205. Les mantes religieuses de la Re-production

Auteur(s) : Sassine, Williams

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Sassine, Williams, 205. Les mantes religieuses de la Re-production, 1996/02/19

Claire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Consulté le 29/08/2025 sur la plate-forme EMAN : https://eman-archives.org/francophone/items/show/3547

Texte de l'article

Transcription

N° 205, 19 février : « Les mantes religieuses de la Re-production »

Soyons d’accord, adorables lecteurs et lectrices. Soyons d’accord chers bourreaux. Nous sommes francophones. Il paraît que Franco-faunes, c’est plus sûr. Je ne me retrouve plus dans l’ortho. Mais, chat ne fait rien ! Comme la « chatte » d’une mammifère. En Côte d’Ivoire, on aurait parlé de la « Conne » d’une p… Mais nous, nous sommes des Reproduits, photocopie de quelqu’un qui n’existe plus, d’après des gens que personne n’oserait Reproduire. Même leur ex-père. Celui qui se sent morveux, peut venir se moucher chez moi, avec mon orteil droit, pour Re-produire un de ses naseaux. Le Lynx ne doit son existence, qu’à notre prési. Nous lui sommes reconnaissants même si cette reconnaissance se paie parfois chère (sic : cher), à quelques coups de millions. Pour une question de voile, pour une mante partie sans voile, pour faire la religieuse. Mais monsieur le prési, pardon, rendez-nous cet argent. Un homme ne demande pas deux fois pardon. Un vrai ! Nous sommes en plein moa de carême. Et vous savez, monsieur le prési que le Guinéen fait le carême toute l’année. Nous ne sommes pas bêtes. Puisque notre ventre réfléchit à défaut de la tête partie ailleurs, pour se réfléchir dans des miroirs à faux tains, à façon que le Pe ou Pé regarde le Pédégé.

Mais de quelque côté que je me tourne, je me trouve harcelé, par ce mot Re-production, qui commence à être mis à la mode. Que même Mao, au nom de sa révolution culturelle, n’aurait osé employer ce mot en désignant un être humain. Faisons bien la différence entre « individu » et « être humain ». Quand notre président sera un reproduit, je déchire mon Larousse. Bon, lui il laisse faire parce qu’il ne comprend pas tout, surtout quand on se fout de son peuple. La prochaine fois que j’entends dire que je suis un reproduit, je passe par derrière de celui qui le prononce et sans façon ou cent façons, pour ne pas le reproduire. Je suis une Créature de Dieu, avec mes vices et autres vis. Comme tout le monde. Des gens séniles, ex pères, sex-pertes et autres mantes religieuses, tout ce petit monde toujours prêt à parler au nom des enfants, dont certains aujourd’hui condamnés à mort par une justice qu’ils n’ont pas voté.

Monsieur le président, à ce propos s’il n’est pas trop tard, graciez le groupe Mathias. L’humanité ne peut pas vivre sans la mémoire de Caïn. Sans Caïn lui-même. Car il est dit autant que je m’en souvienne que Dieu mit sur le front de Caïn, un signe, afin que quiconque le voit ne le tue pas. Ces avocats, genre « Sow qui peut ». Les avocats intéressants, c’est plutôt au marché qu’on les trouve aujourd’hui.

Mais ce n’est pas grave. Parce que de toute façon, le Guinéen en général est condamné à mourir avant 40 ans. Ça, ce n’est pas de la littérature. C’est de la statistique. Et toujours en général, le Guinéen comme le groupe « Mathias » meurt de « courte maladie ». Le « général » Kalil peut en témoigner, ainsi que ses compagnons « cadavrés » pour fêter une bonne année 95 sans leurs mantes religieuses. Tout ceci est arrivé, juste avant que les anti-reproducteurs ne naissent. A Fakoudou ! Des mantes religieuses en général, ces gens là. Des veuves maritivores, je veux dire. Veuves à volonté. Ou cocus par inertie.

Il ne faut pas exagérer. Mais nous sommes des pessimistes positifs. Nous connaissons par exemple, un organisme canadien. Le « Ceci » qui nous a inspiré depuis des centaines de numéros, une rubrique, par son action et discrète en faveur du développement de notre pays. Le « Ceci » vient encore de le prouver en nous accordant ainsi qu’à d’autres confrères, des aides. Merci le « Ceci » ; j’en dirai pas autant à notre argent. Il est vrai que nul n’est prophète dans son pays.

Notre prési vient d’être honoré par une uni-versité américaine[1]. Félicitations ! Quoique cette université ne soit pas une référence culturelle. La nouvelle ferait sourire Senghor, s’il était au courant. Comme d’habitude, beaucoup de tam-tam pour rien. C’est la spécialité de notre 3^èmeroue publique, héritage de Sékou.

Quelqu’un racontait : « Je ne comprends pas mon mari. Il ne boit qu’au mois de carême. Il se saoule la gueule, tant que le soleil ne s’est pas couché. Après il s’endort, comme si c’est lui le garage harakiri, avec un ronflement qui chasse les moustiques et appelle les voleurs. Je souffre Wallahi, pendant le mois de carême. Hé Kela ! »

Communiqué : Ceci et Cela

Ce communiqué s’adresse :

- A tous les présidents exilés

- A tous les chefs de n’importe quoi

- A tous les généraux particuliers

- A tous les griots, renégats

- A tous les zéhéros

- A tous les condamnés à mort

- A toutes les femmes dévoilées

- A tous les chômeurs

- A tous les non-voteurs

Ils sont priés de créer leur prix Honoris-Honora

Billet

« Un chat m’a Conté »

La capote me fatigue

La politique me fatigue

Les putes me fatiguent

La mort est fatiguée

Les poissons chient dans la mer

Les hommes chient dans la rue

La pluie chie dans les maisons

Le carburant n’est plus carburé

Les étudiants ne sont pas étudiés

Les fonctionneurs ne sont pas fonctionnés

Les cireurs ne sont pas cirés

Le soleil se lève tard

Un albinos cherche le noir

Question de mémoire d’une peau

Une histoire de vivants tout chat.

Par Williams Sassine

[1]La Central State University d’Ohio, suite au lobbying de la société Halco qui contrôle la compagnie des bauxites de Guinée

Description & analyse

AnalyseLa page 2 du Lynx, celle de la Chronique Assassine, est numérotée 203 - 5 février 1996. Toutes les autres pages dont celle du titre portent le n° 205 du 19 février 1996.

Auteur de l'analyseDegon, Elisabeth

Contributeur(s)Degon, Elisabeth (collecte et saisie)

Éditeur(s) de la ficheDegon, Elisabeth

Auteur(s) de la transcriptionDegon, Elisabeth

Informations générales

LangueFrançais

CoteLe Lynx, n° 205

Présentation

Date1996/02/19

GenreDocumentation - Presse

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Fiche : Elisabeh Degon, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes, CNRS-ENS ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

Éditeur de la ficheClaire Riffard, équipe francophone, Institut des textes et manuscrits modernes (CNRS-ENS) ; projet EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

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Notice créée par Elisabeth Degon Notice créée le 30/07/2019 Dernière modification le 01/09/2022

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