vêtu d’une espèce de soutane, habit que l’on portait dans le collège que je venais de fuir, que je n’avais pas de chapeau, et qu’un jeune homme de mon âge, au milieu des hamps à cette heure et en ce costume, devait causer de la surprise à tous les honnêtes paysans qui passaient près de moi, et qui me regardaient avec des yeux dans lesquels était peinte la surprise. En conséquence, je pris le parti de m’éloigner de la grande route ; je gagnai un bois qui en était voisin, et je m’y enfonçai pour me cacher, résolu d’attendre le soir pour rentrer dans Paris et y changer de vêtements. Néanmoins la faim se fit sentir. Je n’avais mangé la veille que quelques fruits que j’avais trouvés sur un arbre dans le bois où je m’étais retiré mais la prudence l’emporta sur le besoin, et ce ne fut qu’à huit heures et demie du soir que je m’acheminai vers Paris. À peine eus-je aperçu la boutique d’un pâtissier, que je me hâtai d’acheter une brioche pour apaiser la faim qui me déchirait. La gourmandise, l’avidité, et la vivacité avec laquelle je disséquais ce pain firent bien rire