89. Le défi d’une ceinture noire…sans dents

Auteur(s) : Sassine, Williams

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Sassine, Williams, 89. Le défi d’une ceinture noire…sans dents, 1993/11/29

Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Consulté le 22/08/2025 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/items/show/3431

Texte de l'article

Transcription

N° 89, 29 novembre 1993 : « Le défi d’une ceinture noire…sans dents »

Les ex-futures élections organisées pour rien depuis 10 ans approchent. Pour nous encourager à voter, la Radio Télé Gbantama spécialiste en rubrique nécrologique, met une espèce de musique étrangère qui ressemble à une marche funèbre, en requiem, soutenue par une voix profonde d’outre tombe, probablement pour appeler les morts à venir voter.

Mais on chen fout ! Nous, les vivants qu’on nous foute la paix ! On chante vaille que vaille, même quand chat commence à dérailler depuis très longtemps. Demandez au train de Kankan, qui se soûle la gueule en cours de rails et qui dépasse rarement la Moyenne Guinée, cette Moyenne Guinée plus élevée que la Haute Guinée. Mais on chen fout ! D’après le charbonnier du coin et dont un frère a monté un maquis dans une gare, le problème de la Guinée est socio-politico-économique…Bizarre. Son grand père avait eu à élever un zèbre qui parlait, qu’il entendait encore dans ses cauchemars dans le lit de sa troisième épouse. Quelqu’un, un jour avait mangé le pauvre zèbre ; parce qu’il ne trouvait plus d’ânes à Kankan. Dans cette ville jadis bénie, aujourd’hui maudite ou tout comme, on pouvait même voir des autruches et des dromadaires.

On chen fout ! On se mangera bientôt entre zèbres, ânes, autruches, dromadaires et autres animaux et ministres bouffe-tout, plus gros que leurs ministères. Sauf la Baïcha et Plat-tô qui digèrent mal leurs budgets. Encore ma sympathie et notre amitié à ce ministre agressé et blessé par des bandits.

Ainsi va la Guinée de Fory Coco. Une Guinée qui nous est étrangère, en train de devenir un enfer. Il faut voir le matin les fonctionnaires passer. Ils trainent du pied, comme des moutons qu’on tire vers l’abattoir. Ceux qui n’ont pas de salaire, ont un peu plus de chance. Ils se lèvent plus tôt que leur coq ou le muezzin du quartier pour faire croire qu’ils font partie des « déflatés » et qu’on leur doit de l’argent.

On chen fout ! Les voleurs eux sont contents.

A eux, on ne doit rien. En plus le Pape les aime bien. Lors de son premier et dernier séjour, on s’est servi de lui pour escroquer de braves commerçants et pour libérer n’importe qui. Les seins des saintes sont tombés ce jour-là pour rien, semblables aux mamelles que je vois balloter tous les jours, à la façon des pendules d’horloge, incapables d’indiquer l’heure de leur redressement.

On chen fout ! L’ex-CMRN a laissé ainsi trainer ses seins. Quelques uns sont venus, ont été à mort et sont partis. Où est le problème ? Puisqu’il y a plus de solutions que de problèmes dans ce pays. Quand on est dernier partout, pourquoi se presser ? Ce sont les premiers qui ont plus de problèmes que de solutions. Prenez le cas des Etats-Unis, leur président a eu son Vietnam en Somalie. Tonton le Mythe Errant ne sait plus ce qu’il faut faire avec ses immigrés, surtout avec son premier ministre Ballamou. En Allemagne, on tape sur les têtes de turc, parce qu’elles sont solides. En Guinée, comme nous n’avons pas beaucoup d’ambition (comme d’habitude), on se fait la guerre entre peulh et libanais, juste un petit entraînement pour la casse qui se prépare pour les élections, qui n’auront probablement pas lieu à la date prévue. Entre Peulh et Libanais, je suis confus puisque je suis peulh et libanais.

Mais on chen fout ! Quel que soit l’élu, il ne sera ni esquimau, ni japonais, mais guinéen. Nous sommes entrés dans cette démocratie, comme des puceaux qui déviergent une fillette, sans penser aux conséquences. Aujourd’hui, la fillette est en grossesse, mais de qui ? A cause de ses parents, elle est tentée de désigner le plus riche, le plus fort de ses amants. Alors peut être un jour, on fera le baptême d’un bâtard. Il faut reconnaître que personne ne sait plus qui couche avec notre démocratie, on est cocus, depuis 1958. La preuve c’est que ce sont nos femmes qui créent l’événement, à travers une grossesse, une marmite vide, une scolarité non garantie.

Mais on chen fout ! On nous a programmés pour le 5 des cendres. Nous irons aux urnes ce jour-là, ne serait-ce que pour remplir les urnes de cendres.

Il faut qu’on se débarrasse de cette élection interminable. Que ce soit un menteur ou un arbre, ou un honnête, notre prochain, où est le problème. L’essentiel c’est qu’il aime la Guinée, qu’il nous donne la preuve de ce qu’il a déjà fait pour la Guinée, dans leur intériorité ou leur extériorité.

Au carrefour des évènements, sans feux rouges, il nous est obligatoire de faire attention pour éviter la collision.

Il y a trop de « voitures » dans la circulation, sans plaques d’immatriculation, sans pneus de secours, sans klaxon, sur des routes qui ne conduisent qu’à des embouteillages. Mais, bientôt il ne pleuvra pas, nous allons manger nos dents, pour ceux qui en ont encore.

Fory Coco qui a autant de parents que de dents, a croqué les os de mon coq volé, depuis longtemps. Bon appétit !

Il n’est pas l’heure de nous faire peur, puis-que la plupart de nos leaders ont surtout peur de l’ombre de leur passé.

Si le « Lynx » voit loin, c’est qu’il s’efforce de regarder dans l’avenir.

A travers son regard, je voudrais rencontrer La Gomme en débat public à défaut de Fory Coco, puisque je ne suis candidat que pour moi-même. Mon défi est le suivant : Monsieur Gomez sera descendu en cinq minutes, je démontrerai tout un système. Seulement en cinq minutes ! Qu’il choisisse son temps et je choisis mon terrain. Ou bien s’il n’a pas le temps, qu’il me présente un de ses ministres. On chen fout !

Williams Sassine

Billet

Le trop d’écrivains

« Erre Guinée » n’écrit plus grand chose dans le ciel.

Le Président de nos écrivains, c’est pareil.

Fory Coco lui, n’écrit pas, et en plus il lit difficilement

Nos oiseaux en haut sont fatigués avec leurs plumes.

Mais il nous reste des écrivains, les écrivains du PUP.

Il écrivent partout ceux-là, très inspirés qu’ils sont, ils écrivent sur les murs et les routes : « PUP ». Pendant qu’on expire nous autres, les non inspirés d’un parti politique. Qu’on foute la paix à nos rêves ! Est-ce que c’est possible ?

Sassine

Description & analyse

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 89

Présentation

Date1993/11/29

GenreDocumentation - Presse

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Fiche : Elisabeh Degon, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

Éditeur de la ficheClaire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

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