Guizot épistolier

François Guizot épistolier :
Les correspondances académiques, politiques et diplomatiques d’un acteur du XIXe siècle


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Auteur : Guizot, François (1787-1874)
https://eman-archives.org/Guizot-Lieven/import/images/MF-G-L010_00016.jpg
Ketteringham Park. Jeudi 3 août 1848
Onze heures

Voilà votre lettre d’hier. Il y a du vrai dans votre premier reproche. Je crains trop les contradictions, les objections, les chagrins, du premier moment, ce qui m'empêche souvent de faire ou de dire ce qu’il faudrait pour éviter ceux du dernier moment. J’y veillerai pour m’en corriger quoique je sois vieux. C’est une faiblesse pleine d'inconvénients. Et quand les inconvénients arrivent, personne ne les sent plus vivement que moi. Juste mais triste punition de la faiblesse. Je n'accepte pas votre second reproche. Je traitais jusqu'ici l'affaire des papiers avec Génie par M. Palmerston. C'est pourquoi je ne lui avais pas écrit directement et spécialement quels étaient ceux que je tenais surtout à avoir ici. M. Palmerston n'ayant pas fait l'affaire, j’ai écrit à G. en lui donnant, à lui-même la résignation que j’avais donnée à M. P. G. avait fait remettre quelques papiers à P.. Mais ce ne sont pas ceux auxquels je tiens. Si vous étiez là, je vous expliquerais en détails. Mais soyez sûre que j’ai mis à cette affaire là tout le soin possible ! Soin difficile de si loin, et avec toutes les réserves qu’il faut garder.
On est bien craintif à Paris. On ne parle qu’à demi-mot. On ne remue qu'en hésitant. Pour tout ce qui se rapporte à certains moments et à certaines personnes. Mais j'en viendrai à bout. Et malgré, ma vive contrariété du retard, je ne puis avoir d'inquiétude réelle, et définitive. Ecrivez-moi, encore ici jusqu’à samedi après demain. Je n'’en partirai probablement que lundi matin. Moyennant que j'abnéguerai le séjour en Ecosse. J’irai seul chez Lord Aberdeen, pendant que mes enfants seront à St Andreas, Melle Chabaud y restera avec eux jusqu’au moment du départ. Viendrez-vous maintenant chez Lord Aberdeen ? Ce serait bien joli, j’emploierai ainsi le temps des bains St. Andrews. Il serait bien long et pas bien amusant de vous dire pourquoi ce nouvel arrangement se rattache à deux jours si plus passés ici. Mais c’est le fait, et le bon fait si vous venez à Haddo.
Voilà le Roi de Sardaigne bien évidemment en retraite. Retraite heureuse pour lui, si elle le force à traiter avec les Autrichiens c’est-à-dire si elle force les Italiens à le laisser traiter avec les Autrichiens au prix de Venise. Je vois ce matin dans le Globe qu’il a demandé à Paris l’armée française et qu’on lui a répondu par le médiation française. Ce serait un peu votre politique. Cependant M. Bastide vient de promettre encore l’intervention, si l'Italie insiste. Et j'ai peur qu'elle insiste. Charles Albert ne me paraît guère, en état de dire non à Mozzini. Les honnêtes gens en France regarderont comme une victoire l’ordre du jour de l'Assemblée nationale sur le discours de M. Proudhon. Et en effet, s'en est une, à quelles victoires sont tombés les honnêtes gens ! Cavaignac et Bastide ont eu toute raison de se refuser à Mauguin. Adieu. Adieu. Je vous quitte pour aller à Norwich voir une belle cathédrale. Je fais comme si j'étais curieux et on m’en sait gré. Le temps est passable. J’ai marché hier deux heures dans la campagne. Connaissez-vous Lord et Lady Woodhurst ? Non pas les personnes mais le nom. Les personnes sont deux jeunes gens de bon air et d'assez d’esprit qui sont venus dîner hier. Adieu. Adieu. Adieu. G.
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