Thresors de la Renaissance

Trésor spirituel contenant les adresses°


Auteur(s) : Quarré, Jean Hugues

Généralités

Titre long de la première édition identifiée (ou autre édition)Thresor spirituel contenant les adresses pour arriver à la perfection chrestienne par les voyes de la grace, & d’un entier abandonnement à la conduitte de Jesus Christ. Dedié à la Serenissime Infante. Par le Pere J. H. Quarré, prestre de l’Oratoir de Jesus C. N. St docteur en theologie, bourguignon (Godefroy Schoevaerdts, 1636)
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Date de la première publication de l'œuvre1632

Transcription et analyse des péritextes

Transcription des péritextes de toutes les éditions
  • A la serenissime princesse Madame Isabelle Claire Eugenie Infante d’Espagne Etc. [Godefroy Schoevaerts,1632]
    Madame.
    Les signes, qui selon l’antiquité nous representent la providence de (A 2 r°) Dieu & sa bonté, les mesmes nous signifient la grandeur des Princes & leur clemence : c’est le sceptre qui porte à sa pointe un œil veillant & regardant de tous costés, qui nous montre en sa figure, que Dieu Prince de l’univers, & le Dieu de tous les Princes contemple toutes choses, & d’un œil de providence, & d’amour regarde le grand & le petit, le puissant & le foible, le Ciel & la terre, & à tous il faict ressentir les (A 2 v°) douces influences de ce Divin regard : de mesme il veut dire, que le Prince, qui est la vive image de Dieu vivant, gouverne ses subjetz, & d’un mesme œil de clemençe il veut honorer les grands, il soulage les petits, & compatit a tous.
    Ou pouvons nous veoir ceste verité, Madame, plus accomplie, qu’en vostre Alteze, qui d’un œil Royal & d’un aspect bening regarde tout le monde. Les grands admirent (§ 3 r° sic) vostre debonnaireté, les petits ressentent vos continuelles largesses, & tous vos peuples, s’ils ne sont insensibles, ou mesconnoissans, confessent, que vous ne pensés qu’a leur bien, que vous ne travaillés qu’à leur conservation, & que vous estés leur bonheur.
    Car il faut advouër que cest par vos vœux, & par vostre singuliere pieté, Madame, que comme une belle nüe, vous moderés les insupportables ardeurs de la di- (§ 3 v°) vine justice, qui nous menace de ses foudres ; & qu’ainsi vous nous servez de bouclier, & quant à quant vous estes l’Atlas qui porte & qui soustient cest estat parmy tant de renversemens & d’ennemys.
    Que n’est il en mon possible d’appeler tout le monde pour entrer en cette reconnoissance, & en donner des témoignages publiques ? du moins qu’il me soit permis, Madame, de faire mon devoir, & (§ 4 r°) qu’en cette qualité je puisse presenter à vostre A. S. ce petit Thresor spirituel. Je vous l’offre en ce temps, auquel toute l’Europe est en armes, & toute l’Eglise de Dieu est en larmes, gemissant souz la fureur de l’ambition, souz les rigeurs [sic] & perfidie de l’heresie, & souz la rage de l’enfer, qui ne peut plus porter l’éclat de la puissance de Jesus Christ ; c’est à dessein que je choisis ce temps, parce que si vostre A. S. daigne arrester ses yeux sur ce papier, elle y verra comme l’ame peut demeurer en paix parmy tant d’orages & de perils ; comme elle se doit comporter selon Dieu dans les divers succez, & supporter avec vertu Chrestienne les revers de fortune, les miseres de nostre condition, & toutes les rigueurs qui accompaignent la vie de nostre Ame.
    Les grands, Madame, sont tousjours grands, & (§ 4 v°) partout ils paroissent tels ; grands en constance, grands en conseil, grands en courage, la nature les releve en ces qualitez, comme elle les esleve par naissance au dessus du reste du monde ; mais pour avoir ces Royales perfections, & les vrayes vertus selon l’esprit de la grace, c’est a la grace mesme de donner & de porter ces fruicts : c’est ce que je montre en ce petit Livret. Et parce que c’est à Dieu & à la Divine Sagesse de gouver- (§ 5 r°) ner ce monde, & de regner parmy les hommes & que luy seul à droict de faire la volonté, aussi je tache de conduire les Ames à une veritable soubmission à ses loix & à ses Divines ordonnances.
    Je l’offre à vostre A. S. par un singulier respect à sa grande vertu, & parce que je scay, Madame, qu’apres avoir mesprisé & refusé à la veüe de l’univers les Sceptres & les Couronnes d’un Empire florissant, vos plus grands desirs & vos (§ 5 v°) plus serieux exercices ne sont qu’a rechercher la perfection, & de rendre à Dieu avec fidelité les devoirs de vostre Ame. C’est ce qui est en ce volume, car bien qu’il soit petit, il contient neantmoins les devoirs de nos ames, qui toutes sont obligées à la perfection & à une mesme vertu ; car encor que l’Eglise soit belle en la varieté des estats dissemblables qu’elle contient en soy ; elle est aussi admirable en ce qu’elle nous unit tous (§ 6 r°) en un mesme corps, nous faict membres de Jesus Christ, & dans cette unité nous obligé tous, grands & petits, seculiers & Reguliers, de vivre souz une mesme conduitte, adorer un mesme Dieu, suivre un mesme Sauveur, aspirer à mesme gloire & chercher la perfection, qui consiste en l’amour de Dieu & en la possession des vertus Chrestiennes enseignées à commandées par Jesus Christ.
    Voyla proprement les (§ 6 v°) exercices journaliers de vostre A. ce sont ses vœux, & ses desirs, & c’est ce que je demande à Jesus Christ pour vous, Madame, à fin qu’il benisse vostre gouvernement, qu’il Couronne vostre patience, & qu’il vous conserve long temps à son Eglise, & à ces Provinces : ce sont les souhaits de celuy, qui est.
    Madame.
    De vostre Alr. Ser.
    Le tres-humble, tres-obeissant, & tres-fidelle subjet & serviteur,
    Jean Hugues Quarré, Prestre de l’Oratoire de Jesus. (§ 7 r°)
  • Approbation. [Godefroy Schoevaerts, 1632]
    Il n’y à objet de devotion plus relevé que la verité, ny addresse plus asseurée pour y parvenir, que la vraye voye, ny recompense plus souveraine que la vie. Toutes trois se trouvent en Jesus Christ vraye lumiere & modelle de tout exercice de vertu & de devotion, particulierement de celles qui font profession de suivre l’esprit & les traces de ceste grande sainte Therese, qui se plaingnit amerement de s’estre esloignée en ses exercices un moment de l’occupation en ce doux objet. Celuy qui voudra apprendre la vraye practique de venir à luy, de s’unir à luy, de se transformer en luy, de vivre en luy par une perpetuelle dependance de sa grace, qui est l’unique source de toute perfection : & par l’impression de certaines verités au profond du cœur, jouir de sa souveraine verité, qui est nostre vraye felicité, qu’il se rende familieres ces addresses : Et apres les avoir esprouvées, il ne s’e- (§ 7 v°)  stonnera plus du peu de profit que plusieurs font apres le travail de beaucoup d’années.
    Cornelius Janssenius, S. Th. Doctor & sacrarum Literarum Prof. Regius in Acad. Louan. (§ 8 r°)
  • Approbation. [Godefroy Schoevaerts, 1632]
    Ce livret me semble clairement montrer le vray chemin, que les filles de S. Therese, & toutes ames Chrestiennes doivent suivre, pour arriver à une parfaite abnegation de soy mesme, & de toutes choses créées, & s’abysmer parfaitement en Dieu. Mais sur tout, il me plait infiniment, que suivant la piste des SS. Peres, & principalement de S. Augustin, il va tout attribuer à la grace Divine, de la- (§ 8 r°)  quelle beaucoup d’autres Livrets spirituels parlent si sobrement, comme si par leurs petites regles & practiques, sans une grande tres-singuliere, la perfection souveraine de cette vie se pourroit obtenir. Il est donc tres-digne de veoir la lumiere, & d’estre veu de toutes les ames, qui desirent sortir hors de soy mesmes, & entrer parfaitement en Dieu.
    Lib. Fromondus, in Academia Lovaniensi S. T. Doct. & Libr. Censor Arch-episcopalis.
    Lovanii 14. Cal. Julias, 1632. (§ 8 v°)
  • Aux Religieuses de l’Ordre de nostre Dame du mont-Carmel erigé à Louvain selon la reformation de S. Therese de Jesus. [Godefroy Schoevaerdts, 1632]
    Prologue.
    Il faut que je me laisse persuader, & que faisant un effort à ma foiblesse, je vous accorde ce que vous me demandez avec tant d’instance : vous desirez que je vous laisse en un volume ce que vous ay dit en plusieurs conferences spirituelles, & que je vous donne par escrit ce que je vous ay proposé souvent touchant la pratique des principales vertus, nommément de la resignation & abondonnement, dans lequel doivent vivre les ames au service de Dieu, & du depoüillement, ou se doivent mettre celles qui veullent s’estudier a la perfection selon leur vocation, & (§ 8 v°) selon les mouvemens que Dieu leur en donne : je le feray d’autant plus volontiers que je scay que c’est la pratique la plus importante à une ame qui est appellée de Dieu à une vraye & solide perfection, nommement en vostre S. Ordre, ou S. Therese demande un tres-grand depoüillement : & comme elle desire que la vraye perfection regne dans ses Monasteres, aussy veut elle qu’il y ait un tres-grand depoüillement & degagement de toutes creatures, afin que l’ame soit plus capable de Dieu, de ses dons, & de ses Divines communications.
    Si j’osois, je dirois que l’estat, duquel je veux parler, est celuy ou Dieu demande toutes les ames en l’estat du Christianime. Vous le croirez avec moy, si vous considerez les motifs & les raisons, que je vous veux deduire, & si vous regardez les effects de la Grace dans l’ame.
    Quoy qu’il en soit j’estime que tout ce que je veux dire est necessaire  à toutes les ames qui aspirent à la perfection, c’est le chemin qui nous (§ 9 r°) meine à la paix interieure, c’est la porte par laquelle les Espouses doivent entrer en la chambre de l’Espoux pour joüir de ses Divins embrassemens. Je scay par une longue experience, que Dieu à des ames & en grand nombre en vostre S. Ordre esquelles il est extraordinairement liberal, & je scay que l’esprit de la Vocation vous appelle à de grands dons & communications amoureuses de Jesus, & par consequent il y veut des ames qui soyent soumises ; à la grace, despoüilléez d’elles mesmes, abandonnées à la conduite & à la puissance de son Esprit : & comme S. Therese, par laquelle & en laquelle il à fait revivre la grace de vostre S. Ordre, a esté singulierement caressée de J. C. & de sa S. Mere, & a eu pour object de sa rare pieté Jesus & Marie aussi à t-elle porté en elle la vie & les vertus de J.C. & c’est ce que vous devez imiter, c’est l’esprit, ou vous devez vivre, & c’est tout ce que j’ay dessein de vous proposer en ce petit Volume. (§ 9 v°)
  • Subject du present Discours. [Godefroy Schoevaerdts, 1632]
    Mon intention n’est pas de parler de toutes sortes de vertus en particulier, je desire seulement de proposer, comme l’ame se doit laisser à la grace, comme elle doit operer par la grace, & s’abandonner toute à Dieu selon les voyes, par lesquelles il faignera la conduire. Pourtant je seray contrainte de dire quelque chose des autres vertus, qui servent de disposition & qui accompagnent cest Esprit de grace & d’abandonnement. Mais de toutes j’en diray peu, me contenant de monstrer, en quoy elles consistent, & de proposer les veritez qui nous meinent & nous establissent dans les mesmes vertus : parce que J.C. qui est verité se sert de la verité pour nous mettre en la liberté des Enfants de Dieu. Io. 8 32. Vous connoistre la verité & la verité vous delivrera.
    La verité Evangelique dit S. (§ 10 r°)  Aug. nous fait libres, nous tirant de la servitude du peché, pour nous donner une liberté & une facilité à accomplir les œuvres de Dieu : c’est par la connoissance de la verité que nous sommes tirez de nos propres convoitises, & de l’amour des creatures, & de nous mesmes ; de la crainte des perils & de la mort, & nous sommes élevez à Dieu, à la connoissance, & à l’amour des choses eternelles, & establis en la liberté de l’esprit, & en la grace du Chrsitianisme ; c’est pourquoy je me serviray beaucoup des verités Evangeliques ; & pleut a Dieu que les ames qui aspirent a la vertu n’eussent autre conduitte que les verités sans s’amuser aux discours imaginations, & considerations des choses incertaines, & sans remplir leurs Esprits des parolles, des sentences & actions des hommes : car la verité est en soy assez forte & suffisante pour conduire nos esprits : aussi est ce la verité seule qui doit conduire : & de laquelle nos Esprits doivent recevoir grace & lumiere. (§ 10 v°)
    Je propose fort peu de pratiques : car mon dessein n’est pas de surcharger les esprits : j’essayray seulement de monstrer, quel est l’interieur de l’ame, & ce que nous appellons l’homme interieur : car pour l’exterieur il est facile aux ames qui sont és Religions de le former selon l’Ordre quelles professent, & de pratiquer les vertus exterieures, du moins celles qui sont proposées dans leurs Regles, & Constitutions, outre qu’il me semble qu’on à à assez de soing de l’exterieur, & trop peu de l’interieur. Le tout sera divisé en 4. Parties, apres que j’auray proposé quelque chose qui me semble necessaire. (§ 11 r°)
Topoï dans les péritextes
  • chemin
  • exercices
  • fruits
  • petitesse du volume
  • pratique
  • règles
Collection créée par Anne Réach-Ngô Collection créée le 05/04/2019 Dernière modification le 06/10/2021