<em>Conchita di Riccardo Zandonai</em>

article de G. Barisi La nuova antologia, 16 avril 1912

La modernité que représente cet opéra se mesure dans le scandale que fut Conchita, comme le fut Carmen à sa création. Ce sont surtout des raisons morales qui suscitent les condamnations des critiques à propos du livret. Quoiqu'il en soit, l'opéra fut un succès public, en dépit ou à cause de ces aspects scabreux. Carmen n'tait pas scandaleuse dans la passion mais dans l'acceptation du destin qui la frappait et qu'elle revendiquait. Trente-six ans plus tard, Conchita l'est dans sa liberté à choisir sa souffrance dans l'amour.

Il n'est pas nécessaire de s'arrêter sur la soi-disant immoralité du sujet : certains, il est vrai, se sont scandalisés pour quelque scène déclarée trop osée et dangereuse (pour qui?), alors que d'autres déploraient probablement dans leur coeur le manque d'exhibition, de nudité, dans la scène de la danse : mais d'autres cris plus forts encore, furent poussés contre le vérisme de Carmen, désormais accepté sans plainte par les ppublics les plus réservés

G. Barisi, Conchita di Riccardo Zandonai dans La nuova antologia, 4 avril 1912.

Dans son Espagne ensoleillée, Riccardo Zandonai a su rendre ce poids d'ombre, cette pesanteur du besoin de souffrir et de faire souffrir. L'insousciance méridionale s'ajoute à d'obscures pulsions que l'on a définies - on pense au roman La Venus à la fourrure de Sader Masoch - et que l'on transcrit désormais de façon plus consciente dans les opéras. Zandonai reprend donc les étapes de la séduction masochiste, à travers l'oeuvre de Pierre Louÿs, afin de créer, tout comme Georges Bizet en son temps, un personnage unique.