Le voyage en Espagne sur les traces de Carmen
Pour exprimer musicalement et scéniquement le décor d'inspiration espagnole, Riccardo Zandonai ne plagie pas les images évocatrices de Carmen de Georges Bizet ni celles de La Femme et le pantin de Pierre Louÿs. Il s'en inspire et y ajoute ses propres souvenirs, ceux d'un séjour de quelques semaines à Séville, Cordoue, Madrid et Tolède. La couleur espagnole sert à conquérir le public à travers l'utilisation d'un répertoire déjà connu et qui n'est cependant qu'un décor.
"Je suis à séville depuis quatre jours, je ne vis plus, je rêve! Ce pays est merveilleux et l'impression que j'ai ressentie est énorme! Ici, tout est musique : la cathédrale, l'Alcazar, la Maison de Pilate sont des poèmes musicaux grandioses; les petites rues de la vieille ville, si pittoresques dans leur étrange sinuosité, les maisons si blanches avec leurs balcons fleuris et leurs patios mystérieux, les femmes avec des fleurs entrelacées dans les cheveux sont autant de petites pages musicales qu'un artiste peut saisir et reproduire avec bonheur. je ne saurais trop vous remercier, cher Commandatore, de m'avoir fait découvrir ce pays qui peut vraiment m'inspirer de grande choses (...)
Lettre de Riccardo Zandonai à Giulio Ricordi, Séville, 31 mai 1909