Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


Votre recherche dans le corpus : 129 résultats dans 4535 notices du site.
Collection : 1844 (15 juin - 16 octobre) : Louis-Philippe et Guizot reçus par la Reine Victoria (1840 (octobre)- 1847 (septembre) : Guizot au pouvoir, le ministère des Affaires étrangères)

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00264.jpg
Auteuil Jeudi 1 août 1844
7 heures du matin

J’ai donc passé hier tout le jour sans vous voir. Je ne le crois pas. Mon impression est que je vous ai vue que je suis entré dans votre chambre à midi et demie toutes les portes ouvertes, à cause de la chaleur, charmé de vous apercevoir tout de suite en entrant dans le salon, fâché, ensuite que toutes les portes fussent ouvertes. Je ne puis me persuader que mon droit, mon plaisir de chaque jour m'ait manqué. Ma journée a été pourtant bien pleine. A Neuilly, après déjeuner. Longue conversation avec le Roi, et la Reine. De là au ministère. Desages, Brenier, mes affaires. Puis la Chambre des Pairs ; la discussion de mon budget, MM. du Bouchage, de Bussière, Pelet de la Lozère, Boissy. Celui-ci rappelé à l’ordre deux fois par le Chancelier, hué par la Chambre; mais imperturbable dans sa bêtise & ravi de sa gloire. Martyr de la liberté de la tribune, canonisé par la liberté de la presse. J'ai dit quelques paroles sur la négociation du droit de visite et sur l'exequatur du Consul anglais à Alger. Il n’y avait point de question dans l’esprit de personne. La Chambre finira, samedi 3 et nous clorons la session lundi 5. Le Maroc ne va pas bien. La Chimère, partie de Cadix le 25 et arrivée à Toulon le 30, annonce que le 24, le Prince de Joinville était revenu à Cadix en ayant réussi à enlever de Tanger, par ruse, notre consul, sa famille, et quelques uns de nos nationaux. " La Chimère ajoute que les notes diplomatiques de Muley Abdurrahman sont peu satisfaisantes. Il y parait bien. J’aurai les détails après demain. Ce sera une grosse affaire. Rien de plus pourvu que je la maintienne sur le terrain où je l’ai placée : la guerre, s'il le faut, mais point de conquête. Je suis très décidé à y réussir. Lord Aberdeen a reçu de son côté des nouvelles de Tahiti, Pritchard est arrivé à Londres, racontant, comme de raison, dans son sens et à son avantage, ce qui s’est passé. Mais il a tort. On a pu le renvoyer de l’île sans aucun oubli du droit des gens. Il avait amené son pavillon et abdiqué lui-même son caractère de consul, en novembre dernier, quand du Petit Thouars a pris possession de la souveraineté de Tahiti, et en déclarant formellement qu’il cessait ses fonctions pour ne pas reconnaitre cette souveraineté, même provisoirement. Mais ce sera encore un embarras. Il faut que je me redise souvent que mon métier est d’en avoir. La tentative contre le Roi de Prusse fait beaucoup d’effet à Berlin. On regrette que pas un membre de la famille royale ne soit là pour recueillir cet effet et le cultiver. On s'étonne que le Roi, ait continué son voyage. On s'attend au prompt retour du Prince de Prusse. Il y a eu un Te deum d'actions de grâces. Le corps diplomatique n’y a pas été invité. Les Ministres y ont assisté en frac. Les hommes qui gouvernent aux prises avec l’esprit révolutionnaire, sont bien perplexes. Tantôt ils grossissent, tantôt ils atténuent. Ils affectent tour à tour l'inquiétude et l’indifférence. Il faut une attitude plus décidée et toujours la même et regarder et représenter constamment la lutte comme très grave, sans avoir peur du reste, sur Berlin, vous saurez à Bade tout ce qu'on peut savoir. Vous voyez bien que je me fais illusion. Je crois que vous êtes là et que nous causons. Rien de nouveau au dedans. Mad. la Princesse de Joinville n'accouche pas. Elle va bien. Pourtant cet hiver-ci l’a fort éprouvée. De petits rhumes continuels. Elle ira probablement passer l’hiver prochain au château de Pau, assez restauré pour la recevoir. Tout le monde dit que c’est un séjour charmant. Elle occupera l’appartement où Jeanne d'Albret est accouchée d'Henri IV. C'est dommage qu’elle n’y accouche pas. Mad. la Duchesse de Nemours est au mieux. Parlez moi des Princesses Allemandes pour se bien porter. Je vous quitte. Je vous reprendrai à Paris avant d’aller à la Chambre des Pairs. Aurai-je aujourd’hui de vos nouvelles de Sézanne ? C’est-à-dire de Château-Thierry ? Je l’espère peu. Vous serez arrivée après le départ de la poste. Adieu. Adieu.

2 heures Rien de Château-Thierry. Je ne l'espérais pas. Lord Cowley et le ministre de l'intérieur sortent de chez moi. Le premier venait me parler de Tahiti. Les journaux Anglais font beaucoup de bruit. Les communications de Lord Aberdeen m’arrivent ce matin, par Jarnac. Je les lirai ce soir. Plus j' y regarde, plus je trouve que nous sommes dans notre droit. Mas l'un de nos officiers de marine a été bien brutal. Adieu. Il faut que j'aille à la chambre des Pairs. D'autant que Mackan est dans son lit. Il a pris froid l'autre soir sur sa terrasse au milieu du feu d'artifice. Je ferai bien de faire la paix, car les deux ministres de guerre sont sur le grabat. Adieu. Adieu. Adieu. G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00253.jpg
Le Prince de Joinville a été le 9 à Gibraltar. Il y a été reçu non seulement avec faveur, mais avec acclamations, non seulement par le Gouverneur, mais par la population. C’est au mieux. Il revenait de Tanger où il est allé le 8. Le Pacha de Larache à écrit à notre Consul par ordre de l'Empereur, qu’il désavouait les agressions sur notre territoire, qu’il venait d’adjoindre à son fils d'en destituer et d'en punir les auteurs et qu’il voulait le maintien de la paix. Reste à voir comment l'Empereur fera sa volonté sur notre frontière & se débarrassera d’Abdel Kader. Il nous faut absolument, cela. Adieu. Adieu. Pauvre soirée ! Adieu. G.
Auteuil, jeudi 18. 6 h. 1/4

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00242.jpg
Je voudrais voir, comment vous êtes, comment vous avez passé la nuit. Il faut que j’écrive et que j'attende. Je serai, chez vous vers 11 heures et demie.
Voilà l’élection de Rouen gagnée. Faites moi dire si vous êtes un peu mieux, car vous ne pourrez probablement pas me l’écrire. Adieu Adieu G.
Jeudi 27 Juin, 8 heures

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00254.jpg
Le Conseil et la Chambre m’ont pris toute ma matinée. Il est 5 heures. Je retourne à Auteuil où l’amiral Mackan vient dîner avec moi. Ne soyez je vous prie, entre Passy et Auteuil qu’à 8 heures et demie. Je ne veux pas vous faire attendre, et j'aurai peut-être besoin d’un quart d'heure de plus.
Je voudrais que vous sussiez combien de fois par jour, je pense à arranger mon temps pour en avoir un peu avec vous. Et toujours si peu !
Je viens de recevoir le courrier d'Orient. Le Cabinet, Mavrocordato ne s’est point retiré. Il n'en est pas question. Cela vous est égal. Vous avez tort, car cela ne m’est pas égal.
Le Prince de Joinville ne part que demain. Nous avons encore conseil demain matin, à 10 heures, pour ses instructions. Adieu. Adieu.
A 8 heures et demie. G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00247.jpg
Vous dormez peut-être déjà. N'importe. Je vous écris. Mon budget est voté, tout entier, sans aucun retranchement et presque sans débat. J'ai pourtant eu l'occasion de bien parler de M. Piscatory. Voici la dépêche qui m’arrive de Tanger (télégraphique - 26 juin à Tanger. " Un exprès arrivé de Fez en quatre jours m’annonce que le Prince héréditaire a envoyé, un nouveau gouverneur à Ouchda avec ordre de faire arrêter, enchainer et conduire à Fez les deux caïds qui ont dirigé ou toléré les actes d'agression des 30 mai et l5 Juin. "
" Cette nouvelle est très probable mais mérite confirmation. " Nous verrons si elle se confirmera. Mes nouvelles de Berlin (4 Juillet) sont très mauvaises sur la grande duchesse et même un peu, sur la santé de l'Empereur. A Copenhague, on dit que l'Empereur fera épouser au Prince de Hesse, veuf de sa fille, une des filles de la grande Duchesse Hélène. On y a pris le deuil du Comte de Marne pour trois jours. Adieu. Adieu. C’est bien long.
G.

Auteuil. Lundi 8 Juillet 1844
9 heures

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00435.jpg
Je vais très bien. Furieux, contre cet abominable temps qui m'empêchera de me promener, ce qui est à présent tout ce qu’il me faut. Je n’ai plus qu’un peu de fatigue. Je recommencerai aujourd'hui à m'occuper ici.
Je ferai venir Desages que je n'ai pas vu depuis son arrivée. J'ai bien des choses à régler et à faire avant mon départ. Que le vie est courte ! et bien plus courte, encore pour autre chose que pour les affaires. Adieu, Adieu.
J’attends 4 heures. Adieu. G.

Auteuil, lundi 23 sept. 1844

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00409.jpg
J’arrive de Neuilly. Le Roi est resté cette nuit jusqu'à 3 heures à m’écrire. Pour rien, comme il vient d’en tomber d'accord avec moi ; mais son esprit avait travaillé sur l'affaire de Pritchard. C'est l'homme le plus infatigable que je connaisse.
Rien de nouveau. Rien de Londres. Bresson et Bulwer toujours en intimité de Gibralter, à Madrid. J’ai bien envie que nous fassions la paix au Maroc. Rien de certain encore sur les dispositions de l'Empereur, quoique de tous côtés, il me revienne que sa consternation est extrême. Adieu.
A ce soir. Quel beau temps ! Jouissez-en à St Germain. Je passerai ma matinée à causer. Sans plaisir. à ce soir mon plaisir. Adieu. Adieu. G.

Auteuil, mardi 3 sept. 1844
11 heures

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00413.jpg
J'ai déjà vu du monde, des Français seulement. Le succès comme il arrive des vrais succès, devient plus clair tous les jours. J’ai eu des nouvelles de 2, par quelqu’un qui avait passé hier une heure avec lui. Il est frappé au point d'être abattu. Il dit que c’est très brillant que ce ne sera point usé à l'ouverture de la session qu’il faut se résigner et attendre autre chose. 6 est parti, tout aussi abattu, d’autant qu’il avait beaucoup d'espoir et se préparait déjà à abandonner Tahiti. Il avait tenu dimanche matin deux personnes pendant trois heures, à leur en développer les motifs, avec sa verve accoutumée. Point de nouvelles d'ailleurs.
Je vais passer ma matinée à rabâcher, sur la même chose. Cela ne me plaît qu'avec vous. Promenez-vous. Il fait beau. J’espère que votre estomac vous laisse en paix. Adieu. Adieu à ce soir. Adieu. G.

Auteuil Mardi 10 sept.1844
Midi.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00422.jpg
Je reviens de Neuilly. Je crois qu’il n’y aura pas de Te deum. Le Roi est tout-à-fait revenu à cet avis. Le Conseil est convoqué pour demain une heure afin d'y ramener aussi les Ministres qui ont conseillé ou approuvé le Te deum.
On s'est battu à Tahiti. L’insurrection a été fortement réprimée. On lui a tué 102 hommes. Nous avons eu deux officiers tués et quelques hommes blessés. Je n’ai pas encore vu les détails. On avait bien raison de renvoyer Pritchard. J'ai là du monde qui m'attend. Adieu. Adieu. à ce soir, 8 heures et demie. Le temps est bien lourd. Adieu. G.

Auteuil, Mardi 17 Sept. 1844
Une heure

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00401.jpg
Quel plaisir de vous revoir ! Mais vous avez pris, pour arriver, un mauvais jour, celui où je reçois le matin, à Auteuil. Il n'y a pas eu moyen hier de faire avertir tout ce monde là, à quelle heure arriverez-vous ? Quel ennui si mon plaisir est retardé de quelques heures ! Je ne souffre pas l’idée que vous entriez rue St Florentin, & que je ne sois pas là cinq minutes après, cinq minutes avant. Vous rappelez- vous votre arrivée à Londres, Lansdowne Hotel ? Faites dire sur le champ à Génie que vous êtes là. Il ira vous voir. Quelqu'un avant moi ! Et il m’écrira sur le champ. S’il n’est pas absolument impossible de m'échapper dans la matinée, j’irai à Paris, sinon je serai rue St Florentin tout de suite après dîner, à 7 heures et demie.
Pourquoi arrivez-vous le mardi 3 ? Tout autre jour, je serais allé m'établir au Ministère, à midi, et je vous aurais attendue là. Enfin vous arrivez. Le soleil, je me trompe le brouillard qui s'est levé ce matin, vous verra entrer. Vous ne devez pas avoir un trop mauvais temps en route. Vous aurez laissé le mauvais temps à Baden. Adieu. Adieu. Adieu

Auteuil. Mardi 20 août 1844
8 heures

Voici une lettre que j’ai pour vous depuis deux jours.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00237.jpg
Quelle pitoyable journée hier. Vous avez bien raison. Nous massacrons nos meilleurs jours. Et pendant que vous veniez à ma porte à Auteuil, j'envoyais Hennequin courir à Versailles pour vous porter une lettre au crayon, écrite à 7 heures et demie en sortant de la Chambre. Il est revenu à Auteuil après 10 heures, et vous a porté ma lettre à Paris. J'y vais ce matin de très bonne heure. Je remettrai ceci à votre porte en passant. Et je serai chez vous à 11 heures et demie car j’ai conseil chez le Maréchal à midi et demie. Mais enfin, je vous verrai ce matin. Adieu. Adieu.
Hier n'a été bon qu'à la Chambre. Adieu. G.
Auteuil mardi 25 juin 7 heures
P. S. Voici le mémoire que je reçois sur le petit marin. Nous en causerons.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00407.jpg
Je vous envoie. Génie. J’aurai une journée horriblement occupée. Je suis à l’ouvrage depuis 5 heures et demie.
Pourquoi n’êtes vous pas à Beauséjour ? Rien de nouveau ce matin. Il y en a assez. A tout prendre, je suis content. C’est périlleux mais cela a bien bon air. Je crois que je mènerai le tout à bien.
A ce soir, 8 heures un quart. Si vous vous promenez ce matin, au bois de Boulogne, vous seriez charmante de passer à Auteuil, cinq minutes. Adieu. Adieu.

Mardi 27 août 1844. 11 h. 1/2

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00252.jpg
Voilà une lettre du Roi qui me demande d'aller à Neuilly ce soir avec l'amiral Mackan. Il n’y a pas moyen d'y manquer. Je ne pourrai donc pas aller vous voir. Je sortirai de Neuilly à je ne sais quelle heure. C’est toujours le Maroc qui me dérange. Adieu. Adieu. A demain midi et demie.
J'ai trouvé, la Chambre en train d'aller si vite que la session pourra bien finir quelques jours plutôt du 1er au 3 août. Adieu. Adieu. Que l’été prochain ne ressemble pas à celui-ci. G.
Auteuil. Mercredi 17 Juillet 1844
5 h 3/4

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00445.jpg
Je serai à Paris entre 4 et 5 heures. Fatigué, mais bien parfaitement purifié. Vous seriez charmante de venir me voir aux Affaires Etrangères après votre dîner vers 8 heures. Cela vous convient-il ?
J’ai de longues dépêches et lettres de Pétersbourg. Peu intéressantes. Encore, un homme qui ne sera pas grand chose. Mais cela vous intéressera toujours. Adieu. Adieu.
Je suis charmé de rentrer à Paris. J’ai assez bien dormi, et ce matin, je viens de manger un peu. Adieu.

Auteuil. Mercredi 25 Sept.
8 h 3/4 1844

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00238.jpg
Auteuil Mercredi 26 juin 1844,
9 heures

Je commence à vous écrire d’ici, ne sachant quel temps j’aurai à Paris. Je vais à Neuilly tout de suite après déjeuner. De là au Conseil chez le Maréchal. De là à la Chambre, où l’on discutera aujourd’hui le chemin du Nord. Il faut que j'y sois. Vous n’avez pas d’idée de la passion qu'on met à ces chemins de fer. Boulogne était au désespoir. Calais l'emportait. Aujourd’hui Boulogne est dans la joie sans que Calais se désole. Les deux villes auront chacune son chemin. Qu’est-ce que cela vous fait ? Mais on m'en parle tant que j'en rabache un peu.
Vous prenez plus d’intérêt au Hoheit des Ducs de Saxe. Quelque chance leur vient à Francfort. Le parti pris de la France et de l'Angleterre embarrasse. La Prusse a toujours beaucoup d'humeur. L’Autriche est plus douce. On attend le retour du Roi de Saxe pour négocier, par son intermédiaire. On finira par un remaniement Général de toutes les titulatures allemandes et le hoheit des Cobourg passera dans la foule des changements. Mais l’affaire sera longue. Voilà ce qu’on dit à Francfort. A Darmstadt, on ne croit pas l'Empereur content de son voyage en Angleterre. à Biherich, on comptait sur sa visite. Le Duc et toute sa cour ont passé une journée entière à l'attendre en gala. A Florence, on a pris pour huit jours le deuil du comte de Marne.
A Barcelone, les bains réuississent à la petite Reine. Bresson m'écrit : " Sa mère me disait, il y a un quart d'heure, qu'elle n’était déjà plus reconnaissable, et que toute cette écaille noire qui lui couvrait les bras, les mains, les jambes et les pieds tombait à vue d'oeil. " La politique Constitutionnelle espagnole ne va pas si bien. Narvaez veut se retirer avec le marquis de Viluma. Tous les ministres se rendent à Barcelone.
Quel manque de sens dans tout ce monde là ! Il y en a davantage en Turquie. Le Sultan voyage. A Brousse, où il a passé plusieurs jours, il a reçu également bien tous les notables habitants, Musulmans & Rayas, et les uns comme les autres ont été revêtus de pelisses d’honneur. Bourqueney est charmé. Le Sultan le lui avait promis.
A Jérusalem le Conseil d'Angleterre, qui se trouvait absent, n'était pas venu faire visite au Consul de France le jour de la fête du Roi. Mais l’Evêque Anglican était venu avec son clergé. Le jour de la fête de la Reine Victoria, le Consul de France est allé faire visite au Consul d'Angleterre. Et non seulement, il y est allé, mais il y a fait aller le Révérendissime et tout le Discrétoire du couvent Latin. M. Young a été charmé. La tolérance et l’entente cordiale marchent du même pas. On en a encore plus besoin à Athènes qu'à Jérusalem. Un vieux Chef de Pallicares, le Général Privas s'est insurgé parce qu'il a vu qu’il ne serait pas élu à la nouvelle Chambre des Députés. Il s'est enfermé dans un village, avec une centaine d'hommes. On a envoyé le général Travellor pour le persuader ou le réduire. Cela n'inquiète pas Piscatory. Excellent agent ; point aveugle et jamais découragé. Toujours au mieux avec Lyons. Le Roi Othon leur a donné, à tous deux, sa grand croix. Celle de Pise a causé une humeur enragée à Brassier de St. Simon qui n'a pu s'en tenir et s'est plaint qu'on lui eût fait sauter plusieurs grades. Le Roi Othon s’est fâché : " Quand M. Piscatory n'aurait eu que la croix d’argent, je lui aurais donné la grand croix. Je dois une bonne partie de ma couronne et de notre repos à son influence et à ses conseils. " Voilà mon Journal. Adieu.
Je vais faire ma toilette. Je vous enverrai ceci de Paris en vous disant ce que je ferai ce soir. Adieu.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00257.jpg
Je ne peux pas vous laisser partir sans savoir comment vous êtes. J’étais désolé, désolé hier de vous quitter, de vous quitter si souffrante. Pendant toute la soirée, j’avais envie d’en demander raison à tous les gens qui étaient là, qui m'empêchaient d'être avec vous. Tout notre dîner est venu, tous les Appony, tous les Cowley. Armin aussi. Je lui ai fait votre commission. Il avait de Berlin exactement les mêmes détails que moi. Il était touché de mon empressement, et de celui du Roi qui a envoyé sur le champ chez lui le Duc d'Estissac. Le Roi m'écrit : " Voilà donc ces horreurs qui se renouvellent. " Evidemment cela lui déplait beaucoup, et je le conçois. Il faudra y veiller plus attentivement que jamais. Il écrira demain une lettre autographe au Roi de Prusse.
Encore assez de monde hier soir. Peu de députés. Ils sont partis. Mais le corps diplomatique, très complet, des étrangers, je ne sais combien de Hollandais amenés par Fagel. Toute sorte de monde. J’ai dit qu’on me trouverait chez moi à Auteuil le mardi matin, de 2 à 5. Imaginez qu'Hennequin n’a trouvé de place à la diligence que pour dimanche. Tout était retenu d’ici là, dans toutes les voitures. Il n’a pas pu retenir sa place plutôt, dans l’incertitude du jour de votre départ. Il sera à Bade mardi.
Aujourd’hui le budget à la Chambre des Pairs. On dit qu'on parlera encore sur le mien. Des rhapsodies, chantées par des doublures. J’irai à Paris à mon heure ordinaire. Je passerai chez vous. Mais vous serez partie. Pourtant il ne fait pas beau. Faire, par la pluie, ce qui fait pleurer ! Je reconnais la convenance, la nécessité. Adieu, Adieu. Adieu.
Deux lignes pour me dire comment vous êtes. Adieu. Je vous écrirai demain puis tous les jours, puis par Hennequin. Adieu
Mercredi 31 Juillet 1844. 6 heures 3/4, Auteuil

P.S. Vous devez avoir le pâté. Je viens de faire lever Guillet qui me dit qu’il vous l’a envoyé hier. Adieu. Adieu. God bless you dearest !

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00426.jpg
Je vais bien mieux. J’ai très bien dormi. Je crois que je n’ai plus de fièvre du tout. Béhier va venir. Mais je suis sûr qu’il ne m'ordonnera plus que des bains, et peut-être un peu de petit lait. Je suis encore très fatigué mais d’une fatigue que le repos suffit à dissiper.
Quand vous viendrez me voir au lieu de tourner dans l'avenue d’Auteuil, suivez la grande route jusqu'à une grande grille qui est celle de mon jardin et qu'on vous ouvrira. Vous arriverez ainsi par un très bon chemin. Adieu. Adieu. Je serai charmé de reprendre Lundi ma vie accoutumée. Mais j’avais besoin de ces trois jours de repos. Adieu. Adieu. G.

Samedi 21 sept. 1844

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00226.jpg
Auteuil, Samedi 22 Juin 1844, 9 heures

Certainement, j’irai dîner avec vous demain. J’irai en sortant du Conseil de Neuilly. Profitez du beau soleil et du bon air. Ennuyez-vous un peu, pas assez pour vous faire mal. Cela durera ce que cela pourra. Le jour où vous reviendrez à Paris, je serai charmé. Mais je ne veux pas que vous y reveniez un jour plutôt.
J’ai fait écrire hier sur le champ, par Génie, au Préfet de Rouen de qui dépend le Havre, pour qu’il retînt par devers lui jusqu’aux premiers jours de Juillet, l'exequatur de Pogenpohl que j’ai signé par mégarde, au milieu d’un tas de papiers insignifiants que je signe sur la foi du Chef de service. Je crois même, d'après ce qu’on m’a dit, que ceci était signé, avant que vous m'en eussiez parlé. Mais c'est réparé. Pogenpohl peut se tenir tranquille à Paris, et n'aller au Havre que du 1er au 10 Juillet.
Je me suis couché hier de bonne heure et levé ce matin de bonne heure. Je vais à Paris après déjeuner. Quel traitre étourneau que Thiers ! Il m'aborde avant Hier à la Chambre, me fait une question sur Montevideo, me demande un rendez vous pour des gens qui en arrivent. Je réponds à la question, je donne le rendez-vous ; et je trouve tout cela ce matin, dans le siécle. Thiers, s'en fait valoir comme d'une preuve de son crédit après de moi. Heureusement je l’avais un peu prévu, et ne lui ai rien dit que je ne puisse dire tout haut. Il y a là encore plus du journaliste que du traître.
J’attends Génie qui vient déjeuner avec moi. Je ne fermerai, ma lettre qu'après. Il m’apportera peut-être quelque chose à vous dire. Je veux que mon garde municipal parte d’Auteuil. C’est un peu plus court. Il attendra votre réponse. Je la trouverai ici en revenant dîner.

10 heures et demi.
Génie est venu, et ne m’a rien apporté. Sinon une sottise de l’archevêque de Turin qui a laissé enlever et fait recevoir dans un couvent la fille du Ministre de Hollande, pour la convertir. Cela fait assez de bruit en Piémont. Le Roi a peur de l'archevèque. M. Abercromby et M. de Truchsess n’ont peur ni de l'un ni de l'autre. Le clergé fait partout des sottises. Adieu. Adieu. A demain. Que c’est loin. Adieu d’ici là. G.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00243.jpg
Je vois sur l'affiche qu’on ne joue pas ce soir le Mari à la campagne. Ce n’est que pour Mardi. On joue aujourd’hui la Dame et la Demoiselle. Nous sommes des étourdis de n'avoir pas fait demander préalablement ce qu'on jouait. Y allez-vous toujours ? Si on ne vous trouve pas chez vous, & si vous ne me faites rien dire avant mon départ pour Auteuil, je viendrai toujours ce soir à 8 heures et demie. Adieu. Adieu. G.

Samedi 29 Juin 1844,
4 heures

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00412.jpg
Mes nouvelles sont bonnes. Incomplètes pourtant encore, et laissant une petite difficulté. Je crois de plus en plus au bon résultat. Je vois Neuilly.
J'ai besoin du Conseil ce matin chez le Roi, à 2 heures. J’irai vous voir, entre midi et une heure. Adieu. Adieu.

Auteuil Vendredi, 6 sept 1844 9 h. 1/2

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00417.jpg
J’ai peine à me persuader que je ne vous verrai que ce soir. Vous avez dans ma vie la place d'une charmante nécessité.
Je ne sais pas comment se passera votre matinée. Cela me déplait. Je n’ai de nouvelles que de Madrid. Assez curieuses. Mes instructions pour nos nouvelles ouvertures à l'Empereur de Maroc seront arrivées à Cadix le 7.
J’espère qu’avant un mois la question sera vidée. Avez-vous une réponse du Duc de Noailles ? Mon dîner d’hier était assez amusant. Le beau fils de M. Planta me convient. Très anglais et très français. Il était charmé de mon accueil. M. Ahlenschläger ne pouvait se rassasier de ma conversation et de mon dîner. On dit que c'est le plus grand poète de l'Allemagne d'aujourd’hui. Il veut faire jouer cet hiver une tragédie au théâtre français, par M. Ragel. Mad. de Sainte Aulaire a gagné son cœur. Elle a été créée et mise au monde pour les poètes Allemands. Elle m'a quitté pour aller à Neuilly. Ils retourneront à Londres, le 1er Octobre. Adieu. Adieu. à ce soir, 8 heures et demie. Soignez-vous bien d'ici là. Adieu. G.

Auteuil, Vendredi 13 sept. 1844
10 h un quart.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00425.jpg
Je suis mieux, quoique j'ai encore de la fièvre. J’ai beaucoup et mal dormi. J’étais très agité. Tout mal de cœur est passé. C’est évidemment une courbature venu de froid, et de fatigue. J’ai tous les membres brisés. Je resterai encore quelques heures dans mon lit ; puis, je continuerai à me reposer levé, comme couché.
Si vous venez me voir entre 3 et 5 heures, nous serons parfaitement seuls. Dites moi à peu près à quelle heure vous pourriez venir. J’envoie chercher, Béhier. J'en encore une véritable horreur pour manger quoi que ce soit. Adieu. Adieu.
Ce ne sera rien du tout. C'est du repos qu’il me faut. J'ai les nerfs très tendus. Adieu

Auteuil Vendredi 20 sept.
8 heures

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00398.jpg
Bade Samedi le 17 août 1844,
à 7 heures du matin

Je pars ; mes chevaux sont là. Je vous écrirai encore de la route. Mon frère est moins bien, mais si je restais, je ne partirais plus. Adieu. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00262.jpg
Epernay Mercredi 7 heures le 31juillet 1844

J'arrive, mais la poste a passé, vous n'aurez donc ceci qu'après demain. Cependant j'écris pour vous dire que la journée a été bien, je suis partie à 9 1/2. J'ai couru fort vite, je ne suis pas trop fatiguée. Je vais dîner et me coucher ; il me parait que c'est une soupe, bien vilaine soupe. Vous êtes si loin ! Vous dinez dans la moment chez vous au milieu de votre famille, tranquillement, gaiement. Non pas tout-à-fait. Je vous manque, pas là, mais du reste n'est-ce pas ? Adieu. Adieu.
J’ai chaud, je me fatigue à écrire. Je vous quitte, je vous aime ! Adieu. Comme j’attendrai vos lettres, & Hennequin ! Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00464.jpg
Ferrières Samedi 2 heures Le 28 Septembre 1844.

Je viens de recevoir votre petit mot de hier 3 1/2. On dirait presque que je suis à Bade. Voici une occasion de vous faire parvenir de mes nouvelles. Je partirai demain à 10 h. ou à 1 heure. Plutôt 10 heures aussitôt que je serai arrivée vous le saurez mais j’espère que vous passerez la matinée à Auteuil ou enfin à l’air. C'est tout-à-fait essentiel pour vous. Que je vous ai désiré ici aujourd’hui. C’est si tranquille & si joli, & un temps si beau ! Mais je n'en jouis pas je pense trop à vous. Adieu. Adieu, je n’ai pas un mot de nouvelle à vous dire. Mangez, dormez, promenez vous, ne songez qu’à votre santé. Je vous en conjure. Adieu. Adieu dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00466.jpg
Ferrières, 9 heures du soir

Je vous écris un mot par M. N. de Rotschild qui part dîner de bonne heure et me rapportera votre réponse. Je vous supplie de lui envoyer votre lettre & de me bien dire comment vous vous trouvez. Je suis inquiète extrê mement. J'ai besoin de savoir de vos nouvelles. Je sors de table et je meurs de fatigue. Adieu, adieu, adieu à Dimanche. Si j’ai encore un moyen de vous écrire vous aurez de mes nouvelles. Adieu. Adieu.
Votre lettre à Rothschild serait encore à temps à 3 1/2. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00217.jpg
Fontainebleau Dimanche 7 heures
Le 16 juin 1844

J'ai reçu votre lettre ce matin. Je ne sais encore à quelle heure je partirai demain. Je dis dix heures. Mais je ne sais pas si ma voiture sera prête. J’ai donné à refaire tout ce que Constantin m’a cassé, et j’ai peur de Dimanche dans tous les cas vous passerez chez moi en sortant de la Chambre. Si je n’y étais pas, ce serait parce que je n’aurais pas pu partir et il faudra attendre mardi. J’ai passé une nuit atroce. Je ne me suis endormie qu'à 7 heures ce matin. Toute la nuit j'ai fait des plans. Ce qu'il y a de sûr c’est que je ne retournerai pas à Beauséjour, c’est trop triste. Je ne puis pas avaler cela. La vue constante de mon jardin. Mais où aller ? Versailles. St Germain. Il n’y a que cela, car prendre une maison, la chercher d’abord. C'est trop d'embarras car c’est à moi a prendre tous les embarras. Rester en ville, impossible si Fontainebleau n'était pas si loin. On y est très bien, & des roses & un joli jardin sous ma fenêtre. Je vous assure que je me sens très malheureuse de tout cela.
J'ai oublié de vous dire que la Comtesse Moltke est fille d'une comtesse Grégoire Razoumofsky. N’est-ce pas celle que vous avez connue ? La comtesse Léon l’a élevée. Elle est charmante au dire de tout le monde. Depuis dix ans elle habite Florence avec son mari. Sa mère était d’une famille autrichienne. Je crois qu'au fond elle était la maîtresse & pas la femme du comte Grégoire.
J’ai vu le Palais c’est très curieux et très beau. J’ai vu les belles parties de la forêt, j’en suis enchantée. Le temps aussi est superbe. La société ne m'amuse pas beaucoup. Il n y a que Rodolphe, le cousin, pour moi. Il a plus d’esprit que je ne croyais. Adieu. Il me semble que je suis d’assez mauvaise humeur, vous ne savez pas mon adoration pour un brin d herbe, pour une fleur et n'en pas posséder une seule, ne pas avoir la jouissance la plus vulgaire, passer un été, peut-être mon dernier été sans ce bonheur là, j'en pleure. C’est vrai, j’ai pleuré cette nuit. Adieu, adieu. A demain, j'espère. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00212.jpg
Fontainebleau Samedi 7 1/2
Le 15 juin 1844

Le 15 juin ! Nous l'avions oublié ! Le voilà qui m'apparait tout juste quand je vous ai quitté. Je suis dans un autre pays ! Il n’y a pas d'à propos. Vous auriez dû venir à Fontainebleau. M. Beauvais est venu m'annoncer que cela ne se peut pas. C’est fini !
La grande Duchesse allait beaucoup mieux. La fièvre l'avait quittée. il est donc vraisemblable que l’Empereur en trouvant cette nouvelle à Berlin ou même avant aura repris la route de Kenzingen. Il y sera d’autant plus disposé que Melle Nélidoff s’y trouve, & qu'au fond voilà la clé de tout cet arrangement et de l’exclusion qu'on donne aux Princes & Rois.
J'ai fait mon voyage en cinq h. 1/4. Je suis arrivée avant le reste de la société. Tout cela dîne et moi j’ai mangé mon poulet dans ma chambre. Je ne suis pas sociable. Tout cela est bien jeune pour moi. L’air est charmant. Constantin m'a cassé une glace, & puis une jalousie, et enfin j'ai fait la route avec un côté éclipse totale. J’ai eu de la peine à ne pas montrer ma petite colère ; adieu, adieu.
Je le répète, l’air est charmant je ne saurais dire autre chose. Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00541.jpg
Paris, dimanche 13 octobre 1844, 9 heures

Quelle excellente lettre que celle de vendredi ! Evidemment vous êtes content ; cela me rend toute heureuse. Cela aura été un bon et utile voyage. Pour beau, c’est clair. Les journaux anglais sont dévorés par moi, je lis tout. Je suis ravie, et la Cité par dessus le marché. Tout cela se fait grandement, royalement. Il est impossible que cela n'impose pas un peu ici, et beaucoup sur le continent. Dans tous les cas cela sert plus que de compensation aux mauvaises manières du continent. Enfin c’est excellent. J'espère que vous lirez cette lettre-ci tranquillement à Eu. Non, je me trompe, elle ira sans doute vous chercher a Portsmouth. C’est donc décidément Portsmouth. Je regrette. Je vais encore passer une nuit blanche, c’est-à-dire noire car toutes les idées de cette couleur assaillait mon esprit. Vous avez vent contraire et du vent trop fort, aujourd’hui cela ne vaudrait rien. Fera-t-il mieux demain ? Comme je serai dans l'anxiété mardi !
J’ai vu longtemps Génie hier, & puis la jeune comtesse, revenue depuis une heure seulement et qui est tout de suite accourue. Mad. de Strogonoff, quelques autres indifférences. Je me suis promenée dans le bois mais un moment seulement, j'avais des crampes d’estomac. J’ai été dîner chez le bon Fagel, personne qu’Armin, Bacourt, Kisseleff. Je les avais nommés. A huit heures je les ai envoyés dans ma loge aux Italiens, et je suis allée comme de coutume chez Annette. En rentrant à 10 heures j’ai trouvé Marion m’attendant sur le perron. Elle venait d’arriver avec ses parents. Joyeuse, charmée et charmante.
J’ai assez mal dormi, mais mes douleurs sont un peu passées ce matin. une heure. Je rentre de l’église. J'ai bien prié, remercié, demandé. Génie était venu avant dans la crainte de ne pas me rencontrer plus tard. Il est content aussi du voyage. Il parait que l’effet est excellent. Mon avis est que vous preniez à l’avenir votre politique sur un ton plus haut. Oui, la paix. Oui, l’alliance de l'Angleterre ; la seule bonne, la seule possible. Que vous dédaignez toutes les misérables chicanes que vous défiez vos adversaires, que vous les réduisiez ainsi ou à se taire ou à vous renverser. Prenez grandement votre parti là dessus. Vous en aurez l’esprit plus tranquille et le corps mieux portant. Tout le monde est venu me faire visite ces jours-ci, ( non pas que j'ai vu tout le monde ) Salvandy même ; mais pas de mad. de Castellane. Adieu. Adieu, que le ciel vous protège et vous ramène en bonne santé. Adieu.
Génie me dit cependant que cette lettre va vous attendre à Eu. Adieu encore dearest.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00249.jpg
Paris, dimanche 14 juillet 9 heures 1/2

J’a été souffrante cette nuit il me sera impossible de me trouver à 3 1/2 au rendez-vous. Je vous en donne avis, et vous propose de venir à Auteuil un peu plus tard. J'y serai à votre porte entre 4 1/2 & 5 heures pour vous prendre et nous promener si le temps le permet, ou pour vous parler un moment dans ma calèche s’il n'y a pas d’autre ressource.
Je ne compte pas sur la soirée, car je ne suis pas bien et il faudra me coucher de bonne heure. Vous me ferez savoir un mot de réponse. Avez-vous quelque chose de Tanger ou de la grande Duchesse ? Adieu. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00419.jpg
Vraiment voilà une bonne & grande nouvelle. Je vous félicite et moi aussi, et je vous remercie, beaucoup d’avoir fait la paix, et de me le dire. Adieu à demain, thank you a thousand times. Adieu.

Dimanche le 15 Sept. 1844

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00432.jpg
Je vous remercie d’avoir bien dormi, de n’avoir plus de mal de tête. Cependant il me semble qu'il faudrait encore de votre bouteille d’eau je ne sais quelle. Voyons ce qu’en pensera Behier. Je serai chez vous bien sûr à quatre heures.
Je suis allée hier à 8 heures chez les Appony. Une demi-heure après les enfants arrivaient. La pauvre Annette bien touchante, elle était si contente de me trouver là. Ce matin, ils viennent tous ici dans l’espérance de trouver une lettre de Constantin. Ce que Rodolphe me raconte est effrayant. Il est impossible qu'il arrive vivant à Pétersbourg !
De là j'ai été chez Madame de Castellane. Molé l’avait chargée d’arranger avec moi Champlatreux. Je promets pour octobre. Rossi est venu, pas de conversation politique du tout. L’histoire ancienne réveillée, par Lord Malmesbury. A 10 heures je suis rentrée, & Génie est venu me donner de vos nouvelles. Il espérait la bonne nuit qui est venue. Adieu. Adieu. Je vous en prie portez vous bien, faites tout pour cela. Adieu, à quatre heures.

Dimanche 9 heures le 22 7bre 1844

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00467.jpg
Me voici arrivée. J'ai hâte de vous voir, de vous regarder et de vous dire adieu. Dites moi où vous voulez que cela soit. Je puis aller chez vous de suite ou à telle heure de la matinée que vous fixerez. Rien ne me gêne. Et, il faut que je vous voie ce matin parce que comme mon fils dînera avec moi, je ne pourrais pas me débarrasser de lui à temps pour vous aller voir ce soir. Je vous préviens qu’il ne fait pas chaud chez moi ; on n’allume le feu que dans cet instant. Ainsi il vaut sans doute mieux que j’aille chez vous. Commandez que je vous remercie de vos deux lettres. Adieu. Adieu.

Dimanche 29. à 1 heure.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00470.jpg
Vous êtes charmante d'être arrivée. Venez me voir dés que vous voudrez. Le plutôt sera le mieux. Pas avant une demi-heure. On ne veut pas que je sorte aujourd’hui à cause de l'humidité. Je vais mieux et j'irai bien à condition de me ménager beaucoup. Adieu. Adieu.

Dim. 29 1 h. 1/2

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00244.jpg
Je vous envoie Génie si vous avez quelque chose à me dire sur l'emploi de votre matinée, il me le transmettra sur le champ.
Voici une lettre de Londres, qui ne me plait pas, sur l'avenir du Cabinet. L'Empereur de Maroc me paraît bien belliqueux. Il a rejeté la médiation de l'Angleterre dans sa querelle avec l’Espagne, et l'ultimatum de l’Espagne. Je n'ai rien d'ailleurs.
Comment êtes-vous ? Hier soir, je vous ai trouvée mieux, physiquement au moins. Adieu. Adieu. G.
Dim. 30 Juin - midi

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00481.jpg
Je vais très bien. J’ai très bien dormi. J’irai vous voir à midi 1/4. J'espère qu’il fera beau et que je pourrai me promener. Rien n’est plu contraire à mes habitudes, que de m'occuper de ma santé. Mais je le fais et je le ferai, car je suis décidé à me bien porter. Adieu. Adieu, dearest.
Que je vous vois peu !

Jeudi 3 oct. 1844

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00446.jpg
Vos bonnes houvelles me font du bien. Je suis mieux que hier au soir mais pas bien encore. Les douleurs reviennent, j'ai cependant bien dormi. Que je me réjouis de vous voir chez moi ce matin. Je vous en prie profitez de votre réputation de malade pour vous reposer encore toute cette semaine. Fermez votre porte. Si vous vous fatiguiez à présent il vous serait plus ennuyeux & embarassant de reprendre des allures de malade. Aujourd’hui c’est établi. Reposez vous bien. Adieu. Adieu. Je suis si contente.

Jeudi 9 1/2

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00449.jpg
Comment êtes-vous ce matin ? J’ai passé une bien bonne nuit dans une bien bonne chambre, bien sèche, bien aérée et bien chaude. Je me sens remonter vers la santé. Dites-moi cela aussi. J’irai vous voir entre midi et une heure. Adieu. Adieu. Vous souffriez hier en me quittant. Adieu. G.

Jeudi 26 sept. 9 h. un quart

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00245.jpg
Il n'y a pas eu moyen d'aller vous voir en sortant du Conseil. J’ai été tout de suite à la Chambre, et j'en sors. Séance désagréable, sans autre importance que le désagrément. J’ai soutenu le Moniteur. Adieu.
A 8 heures et demie.
Adieu. Adieu. Votre lassitude de ce matin me déplait. G. Lundi 1 Juillet
5 h. 3/4

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00549.jpg
Paris lundi le 14 octobre 1844, onze heures.

Vraiment vos lettres sont the most satisfactory imaginable. Tout est parfait. Il ne me reste plus qu’un bon passage, et une journée sans accident Mercredi, et je serai merveilleusement contente et heureuse. J’ai regardé déjà cent fois le ciel. Il y a des images, il y a des vents ! Je suis sortie hier quoiqu’un peu malade, j'ai eu tort. Je ne bougerai pas aujourd'hui. Outre mes crampes d'estomac je me suis enrhumée et je tousse beaucoup. Mais ce ne sera rien. Que les journaux sont charmants à lire. Comme cela fera enrager bien loin d'ici. Quel contraste. J’ai vu hier matin les Appony. Bacourt, Fleichman, Lady Cowley, le diplomates croient que le voyage fera un immense effet en Europe. Certainement il ne restera indifférent pour personne. Les meilleurs en resteront embarrassés. Pourquoi ont-ils peur, pourquoi en viennent ils pas rendre hommage ici ? Voilà le premier pays du monde comblant le roi de respect au delà de ce qu'on a jamais vu pour un monarque étranger. Quant aux malveillants imaginez ! Je ne sais pas vous parler d’autre chose d'ailleurs je ne sais rien. J’ai encore passé la soirée chez Annette. Elle se remet.
J’attends Génie. Il n’est pas si exact que vous. Hier il était bien content des nouvelles de Windsor. Il ne le va pas [l'être] moins aujourd’hui.

3 heures. Voilà Lady Cowley & Kisseleff dan ma chambre. Pas possible de continuer. Le temps est noir, du vent, ah mon Dieu, que je vais être inquiète. Adieu. Adieu. Adieu. Mille fois, ayez une bonne traversée. Revenez bien portant. Adieu.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00436.jpg
Cette pluie m'ennuie bien aussi pour vous. Mais vous êtes bien, Dieu merci. Ne vous occupez pas trop.
J’ai vu hier après vous Lady Cowley pas autre chose. Elle ne dit rien de nouveau. Elle s'occupe de vous, et désire bien que vous preniez le plus de repos possible.
J’ai dîné et passé la soirée avec mon fils. Il va retourner à Londres. J'en suis fâchée. Adieu.
Adieu, à quatre heures.
Lundi 23 Sept. 9 1/4

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00235.jpg
Lundi 24 Juin 1844 5 h. 1/2

Je sors de la Chambre. Nous venons de faire défaire, à 28 voix de majorité, ce qu’on avait eu tort de faire samedi. Ne redites pas textuellement mes paroles qui sont dures mais c’est le fait. Bataille assez vive, quoique je ne m'en sois pas mêlé. Je n’ai pas eu un moment depuis que je suis levé, conversations, conseil, séance. Et je pars pour Auteuil où j’ai vingt personnes à dîner. Hier valait mille fois mieux. Charmante soirée, si animée, et si douce. Lord Cowley est là qui m'attend. Il a quelque chose à me communiquer sur le Maroc. Quel ennui de vous quitter après vous avoir écrit de la sorte ! Je vous écrirai demain matin, et pour vous écrire, et pour vous dire ce que je ferai Mercredi.
Je crois que j'irai vous voir le soir. Adieu Adieu. Je regrette bien hier. Adieu. G.

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00471.jpg
Comment avez-vous dormi ? Comment êtes-vous ? Il y a si longtemps que je ne vous ai vu ! Dites-moi l'ordre du jour. Où et quand. Je ferai comme vous voulez. Je ne sais rien, j’ai vu les Cowley qui ne savaient rien, & mon fils qui part ce soir. Il est ravi que l’affaire de [?] soit arrangée. Mais il ne l’a appris que par moi. Il s'en va ce matin payer son argent. Adieu. Adieu.

Lundi 30. 9 heures

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00474.jpg
Voilà mon fils qui rentre de sa visite à la direction de l'Opéra. On lui a dit que l’affaire était arrangée en effet. c.a.d. que la loge était loué à Madame Lehon. Je m’empresse de vous mander ce dénouement. C’est bien fort. Adieu à midi.
10 h 1/2 Lundi.

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00473.jpg
Je me sens tout à fait mieux ce matin. Ma nuit a êté excellente, et j’ai le sentiment du retour de la force. Je serai chez vous ce matin de midi à midi et demi. Adieu. Adieu. Vous m'avez pris au milieu de ma toilette. Adieu.

Lundi 30 Sept. 1844 9 h. 1/4

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00476.jpg
Des nouvelles s'il vous plait. La nuit, les forces, l’appétit ? J'ai vu mon fils hier soir. Sur ce que vous m’avez dit il reste encore la matinée ici parce que comme c’est le dernier jour de l’année d'opéra, il faut bien que cela se décide. One way or the other. Il fait froid, prenez votre manteau de plus dans la voiture. C’est bien sûr je vous verrai à midi. Adieu. Adieu.

Mardi 5 octobre. 9 heures

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00478.jpg
La nuit très bonne. Les forces reviennent mais encore lentement. L’appétit pas mal. J’ai repris un bouillon ce matin, volontiers. Oui certainement, à midi. Je prendrai mes précautions contre le froid. Adieu. Adieu.
On doit venir de l’intérieur ce matin, chez Génie, pour la loge. Nous verrons enfin. Adieu. Adieu. G.

Mardi 1er oct. 1844,

Mots-clés :

Auteur : Guizot, François (1787-1874)
MF-G-L007_00246.jpg
Je trouve en arrivant une convocation, chez le Maréchal, à midi. Je viendrai chez vous en en sortant vers une heure et demie. Rien ne m'en empêchera aujourd’hui. Voulez-vous me donner à dîner ? Adieu. Adieu.
Il fait beau. J'espère que ce temps vous sera bon.
Adieu. G.
Mardi 2 - midi

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00410.jpg
Merci du billet. Pas de St Germain pour moi. à 1 1/2 Madame de la Redorte, à 3 heures Thiers.
Je viens de me promener aux Tuileries. J’ai rencontré Mackau, il a l’air un peu épouffé mais cependant stout. Hier Harry Vane a dit à Kisseleff " dans quinze jours l'Angleterre peut avoir 300 bateaux à vapeur pour bloquer la France. " Greffulhe est dans la plus grande épouvante. Moi, je ne suis pas du tout tranquille. Adieu. Adieu.
Grande semaine, mauvaise semaine. Bonne soirée j'espère. Adieu.

Midi
Paris Mardi 3 7bre midi

Auteur : Benckendorf, Dorothée de (1785?-1857)
MF-G-L007_00415.jpg
Merci, merci. C’est évident, & je faisais la même réflexion en lisant ce matin les journaux. La chose est trop claire, pour ceux qui portent des lunettes & ceux qui n’en portent pas. Je suis toujours plus enchantée.
Je pars à 1 1/2, Je serai de retour à 6. Je vais mieux. Je n’ai vu personne, et je n’ai pas reçu de lettres de nulle part. Adieu. Adieu, à ce soir adieu.
Midi 1/2
Mardi 10 Septembre 1844
Formats de sortie

atom, dcmes-xml, json, omeka-xml, rss2