Oui, c'est bien ma maison
[1] que vous avez vue
[2] et en lisant votre lettre, mes jambes ont tremblé
[3] si fort que j'ai été obligée de m'asseoir dans le fauteuil que vous connaissez.
Aussitôt que je serai sortie de mes visites, et de ma correspondance, j'examinerai
[4] d'accord avec vous comment je pourrais y aller
[5]. Il y a tant de choses à revoir pour moi dans cette maison. Êtes‑vous entré dans la salle des filles ? Avez‑vous vu le grand tableau du fond représentant les Rois mages ? Le puits rond possède une pompe qui
[6] fait monter l'eau et l'envoie dans les salles. De mon temps c'était Balthasard
[7] qui pompait.
Je n'ai pas encore vu Fargue ; j'espère qu'il retournera à Vichy et finira les
Nocturnes[8]. Si vous arrivez à cela, tous vos péchés vous seront remis.
Je vous embrasse très affectueusement.
P. S. J'ai dîné chez Viollis
[10]. J'ai vu son frère que vous avez connu à Vichy, mais Viollis est bien plus intéressant.
[1] L'Hôpital général de Bourges
[3] Mot suivi d'un pend (pendant ?) barré.
[5] La romancière n'est pas retournée à Bourges, mais seulement en Sologne, et à la fin de sa vie : elle s'y rend plusieurs fois en 1933, afin de se documenter pour écrire son dernier roman Douce Lumière (Grasset, 1937, posth.). Le 30 septembre 1933, elle écrit à Lucyle Rimbert, la fille de sa meilleure amie Louise Dugué : « J'arrive de Sologne où j'étais allée passer quelques jours, ainsi que j'en prends l'habitude petit à petit » (Fonds d'Aubuisson, lettre autographe inédite). Le 4 mai 1934, elle part faire son dernier « pèlerinage » avec son petit‑neveu Roger et la femme de ce dernier, « Many ». Elle passe dix jours à Pierrefite‑sur‑Sauldre, mais ne retourne toujours pas sur les lieux qui marquèrent à jamais son existence : Sainte‑Montaine et la ferme de Berrué. Quant à l'hypothétique voyage « du côté de [s]a Sologne » qu'elle annonce à Werth dans la lettre 171, nous n'en possédons aucune trace.
[6] Mot suivi d'un donne barré.
[7] Orpheline ou employée laïque. Rien ne le précise dans les archives de l'Archevêché.
[8] D'après les lettres que Larbaud adresse à Fargue, ce n'est qu'en novembre 1911 que celui‑ci corrige les épreuves des Nocturnes, qui paraîtront sous le titre Poèmes en 1912 à la NRF [Voir la correspondance Larbaud‑Ray, Gallimard, tome deuxième, note 6 de la lettre 177 (de Larbaud à Ray du 15 novembre 1911), p. 301].
[9] Les Jourdain, et tous les amis du groupe de Carnetin qui peuvent passer à Coutevroult.
[10] Voir la lettre 266. Il y a toutes les chances pour qu'il s'agisse du même, dans la mesure où, dès 1908, Jean Viollis est avec Larbaud parmi les « goncourables ». Nous n'avons rien trouvé sur le frère.