Carmen-Conchita
Riccardo Zandonai écrivait en 1910 à son ami Lino Leonardi qu'en composant son opéra Conchita, il souhaitait réaliser une "Carmen moderne".
Carmen de Georges Bizet, représenté pour la première fois en 1875, et Conchita de Riccardo Zandonai, exécuté au Teatro Reggio de Turin, en 1911, délimitent une période de transition et de forte évolution de l'opéra à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les livrets de ces deux opéras - inspirés, l'un de Carmen de Prosper Mérimée, l'autre de La Femme et le pantin de Pierre Louÿs - attestent chez les deux compositeurs, Georges Bizet et Riccardo Zandonai, un souci d'innovations dramaturgiques constantes.
L'étude de plusieurs thèmes communs aux deux oeuvres met largement en évidence cette volonté de modernité teintée d'exotisme et de scandale que symbolise l'Espagne; image associée au caractère passionné des héroïnes. Pour Bizet, la modernité que représente le personnage de Carmen se traduit par l'attachement à l'expression de la réalité dans la mouvance des mouvements positivistes. Chez Zandonai, la modernité de Conchita se découvre dans le jeu des mécanismes psychologiques mis en lumière à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.
"La pièce plaira à coup sûr, à la masse du public, par son mouvement, le charme, les décors et la couleur locale espagnole telle que nous l'aimons, c'est-à-dire peinte par des Français et un Italien. Le scénario suit d'assez loin la trame du roman. Mais c'est toujours l'histoire d'une jeune femme qui joue d'un monsieur et s'amuse à lui faire subir tous ses caprices, y compris ses infidélités. Le monsieur riposte en la battant, et comme elle aime ça, elle recommence. En somme, une Carmen que Don José ne tue pas".
Mars 1929, Le Cri de Paris