Arlequin

                 Le vin n’éteindra pas nos flammes.
                 Il ranimera nos amours.
                 Ce jus divin unit les âmes.
                 Ah ! qu’il fait passer d’heureux jours !
                 Aimons, buvons toute la vie
                 Et proscrivons l’eau désormais.
                 On ne doit s’en servir jamais
                 Que pour éteindre un incendie.

Colombine

Si jamais j’étais la femme d’Arlequin, je mettrais dans mon marché qu’il n’irait plus au cabaret.

Arlequin

Pour te plaire, il n’est pas de sacrifice dont je ne sois capable. Ô ma Colombine, si mes vœux ne déterminent pas les tiens, tes volontés n’en sont pas moins pour moi des lois que je ne veux pas enfeindre.

                  C’en est fait, plus de cabaret !
                  Il n’est pas bien de toujours boire.
                  Je veux par ce sublime trait
                  De sagesse me faire gloire.
                  À mes feux tout entier livré,
                  Si jamais près de ma maîtresse
                  On peut me trouver enivré,
                  Ce sera d’excès de tendresse.

Colombine

Qui a bu boira, signor Arlequin. Et vos serments d’ivrognes ne tiendront pas plus que vos serments d’amour.

• Obitz-Lumbroso, Bénédicte (responsable scientifique)
• Walter, Richard (édition numérique)