revint avec une vieille femme, apportant de quoi souper. Nous nous mîmes à table et vous pouvez penser avec quel appétit je dévorai les mets qu'elle me présentait : beaucoup penseront qu’on ne mange point lorsqu’on est avec de telles beautés et qu’on ne fait que penser au plaisir que nous cause la vue de leurs charmes. Moi je soutiens qu’on mange ; du moins j’ai mangé, peu m’importe à moi ce que font les autres lorsqu’ils se trouvent en pareille occasion ; je n’entends point être le régulateur de leurs plaisirs, je n’entends point faire ici une loi générale ; mais je veux dire la vérité. Oui je mangeai et qui plus est avec le plus grand appétit ; néanmoins je songeai cependant au doux plaisir de l’amour : car après les premiers services je ne voulus plus manger, je dévorais ma déesse des yeux ; elle était jeune, fraîche, et heureusement elle était pure – ce qui est très rare à Paris.

     Le lendemain matin, elle alla me chercher des habits. On m’en apporta de différentes sortes. Je pris une redingote assez propre,