pourquoi n’êtes vous pas à Beauséjour ? Rien de nouveau ce matin. Il y en a assez. A tout prendre, je suis content. C’est périlleux mais cela a bien bon air. Je crois que je mènerai le tout à bien.
A ce soir, 8 heures un quart. Si vous vous promenez ce matin, au bois de Boulogne, vous seriez charmante de passer à Auteuil, cinq minutes. Adieu. Adieu.
Mardi 27 août 1844. 11 h. 1/2
Auteuil, Mercredi [25] septembre 1844, François Guizot à Dorothée de Lieven
Auteur : Guizot, François (1787-1874)
Je serai à Paris entre 4 et 5 heures. Fatigué, mais bien parfaitement purifié. Vous seriez charmante de venir me voir aux Affaires Etrangères après votre dîner vers 8 heures. Cela vous convient-il ?
J’ai de longues dépêches et lettres de Pétersbourg. Peu intéressantes. Encore, un homme qui ne sera pas grand chose. Mais cela vous intéressera toujours. Adieu. Adieu.
Je suis charmé de rentrer à Paris. J’ai assez bien dormi, et ce matin, je viens de manger un peu. Adieu.
Auteuil. Mercredi 25 Sept.
8 h 3/4 1844
J’ai de longues dépêches et lettres de Pétersbourg. Peu intéressantes. Encore, un homme qui ne sera pas grand chose. Mais cela vous intéressera toujours. Adieu. Adieu.
Je suis charmé de rentrer à Paris. J’ai assez bien dormi, et ce matin, je viens de manger un peu. Adieu.
Auteuil. Mercredi 25 Sept.
8 h 3/4 1844
Paris, Jeudi 26 septembre 1844, Dorothée de Lieven à François Guizot
Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
Vos bonnes houvelles me font du bien. Je suis mieux que hier au soir mais pas bien encore. Les douleurs reviennent, j'ai cependant bien dormi. Que je me réjouis de vous voir chez moi ce matin. Je vous en prie profitez de votre réputation de malade pour vous reposer encore toute cette semaine. Fermez votre porte. Si vous vous fatiguiez à présent il vous serait plus ennuyeux & embarassant de reprendre des allures de malade. Aujourd’hui c’est établi. Reposez vous bien. Adieu. Adieu. Je suis si contente.
Jeudi 9 1/2
Jeudi 9 1/2
Paris, Samedi 28 septembre 1844, François Guizot à Dorothée de Lieven
Auteur : Guizot, François (1787-1874)
Samedi 28 sept. 1844 4 heures et demie
Je reviens du Conseil. Je suis fatigué et du conseil et de la longue course. Quel beau temps ! Je me suis promené une demi-heure. Si je n’avais fait que cela tout serait bien. Le Roi a été d’une grande discrétion. Il m’a renvoyé sans longue conversation quelque envie qu’il en eût. Je retournerai le voir, mardi et nous causerons.
Il part Mercredi pour le château d'Eu ; rien qu'avec la Reine et Madame. Il n’y passera que quatre ou cinq jours au retour de Windsor. J'ai vu le Maréchal, très amical, de bonne humeur, mais faible aussi. L’âge prend tout-à-fait le dessus & il le sent. Pas la plus petite nouvelle. Le Roi a été il y a trois jours, parfaitement content d'Appony. Le reflet de ma grande conversation avec lui quelques jours auparavant. Il s'est engagé aussi formellement que possible toute l’idée de mariage du Duc de Bordeaux. Adieu. Adieu. Je vais signer les dépêches indispensables, et me reposer jusqu'au dîner. A demain dimanche. Ce sera bien joli. Adieu. G.
Je reviens du Conseil. Je suis fatigué et du conseil et de la longue course. Quel beau temps ! Je me suis promené une demi-heure. Si je n’avais fait que cela tout serait bien. Le Roi a été d’une grande discrétion. Il m’a renvoyé sans longue conversation quelque envie qu’il en eût. Je retournerai le voir, mardi et nous causerons.
Il part Mercredi pour le château d'Eu ; rien qu'avec la Reine et Madame. Il n’y passera que quatre ou cinq jours au retour de Windsor. J'ai vu le Maréchal, très amical, de bonne humeur, mais faible aussi. L’âge prend tout-à-fait le dessus & il le sent. Pas la plus petite nouvelle. Le Roi a été il y a trois jours, parfaitement content d'Appony. Le reflet de ma grande conversation avec lui quelques jours auparavant. Il s'est engagé aussi formellement que possible toute l’idée de mariage du Duc de Bordeaux. Adieu. Adieu. Je vais signer les dépêches indispensables, et me reposer jusqu'au dîner. A demain dimanche. Ce sera bien joli. Adieu. G.
2. Château d'Eu, Dimanche 7 septembre 1845, François Guizot à Dorothée de Lieven
Auteur : Guizot, François (1787-1874)
2 Château d’Eu Dimanche 7 sept. 1845,
Midi
Je reviens du déjeuner. A côte de la Princesse de Salerne qui a voulu causer beaucoup. J’espère que la conversation a été plus agréable pour elle que facile pour moi. Les sourds feraient bien d’être tous muets. Bonne personne du reste avec cette dignité timide, un peu embarrassée et pourtant assez haute que j’ai vue à tous ce que j’ai connu de la maison d’Autriche. La Reine dit que l'archiduchesse est le portrait de François 2. A ma droite, sa dame d’honneur, la marquise de Brancaccio, sicilienne, femme d’esprit, dit-on, et qui en a bien l’air. Elle m’a parlé de la Sicile avec une verve de colère et d'opposition qui m’a plu. " On néglige toujours la Sicile. On opprime toujours la Sicile. Les ministres changent, l'oppression reste. Nous avons des ministres siciliens mais ils sont en minorité. Prenez la majorité. Venez chez nous nous enseigner comment on s'y prend. " Souvent, chez les Italiens, le naturel et la vivacité des impressions commandent la franchise.
Le prince de Joinville est arrivé ce matin, à 6 heures. Toujours grande incertitude, sur le moment de l’arrivée de la Reine. Ou aujourd’hui, vers 6 heures ; ou demain, à 5 heures du matin, ou à 5 heures du soir. Je parie pour aujourd’hui. D’abord, parce que j'en ai envie, ensuite parce que la Reine des Belges a écrit que c'était fort possible. Ils (le Roi et la Reine des Belges) sont allés la recevoir à Anvers hier samedi entre 1 et 2 heures. Nous nous mettons en mesure ici pour toutes les hypothèses.
J’aurai bien peu de temps pour causer, avec Lord Aberdeen. Je veux pourtant lui dire tout l'essentiel. Je vous promets qu’il passera avant moi. Les peintres sont encore, à l'heure qu’il est, dans la Galerie Victoria. Si la Reine avait le temps de se promener, elle verrait réalisées, aux environs du château, toutes les idées qu’elle a suggérées, les désirs qu’elle a indiqués ; un parc fort agrandi, de belles routes au lieu des mauvais chemins & &. Mais je doute qu’on se promène une heure.
Le courrier Russe qui avait été expédié au Prince Wolkonski, l’a rencontré à Eisenach & le Prince est arrivé à Berlin où il attend l'Impératrice qui a dû y arriver avant-hier au soir et qu’il accompagnera à Palerme. Le Kamchatka après l'avoir déposée à Swinemünde, ira passer le détroit de Gibraltar et l'attendre à Gênes pour la porter en Sicile. On croit, on dit à Pétersbourg que l'Empereur s’embarquera à Sébastopol et ira voir sa femme à Palerme.
Pourquoi me cherchez vous un cache-nez brun ? Le blanc que vous m'avez donné est excellent et m’a très bien préservé. Il est parfaitement convenable.
Voilà M. Royer-Collard mort. Je pense avec plaisir que nous nous sommes séparés en vraie amitié. C’était un esprit rare, charmant et un caractère, très noble. Quatre personnes ont réellement influé sur moi, sur ce que je puis être, devenir et faire. Il est l’une de ces personnes là. Le seul homme. Il a tenu peu de place dans les événements, beaucoup dans la société et l’esprit des acteurs politiques. Il leur était un juge redouté et recherché. Adieu. Adieu. Le Roi me fait appeler en toute hâte. Adieu. G.
Midi
Je reviens du déjeuner. A côte de la Princesse de Salerne qui a voulu causer beaucoup. J’espère que la conversation a été plus agréable pour elle que facile pour moi. Les sourds feraient bien d’être tous muets. Bonne personne du reste avec cette dignité timide, un peu embarrassée et pourtant assez haute que j’ai vue à tous ce que j’ai connu de la maison d’Autriche. La Reine dit que l'archiduchesse est le portrait de François 2. A ma droite, sa dame d’honneur, la marquise de Brancaccio, sicilienne, femme d’esprit, dit-on, et qui en a bien l’air. Elle m’a parlé de la Sicile avec une verve de colère et d'opposition qui m’a plu. " On néglige toujours la Sicile. On opprime toujours la Sicile. Les ministres changent, l'oppression reste. Nous avons des ministres siciliens mais ils sont en minorité. Prenez la majorité. Venez chez nous nous enseigner comment on s'y prend. " Souvent, chez les Italiens, le naturel et la vivacité des impressions commandent la franchise.
Le prince de Joinville est arrivé ce matin, à 6 heures. Toujours grande incertitude, sur le moment de l’arrivée de la Reine. Ou aujourd’hui, vers 6 heures ; ou demain, à 5 heures du matin, ou à 5 heures du soir. Je parie pour aujourd’hui. D’abord, parce que j'en ai envie, ensuite parce que la Reine des Belges a écrit que c'était fort possible. Ils (le Roi et la Reine des Belges) sont allés la recevoir à Anvers hier samedi entre 1 et 2 heures. Nous nous mettons en mesure ici pour toutes les hypothèses.
J’aurai bien peu de temps pour causer, avec Lord Aberdeen. Je veux pourtant lui dire tout l'essentiel. Je vous promets qu’il passera avant moi. Les peintres sont encore, à l'heure qu’il est, dans la Galerie Victoria. Si la Reine avait le temps de se promener, elle verrait réalisées, aux environs du château, toutes les idées qu’elle a suggérées, les désirs qu’elle a indiqués ; un parc fort agrandi, de belles routes au lieu des mauvais chemins & &. Mais je doute qu’on se promène une heure.
Le courrier Russe qui avait été expédié au Prince Wolkonski, l’a rencontré à Eisenach & le Prince est arrivé à Berlin où il attend l'Impératrice qui a dû y arriver avant-hier au soir et qu’il accompagnera à Palerme. Le Kamchatka après l'avoir déposée à Swinemünde, ira passer le détroit de Gibraltar et l'attendre à Gênes pour la porter en Sicile. On croit, on dit à Pétersbourg que l'Empereur s’embarquera à Sébastopol et ira voir sa femme à Palerme.
Pourquoi me cherchez vous un cache-nez brun ? Le blanc que vous m'avez donné est excellent et m’a très bien préservé. Il est parfaitement convenable.
Voilà M. Royer-Collard mort. Je pense avec plaisir que nous nous sommes séparés en vraie amitié. C’était un esprit rare, charmant et un caractère, très noble. Quatre personnes ont réellement influé sur moi, sur ce que je puis être, devenir et faire. Il est l’une de ces personnes là. Le seul homme. Il a tenu peu de place dans les événements, beaucoup dans la société et l’esprit des acteurs politiques. Il leur était un juge redouté et recherché. Adieu. Adieu. Le Roi me fait appeler en toute hâte. Adieu. G.
Mots-clés : Aristocratie, Conversation, Diplomatie (France-Angleterre), Diplomatie (Russie), Discours autobiographique, Famille royale (France), Femme (portrait), Mort, Nicolas I (1796-1855 ; empereur de Russie), Politique (Italie), Portrait, Travail politique, Victoria (1819-1901 ; reine de Grande-Bretagne), Vie domestique (François)
Val-Richer, Mercredi 5 novembre 1851, François Guizot à Dorothée de Lieven
Collection : 1851 (1er janvier-10 novembre) : Guizot observateur des jeux de tensions entre le Président et l'Assemblée
Auteur : Guizot, François (1787-1874)
Val Richer. Mercredi 5 nov. 1849
Je trouve vraiment comique les prédictions et ces bravades contraires que s'adressent les amis du Président et ceux de l'Assemblée comme pour se faire peur mutuellement et d'avance, sans doute dans l’espoir d'avoir, au moment du combat, meilleur marché les uns des autres. C’est bien Gascon et bien puéril. Le chef d'œuvre du genre, c’est Thiers ayant peur d'être arrêté et le Président lui faisant dire de n'avoir pas peur et qu’il ne le fera pas arrêter. Ce sont là des façons du temps de la Fronde qui ne vont plus au nôtre, quelque irrégulier et inattendu qu’il soit tout cela ne supporte ni la presse, ni la tribune au milieu des formes publiques et graves de nos gouvernements et de nos révolutions, ces finesses deviennent des enfantillages ce qui était de la gaieté devient du ridicule ; les hommes se diminuent à jouir de vieux jours. Voilà les réflexions pédantes de ma solitude.
Je parie toujours pour mon même dénouement. Rejet de l'abrogation, patience du Président, modifications indirectes de la loi du 31 mai par l'Assemblée ; acceptation de ces modification par le Président ; rentrée de l’ancien ministère, sauf Léon Faucher. M. de Lamartine a fait bien d'avoir un rhumatisme aigu à Macon, cela le dispense de figurer, en personne dans cette journée des dupes.
Quand j’ai lu mes lettres de Paris et les journaux, je ne pense plus à tout cela, je suis tout entier dans mon discours d'Académie qui me plaît à faire. J’ai déjà une grande satisfaction. Je suis sûr que je serai court. Quelque réduction que M. de Montalembert, fasse subir au sien, il restera long et quelque curieux que soit le public de cette séance, il ne faut pas le mettre à l'épreuve de deux longs plaisirs.
Est-il vrai que Lord Palmerston ait adressé au Cabinet de Vienne quelque explication sur le séjour et le bruit de Kossuth en Angleterre ? Cela me paraît peu probable. Je trouve que le journal des Débats fait à Kossuth une guerre très spirituelle, et qui devrait être efficace si quelque chose était efficace contre les Charlatans et les badauds. On fait trop de bruit de la circulaire du ministre de la guerre. Que ses paroles aient été écrites à mauvaise intention, cela se peut mais on n'en est pas à faire du bruit pour les mauvaises intentions, et il y a là une question que les hommes d’ordre doivent laisser dormir sauf à se bien défendre si on abuse un jour contre eux du principe de l'obéissance militaire qui est tous les jours leur sauvegarde.
4 heures
Merci, merci. Le plaisir de voir votre écriture efface le chagrin de vos nouvelles de Claremont. Faiblesse déplorable et ridicule. Que deviendra tout cela ? La situation paraît bien tendue. Je persiste à ne pas croire aux grands coups. Adieu. G.
Et Adieu.
Je trouve vraiment comique les prédictions et ces bravades contraires que s'adressent les amis du Président et ceux de l'Assemblée comme pour se faire peur mutuellement et d'avance, sans doute dans l’espoir d'avoir, au moment du combat, meilleur marché les uns des autres. C’est bien Gascon et bien puéril. Le chef d'œuvre du genre, c’est Thiers ayant peur d'être arrêté et le Président lui faisant dire de n'avoir pas peur et qu’il ne le fera pas arrêter. Ce sont là des façons du temps de la Fronde qui ne vont plus au nôtre, quelque irrégulier et inattendu qu’il soit tout cela ne supporte ni la presse, ni la tribune au milieu des formes publiques et graves de nos gouvernements et de nos révolutions, ces finesses deviennent des enfantillages ce qui était de la gaieté devient du ridicule ; les hommes se diminuent à jouir de vieux jours. Voilà les réflexions pédantes de ma solitude.
Je parie toujours pour mon même dénouement. Rejet de l'abrogation, patience du Président, modifications indirectes de la loi du 31 mai par l'Assemblée ; acceptation de ces modification par le Président ; rentrée de l’ancien ministère, sauf Léon Faucher. M. de Lamartine a fait bien d'avoir un rhumatisme aigu à Macon, cela le dispense de figurer, en personne dans cette journée des dupes.
Quand j’ai lu mes lettres de Paris et les journaux, je ne pense plus à tout cela, je suis tout entier dans mon discours d'Académie qui me plaît à faire. J’ai déjà une grande satisfaction. Je suis sûr que je serai court. Quelque réduction que M. de Montalembert, fasse subir au sien, il restera long et quelque curieux que soit le public de cette séance, il ne faut pas le mettre à l'épreuve de deux longs plaisirs.
Est-il vrai que Lord Palmerston ait adressé au Cabinet de Vienne quelque explication sur le séjour et le bruit de Kossuth en Angleterre ? Cela me paraît peu probable. Je trouve que le journal des Débats fait à Kossuth une guerre très spirituelle, et qui devrait être efficace si quelque chose était efficace contre les Charlatans et les badauds. On fait trop de bruit de la circulaire du ministre de la guerre. Que ses paroles aient été écrites à mauvaise intention, cela se peut mais on n'en est pas à faire du bruit pour les mauvaises intentions, et il y a là une question que les hommes d’ordre doivent laisser dormir sauf à se bien défendre si on abuse un jour contre eux du principe de l'obéissance militaire qui est tous les jours leur sauvegarde.
4 heures
Merci, merci. Le plaisir de voir votre écriture efface le chagrin de vos nouvelles de Claremont. Faiblesse déplorable et ridicule. Que deviendra tout cela ? La situation paraît bien tendue. Je persiste à ne pas croire aux grands coups. Adieu. G.
Et Adieu.