Lettre de Marguerite Audoux à Francis Jourdain
Auteur(s) : Audoux, Marguerite
DescriptionSur le manuscrit de La Mère et l'Enfant de Charles-Louis Philippe
Texte
Marguerite
Rue de la Convention, 71
2 février 1936
Mon bien cher Francis,
La nièce de Philippe[1] est venue hier chez moi. Elle a eu mon adresse par Fasquelle, parce que, m'a-t-elle dit, tu ne la savais pas. Je croyais pourtant te l'avoir envoyée comme à beaucoup de gens. Il est vrai que c'est la petite femme de Roger[2] qui a fait ces envois, d'après une liste que je lui avais dictée ; elle a pu t'oublier, et d'autres avec. Enfin, maintenant, tu la sais, cette adresse.
La nièce de Ph[ilippe] venait me demander si j'avais en ma possession des manuscrits de son oncle. Non, je n'en ai aucun. Elle a prétendu qu'on ne savait ce qu'était devenu le manuscrit de La Mère et l'Enfant. Le petit Lanoizelée[3], venu un moment après, m'a dit que ce manuscrit avait été donné par Ph[ilippe] à Mme de Noailles[4], mais peut-être le sais-tu ? Si tu as l'occasion d'écrire à cette jeune femme, la nièce[5], peut-être pourrais-tu l'en informer. Pour mon compte, j'aime mieux me tenir à distance de cette famille qui ne m'a jamais portée dans son coeur[6]. J'ai donné quelques photos, promis d'en envoyer d'autres lorsque je les retrouverai, mais là s'arrêtera toute intimité avec ces gens que je préfère ignorer.
Je suis tout à fait bien dans ma nouvelle maison ; le jour est moins blessant pour mes pauvres yeux et, de plus, je suis très bien chauffée. Cela ne m'a pas empêchée d'attraper une sale bronchite qui m'a gardée six semaines à la chambre, mais je m'en tire tout doucement. En attendant le printemps.
Au revoir, mon bon Francis, je vous aime bien tous et vous embrasse de tout coeur.
Marguerite
[1] Madame Pajault est la fille de la sœur jumelle de Charles‑Louis Philippe (Mme Tournayre). Voir la lettre 392
[2] Voir la note 4 de la lettre 382
[3] « Le petit Lanoizelée », qui écrira la seconde biographie de Marguerite Audoux après Georges Reyer, a déjà une quarantaine d'années...
[4] Voir le début de la lettre 23 du 31 janvier 1910 de Marguerite Audoux à Gide
[5] L'apposition est ajoutée dans l'interligne supérieur.
[6] Si Marguerite Audoux, un an presque jour pour jour avant de s'éteindre, a oublié la destination du manuscrit de La Mère et l'Enfant, en revanche le venin lancé un quart de siècle plus tôt par la famille Philippe est toujours présent à sa mémoire. Sur cette haine, attisée par la mère du romancier, on se reportera à la correspondance de la romancière avec André Gide, en particulier la lettre 78 de Gide du 20 décembre 1910 à Marguerite Audoux.
Lieu(x) évoqué(s)Paris
État génétiqueVoir la note 5 de la partie TRANCRIPTION
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