[1568c_TJI_Bon] 166 Or suis je donc demeuré le vaincueur

Présentation générale du poème

Titre de la pièceRencontre de deux Amans.

Incipit non moderniséOr suis je donc demeuré le vaincueur

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[1556c_TJI_Denise] 123 Or suis-je donc demeuré le vaincueur

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Collection Édition : 1554 - Trésor des joyeuses inventions - Groulleau

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Présentation de l'exemplaire

Formatin-16

Imprimeur-libraireBonfons, Jean

Date1568c

Lien vers la notice du catalogue de la bibliothèque où est conservé l'exemplairehttps://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39331703z

Type de numérisationNumérisation totale

Transcription du poème

TexteOr suis je donc demeuré le vaincueurApres avoir contre le chaste cueurDe ma déesse assayé maintz alarmesDouteusement mes souciz pleurs & larmesQue contre moy Venus trop courroucéePour mon amour aux muses adresséeAvoit brassez y ont faict tel effortQue j’ay vaincu mon avantureux sort{I5r}Car tout ainsi que l’eau peu vertueusePar trait de temps la roche dure & creuseJ’ay par mes pleurs amolly la durtéDu jeune cueur aymant virginité,Et toutesfois ne vous estonnez pasS’en me voyaut [voyant] si pres de mon trespasPour me sauver en fin elle a souffretteD’un peu d’honneur je ne sçay qu’elle perteSans point de doute on n’avoit esperanceQue de ma mort n’eust esté l’asseuranceDe trouver fin à mon ma miserableMais qu’elle fin sa grace pitoyableLors me faisoient les maux que j’enduroisTrouver meilleur le bien que j’esperoisComme la faim crue par la demeureFaict ressembler la viande meilleureJ’ay ce pendant un enfant qui m’appelleJe dy l’enfant, c’est Mercure fidelleLequel me dit : amy trop langoureuxViens accomplir ton desir amoureuxM’amye estoit au secret cabinetD’un tresplaisant & riche jardinet,Trop mieux remply de graces & douceursQue le verger des Hesperides sœursLa leurs chez verdz courbosent de tous costez{I5v}Les Saux branchuz, par bon ordre plantezQui estendoyent leurs umbres verdoyantesComme en un champ les pavillons & tentesLe vif ruisseau d’une fontaine clereEt le long fil d’une grosse riviere,Qui plus qu’argent en coulant reluisoitDes deux costez la closture en faisoytNon loing de la au joly verd bocageDix mil oyseaux de chanter faisoyent rageSi qu’ilz sembloyent accorder leurs chansonsAux claires eaux & leurs argentins sonsLes joyeux chantz des accordans oyseaux,Et le doux bruit des murmurans ruisseauxMamye avoit de se coucher contrainteSus l’herbe verte & diversement painteQuand je la vy en ce pont estendueEt a sommeil par sa douceur rendueContenté fus car je ne pouvois mieuxTant seulement de repaistre mes yeux,Or pris je donc en sa beauté pastureEt au plaisant ouvrage de natureQui la dedans produisoit tant de fleursFaisant mes yeux à infinies couleursPuis tant d’oyseaux de chanter s’efforçoyent,Que de leurs sons tout le lieu remplissoient{I6r}Car il sembloit que chascun voulu faireChose qui peust au nouveau juge plaireBrief tout ainsi qu’en l’Aarabie [[Arabie]] heureuse :Tout estoit plain d’odeur delicieuseTant y avoit de belles violettesEn tous endroictz & de choses doucettesEn tout cela grand plaisir y avoitMais un plaisir qui chacun jour se voit :O combien plus de joye me donnaQuand le sommeil m’amye habandonnaJe voudrois bien à chacun departirLa volupté que j’y ay peu sentirMais mon esprit ravy lors de plaisanceA peine en peut avoir la souvenanceEt ce recit a ma langue est a faire,Laquelle encore ne sçauroit satisfaire,A exprimer l’heur qu’elle savouraEt comment donc le bien d’autruy diraNimphes icy vueillez donc acourirPour ma memoire au besoing secourirCar quand ce bien ainsi se departoitParmy les eaux mainte herbe vous portoitCe qui duint (certes Dames) vous vistesPeut estre aussi que non tant : mais si fistesVous vistes tout aumoins tout ce que honte{I6v}Nous a permis & en sçavez le conte,Quand le soleil eut delaisse m’amye,D’une voix foible & quasi endormieIncontinent elle s’escrie ainsi,Helas amy que n’estes vous icy ?Car pres de soy alors ne me cuydoit,Et se plaignant ses deux bras estendoitQue je receu & sa force esgaréeLuy fut par moy rendue & restauréeAdonc ses yeux qu’a ouvrir commençaSi vivement vers moy elle adressaQue la vigueur & constance des miensNe peut souffrir la grand’ lueur des siensSi que mes yeux de sa veue empeschezDedans les siens demeurerent fichezOu sont ceux la, qui estonnez ne fussentDe tant de bien, si veu comme moy l’eussentOuvrant a donc sa tant aymée boucheEst-ce bien vous (dist-elle) que je toucheEst-ce bien vous, mon seul bien & desirQu’en ce doux jour j’embrasse à mon plaisirEt de ce pas chanta de sa façonUne elegante & bien belle chansonQu’aucunesfois à part elle chantoitQuant par amours tristes lamentoit{I7r}Cruelle peut de faux bruit mal semezPourquoy noz biens en plaisir consommezEmpesche tu ? Amour de tout vaincueurVaincra il point ta mortelle rigueurSi sera si c’est un trop puissant dieuOrdonne donc a sa puissance lieu,Crainte abusant du fol peuple les yeuxCar il ne faut mener la guerre aux dieux

Voila le sens que sa chanson portoit

Que de tel son & grace elle chantoit :Que faict au bord de la riviere un cigneLequel sa mort en chantant predestine.Au plaisant son de l’angelique voisFirent silence, & fontaines & boys,De la autour & le semblable firentIncontinent les Nymphes qui l’ouyrentL’oyant chanter mes oreilles levay.Mais aussi tost estonné me trouvayQui tournera toutesfois a merveilles,Que tant de biens estonnoient mes oreillesCe temps pendant que la belle attendoitEt de sa bouche a peu pres despendoitDe descouvrir son blanc sein fut contraintePar la chaleur dont elle fut attainte,Pas n’eut si tost descouvert sa poictrine{I7v}Que l’on eust dict un odeur tresdivineD’encens, de mirrhe, & de celeste basmeIssu du sain de desnua ma dameS’en moy y eut lors de sens quelque resteIl fut perdu par cest odeur celeste,Et en est il encor un qui s’estonneQu’un si grand heur eut ravy ma personne,Lors je la prens & l’embrasse à mon ayseEt de son gré doucement je la baiseMais noz baisers receuz & presentezEstoient confitz en mille voluptez :O quel plaisir de recueillir & prendreL’heureuse fleur de ceste aleine tendreQu’en respirant la bouche gracieuseFaict departir d’une dame amoureuseTout aussi tost de moy furent absensPar ce plaisir, le surplus de mes sensEt ne doit on en rien trouver estrange,Qui tant de biens aient jamais faict change.Or ce pendant que noz bouches vermeillesConjoinctes sont de voluptez pareillesS’entrebaisans & confondans ensembleLes deux espritz que le corps desassembleJe sens : helas, helas, soudainementMes membres pris, je ne sçay quellement,{I8r}D’une fureur secrette, & incogneueEt qui jamais ne m’estoit advenueTelle fureur ainsi comme je croySentoit aussi m’amye comme moyLaquelle en soy tant de douce force eutQue doucement la surprint & deceutMais qu’elle embusche & secrette surpriseAdressa l’on ? pourquoy fustes surprisePensez vous bien, que j’eusse peu avoirAssez d’esprit lors pour vous decevoir ?Si par dessus les baisers non contezJ’ay pris de vous le point dont vous doutezCe n’est pas moy, car trop estois surprisCe n’est pas moy : c’est amour qui la prisPardonnez doncq’ au Dieu qui les ravitOu a celuy qui sa fureur suivitCar vous scavez que vous plus qu’autre choseDe ma fureur alors fustes la cause,Je baisois doncq’ mamye doucementEt elle moy avant finablementQue nos deux corps alliez de tous poinctzFurent ensemble, à leurs grand plaisir jointzSi qu’en estans mes membres desireuxUniz aux siens, se sentoient bien heureux,Les siens aussi de rencontres pareilles{I8v}S’esjouissoient & plaisoient à merveillesQue pensez vous que devint lors mon ameElle cerchoit pour entrer à ma dameQuelque sentier tant estoit surpriseQue long temps fut sus mes levres assiseDe sens aucun retenue n’estoitEt sa prison liberté luy prestoitParquoy soudain à son plaisir allaEt vers ma dame & son ame vollaVrays amoureux, je dy vous en effect,Qui savoureux de l’amour l’heur parfaictVous sçavez bien, de ceux pouvez sçavoir,Combien de joye elles peuvent avoirCar s’ainsi est que deux corps assemblezReçoivent tant de plaisirs redoublezCombien prendront de joye & voluptéLes deux espritz conjoinctz en libertéJe croy pour vray que les dieux & déessesSentent au ciel de pareilles lyessesEt leur nectar & ambrosie aussiN’est autre cas que ce plaisir icyD’aucun soucy jamais ne si trister,Mais toute joye en soy mesme PortezTout ce qui est estimer ce seul bienEt le surplus sans cela n’estre rien{K1r}S’esbahit on si par mortelle guerreA feu & sang, on voit parmy la terre,Se travailler maintz corps & bons espritzPour parvenir à si grand & haut prisAmour adonc veu ce ravissementUsa de grace a nous egalementEt ne voulut que nostre grand plaisanceFinist au jour propre de sa naissanceCar par amour, mon ame, de la sienneEstoit ravie : & elle de la mienne,Sans point douter d’elle chacune alorsFust delaissé s’un inutile corps,Tost eut amour esveillez & remisNoz sens usi [[quasi]] yvres & endormizCar chacune ame en ce point rencontréeIl commanda en son corps faire entréeEn son temps doncq’ alors entra chacuneQui luy semblà prison fort importuneTant luy estoit plaisante la maniereDe l’assemblée en la fureur premiereL’œil desiroit ceste amyable faceL’oreille aussi ce chant de bonna [[bonne]] graceEt les nazeaux ce basme souhaittoientBouches & bras l’un l’autre regrettoyentLa couleur blanche estoit noire a mes yeux{K1v}Tout plaisant me sembloit ennuyeuxToutes odeurs me sentoient toute ordureTout doux, amer, la chose molle dureFinablement ce que mon corps aimoitAu paravant, & mon cueur estimoit,Fut autant hay & desprisé,Comme il estoit desiré & prisé.

Qui n’eust alors enduré grand tourment

De voir perir le fruict en un momentDe ces labeurs : mais qu’est ce qui pourroitPlaire à un cueur, qui si faché seroitSoucy, travail, pleur & dueil infinyVous avez tout commencé & finyQue par malheur ne soit un jour deffaictAinsi voit on qu’il n’est heur si parfaictVoila la joye, & le plaisir humainC’est le lien, que la mortelle mainTraine tousjours le long de ceste vieA triste maux & douleur asservie.

Forme poétiqueDistiques

Emplacement du poème

Rang dans le recueiln° 166

Section au sein de laquelle le poème prend place[[ELEGIES.]]

FoliotationI4v, I5r, I5v, I6r, I6v, I7r, I7v, I8r, I8v, K1r, K1v

Présentation typo-iconographiqueIllustration entre le titre et la pièce sur le folio I4v.

Informations sur la notice

Contributeur(s)Équipe Joyeuses Inventions

ÉditeurÉquipe Joyeuses inventions ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle)

Mentions légales

Fiche : Équipe Joyeuses inventions ; EMAN (Thalim, CNRS-ENS-Sorbonne nouvelle). Licence Creative Commons Attribution – Partage à l’Identique 3.0 (CC BY-SA 3.0 FR)
Image(s) : Source gallica.bnf.fr / BnF

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Notice créée par Équipe Joyeuses Inventions Notice créée le 22/06/2017 Dernière modification le 04/11/2021