Les Vents
Les Vents
Planche VIII, 1627, Les Vents, détail.
Les Vents sont décrits en détail chez Cartari :
"Ils les depaignoient avec des aisles, le chef hideux, les joues enflées, comme soufflans avec grande force, & selon puis apres que les effets d’iceux sont divers, pource qu’aucuns amassent les nues, & font les pluyes, aucuns les chassent, & monstrent leur pouvoir en plusieurs autres manieres, les Poëtes les ont descrits diversement. Et combien que l’on fasse mention de plusieurs, il n’y en a que quatre principaux, qui soufflent des quatre parties du mode chascun de son costé, comme Ovide les à desseignez en sa premiere division de l’univers. [L]’un dit [1] Aquilon, & Boreas, qui souffle du Septentrion, lequel Pausanias escrit avoir esté gravé d’un coſté du coffre de Cipselle […] il ne dit pas comme il estoit fait, sinon qu’au lieu de pieds, il avoit des queuës de serpents mais pource qu’il faict grand froid par son souffler, qu’il cause les neiges, & endurcit la glace, on luy fait la barbe, les cheveux, & toutes les aifles couvertes de neige. L’autre est dit [2] Auster, ou autrement Notus, qui vient des parties du Midy : & pource que par son haleine, il ameine le plus souvent les pluyes, Ovide le descrit ainsi :
L’humide Auster à l’opposite alla
Vers le Midy, & souffle encores là,
En amenant la neige assiduelle,
Pareillement pluye continuelle.
Des quatre que j’ay dit, le troisieme est appellé [3] Eurus, qui souffle des parties d’Orient : on le fait tout noir, à cause des Æthiopiens, qui sont au Levant, d’où il prend son origine. Et pource que si le Soleil, quand il se couche, est rouge et enflammé, est demonstré que ce vent soufflera le lendemain, comme Virgile escrit, on luy fait un Soleil ainsi enflammé sur la teste. Le quatriesme, qui est doux, vient de l’Occident, & est appellé [4] Zephyre, lequel pare la terre de verdure au Printemps, & fait florir les prez verdoyans. […] Philostrate depeint Zephyre en ceste maniere. Il en fait un Jouuenceau avec un beau visage, les aisles aux espaules, & sur la teste une ghirlande de belles & gentilles fleurs." (Cartari, 1610, p. 343-344)
Le bois gravé de 1610-1612 imite le modèle italien de 1571 : tous deux forment une première série. La seconde série est formée par l'illustration de Padoue, 1615 imitée par Rabel en 1627.
À gauche, le bois de 1571; à droite, le bois de Cartari 1581-1610-Conti 1612.
Ci-dessous, à gauche, le bois de 1615 ; à droite, le détail de la planche VIII:
Dans la Mythologie de 1627, les Vents apparaissent aussi sur le frontispice, à gauche et à droite de la gravure, avec une allure proche de celle que Rabel leur prête dans la planche VIII :
Détails du frontispice de 1627Quant au texte de la Mythologie, il n'a pas pu servir de support au travail de Rabel. Plusieurs passages, répartis dans différents livres et chapitres, sont dédiés aux Vents, mais ils comportent peu de descriptions, et aucune qui correspondent à notre figure.
Le seul chapitre entièrement consacré à un vent est celui de Borée (livre VIII), consultable ici.