Péritexte : 1582 César Farine Histoires tragiques P04 Continuation des Histoires Tragiques

Auteur : Belleforest, François de (traducteur)

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Continuation des histoires tragiques par François de Belle-forest, Comingeois.
A Monseigneur, Monsieur Charles Maximilian, Duc d'Orleans, François de Belle-forest, Salut.
Monseigneur, ce n'est pas d'aujourd'huy que la splendeur de vertu s'espand si vivement, que les rays d'icelle penetrent jusques au profond des obscures tenebres, y faisant apparoir non une seule idee de sa perfection, mais encor la chose mesme, qui est la cause des ses effects. Et tout ainsi que le peu (tant couvert soit il) ne peut faire, qu'il n'asoppisse son amortissement, pour mettre hors ce qu'il a de naturel, soit en clarté, soit en chaleur: ainsi, à mon advis, le coeur genereux ne scait, ny peut sinon monstrer evidemment les marques illustres de sa generosité, quoy qu'il fust enclos au milieu d'une nuict d'ignorance, & brouee d'erreur. Qui fait, Monseigneur, que tous les bons esprits admirent vostre excellence & grandeur, tant pour la gentille nourriture, courtoisie, honnesteté, & bon esprit qui reluisent en vous, & y font apparoir les vrayes marques de la grandeur, & auguste majesté des deux lumieres de nostre siecle, trespuissant, tresclemens & immortels François, vostre ayeul, restaurateur des bonnes lettres: & Henry (que Dieu absolue) vostre honnoré pere, vray tuteur du pays, & nation Gallicane, que pour y voir le singulier plaisir que vous prenez aux choses rares, & dignes du sang illustre & royal, duquel de tous costez vostre excellence {151 v°} langue, qu'il n'estoit rude & grossier en son Lombard: & à fin que je ne face parade devant vostre excellence de chose de trop peu de merite, & avec la faveur de vostre illustre et royal nom, un bouclier defenseur contre ceux, qui oublians la verité, ou dissimulans l'entendre, voudront calomnier ce peu que j'ay mis icy de diligence : car je ne craindray de dire franchement, que la gloire de nostre langue a je ne scay quoy de meilleur que toutes celles qui portent tiltre de vulgaire : & ne penseray faire tort (ayant la raison de ma part, & l'experience pour preuve) ny au Toscan, ny à l'Espagnol, si je fay ceste preference de langue : veu que je leur accorde franchement (pour ne sembler flateur de mes desirs, & trop amoureux de mon opinion) qu'en l'invention, ils nous ont jadis devancez de quelque chose : mais il faut impu {151 r°}ter ce vice à la rudesse des siecles passez, veu que le chemin se defriche si bien entre nous, que je m'atten, que en inventant, & disposant les matieres et les paroles, nous ne cederons (ayans tels objects à qui referer nos conceptions) ny aux presens, ny aux passez. Or mon Bandel (tel se nomme l'autheur Italien) sans faire tort à personne, peut porter le tiltre d'Historien, en faisant ses comptes, veu qu'il a recueilly plusieurs belles & notables histoires, qui sont, ou advenues de nostre aage, ou qui n'en sont gueres eslongnees. Et en ce a-il imité ce veritable historien François le Sieur d'Argenton: lequel a fait conscience d'escrire rien que les choses advenues de son temps, & sous les Princes desquels il manioit les affaires: non que pour cela je vueille vituperer ceux, qui repetans la memoire de nos ancestres veritbalement & { V 1 v°} sans fard, & aucun meur jugement s'essayent d'escrire les gestes memorables de l'antiquité, comme ont fait Paul Aemile Veronnois, & Arnoult de Ferron Bourdelois, & fera encor cest eloquent Pierre Paschal, sur l'histoire des Roys de France, peres & predecesseurs de vostre excellence: & comme Loys Domenichi en son vulgaire, sur les faicts & dicts des illustres hommes qui ont esté depuis la mort de notre Sauveur Iesus Christ. Cestuy-cy nous a esté traduit par Berard de Girard, Bourdelois, autant heureusement, comme son esprit est bon en toutes ses oeuvres, si bien que la Garonne ne s'esiouyt pas moins en luy, qu'en la memoire de son ancien Ausonne, ou que le Loir aux vers de ce divin & scavant Pierre de Ronsard. De ce Bandel donc, sy-je fait tout ainsi que le Poëte Mantuan Virgile des oeuvres & vers de {V 1 r°} Enné, dans lesquels ils ramassoit les perles d'emmy un fumier & ordure: car j'en ay extraict douze histoires, les plus veritables (telles les juge-je, les ayant leuës dans de bons & approuvez autheurs) & qui peussent servir à l'institution & discipline de la jeunesse de nostre temps. Veu que il ne suffit pas à l'historien de bien tracer la narration d'une chose advenue si le proffit d'icelle ne redonde à la gloire des passez, servans d'exemple aux presens, & d'adhortation à toute la posterioté, qui se mirera au lustre de la vertu de ses maieurs. Ces histoires donques, Monseigneur, si c'est le bon plaisir de vostre excellence, seront posées sur l'autel où on immole les victimes, qui doyuent vous estre offerte : & prendront dans le temple de vos trophees, pour memoire du treshumble sacrifice que je vous fay, & de mon petit labeur {V 2 r°} & service, que je vous vouë, & vouëray perpetuellement : m'asseurant que ma petitesse aura dequoy se aggrandir, si cest oeuvre ose marcher à la veuë de tous, ayant les marques & nom d'un Prince si excellent, courtois & illustre, que ce Charles Maximilian de France, fils, & frere des Rois treschrestiens, & trespuissans de la riche & populeuse Gaule. Plaise donc à vostre excellence, accepter le present de la main moindre de vos obeyssans, pour arres de sa devotion, & affectionné desir, de par cy apres continuer ce devoir serviable, & honneste labeur employé à l'exaltation de vostre nom illustre & royal, & à la tres humble execution de vos commandemens. Priant le tout puissant, Monseigneur, vous donner en santé longue vie & desirée felicité.
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Transcripteur.riceMorocutti, Sonia

Analyse du péritexte

Dédicataire(s)Monsieur Charles Maximilian, Duc d'Orleans

Signature du péritexteBelleforest, François de

Analyse de la nouvelle

Lieux communs

Captatio benevolentiae
Modestie

Informations sur la notice

ÉditeurÉquipe Tragiques Inventions, Magda Campanini (Univ. Ca' Foscari-Venezia), Anne Réach-Ngô (UHA, IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Mentions légalesFiche : Équipe Tragiques Inventions, Madga Campanini (Université Ca' Foscari), Anne Réach-Ngô (UHA, IUF) ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)

Dernière mise à jour de la notice25/05/2020.

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Notice créée par Sonia Morocutti Notice créée le 10/05/2020 Dernière modification le 17/04/2023