Il suspend le tambour à son côté et bat la générale. Il imite en changeant de ton le commandement répété de plusieurs officiers. Aux armes ! soldats à vos rangs ! grenadiers au rempart ! canoniers à vos pièces ! chasseurs aux palissades. File à gauche, en avant, marche. Halte à la tête. Front. À droite alignement. Portez arme, charge à volonté, apprêtez arme, en joue, feu. Battant la caisse d’une main, il lâche successivement la gachette de tous les fusils qui sont placés sur les créneaux. La trompette annonce un parlementaire, Arlequin continuant à battre la caisse, se saisit du drapeau et va prendre le billet que le parlementaire lui tend du dehors au bout d’une lance, il revient en scène et lit.

                Monsieur le commandant. C’est moi.

Une plus longue résistance de votre part serait inutile et m’obligerait à user envers votre garnison, c’est encore moi, de toutes les rigueurs de la guerre. Je vous demande le passage et des vivres pour mon régiment, faites cesser le feu, ouvrez vos portes et mettez bas les armes. Rendez-vous à discrétion et venez implorer pour votre ville la générosité du général qui m’envoie y prendre position.
              
                                              Le colonel Tchensicoff.

Répondons de suite à cette sommation.

                             M. le colonel.

Ma garnison ne craint point vos menaces et n’a pas besoin d’implorer la clémence de votre général. Elle connaît sa force et la vôtre et ne transgresse point les lois de l’honneur. Je vous invite à renoncer à votre entreprise, dont vous pourriez être le premier à vous repentir, si vous ne vous retirez sur-le-champ, je fais recommencer le feu sur toute ma ligne de défense.

(Il retourne attacher sa réponse à la lance du parlementaire et se place sur le rempart pour observer le mouvement de l’ennemi.)